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Karl Ove KNAUSGAARD (Norvège)

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Message  Aurore Mar 21 Oct 2014 - 15:07

Né en Norvège en 1968, Karl Ove Knausgaard vit aujourd'hui en Suède, à Malmö, avec ses trois enfants. Le premier volume de son autobiographie, considéré comme une entreprise unique en littérature, l'a fait accéder à une reconnaissance internationale.

Source : Denoël

Mon combat ; livre premier
La mort d'un père - Karl Ove Knausgaard ; trad. par Marie-Pierre Fiquet
(Denoël, 2012, 582 p., coll. Denoël & d'ailleurs)

Karl Ove KNAUSGAARD (Norvège) C_La-mort-dun-pere_685

Mon attention a été attirée sur ce livre-ci suite à la chronique, dans Le masque et la plume (ici), du second volet s'intitulant Un homme amoureux (paru en septembre 2014). L'intervention de Patricia Martin relatant un plaisir coupable à lire au-delà des cent pages, qu'elle s'était fixée, m'a donnée le goût de m'intéresser à cette oeuvre autobiographique. Et pour pouvoir lire ce second volet, j'ai décidé de commencer par le premier, datant de 2012.

J'ai lu de tout sur Karl Ove Knausgaard : du Proust norvégien au Judas littéraire s'étant attiré les foudres de toute sa famille... mais qu'en est-il vraiment ? Knausgaard signe une autobiographie en six volumes de plus de 3600 pages (à quarante ans seulement) qui a connu un vrai succès en Norvège et tente maintenant de s'imposer à l'étranger. Avec ce premier volume, on s'immerge dans la vie de l'auteur au moment du décès de son père, vrai chamboulement mais aussi épisode pivot dans la vie de l'auteur. Car Knausgaard livre tout de ce moment de deuil : de la période antérieure où Karl Ove craignait et évitait le père jusqu'à la découverte du corps, de la misère dans laquelle le père s'était muré.
C'est tout à fait un déballage du linge sale en public et quelque part le lecteur peut se sentir un peu nauséeux d'être ainsi pris à parti dans l'intimité d'une famille en complet manque de communication. Il y a le fameux père, professeur, marié et en même temps très secret et taiseux. Jusqu'au divorce qui interviendra à la quasi majorité de l'écrivain, les parents peinent à se faire aimer des deux enfants. Yngve, le frère ainé se brouille avec le paternel tandis que Karl Ove le fréquente avec parcimonie. C'est assez troublant car lorsque le père commence à boire, les enfants sont témoins du spectacle affligeant du laisser-aller progressif mais n'interviennent pas. Y a-t-il un fond de pensées suicidaires derrière cette autodestruction alcoolique lente mais irrémédiable ?
Et que penser des passages où Karl Ove raconte avoir souvent écouté le journal télévisé en espérant que son père soit parmi les victimes d'accidents, de tragédies quotidiennes ? Cela fait tout bonnement froid dans le dos ! Mais il faut lire l'ensemble pour commencer à se faire une idée sur tout le bagage familial et l'ensemble de non-dits qui sont trimballés à travers tout le pays.

Alors, je dois le concéder tout net : j'ai aimé (sinon plus) lire ce livre ! C'est de la littérature-vérité qui se donne un point d'honneur à livrer les faits en toute sincérité quitte à montrer le côté crasse des êtres humains. L'exposé de la famille de Knausgaard nous rend l'ensemble assez noir entre un père démissionnaire, une mère souvent lointaine et injoignable, une grand-mère rendue sénile et sans doute sujette à Alzheimer. Voilà de quoi brosser le portrait d'une famille norvégienne de tous les jours, livrée aux quatre vents, indélébile sous les mots intransigeants du fils, l'auteur.

[...] nous ne connaissons personne ici.
Cela ne nous manque pas, en tout cas pas à moi, car de toute façon, je ne retire aucun bénéfice du contact avec les autres. Je ne dis jamais ce que je pense vraiment, ni ne dévoile mes convictions, au contraire, je me range systématiquement à l'avis de la personne avec qui je parle et je fais semblant de m'intéresser à ce que les gens disent.
(pp. 38-39)

Je suis étonnée que le livre n'ait pas eu plus de retentissement en France car c'est foncièrement un phénomène littéraire et même si les propos sont loin d'être à la faveur des gens décrits, l'ensemble de ce premier roman est virevoltant et fascinant. Il n'y a pas de véritable chronologie et si l'étape première se focalise sur le père et sa mort, l'auteur parvient déjà à nous rendre très concrète sa vie de famille en tant que fils et en tant que père lui-même. Cela rebondit de l'enfance à l'âge adulte, des premières bêtises aux grosses responsabilités qu'engendrent le deuil et le fait d'être père.

