Michel LE BRIS (France)
+4
Mandarine
dodie
géromino
Chantal
8 participants
Page 1 sur 2
Page 1 sur 2 • 1, 2 
Michel LE BRIS (France)
Chantal Mer 28 Jan 2009 - 22:31
LE BRIS Michel
France
Écrivain, romancier, philosophe, éditeur, Michel Le Bris est le directeur du festival Saint-Malo Étonnants Voyageurs. Né dans la baie de morlaix en 1944, il est resté extrêmement attaché à ses terrains d’enfance qu’il évoque longuement dans le très personnel Un hiver en Bretagne (Nil éditions, 1996, Points Seuil) et vit encore aujourd’hui dans la région. Nécessaire enracinement pour un grand voyageur, et besoin de mer aussi : « Je suis né au bord de la mer, et je n’en aurai jamais Fini avec elle. »
Parallèlement à des études d’économie (HEV 67) Michel Le Bris poursuit à Nanterre des études de philosophie, grâce auxquelles il rencontrera Emmanuel Levinas, qui avec Henry Corbin un peu plus tard, aura une grande influence sur l’évolution de sa réflexion. En 1967, il participe à la naissance du Magazine Littéraire, dans l’équipe rassemblée par Jean-Jacques Brochier, qui comprendra également André Glucksmann et Raymond Bellour et prend la direction du mensuel Jazz Hot, qui jouera un rôle actif dans l’introduction du « free jazz » en France. Dans l’équipe qu’il rassemble alors : Patrice Blanc-Francard qui deviendra célèbre par les Enfants du rock, Philippe Constantin aujourd’hui disparu, grand directeur artistique, dont un prix Constantin de la chanson prolonge la mémoire, Daniel Caux, l’écrivain Yves Buin, Daniel Berger, Guy Kopelovici, ainsi que les photographes Philippe Gras et Horace.
Mai 1968 jouera dans sa vie un rôle déterminant. Directeur du journal de la Gauche Prolétarienne La Cause du Peuple il est incarcéré, condamné à huit mois de prison. Jean-Paul Sartre prend sa suite et l’affaire devient alors internationale : on ne peut pas incarcérer Sartre ! A sa sortie il prend en main le journal J’Accuse lancé par la Gauche prolétarienne et un regroupement d’intellectuels. Dans le comité de rédaction : Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Maurice Clavel, Jean-Luc Godard, André Glucksmann, Jacques-Alain Miller, Jean-Claude Milner, Christian Jambet, Françis Bueb… S’il quitte rapidement le mouvement mao pour s’installer avec sa femme Eliane en Languedoc, il reste étroitement lié avec Maurice Clavel et Jean-Paul Sartre. Il crée avec ce dernier la collection La France Sauvage chez Gallimard, participe activement aux réflexions sur le totalitarisme alors engagées autour de lui.
Il participe à la création du quotidien Libération en 1973. S’il a déjà publié plusieurs livres (un Levi Strauss aux Editions Universitaires en 1970 sous le pseudonyme de Pierre Cressant, et quelques ouvrages dans la collection La France Sauvage, dont Les fous du Larzac en 1975) il fait paraître ce qu’il considère comme son premier vrai livre, L’homme aux semelles de vent, en 1977, premier manifeste pour une littérature aventureuse, qui propose une interprétation radicalement nouvelle du romantisme allemand — réflexion qu’il approfondira dans Le Paradis perdu (Grasset, 1981) et le Journal du romantisme (Skira, 1981) ce dernier ouvrage traduit en cinq langues, couronné par de nombreux prix. Une édition augmentée et intitulée Le défi romantique est parue en 2002 chez Flammarion.
Grand connaisseur de l’histoire de la conquête de l’Ouest, et de l’histoire de l’Amérique en général, Michel Le Bris y a consacré plusieurs ouvrages : un roman, Les flibustiers de la Sonore (Flammarion, J’ai lu, 1998), un récit de voyage, La Porte d’Or (Grasset, 1986) un essai historique, Quand la Californie était française (Le Pré aux clercs, 1999) un Gallimard-Découvertes, La fièvre de l’or, en 1988 et un récit de voyage dans les parcs naturels américains (L’Ouest américain, territoire sauvage, Le Chêne, 2005)... Il est également l’auteur, au côté de nombreuses éditions d’œuvres rares, de l’édition probablement la plus complète des journaux de Lewis et de Clarke (2 volumes : La Piste de l’Ouest, Le grand retour, Phébus, 1993)
Spécialiste de Stevenson, il lui a consacré une monumentale biographie (Les années bohémiennes, NiL éditions, 1994) un essai (Pour saluer Stevenson, Flammarion, 2000) et a édité chez divers éditeurs la quasi-totalité de son œuvre (dont de nombreux inédits en langue anglaise !) et notamment ses Essais sur l’art de la fiction (Payot Poche, 1992) ainsi qu’une édition de sa correspondance avec Henry James (Une amitié littéraire, Payot Poche, 1994).
Editeurs aux éditions Phébus de la quasi-totalité des grands classiques de la flibuste, il a publié aux éditions Hachette littérature le premier tome de son histoire de la flibuste : D’or, de rêves et de sang (nouvelle édition revue et corrigée en Hachette Pluriel, 2004.) Il a également consacré plusieurs ouvrages à la Bretagne.
Directeur de l’Abbaye de Daoulas de 2000 à 2006, il y organisera de grandes expositions accompagnées d’albums-catalogues
publiés aux éditions Hoëbeke : Indiens des plaines, Pirates et flibustiers des Caraïbes, Les mondes Dogon, Fées, elfes, dragons et autres créatures des mondes de féerie, Vaudou, L’Europe des Vikings, Rêves d’Amazonie, Visages des dieux, visages des hommes : masques d’Asie...
En 1990, exaspéré par les modes littéraires occupant alors le devant de la scène en France, décidé à défendre l’idée d’une littérature résolument « aventureuse, voyageuse, ouverte sur le monde, soucieuse de le dire » il crée la revue trimestrielle Gulliver, mobilise ses amis écrivains français et étrangers, multiplie les collections (Phébus, Payot, la Table Ronde) lance en France le mouvement des « écrivains voyageurs », propose en 1992 le terme de « littérature-monde », fait découvrir Nicolas Bouvier, dont il devient l’éditeur, mais aussi Redmond O’Hanlon, Anita Conti, Ella Maillart, Patrick Leigh Fermor, Norman Lewis, Jonathan Raban, Colin Thubron, Edward Abbey, Peter Matthiessen, des dizaines d’autres — plus de 400 ouvrages édités en l’espace de 15 années ! Il créé cette même année (avec Christian Rolland, Maëtte Chantrel et Jean-Claude Izzo qui sera pendant des années l’attaché de presse de la manifestation) le festival Etonnants Voyageurs à Saint-Malo. Plusieurs éditions du festival seront par la suite lancées à l’étranger : à Missoula (Montana, USA), Dublin, Sarajevo (avec le Centre André Malraux), Bamako, Port-au-Prince enHaïti, Haïfa.
En 2007, dans le droit fil de l’idée de la littérature défendue par Etonnants Voyageurs, il est, avec Alain Mabanckou, Jean Rouaud et Abdourahmane Waberi à l’initiative du Manifeste pour une Littérature-Monde réunissant quarante-quatre écrivains du monde entier
écrivant dans une même langue : le Français. Il dirige avec Jean Rouaud la publication de Pour une Littérature-Monde chez Gallimard regroupant vingt-cinq textes qui prolongent le débat engagé avec le Manifeste.
Michel Le Bris a publié son nouveau roman, en septembre 2008 aux éditions Grasset, sur les traces d’un couple américain star,
les aventuriers Martin et Osa Johnson, à la poursuite de La beauté du monde et fin octobre 2008, aux éditions Hoëbeke, un album riche de 140 reproductions : L’esprit d’aventure, N.C. Wyeth consacré à celui qu’il tient pour le plus grand artiste de l’histoire de l’illustration.
Source : site "Etonnants Voyageurs"
France
Écrivain, romancier, philosophe, éditeur, Michel Le Bris est le directeur du festival Saint-Malo Étonnants Voyageurs. Né dans la baie de morlaix en 1944, il est resté extrêmement attaché à ses terrains d’enfance qu’il évoque longuement dans le très personnel Un hiver en Bretagne (Nil éditions, 1996, Points Seuil) et vit encore aujourd’hui dans la région. Nécessaire enracinement pour un grand voyageur, et besoin de mer aussi : « Je suis né au bord de la mer, et je n’en aurai jamais Fini avec elle. »
Parallèlement à des études d’économie (HEV 67) Michel Le Bris poursuit à Nanterre des études de philosophie, grâce auxquelles il rencontrera Emmanuel Levinas, qui avec Henry Corbin un peu plus tard, aura une grande influence sur l’évolution de sa réflexion. En 1967, il participe à la naissance du Magazine Littéraire, dans l’équipe rassemblée par Jean-Jacques Brochier, qui comprendra également André Glucksmann et Raymond Bellour et prend la direction du mensuel Jazz Hot, qui jouera un rôle actif dans l’introduction du « free jazz » en France. Dans l’équipe qu’il rassemble alors : Patrice Blanc-Francard qui deviendra célèbre par les Enfants du rock, Philippe Constantin aujourd’hui disparu, grand directeur artistique, dont un prix Constantin de la chanson prolonge la mémoire, Daniel Caux, l’écrivain Yves Buin, Daniel Berger, Guy Kopelovici, ainsi que les photographes Philippe Gras et Horace.
