Clément MAROT (France)

Né en 1496, Clément MAROT se situe à la charnière du Moyen Age et des Temps Modernes.

Il ne fait que de médiocres études mais à la cour de François 1er il s'affinera et fera figure de poète mondain exprimant des sentiments légers, faisant l'éloge du roi.
Son analyse fine des sentiments, ses évocations de la nature, ses railleries et malices, notamment pour se sortir de mauvais pas, feront de lui un poète de cour.
Cependant il peut se faire plus sérieux dans ses attaques contre la Sorbonne ignorante et sera aussi influencé par les Humanistes et les poètes italiens.
Enfin, les problèmes religieux occuperont une grande place dans sa vie. Il penchait nettement vers l'Evangélisme, traduira des psaumes et écrira une satire virulente contre l'église.

J'ai pris grand plaisir à lire à voix haute ces "Poèmes choisis", écrits dans le français parlé à la cour de François 1er.
Mon édition comportant, fort heureusement, de nombreuses traductions en français moderne, écrites à droite dans la marge au niveau du mot à traduire, la lecture m'en a été grandement facilitée. Quelques notes de bas de page ont été une aide supplémentaire.

Légèreté, humour, profondeur, gravité, engagement, j'ai trouvé tout cela chez Marot, dans une écriture des plus savoureuses. Un véritable régal.
Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager quelques vers en espérant que vous y trouverez autant de plaisir que moi.



Elle s'en va, de moy la mieulx aimée,
Elle s'en va, certes, et si* demeure                  * pourtant
Dedans mon cueur tellement imprimée
Qu'elle y sera jusques à ce qu'il meure



(pendaison d'un hérétique)
....... sa propre main
Mit le cordeau cruel et inhumain
Non pas cruel, mais plutost gracieulx*              * bienfaisant
Car par luy es hors du val soucieulx*                 * plein de soucis



(humour après avoir été volé par son valet)

Soyez certain qu'au partir du dict lieu
N'oublia rien, fors à me dire adieu.



..Je dy Dieu gard' à tous mes ennemys,
D'aussi bon cueur qu'à mes plus chers amys



Le premier huys* de toutes fleurs vermeilles             * porte
Estoit construict, et de boutons yssants*                  * sortant
Signifiant que joyes nompareilles
sont à jamais en ce lieu fleurissants.

 
Princesse au cueur noble et rassis*                           * sage
La fortune* que j'ay suivie                                        * destinée
Par force m'a souvent assis
Au froid giron de triste vie.



En liberté maintenant me pourmaine*                       * promène
Mais en prison pourtant je fuz cloué ;
Voylà comment fortune me démaine*                        * traite
C'est bien et mal. Dieu soit du tout loué.


Un enchantement.