C'est difficile à expliquer mais c'est tout bonnement addictif et je suis tout à fait certaine de lire l'ensemble de l'autobiographie car le travail entrepris est admirable et qu'à mon sens il n'a pas volé sa place de best-seller norvégien. De là à conseiller aveuglément l'auteur, je ne sais pas, mais il y a quand même un grand talent qui se cache dans toutes ces pages.

5/5

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Karl Ove KNAUSGAARD (Norvège) Empty Re: Karl Ove KNAUSGAARD (Norvège)

Message  Awara Mar 21 Oct 2014 - 21:39

Oh la la, Aurore, je suis plus nuancée sur ce livre... parce que c'est plus une auto-analyse que Knausgaard a écrite qu'une oeuvre littéraire. Réduit de deux tiers, à la rigueur de moitié, avec une réelle transfiguration par l'écriture, il aurait écrit un chef d'oeuvre tant la matière est intéressante... pour moi tout au moins. C'est quand même un livre de 582 pages et le premier d'une autobiographie de six tomes!




J’ai particulièrement aimé la finesse et la  profondeur de l’analyse des émotions et des sentiments du narrateur, double de l’auteur, face à ce père successivement craint, haï, méprisé, aimé ? Il scrute tel un entomologiste les ressorts de ses réactions face à ce despote, cet « homme modèle », ce père démissionnaire, ce mari  qui abandonne le foyer, ce semi-clochard, cet ivrogne qui se roule dans sa fange. Cette vie tient en haleine, et permet de lire ce gros roman sans effort et donne envie de poursuivre la découverte de  la suite des combats de Karl Ove.
 
 
Ce qui m’a déconcertée, c’est la platitude de l’écriture ; on se demande si nous avons la transcription d’une cure analytique ou d’un journal cathartique.  L’abondance des énumérations  de produits pour faire le ménage, d'objets, de prénoms, etc. virent à l'obsession et en relisant la critique d'Aurore, c'est ce qui me revient en premier en pensant à ce livre.



Note: 3/5


Merci Aurore de m'avoir rappelé ce livre que j'ai lu il y a deux ans et dont j'avais laissé la critique de côté.

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Karl Ove KNAUSGAARD (Norvège) Empty Re: Karl Ove KNAUSGAARD (Norvège)

Message  Aurore Ven 27 Fév 2015 - 14:34

Mon combat ; livre second
Un homme amoureux - Karl Ove Knausgaard ; trad. par Marie-Pierre Fiquet
(Denoël, 2014, 777 p., coll. Denoël & d'ailleurs)


Karl Ove KNAUSGAARD (Norvège) Knausg10

Ce livre-ci je l'attendais avec une certaine fébrilité car le premier tome m'avait littéralement conquise. Cette vaste entreprise d'écrire une autobiographie à quarante-et-un ans, de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, avait tout pour me plaire. Et ce second tome ne déroge pas à la règle et est même plus épais (presque deux-cents pages de plus), pour mon plus grand bonheur.

Dans ce volume, Karl Ove Knausgaard aborde ses années de prime euphorie lors de la rencontre avec la mère de ses enfants. Lui, le Norvégien asocial s'éprend de Linda, la Suèdoise bonne vivante imprévisible. Débarquant tout juste à Stockholm, c'est lui qui cherche à la conquérir avant que les rôles ne s'inversent. Puis, par un concours de circonstances, il pourrait habiter dans le même immeuble et ainsi user de tentatives d'approche plus directes. Mais lui est maladroit, encore balbutiant dans ce suédois dont il ne maitrise pas toutes les subtilités, et les rendez-vous virent parfois à l'épique ou au quiproquo.