Mai 1968 jouera dans sa vie un rôle déterminant. Directeur du journal de la Gauche Prolétarienne La Cause du Peuple il est incarcéré, condamné à huit mois de prison. Jean-Paul Sartre prend sa suite et l’affaire devient alors internationale : on ne peut pas incarcérer Sartre ! A sa sortie il prend en main le journal J’Accuse lancé par la Gauche prolétarienne et un regroupement d’intellectuels. Dans le comité de rédaction : Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Maurice Clavel, Jean-Luc Godard, André Glucksmann, Jacques-Alain Miller, Jean-Claude Milner, Christian Jambet, Françis Bueb… S’il quitte rapidement le mouvement mao pour s’installer avec sa femme Eliane en Languedoc, il reste étroitement lié avec Maurice Clavel et Jean-Paul Sartre. Il crée avec ce dernier la collection La France Sauvage chez Gallimard, participe activement aux réflexions sur le totalitarisme alors engagées autour de lui.
Il participe à la création du quotidien Libération en 1973. S’il a déjà publié plusieurs livres (un Levi Strauss aux Editions Universitaires en 1970 sous le pseudonyme de Pierre Cressant, et quelques ouvrages dans la collection La France Sauvage, dont Les fous du Larzac en 1975) il fait paraître ce qu’il considère comme son premier vrai livre, L’homme aux semelles de vent, en 1977, premier manifeste pour une littérature aventureuse, qui propose une interprétation radicalement nouvelle du romantisme allemand — réflexion qu’il approfondira dans Le Paradis perdu (Grasset, 1981) et le Journal du romantisme (Skira, 1981) ce dernier ouvrage traduit en cinq langues, couronné par de nombreux prix. Une édition augmentée et intitulée Le défi romantique est parue en 2002 chez Flammarion.
Grand connaisseur de l’histoire de la conquête de l’Ouest, et de l’histoire de l’Amérique en général, Michel Le Bris y a consacré plusieurs ouvrages : un roman, Les flibustiers de la Sonore (Flammarion, J’ai lu, 1998), un récit de voyage, La Porte d’Or (Grasset, 1986) un essai historique, Quand la Californie était française (Le Pré aux clercs, 1999) un Gallimard-Découvertes, La fièvre de l’or, en 1988 et un récit de voyage dans les parcs naturels américains (L’Ouest américain, territoire sauvage, Le Chêne, 2005)... Il est également l’auteur, au côté de nombreuses éditions d’œuvres rares, de l’édition probablement la plus complète des journaux de Lewis et de Clarke (2 volumes : La Piste de l’Ouest, Le grand retour, Phébus, 1993)
Spécialiste de Stevenson, il lui a consacré une monumentale biographie (Les années bohémiennes, NiL éditions, 1994) un essai (Pour saluer Stevenson, Flammarion, 2000) et a édité chez divers éditeurs la quasi-totalité de son œuvre (dont de nombreux inédits en langue anglaise !) et notamment ses Essais sur l’art de la fiction (Payot Poche, 1992) ainsi qu’une édition de sa correspondance avec Henry James (Une amitié littéraire, Payot Poche, 1994).
Editeurs aux éditions Phébus de la quasi-totalité des grands classiques de la flibuste, il a publié aux éditions Hachette littérature le premier tome de son histoire de la flibuste : D’or, de rêves et de sang (nouvelle édition revue et corrigée en Hachette Pluriel, 2004.) Il a également consacré plusieurs ouvrages à la Bretagne.
Directeur de l’Abbaye de Daoulas de 2000 à 2006, il y organisera de grandes expositions accompagnées d’albums-catalogues
publiés aux éditions Hoëbeke : Indiens des plaines, Pirates et flibustiers des Caraïbes, Les mondes Dogon, Fées, elfes, dragons et autres créatures des mondes de féerie, Vaudou, L’Europe des Vikings, Rêves d’Amazonie, Visages des dieux, visages des hommes : masques d’Asie...
En 1990, exaspéré par les modes littéraires occupant alors le devant de la scène en France, décidé à défendre l’idée d’une littérature résolument « aventureuse, voyageuse, ouverte sur le monde, soucieuse de le dire » il crée la revue trimestrielle Gulliver, mobilise ses amis écrivains français et étrangers, multiplie les collections (Phébus, Payot, la Table Ronde) lance en France le mouvement des « écrivains voyageurs », propose en 1992 le terme de « littérature-monde », fait découvrir Nicolas Bouvier, dont il devient l’éditeur, mais aussi Redmond O’Hanlon, Anita Conti, Ella Maillart, Patrick Leigh Fermor, Norman Lewis, Jonathan Raban, Colin Thubron, Edward Abbey, Peter Matthiessen, des dizaines d’autres — plus de 400 ouvrages édités en l’espace de 15 années ! Il créé cette même année (avec Christian Rolland, Maëtte Chantrel et Jean-Claude Izzo qui sera pendant des années l’attaché de presse de la manifestation) le festival Etonnants Voyageurs à Saint-Malo. Plusieurs éditions du festival seront par la suite lancées à l’étranger : à Missoula (Montana, USA), Dublin, Sarajevo (avec le Centre André Malraux), Bamako, Port-au-Prince enHaïti, Haïfa.
En 2007, dans le droit fil de l’idée de la littérature défendue par Etonnants Voyageurs, il est, avec Alain Mabanckou, Jean Rouaud et Abdourahmane Waberi à l’initiative du Manifeste pour une Littérature-Monde réunissant quarante-quatre écrivains du monde entier
écrivant dans une même langue : le Français. Il dirige avec Jean Rouaud la publication de Pour une Littérature-Monde chez Gallimard regroupant vingt-cinq textes qui prolongent le débat engagé avec le Manifeste.
Michel Le Bris a publié son nouveau roman, en septembre 2008 aux éditions Grasset, sur les traces d’un couple américain star,
les aventuriers Martin et Osa Johnson, à la poursuite de La beauté du monde et fin octobre 2008, aux éditions Hoëbeke, un album riche de 140 reproductions : L’esprit d’aventure, N.C. Wyeth consacré à celui qu’il tient pour le plus grand artiste de l’histoire de l’illustration.
Source : site "Etonnants Voyageurs"
Chantal- Nombre de messages : 3220
Location : France
Date d'inscription : 22/12/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
Chantal Mer 28 Jan 2009 - 23:51
LA BEAUTE DU MONDE
Editions Grasset - 679 pages
Dans "La Beauté du Monde", Michel Le Bris nous raconte une partie de la vie de Martin et Osa Johnson, pionniers du cinéma animalier, véritables stars de leur époque, surnommés "les amants de l'aventure".
Par de fréquents allers et retours dans le temps, le lecteur apprend peu à peu ce qu'a été leur enfance, comment ils se sont rencontrés, les années de galère à faire des tournées difficiles dans tout le pays pour réunir l'argent nécessaire au premier voyage. Martin a été cuisinier à bord du Snark, le bateau de Jack London et il ne rêve que de repartir. Donc ce sera le retour dans les Mers du Sud, les Iles Salomon, leur jungle et leurs cannibales. De retour, après trois ans d'absence, ils vont séjourner à New-York pour monter leur film et être plongés dans la frénésie des années 20 et la vie trépidante de Broadway, ils connaîtront la naissance du jazz, celle de Harlem, et l'époque de la prohibition. Et puis, après moults péripéties, viendra enfin le départ pour l'Afrique et le séjour au Kenya avec l'installation dans la colonie anglaise, les nombreuses expéditions dans la nature sauvage avec des descriptions superbes de la nature, de la vie animale, de la vie indigène ou coloniale de l'époque. (C'est de loin la partie que j'ai préférée et j'y ai retrouvé d'ailleurs certains personnages de la "Ferme Africaine" : Finch Hatton, Bror Blixen et entendu parler d'une certaine "Karen"...). Ils réussiront après un long séjour difficile mais combien euphorique à ramener des images inédites et magnifiques et monteront un nouveau film. Filmer la beauté du monde, filmer le paradis terrestre avant la "chute", tel était leur désir.
Et cette Osa, quelle femme ! et quel portrait ! Battante, courageuse et quelquefois intrépide, ne baissant jamais les bras, superbe tireuse, organisatrice en diable, et une volonté de fer.
C'est aussi toute une philosophie du voyage qui se dessine tout au long du récit : vivre dans le "grand-dehors" pour s'y fondre et trouver des instants de plénitude :
"Pourquoi, quand on évoque un voyage, n'en raconte-t-on d'abord que les épreuves ? Alors que ce qui vous reste à vous, le plus souvent, ce sont les moments où il ne se passe rien, où le monde vous vient comme une offrande, à la condition de se rendre transparent. Peut-être parce que ce reste-là, la seule chose vraiment importante, était indicible."
" Devant elle, était le jardin d'Eden, ou tout le moins une immense arche de Noé, pour des instants de grâce qui la laissaient inondée de bonheur, et il lui semblait alors, dans l'immobilité rêveuse où elle se glissait, que le temps, indéfiniment étiré, se muait en pur espace, s'ouvrant devant elle continûment, effaçant les murs de la cache où elle s'abritait et elle devenait antilope, girafe, gérénuk, koudou, goûtait sur sa peau leurs frissons de crainte ou d'émois, sentait la fraîcheur de l'eau couler en elle - était en ces instants le monde même."
L'écriture est très riche, foisonnante, faite de très très longues phrases qui laissent quelquefois "pantelant". Mais voilà un superbe roman-fleuve où il faut s'immerger et se laisser porter par le courant et même si le récit s'arrête brutalement quelques mois après le voyage en Afrique (j'aurais bien aimé connaître la suite de leurs voyages), je me suis vraiment régalée à cette lecture.
5/5
Chantal- Nombre de messages : 3220
Location : France
Date d'inscription : 22/12/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
géromino Jeu 11 Juil 2013 - 11:22
"La beauté du monde" Points 2009 792 pages (+ 15 photos noir et blanc)
Dans un New-York d'après-guerre 14/18, la jeunesse extravagante, insouciante et rebelle, bouscule les tabous, brûle les anciens repères, explose les carcans moraux. Voilà les "Années Folles", la prohibition et cette musique Noire sensuelle, primitive, qui déferle et bientôt submerge l'Amérique: le Jazz: le monde vacille, les valeurs s'écroulent, la société américaine est à la recherche d'autres idéaux, d'autres émotions...
-Première partie- En 1919, Martin et Osa Johnson reviennent des Mers du Sud avec un film qui ébahit Broadway. On y voit le mari filmant des cannibales -les redoutables Big Nambas- à deux doigts de faire cuire son épouse à la marmite! Le film fait un triomphe; c'est le début de la légende des époux Johnson. Il va ouvrir toutes grandes les portes du cercle très fermé des explorateurs et celui encore plus restreint des mécènes susceptibles de financer la future expédition que projettent Martin et Osa en Afrique.
-Deuxième partie- L'Afrique sauvage les happe dès leur arrivée au Kenya: des paysages à couper le souffle, des plaines infinies où s'ébattent des troupeaux dont les individus sont innombrables: buffles, gnous, gazelles... des fauves naturellement seigneurs incontestés de la savane: léopards, lions... Filmer n'est pas une tâche aisée, car les animaux, méfiants, détalent au moindre bruit suspect, à la moindre modification de leur environnement. Dépités, ils resteront pendant des jours sans rien de probant sur la pellicule. Martin ne possèdant pas de téléobjectif, laisse s'approcher les fauves, les buffles, comptant sur Osa placée en retrait, pour abattre au dernier moment l'animal qui deviendrait trop menaçant! "Lorsqu'un lion attaque, vous avez trois secondes pour épauler et tirer avant qu'il ne soit sur vous; si c'est un léopard, deux secondes seulement...". Malgré leur répugnance à tuer les animaux, il n'auront pas d'autre choix. Plus tard Martin utilisera un système de caches invisibles, plus sécurisantes et plus efficaces.
Leur but est de filmer cette Afrique sauvage encore inviolée avant qu'elle ne soit défigurée (voire détruite) par l'Homme et la civilisation. En effet, depuis plusieurs années, la savane est devenue le théatre dramatique de chasses "au gros gibier", où de riches chasseurs viennent faire des cartons sur les animaux uniquement pour le plaisir de tuer et ramener des trophées.
-Troisième partie (plus courte)- Retour à New-York dans l'attente de la présentation du film au public. Malgré tous les périls endurés, l'Afrique les a transfigurés. Osa, femme pionnière, magnifiquement "glamour", intrépide, fut un sésame de charme dans de nombreuses situations et Martin, l'ancien cuistot de Jack London lors de l'épopée du Snark, professionnel pointilleux, têtu et visionnaire forment un couple audacieux et désormais légendaire: "les amants de l'aventure".
C'est une fresque immense et féérique. L'écriture, d'une force tranquille, nous emporte avec la même intensité que l'on découvre la "jungle new-yorkaise" ou la savane kenyane. On entend le jazz, on respire l'atmosphère de la ville comme on entend le feulement des lions ou le martèlement des sabots des buffles. La plume de Michel Le Bris est une merveille; les mots tombent juste, ses phrases sont efficaces, parfois fabuleusement lyriques, mais sans jamais en rajouter des tonnes.
Comme le souligne Chantal plus haut, le récit s'achève brutalement (en 1923) alors qu'on voudrait en savoir encore plus sur leur vie (on sait qu'ils retourneront dans leur "Paradis" dans de nouvelles expéditions, avec du nouveau matériel moderne mis au point par Martin).
Pour être un peu plus complet il faudrait encore parler de Kalowatt, l'orang-outan apprivoisé qui est de toutes les aventures; de John, le père de Martin, qui malgré son âge les accompagne; il faudrait parler aussi de l'évocation de tous ces explorateurs, aventuriers, scientifiques, qui à cette époque montent de gigantesques expéditions (par exemple, une théorie voudrait que la Mongolie soit le berceau des mammifères et partant de là, le berceau de l'Humanité; ce qui arrangerait bien les partis racistes et anti-noirs qui ne peuvent supporter que l'Afrique ait vu naître les premiers hommes). Anecdotes et témoignages foisonnent.
Un chef d'oeuvre!
Note: 5/5
Pour en savoir un peu plus, voici un interview de Michel Le Bris ICI
Dans un New-York d'après-guerre 14/18, la jeunesse extravagante, insouciante et rebelle, bouscule les tabous, brûle les anciens repères, explose les carcans moraux. Voilà les "Années Folles", la prohibition et cette musique Noire sensuelle, primitive, qui déferle et bientôt submerge l'Amérique: le Jazz: le monde vacille, les valeurs s'écroulent, la société américaine est à la recherche d'autres idéaux, d'autres émotions...
-Première partie- En 1919, Martin et Osa Johnson reviennent des Mers du Sud avec un film qui ébahit Broadway. On y voit le mari filmant des cannibales -les redoutables Big Nambas- à deux doigts de faire cuire son épouse à la marmite! Le film fait un triomphe; c'est le début de la légende des époux Johnson. Il va ouvrir toutes grandes les portes du cercle très fermé des explorateurs et celui encore plus restreint des mécènes susceptibles de financer la future expédition que projettent Martin et Osa en Afrique.
-Deuxième partie- L'Afrique sauvage les happe dès leur arrivée au Kenya: des paysages à couper le souffle, des plaines infinies où s'ébattent des troupeaux dont les individus sont innombrables: buffles, gnous, gazelles... des fauves naturellement seigneurs incontestés de la savane: léopards, lions... Filmer n'est pas une tâche aisée, car les animaux, méfiants, détalent au moindre bruit suspect, à la moindre modification de leur environnement. Dépités, ils resteront pendant des jours sans rien de probant sur la pellicule. Martin ne possèdant pas de téléobjectif, laisse s'approcher les fauves, les buffles, comptant sur Osa placée en retrait, pour abattre au dernier moment l'animal qui deviendrait trop menaçant! "Lorsqu'un lion attaque, vous avez trois secondes pour épauler et tirer avant qu'il ne soit sur vous; si c'est un léopard, deux secondes seulement...". Malgré leur répugnance à tuer les animaux, il n'auront pas d'autre choix. Plus tard Martin utilisera un système de caches invisibles, plus sécurisantes et plus efficaces.
Leur but est de filmer cette Afrique sauvage encore inviolée avant qu'elle ne soit défigurée (voire détruite) par l'Homme et la civilisation. En effet, depuis plusieurs années, la savane est devenue le théatre dramatique de chasses "au gros gibier", où de riches chasseurs viennent faire des cartons sur les animaux uniquement pour le plaisir de tuer et ramener des trophées.
-Troisième partie (plus courte)- Retour à New-York dans l'attente de la présentation du film au public. Malgré tous les périls endurés, l'Afrique les a transfigurés. Osa, femme pionnière, magnifiquement "glamour", intrépide, fut un sésame de charme dans de nombreuses situations et Martin, l'ancien cuistot de Jack London lors de l'épopée du Snark, professionnel pointilleux, têtu et visionnaire forment un couple audacieux et désormais légendaire: "les amants de l'aventure".
C'est une fresque immense et féérique. L'écriture, d'une force tranquille, nous emporte avec la même intensité que l'on découvre la "jungle new-yorkaise" ou la savane kenyane. On entend le jazz, on respire l'atmosphère de la ville comme on entend le feulement des lions ou le martèlement des sabots des buffles. La plume de Michel Le Bris est une merveille; les mots tombent juste, ses phrases sont efficaces, parfois fabuleusement lyriques, mais sans jamais en rajouter des tonnes.
Comme le souligne Chantal plus haut, le récit s'achève brutalement (en 1923) alors qu'on voudrait en savoir encore plus sur leur vie (on sait qu'ils retourneront dans leur "Paradis" dans de nouvelles expéditions, avec du nouveau matériel moderne mis au point par Martin).
Pour être un peu plus complet il faudrait encore parler de Kalowatt, l'orang-outan apprivoisé qui est de toutes les aventures; de John, le père de Martin, qui malgré son âge les accompagne; il faudrait parler aussi de l'évocation de tous ces explorateurs, aventuriers, scientifiques, qui à cette époque montent de gigantesques expéditions (par exemple, une théorie voudrait que la Mongolie soit le berceau des mammifères et partant de là, le berceau de l'Humanité; ce qui arrangerait bien les partis racistes et anti-noirs qui ne peuvent supporter que l'Afrique ait vu naître les premiers hommes). Anecdotes et témoignages foisonnent.
Un chef d'oeuvre!
Note: 5/5
Pour en savoir un peu plus, voici un interview de Michel Le Bris ICI
_________________
Challenge "Book around the States": 20/50
géromino- Nombre de messages : 5600
Age : 59
Location : Finistère, FRANCE
Date d'inscription : 07/11/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
dodie Jeu 11 Juil 2013 - 14:00
Avec ces 2 coups de coeur et superbes critiques, il y aune seule chose à faire: le noter !!!!!
dodie- Nombre de messages : 6189
Age : 60
Location : France
Date d'inscription : 11/04/2009 -
Chantal- Nombre de messages : 3220
Location : France
Date d'inscription : 22/12/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
Mandarine Jeu 11 Juil 2013 - 21:06
Waouw, Chantal et Géro, vous me donnez vraiment envie de lire ce livre!!!
J'étais passée à côté, mais là je le note en rouge!
J'étais passée à côté, mais là je le note en rouge!
Mandarine- Nombre de messages : 3347
Age : 38
Date d'inscription : 10/03/2010
Van- Nombre de messages : 423
Age : 40
Location : Val de Marne - France
Date d'inscription : 03/11/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
kattylou Sam 13 Juil 2013 - 19:31
moi aussi j'ai noté j'ai tellement aimé ton enthousiasme Geromino !
_________________
La Terre - Zola
kattylou- Admin
- Nombre de messages : 6991
Age : 59
Location : 77
Date d'inscription : 08/09/2009 -
Re: Michel LE BRIS (France)
géromino Dim 14 Juil 2013 - 10:52
Merci à vous toutes 
; c'est sans doute un livre qui s'inscrit pile dans ce que j'attends en matière de lecture (l'histoire, la société, l'aventure...), mais je suis persuadé qu'il passionnera beaucoup d'entre vous.
; c'est sans doute un livre qui s'inscrit pile dans ce que j'attends en matière de lecture (l'histoire, la société, l'aventure...), mais je suis persuadé qu'il passionnera beaucoup d'entre vous._________________
Challenge "Book around the States": 20/50
géromino- Nombre de messages : 5600
Age : 59
Location : Finistère, FRANCE
Date d'inscription : 07/11/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
géromino Sam 21 Déc 2013 - 12:02
"Un hiver en Bretagne" éd. Points 1997 192 pages
Il y a des auteurs qui vous enthousiasment décriraient-ils un tas de cailloux ou une poule en train de picorer! Michel Le Bris est de ceux-là. Ses rêveries d'adulte nous emmènent dans la Bretagne de son enfance, dans la baie de Morlaix, à "l'âge des sabres de bois", où l'on rêve de pirates, de trésors et de contrées lointaines. Nous emmènent aussi dans le monde bien réel où, pas bien vieux, il participe aux tâches des adultes, comme l'inhumain ramassage du goémon après la tempête, ou la collecte des bigorneaux et autres coquillages sur la plage: il faut bien aider.
Surtout il raconte l'histoire de son village et environs, les légendes forgées par ces hommes "venus dans des auges de pierre" il y a des siècles, ou plus récemment entre les XVe et XVIIIe siècles, quand Morlaix à son âge d'or s'était enrichie grâce aux relations commerciales qu'elle entretenait avec les puissances commerciales européennes. Elle était l'égale de ces puissantes villes Hanséatiques. Et que dire de ces corsaires intrépides, fiers et redoutables, craints des anglais même, qui ont fait la loi sur les flots de la Manche? Ils étaient une floppée de ces gaillards dont l'Histoire a perdu le nom, mais que fait revivre Michel Le Bris, après avoir fouillé les archives maritimes du département; des Nicolas Coëtanlem, Hervé de Porzmoguer, Charles Cornic-Duchêne, etc... Il raconte des histoires de bonne ou mauvaise fortune sur les mers, d'abordage qui sentent la poudre à canon mieux que dans un roman!
C'est dans les cafés qu'il entend les histoires des anciens, des histoires du XXe siècle, celles-ci, mais suffisamment succulentes pour faire des légendes de ces marins "à la tête dure et le coeur assez large pour revenir du Chili à la rame. Et de ne pas en faire tout un plat pour autant."
"En ce temps-là, sûr, c'étaient des durs..." et Fanch Le Floch commence à raconter: "Faut dire que pêcher la baleine sur les côtes du Chili, c'était pas pour les mauviettes"... Ces anecdotes truculentes animent le récit, passionnent la lecture et nous apprennent énormément de choses sur ces habitants, à l'image du pays forcément bourrus mais tellement attachants, de ce coin de Bretagne où existe encore "toute la beauté du monde".
Note: 4.5/5
Il y a des auteurs qui vous enthousiasment décriraient-ils un tas de cailloux ou une poule en train de picorer! Michel Le Bris est de ceux-là. Ses rêveries d'adulte nous emmènent dans la Bretagne de son enfance, dans la baie de Morlaix, à "l'âge des sabres de bois", où l'on rêve de pirates, de trésors et de contrées lointaines. Nous emmènent aussi dans le monde bien réel où, pas bien vieux, il participe aux tâches des adultes, comme l'inhumain ramassage du goémon après la tempête, ou la collecte des bigorneaux et autres coquillages sur la plage: il faut bien aider.
Surtout il raconte l'histoire de son village et environs, les légendes forgées par ces hommes "venus dans des auges de pierre" il y a des siècles, ou plus récemment entre les XVe et XVIIIe siècles, quand Morlaix à son âge d'or s'était enrichie grâce aux relations commerciales qu'elle entretenait avec les puissances commerciales européennes. Elle était l'égale de ces puissantes villes Hanséatiques. Et que dire de ces corsaires intrépides, fiers et redoutables, craints des anglais même, qui ont fait la loi sur les flots de la Manche? Ils étaient une floppée de ces gaillards dont l'Histoire a perdu le nom, mais que fait revivre Michel Le Bris, après avoir fouillé les archives maritimes du département; des Nicolas Coëtanlem, Hervé de Porzmoguer, Charles Cornic-Duchêne, etc... Il raconte des histoires de bonne ou mauvaise fortune sur les mers, d'abordage qui sentent la poudre à canon mieux que dans un roman!
C'est dans les cafés qu'il entend les histoires des anciens, des histoires du XXe siècle, celles-ci, mais suffisamment succulentes pour faire des légendes de ces marins "à la tête dure et le coeur assez large pour revenir du Chili à la rame. Et de ne pas en faire tout un plat pour autant."
"En ce temps-là, sûr, c'étaient des durs..." et Fanch Le Floch commence à raconter: "Faut dire que pêcher la baleine sur les côtes du Chili, c'était pas pour les mauviettes"... Ces anecdotes truculentes animent le récit, passionnent la lecture et nous apprennent énormément de choses sur ces habitants, à l'image du pays forcément bourrus mais tellement attachants, de ce coin de Bretagne où existe encore "toute la beauté du monde".
Note: 4.5/5
_________________
Challenge "Book around the States": 20/50
géromino- Nombre de messages : 5600
Age : 59
Location : Finistère, FRANCE
Date d'inscription : 07/11/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
géromino Sam 4 Oct 2014 - 12:15
"L'homme aux semelles de vent" éd. Petite Bibliothèque Payot 2012 274 pages
Extrait du 4e de couv: "Nous irons quelque jour, par-delà l'horizon, à la recherche de nos Irlandes." Que serait un voyage sans le livre qui l'avive et en prolongr la trace -sans le bruissement de de tous ces livres que nous lûmes avant de prendre la route? Samarcande, Trébizonde, tant de mots, dès l'enfance , qui nous furent comme des portes, tant de récits, tant de légendes!" ...
Déjà, à la lecture de ces quelques phrases, j'étais conquis! Le titre me faisait penser à un illustre voyageur, sans vraiment mettre un nom dessus (en fait, il s'agit de Rimbaud); l'incipit (Et puis, bien sûr, la mer. Marées. Rage de ne pouvoir éprouver son dehors -et grande fatigue aussi. Ressac, comme un murmure, parfois à mourir de tendresse, perdu dans tes goémons, cheveux fous. Vagues, pour te dresser debout à la face du ciel, ou te griffer contre le vent" etc...) me confortait dans une suite propice à une savoureuse prose poétique dessinant des contrées lointaines, des voyages maritimes. J'ai plongé dans les premières pages avec avidité et enthousiasme.
Michel Le Bris raconte brièvement les "charmes rustiques" de sa Bretagne, que viennent rechercher les premiers touristes parisiens. Ces touristes, il leur en veut d'avoir contribué à défigurer le paysage de son enfance, d'avoir envahi l'espace immuable des campagnes, de l'avoir modifié. Car avec le touriste arrive le chaos, les bouleversements. Parallèlement les talus ancestraux et protecteurs sont rasés (au grand dam des anciens), les petites fermes disparaissent au profit de l'exploitation agricole intensive, endettant puis ruinant les paysans, bien bernés par les belles paroles de technocrates rusés, mal préparés à l'économie de marché à grande échelle, amenant ruine, colère, mécontentement et les grandes manifestations bretonnes des années 60.
Ce terroir, la vie de ces gens dans les campagnes, j'étais encore à mon affaire; de plus la plume de Michel Le Bris est fameuse, on est très vite captivé.
Mais, son propos glisse imperceptiblement vers un discours beaucoup plus philosophique, et à la limite, qui n'a plus grand chose à voir avec mes premières impressions et mes attentes. Interviennent de grands penseurs, Hegel, Roussseau, Mme de Staël, ... Il parle d"Etat-Nation, de Révolution prolétarienne, cite Marx, Engels, Foucault, etc... Il parle des Juifs en tant qu'état errant, de Compagnons du Devoir, de révoltes d'ouvriers en quête de meilleurs conditions de vie. Toujours ce rapport de près ou de loin (des fois très loin quand même!) avec les voyages, les déplacements, l'itinérance. D'autres sujets sont abordés, comme la littérature des romans-feuilletons, la musique classique ou le jazz/blues/soul...
Finalement c'est un livre très intéressant (quoique parfois obscur), enrichissant, surprenant même, mais que j'ai trouvé en complet décalage avec ce que proposaient le 4e de couverture et les premiers chapitres. Pas réellement déçu, parce que j'y ai trouvé beaucoup d'intérêt mais je m'attendais à autre chose... Quelque chose de plus personnel, qui aurait, par exemple, concrétisé ce passage, quand, de retour pour ses vacances d'étudiant à Paris, il découvre que "le Maître" a vendu la maison où il vivait enfant avec ses parents, et avant eux, ses arrières-grands-parents, à un touriste parisien de ses amis:
"Vous occupez ma demeure, vous la défigurez de vos empreintes, vous y avez déjà écrit votre malheur. Vous m'avez fait sans lieu, plante déracinée, oiseau sans vent, poisson sans mer"... "Vous ne mesurerez jamais le mal que vous m'avez fait, mais qu'importe?" ... "En somme, je vous pardonne, vous ne saviez pas ce que vous faisiez."
Dans cette déchirure, cette colère, j'y voyais l'explication du chemin qu'aurait pris son existence, et je me préparais à découvrir sa vie, ses réflexions sur ce qui semble un traumatisme. Et pourquoi pas, de là, mieux comprendre son attrait pour les voyages et les pays lointains.
Pas de note
Extrait du 4e de couv: "Nous irons quelque jour, par-delà l'horizon, à la recherche de nos Irlandes." Que serait un voyage sans le livre qui l'avive et en prolongr la trace -sans le bruissement de de tous ces livres que nous lûmes avant de prendre la route? Samarcande, Trébizonde, tant de mots, dès l'enfance , qui nous furent comme des portes, tant de récits, tant de légendes!" ...
Déjà, à la lecture de ces quelques phrases, j'étais conquis! Le titre me faisait penser à un illustre voyageur, sans vraiment mettre un nom dessus (en fait, il s'agit de Rimbaud); l'incipit (Et puis, bien sûr, la mer. Marées. Rage de ne pouvoir éprouver son dehors -et grande fatigue aussi. Ressac, comme un murmure, parfois à mourir de tendresse, perdu dans tes goémons, cheveux fous. Vagues, pour te dresser debout à la face du ciel, ou te griffer contre le vent" etc...) me confortait dans une suite propice à une savoureuse prose poétique dessinant des contrées lointaines, des voyages maritimes. J'ai plongé dans les premières pages avec avidité et enthousiasme.
Michel Le Bris raconte brièvement les "charmes rustiques" de sa Bretagne, que viennent rechercher les premiers touristes parisiens. Ces touristes, il leur en veut d'avoir contribué à défigurer le paysage de son enfance, d'avoir envahi l'espace immuable des campagnes, de l'avoir modifié. Car avec le touriste arrive le chaos, les bouleversements. Parallèlement les talus ancestraux et protecteurs sont rasés (au grand dam des anciens), les petites fermes disparaissent au profit de l'exploitation agricole intensive, endettant puis ruinant les paysans, bien bernés par les belles paroles de technocrates rusés, mal préparés à l'économie de marché à grande échelle, amenant ruine, colère, mécontentement et les grandes manifestations bretonnes des années 60.
Ce terroir, la vie de ces gens dans les campagnes, j'étais encore à mon affaire; de plus la plume de Michel Le Bris est fameuse, on est très vite captivé.
Mais, son propos glisse imperceptiblement vers un discours beaucoup plus philosophique, et à la limite, qui n'a plus grand chose à voir avec mes premières impressions et mes attentes. Interviennent de grands penseurs, Hegel, Roussseau, Mme de Staël, ... Il parle d"Etat-Nation, de Révolution prolétarienne, cite Marx, Engels, Foucault, etc... Il parle des Juifs en tant qu'état errant, de Compagnons du Devoir, de révoltes d'ouvriers en quête de meilleurs conditions de vie. Toujours ce rapport de près ou de loin (des fois très loin quand même!) avec les voyages, les déplacements, l'itinérance. D'autres sujets sont abordés, comme la littérature des romans-feuilletons, la musique classique ou le jazz/blues/soul...
Finalement c'est un livre très intéressant (quoique parfois obscur), enrichissant, surprenant même, mais que j'ai trouvé en complet décalage avec ce que proposaient le 4e de couverture et les premiers chapitres. Pas réellement déçu, parce que j'y ai trouvé beaucoup d'intérêt mais je m'attendais à autre chose... Quelque chose de plus personnel, qui aurait, par exemple, concrétisé ce passage, quand, de retour pour ses vacances d'étudiant à Paris, il découvre que "le Maître" a vendu la maison où il vivait enfant avec ses parents, et avant eux, ses arrières-grands-parents, à un touriste parisien de ses amis:
"Vous occupez ma demeure, vous la défigurez de vos empreintes, vous y avez déjà écrit votre malheur. Vous m'avez fait sans lieu, plante déracinée, oiseau sans vent, poisson sans mer"... "Vous ne mesurerez jamais le mal que vous m'avez fait, mais qu'importe?" ... "En somme, je vous pardonne, vous ne saviez pas ce que vous faisiez."
Dans cette déchirure, cette colère, j'y voyais l'explication du chemin qu'aurait pris son existence, et je me préparais à découvrir sa vie, ses réflexions sur ce qui semble un traumatisme. Et pourquoi pas, de là, mieux comprendre son attrait pour les voyages et les pays lointains.
Pas de note
_________________
Challenge "Book around the States": 20/50
géromino- Nombre de messages : 5600
Age : 59
Location : Finistère, FRANCE
Date d'inscription : 07/11/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
lalyre Jeu 17 Aoû 2017 - 13:58
Le Bris Michel
Kong
Grasset 16 août 2017
ISBN 978 2 226 75821 1
944 pages
Quatrième de couverture
Deux jeunes gens sortent sonnés de la Grande Guerre. L’un, Ernest Schoedsack, a filmé l’horreur dans la boue des tranchées; l’autre, Merian Cooper, héros de l’aviation américaine, sérieusement brûlé, sort d’un camp de prisonniers. Ils se rencontrent dans Vienne occupée, puis se retrouvent à Londres où naît le projet qui va les lier pour la vie. Comment dire la guerre? Comment dire ce puits noir où l’homme s’est perdu – et peut-être, aussi révélé? Pas de fiction, se jurent-ils: le réalisme le plus exigeant. S’ensuivent des aventures échevelées: guerre russo-polonaise, massacres de Smyrne, Abyssinie, épopée de la souffrance en Iran, tigres mangeurs d’hommes dans la jungle du Siam, guerriers insurgés au Soudan…Leurs films sont à couper le souffle. On les acclame: « Les T.E. Lawrence de l’aventure! lance le New York Times. Eux font la moue. Manque ce qu’ils voulaient restituer du mystère du monde. Déçu, Cooper renoncera quelque temps – pour créer avec des amis aviateurs rien moins que… la Pan Am ! – avant d’y revenir. Ce sera pour oser la fiction la plus radicale, le film le plus fou, pour lequel il faudra inventer des techniques nouvelles d’animation. Un coup de génie. Une histoire de passion amoureuse, mettant en scène un être de neuf mètres de haut, Kong, que l’on craint, qui épouvante, mais que l’on pleure quand il meurt… Le film est projeté à New York devant une foule immense, trois semaines avant qu’Hitler ne prenne les pleins pouvoirs.
Mon avis
2 juin 1922 à New York, un spectacle de magie avec Harry Houdini, ensuite un film tiré de Le monde perdu de Conan Doyle, ami et complice de Harry Houdini, ce film qui touchait au mystère du monde avec des animaux préhistoriques a créé terreur et bousculades dans la salle. Ensuite on fait la connaissance de Ernest Beaumont Schoedsack qui est un réalisateur, directeur de la photographie, producteur, monteur, acteur et scénariste américain ayant déjà réalisé King Kong en 1922, par contre je retrouve dans le roman Merian C. Cooper aussi est un producteur, scénariste, réalisateur et directeur de la photographie américain et auteur de King Kong en1933. Nous voici à Varsovie en 1919 ou après cent vingt-trois ans d’occupation, partagée entre l’Allemagne, la Russie et l’Empire austro-hongrois, pillé, réduite à la famine, dévastée par la guerre, la Pologne venait de proclamer son indépendance. Dans un train pour Varsovie un homme raconte comment on tournait des films vers 1920. Après nombre de pages, on parle de la 7e escadrille de chasse polonaise, connue sous le nom d'escadrille Kościuszko était une des escadrilles des forces aériennes polonaises pendant la guerre soviéto-polonaise de 1919-1921 dont les trois premiers volontaires furent le major Cedric Fauntleroy comme chef d'escadrille et le capitaine Merian C. Cooper. Il est aussi question de Conan Doyle et de son livre (Le monde perdu) et de Jack London romancier qui fut chercheur d’or. En 1922, L'incendie de Smyrne, que les Grecs appellent la Catastrophe de Smyrne est un événement de la Deuxième Guerre gréco-turque. Il détruit la majeure partie de la cité portuaire de Smyrne qui fut la cause de la mort de plusieurs milliers d’innocents. Dans cette longue fresque qui commence au début des années 1920 pour traverser tout le XXème siècle, on assiste au tournage du film King Kong en 1933, qui m’a vraiment intéressée. De la musique à la littérature et le cinéma beaucoup de noms sont cités, que ce soient des politiques, des héros, des aventurières des actrices ou des producteurs sans oublier King Kong un immense singe pas dangereux du tout. Tout cela pendant les annés entre deux guerres. Je pense que ce roman historique est un chef-d’œuvre, j’éprouve de l’admiration pour Michel le Bris qui s’est beaucoup documenté pour l’écrire, ce sera un coup de cœur pour tout ce que ce livre contient…5/5
Kong
Grasset 16 août 2017
ISBN 978 2 226 75821 1
944 pages
Quatrième de couverture
Deux jeunes gens sortent sonnés de la Grande Guerre. L’un, Ernest Schoedsack, a filmé l’horreur dans la boue des tranchées; l’autre, Merian Cooper, héros de l’aviation américaine, sérieusement brûlé, sort d’un camp de prisonniers. Ils se rencontrent dans Vienne occupée, puis se retrouvent à Londres où naît le projet qui va les lier pour la vie. Comment dire la guerre? Comment dire ce puits noir où l’homme s’est perdu – et peut-être, aussi révélé? Pas de fiction, se jurent-ils: le réalisme le plus exigeant. S’ensuivent des aventures échevelées: guerre russo-polonaise, massacres de Smyrne, Abyssinie, épopée de la souffrance en Iran, tigres mangeurs d’hommes dans la jungle du Siam, guerriers insurgés au Soudan…Leurs films sont à couper le souffle. On les acclame: « Les T.E. Lawrence de l’aventure! lance le New York Times. Eux font la moue. Manque ce qu’ils voulaient restituer du mystère du monde. Déçu, Cooper renoncera quelque temps – pour créer avec des amis aviateurs rien moins que… la Pan Am ! – avant d’y revenir. Ce sera pour oser la fiction la plus radicale, le film le plus fou, pour lequel il faudra inventer des techniques nouvelles d’animation. Un coup de génie. Une histoire de passion amoureuse, mettant en scène un être de neuf mètres de haut, Kong, que l’on craint, qui épouvante, mais que l’on pleure quand il meurt… Le film est projeté à New York devant une foule immense, trois semaines avant qu’Hitler ne prenne les pleins pouvoirs.
Mon avis
2 juin 1922 à New York, un spectacle de magie avec Harry Houdini, ensuite un film tiré de Le monde perdu de Conan Doyle, ami et complice de Harry Houdini, ce film qui touchait au mystère du monde avec des animaux préhistoriques a créé terreur et bousculades dans la salle. Ensuite on fait la connaissance de Ernest Beaumont Schoedsack qui est un réalisateur, directeur de la photographie, producteur, monteur, acteur et scénariste américain ayant déjà réalisé King Kong en 1922, par contre je retrouve dans le roman Merian C. Cooper aussi est un producteur, scénariste, réalisateur et directeur de la photographie américain et auteur de King Kong en1933. Nous voici à Varsovie en 1919 ou après cent vingt-trois ans d’occupation, partagée entre l’Allemagne, la Russie et l’Empire austro-hongrois, pillé, réduite à la famine, dévastée par la guerre, la Pologne venait de proclamer son indépendance. Dans un train pour Varsovie un homme raconte comment on tournait des films vers 1920. Après nombre de pages, on parle de la 7e escadrille de chasse polonaise, connue sous le nom d'escadrille Kościuszko était une des escadrilles des forces aériennes polonaises pendant la guerre soviéto-polonaise de 1919-1921 dont les trois premiers volontaires furent le major Cedric Fauntleroy comme chef d'escadrille et le capitaine Merian C. Cooper. Il est aussi question de Conan Doyle et de son livre (Le monde perdu) et de Jack London romancier qui fut chercheur d’or. En 1922, L'incendie de Smyrne, que les Grecs appellent la Catastrophe de Smyrne est un événement de la Deuxième Guerre gréco-turque. Il détruit la majeure partie de la cité portuaire de Smyrne qui fut la cause de la mort de plusieurs milliers d’innocents. Dans cette longue fresque qui commence au début des années 1920 pour traverser tout le XXème siècle, on assiste au tournage du film King Kong en 1933, qui m’a vraiment intéressée. De la musique à la littérature et le cinéma beaucoup de noms sont cités, que ce soient des politiques, des héros, des aventurières des actrices ou des producteurs sans oublier King Kong un immense singe pas dangereux du tout. Tout cela pendant les annés entre deux guerres. Je pense que ce roman historique est un chef-d’œuvre, j’éprouve de l’admiration pour Michel le Bris qui s’est beaucoup documenté pour l’écrire, ce sera un coup de cœur pour tout ce que ce livre contient…5/5
lalyre- Nombre de messages : 5793
Age : 92
Location : Belgique
Date d'inscription : 01/03/2009
Re: Michel LE BRIS (France)
Chantal Jeu 17 Aoû 2017 - 18:06
Mince alors, depuis "La beauté du monde" je n'ai pas relu cet auteur ! Il faut absolument que je le fasse. J'avais tellement apprécié et ces dernières critiques donnent très envie! Je le note en rouge ! 
Chantal- Nombre de messages : 3220
Location : France
Date d'inscription : 22/12/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
géromino Ven 18 Aoû 2017 - 9:02
Merci Lalyre 
! Ce livre semble diablement prometteur, dans la même veine que "La beauté du monde". 944 pages quand même!!
! Ce livre semble diablement prometteur, dans la même veine que "La beauté du monde". 944 pages quand même!! _________________
Challenge "Book around the States": 20/50
géromino- Nombre de messages : 5600
Age : 59
Location : Finistère, FRANCE
Date d'inscription : 07/11/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
kattylou Dim 20 Aoû 2017 - 21:16
Merci Lalyre j'avais aime la beauté du monde . il semble y avoir beaucoup de choses dans ce roman ce n'est pas trop confus ?
_________________
La Terre - Zola
kattylou- Admin
- Nombre de messages : 6991
Age : 59
Location : 77
Date d'inscription : 08/09/2009 -
Re: Michel LE BRIS (France)
lalyre Dim 20 Aoû 2017 - 22:21
kattylou malgré les nombreux personnages je n'ai pas eu de difficultés , mais comme toujours c'est à chacun de voir, vu le nombre de pages. 
lalyre- Nombre de messages : 5793
Age : 92
Location : Belgique
Date d'inscription : 01/03/2009
Re: Michel LE BRIS (France)
Awara Lun 21 Aoû 2017 - 10:19
Jamais lu cet auteur. Faille à combler me semble-t-il en raison de vos critiques enthousiastes!
_________________
Lectures en cours:
Prochaine lecture:
Avis en attente:
Awara- Nombre de messages : 7131
Age : 79
Location : PARIS
Date d'inscription : 03/01/2011
Chantal- Nombre de messages : 3220
Location : France
Date d'inscription : 22/12/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
géromino Sam 30 Jan 2021 - 20:48
Ah, là, je suis bien triste 
Voilà le festival Etonnants voyageurs orphelin.
Voilà le festival Etonnants voyageurs orphelin._________________
Challenge "Book around the States": 20/50
géromino- Nombre de messages : 5600
Age : 59
Location : Finistère, FRANCE
Date d'inscription : 07/11/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
géromino Ven 2 Avr 2021 - 20:41
"Kong" Points 2019 1135 pages
La guerre 14/18: une gigantesque et effroyable boucherie. Cette guerre est aussi à l'origine de deux créations humaines qui ont bouleversé la planète toute entière et à jamais: l'aviation et le cinéma.
Vienne 1919. Au milieu d'une Europe ruinée par la guerre, le destin va faire se rencontrer deux trempes américaines hors du commun: Merian Cooper, pilote d'avion et Ernest "Shorty" Schoedsack caméraman. Les deux hommes ont vécu les atrocités sur les champs de bataille et une même âme intrépide les réunit. Mais si l'Armistice a été signé, la guerre n'est pas finie partout pour autant: la Pologne est toujours en conflit, contre les russes d'un côté et les allemands de l'autre. Ils se séparent à Varsovie, chacun à la poursuite de ses idéaux: Schoedsack s'engage dans la Croix Rouge, tandis que Cooper va combattre les bolchevicks au sein de l'escadrille Kosciusko.
Ils se retrouvent à Londres en 1921, vibrants de projets fous: (...) "C'est ça qu'on devrait faire: chercher les pires endroits du monde, la nature la plus sauvage, où les hommes se battent, survivent, en dépit de tout, et filmer!" (...) Filmer la force obscure au coeur du monde! Une deuxième bourrade scella leur accord: à compter de cet instant, ce serait leur seul but.
Ils vont sillonner le monde, enchaîner des tournages de plus en plus fous!- avec toujours cette obsession de filmer au plus près, des mondes inconnus, filmer le vrai, l'authentique, mais aussi le sauvage, le naturel. Leur premier tournage dans les déserts de l'Abyssinie -1923- est réduit à néant par l'incendie de leur bateau. Mais le film Grass (un quasi documentaire sur le parcours d'une peuplade perse qui transhume à travers les montagnes d'Iran) leur ouvre les portes de la reconnaissance en 1925; puis Chang (filmé dans la jungle thaïlandaise) celles de la consécration (1927). En 1929, ils tournent Les quatre plumes blanches, un des derniers films muets. Puis Les chasses du comte Zaroff (1932) et leur chef d'oeuvre absolu King Kong, en 1933. A chaque fois, Schoedsack, derrière sa caméra, impose des scènes d'une complexité phénoménale pour l'époque. Repoussant toujours plus loin les limites de la débrouillardise, les machinistes s'arrachent les cheveux, et doivent déployer des trésors d'imagination pour satisfaire ses exigences. Cooper n'en sera pas en reste et à son tour portera King Kong à un degré de perfection inégalé.
Je me rends compte que résumer ce livre est absolument impossible tellement les sujets abordés sont nombreux, variés et abondamment décrits. Il s'agit d'une fresque gigantesque sur l'oeuvre de deux cinéastes. Mais en traversant leurs existences Michel Le Bris ne peut faire moins que de s'intéresser aussi à leur époque, et de fil en aiguille parler de la guerre de 14, la prohibition, l'entre-deux guerre, la crise de 29, l'essor de l'aviation civile, les premiers balbutiements du cinéma, l'évolution du muet vers le parlant, la montée du nazisme, Hollywood, la RKO, La Pan-Am, etc... Et que dire de ce regard porté sur le reste du monde pas encore prêt à lâcher ses traditions ancestrales -l'Ethiopie, la Perse, le Siam! Comme il arrive un nombre considérable de péripéties aux deux comparses cinéastes Cooper et Schoedsack, la lecture ne procure jamais de temps mort. L'époque est riche d'événements, le monde est en pleine ébullition, l'histoire ne s'essouffle pas une seconde. Et comme Michel Le Bris sait raconter, on s'y plonge sans retenue.
Michel Le Bris a mis huit années pour échafauder son livre. La bibliographie en fin de volume rassemble plus d'une centaine d'ouvrages qui ont servi à son élaboration: un travail de passion.
Attention: ceci est un chef d'oeuvre.
Note: 5/5
La guerre 14/18: une gigantesque et effroyable boucherie. Cette guerre est aussi à l'origine de deux créations humaines qui ont bouleversé la planète toute entière et à jamais: l'aviation et le cinéma.
Vienne 1919. Au milieu d'une Europe ruinée par la guerre, le destin va faire se rencontrer deux trempes américaines hors du commun: Merian Cooper, pilote d'avion et Ernest "Shorty" Schoedsack caméraman. Les deux hommes ont vécu les atrocités sur les champs de bataille et une même âme intrépide les réunit. Mais si l'Armistice a été signé, la guerre n'est pas finie partout pour autant: la Pologne est toujours en conflit, contre les russes d'un côté et les allemands de l'autre. Ils se séparent à Varsovie, chacun à la poursuite de ses idéaux: Schoedsack s'engage dans la Croix Rouge, tandis que Cooper va combattre les bolchevicks au sein de l'escadrille Kosciusko.
Ils se retrouvent à Londres en 1921, vibrants de projets fous: (...) "C'est ça qu'on devrait faire: chercher les pires endroits du monde, la nature la plus sauvage, où les hommes se battent, survivent, en dépit de tout, et filmer!" (...) Filmer la force obscure au coeur du monde! Une deuxième bourrade scella leur accord: à compter de cet instant, ce serait leur seul but.
Ils vont sillonner le monde, enchaîner des tournages de plus en plus fous!- avec toujours cette obsession de filmer au plus près, des mondes inconnus, filmer le vrai, l'authentique, mais aussi le sauvage, le naturel. Leur premier tournage dans les déserts de l'Abyssinie -1923- est réduit à néant par l'incendie de leur bateau. Mais le film Grass (un quasi documentaire sur le parcours d'une peuplade perse qui transhume à travers les montagnes d'Iran) leur ouvre les portes de la reconnaissance en 1925; puis Chang (filmé dans la jungle thaïlandaise) celles de la consécration (1927). En 1929, ils tournent Les quatre plumes blanches, un des derniers films muets. Puis Les chasses du comte Zaroff (1932) et leur chef d'oeuvre absolu King Kong, en 1933. A chaque fois, Schoedsack, derrière sa caméra, impose des scènes d'une complexité phénoménale pour l'époque. Repoussant toujours plus loin les limites de la débrouillardise, les machinistes s'arrachent les cheveux, et doivent déployer des trésors d'imagination pour satisfaire ses exigences. Cooper n'en sera pas en reste et à son tour portera King Kong à un degré de perfection inégalé.
Je me rends compte que résumer ce livre est absolument impossible tellement les sujets abordés sont nombreux, variés et abondamment décrits. Il s'agit d'une fresque gigantesque sur l'oeuvre de deux cinéastes. Mais en traversant leurs existences Michel Le Bris ne peut faire moins que de s'intéresser aussi à leur époque, et de fil en aiguille parler de la guerre de 14, la prohibition, l'entre-deux guerre, la crise de 29, l'essor de l'aviation civile, les premiers balbutiements du cinéma, l'évolution du muet vers le parlant, la montée du nazisme, Hollywood, la RKO, La Pan-Am, etc... Et que dire de ce regard porté sur le reste du monde pas encore prêt à lâcher ses traditions ancestrales -l'Ethiopie, la Perse, le Siam! Comme il arrive un nombre considérable de péripéties aux deux comparses cinéastes Cooper et Schoedsack, la lecture ne procure jamais de temps mort. L'époque est riche d'événements, le monde est en pleine ébullition, l'histoire ne s'essouffle pas une seconde. Et comme Michel Le Bris sait raconter, on s'y plonge sans retenue.
Michel Le Bris a mis huit années pour échafauder son livre. La bibliographie en fin de volume rassemble plus d'une centaine d'ouvrages qui ont servi à son élaboration: un travail de passion.
Attention: ceci est un chef d'oeuvre.
Note:
5/5_________________
Challenge "Book around the States": 20/50
géromino- Nombre de messages : 5600
Age : 59
Location : Finistère, FRANCE
Date d'inscription : 07/11/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
Chantal Sam 3 Avr 2021 - 13:31
Merci Géromino ! Ton avis donne très, très envie !!! Ce roman a l’air tellement riche !
Et comme j’ai énormément aimé « La beauté du monde » et beaucoup aimé l’écriture de cet auteur, Kong est maintenant noté dans ma liste de livres .
Et comme j’ai énormément aimé « La beauté du monde » et beaucoup aimé l’écriture de cet auteur, Kong est maintenant noté dans ma liste de livres .
Chantal- Nombre de messages : 3220
Location : France
Date d'inscription : 22/12/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
géromino Sam 3 Avr 2021 - 18:21
Chantal: moi aussi j'avais passionnément aimé La beauté du monde! Kong, dans le même registre de narration, me semble un cran encore au-dessus. Michel Le Bris est sublime.
_________________
Challenge "Book around the States": 20/50
géromino- Nombre de messages : 5600
Age : 59
Location : Finistère, FRANCE
Date d'inscription : 07/11/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
kattylou Lun 5 Avr 2021 - 16:13
Geromino j'avais très envie de lire ton avis ton enthousiasme lors de la lecture donnait envie de découvrir ce roman .
J'étais un peu passée à coté de toute la beauté du monde j'avais un peu survolé la seconde partie mais bien aimé quand même . A relire un jour
J'étais un peu passée à coté de toute la beauté du monde j'avais un peu survolé la seconde partie mais bien aimé quand même . A relire un jour
_________________
La Terre - Zola
kattylou- Admin
- Nombre de messages : 6991
Age : 59
Location : 77
Date d'inscription : 08/09/2009 -
Re: Michel LE BRIS (France)
géromino Sam 10 Avr 2021 - 22:59
Kattylou: il y a peut-être un aspect dissuasif dans cet important nombre de pages, autant dans La beauté du monde que dans Kong. Mais malgré ma réticence à entreprendre ce genre de lecture, j'ai quand même été sous le charme. Probablement dû à l'écriture de Michel Le Bris (qui me subjugue!).
_________________
Challenge "Book around the States": 20/50
géromino- Nombre de messages : 5600
Age : 59
Location : Finistère, FRANCE
Date d'inscription : 07/11/2008
Re: Michel LE BRIS (France)
géromino Ven 27 Mai 2022 - 22:06
"La Porte d'or" Points 2010 400 pages
La Californie, San Francisco. Ces noms évoquent des rêves ou carrément des mythes, de fortune, d'évasion, de liberté. Et d'or évidemment! Car ici bien sûr, il est question de la fabuleuse ruée vers l'or. Ou des ruées, parce que s'il y a eu d'abord la première, celle de 1848, la plus légendaire, d'autres ont suivi. Moins pittoresques peut-être plus inhumaines, certainement (à cause du progrès délirant des techniques d'extraction), ou plus individuelles et artisanales, à l'instar du couple que Michel Le Bris a rencontré. De toute façon à chaque fois, c'est toujours cette fièvre commune, délirante ou mesurée, qui dicte sa loi. L'or fait faire des folies!
"Victime" de ses lectures de jeunesse (London, Stevenson, Twain,...), Michel Le Bris n'a pu faire autrement que de céder à sa démangeaison d'aller voir "là-bas". Et "là-bas", entre le désert et le Pacifique, il a découvert (dans le désordre) des fantômes, des horizons, des rêves, des drames, des souvenirs, des vies. Et surtout, des histoires d'hommes. Derrière chaque chercheur d'or se cache un Aventurier. "Ils n'étaient peut-être pas tous des anges, mais ils rêvaient tous de Paradis". Chacun ses chimères. La plupart de ces aventuriers inconnus avaient émigré d'Irlande, de Galles, d'Ecosse, de Bretagne! Leur communauté était connu sous le nom de Cornish. Ils étaient réputés pour leur dialecte incompréhensible et leur comportement irréprochable: "Les celtes ont extrait plus de la moitié de l'or de la Californie".
Un celte, célèbre celui-là, est venu échouer dans ces contrées: Robert Louis Stevenson. Ce n'est pas l'or qu'il était venu chercher, mais l'amour, en la personne de Fanny Osbourne. Michel Le Bris lui fait la part belle dans ce livre. Il faut dire qu'il a tellement découvert de choses, ici, en Californie, sur son écrivain fétiche! On aura droit aussi, dans une moindre mesure, à quelques belles pages sur un autre écrivain-aventurier de passage: Jack London. Car c'est bien de San Francisco qu'est partie cette effarante et à peine croyable épopée que relate London dans La croisière du Snark.
Michel Le Bris raconte et raconte encore. Et je suis toujours sous le charme de ses histoires.
Note: 4,5/5
La Californie, San Francisco. Ces noms évoquent des rêves ou carrément des mythes, de fortune, d'évasion, de liberté. Et d'or évidemment! Car ici bien sûr, il est question de la fabuleuse ruée vers l'or. Ou des ruées, parce que s'il y a eu d'abord la première, celle de 1848, la plus légendaire, d'autres ont suivi. Moins pittoresques peut-être plus inhumaines, certainement (à cause du progrès délirant des techniques d'extraction), ou plus individuelles et artisanales, à l'instar du couple que Michel Le Bris a rencontré. De toute façon à chaque fois, c'est toujours cette fièvre commune, délirante ou mesurée, qui dicte sa loi. L'or fait faire des folies!
"Victime" de ses lectures de jeunesse (London, Stevenson, Twain,...), Michel Le Bris n'a pu faire autrement que de céder à sa démangeaison d'aller voir "là-bas". Et "là-bas", entre le désert et le Pacifique, il a découvert (dans le désordre) des fantômes, des horizons, des rêves, des drames, des souvenirs, des vies. Et surtout, des histoires d'hommes. Derrière chaque chercheur d'or se cache un Aventurier. "Ils n'étaient peut-être pas tous des anges, mais ils rêvaient tous de Paradis". Chacun ses chimères. La plupart de ces aventuriers inconnus avaient émigré d'Irlande, de Galles, d'Ecosse, de Bretagne! Leur communauté était connu sous le nom de Cornish. Ils étaient réputés pour leur dialecte incompréhensible et leur comportement irréprochable: "Les celtes ont extrait plus de la moitié de l'or de la Californie".
Un celte, célèbre celui-là, est venu échouer dans ces contrées: Robert Louis Stevenson. Ce n'est pas l'or qu'il était venu chercher, mais l'amour, en la personne de Fanny Osbourne. Michel Le Bris lui fait la part belle dans ce livre. Il faut dire qu'il a tellement découvert de choses, ici, en Californie, sur son écrivain fétiche! On aura droit aussi, dans une moindre mesure, à quelques belles pages sur un autre écrivain-aventurier de passage: Jack London. Car c'est bien de San Francisco qu'est partie cette effarante et à peine croyable épopée que relate London dans La croisière du Snark.
Michel Le Bris raconte et raconte encore. Et je suis toujours sous le charme de ses histoires.
Note: 4,5/5
_________________
Challenge "Book around the States": 20/50
géromino- Nombre de messages : 5600
Age : 59
Location : Finistère, FRANCE
Date d'inscription : 07/11/2008
Page 1 sur 2 • 1, 2
Sujets similaires» Paul SAINT-BRIS
» Michel ZEVACO (France)
» Michel, WYN (France)
» Michel LAYAZ (Suisse)
» Michel TOURNIER (France)
» Michel ZEVACO (France)
» Michel, WYN (France)
» Michel LAYAZ (Suisse)
» Michel TOURNIER (France)
Page 1 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum|
|
|