Karl Ove rend minutieusement les premiers temps faits de passion et de fusion. Mais il parvient également à décrire le lent craquelage des émotions, l'emprise de l'un sur l'autre, le besoin d'espace. Et dans ces temps où les désirs de maternité émergent, le couple fait pourtant face à de grandes difficultés de dialogue qui semblent irréversibles. Linda souhaite que la famille devienne un leitmotiv, une occupation première tandis que lui n'aspire qu'à une chose : écrire et s'isoler. Il a une attitude ambivalente : d'une part il souhaite avoir trois enfants mais de l'autre il déteste devoir s'occuper d'eux (car les trois, ils les aura). Il impose à sa femme une heure quotidienne d'évasion (dans un café, tout seul, il s'accorde de fumer et de lire le journal). Dans un passage il transcrit sans détour et avec machiavélisme comment il aborde ses responsabilités de père : si sa femme se déleste trop, il lui retire son amour et toute son attention. Une sorte de chantage à la liberté, en somme !

On planifia d'avoir des enfants. Sans nous douter un instant qu'autre chose que le bonheur nous attendait. En tout cas en ce qui me concerne. Je ne pense jamais aux choses qui ont uniquement à voir avec la vie comme elle se vit en moi et autour de moi, dans les domaines autres que la philosophie, la littérature, l'art et la politique. Je ressens et ce sont mes sentiments qui déterminent mes actions. (p. 319)

Autant l'homme parait "légèrement" imbuvable, autant l'écrivain est un génie. Je comprends volontiers qu'il ait voulu du temps pour coucher tant de pages car sa vie est une odyssée qu'il aborde avec philosophie et déterminisme. Parler, sur près de huit-cents pages, d'une rencontre amoureuse et d'une vie de couple qui se gangrène a quelque chose de profondément rasoir. Avec Knausgaard, une conversation à la crèche prend tout de suite une dimension savoureuse car il dézingue ses semblables, peut critiquer les mômes et, malgré tout, on l'excuse car la situation le justifie. Comme j'ai aimé l'atelier de gestuelle avec bébé, où il se retrouve avec tout un lot de mamans débraillées et une prof qu'il fantasme !

Tout n'était que douceur et gentillesse, tous les mouvements menus et, pelotonné sur mon coussin, je gazouillais de concert avec des mères et des bébés des chansons qui, par-dessus le marché étaient dirigées par une femme avec laquelle j'aurais volontiers couché. Mais dans cette posture, j'étais complètement inoffensif, sans dignité, impotent. La seule différence entre elle et moi, c'était qu'elle était plus belle, voilà tout, et ce nivellement qui m'avait fait renoncer volontairement à tout ce que j'étais, y compris à ma taille, me rendait furieux. (p. 106)

J'ai tourné à regret la dernière page de ce volume et me dit que quatre autres volumes devraient bientôt me passer entre les mains. Il me tarde d'en apprendre un peu plus sur ce diable de Knausgaard que j'apprécie de plus en plus. Certains diront qu'il en fait trop et qu'il aurait dû garder sa petite intimité pour lui. Moi je trouve qu'il a du courage et qu'il révèle avec brio tout ce que la nature humaine a d'ambigu. Une fois de plus, chapeau l'écrivain !
...
5/5


Dernière édition par Aurore le Mer 4 Mar 2015 - 13:23, édité 1 fois

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Message  petitemartine Sam 28 Fév 2015 - 13:56

Merci, vos critiques à toutes les deux Aurore et Awara m'interpellent et suscitent ma curiosité. Cela étant dit, je ne sais pas si j'aimerais ce genre d'écriture " moderne et tendance " ?? Je sais, la seule façon de savoir...c'est de le lire !
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Message  Invité Jeu 4 Avr 2019 - 10:42

comme dit Awara, il s'agit là d'une auto-analyse plutôt que d'un roman.

L'auteur abandonne son récit pour nous livrer des opinions, des analyses, des pensées, de la philosophie qui n'ont rien a voir avec l'histoire.

Aucun souci de rythme. des épisodes s'étalent sur des dizaines de pages, sans intérêt par rapport au fond.

Pourtant j'ai aimé la première partie, une analyse très fine des sentiments d'un adolescent.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le père n'est pas tellement présent

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Message  Awara Jeu 4 Avr 2019 - 10:58

Petitemartine, je crois qu'il faut le lire; soit le lecteur succombe à cette auto-analyse qui est loin d'être inintéressante, soit, comme moi..., un seul tome m'a suffit. Mais outre Aurore, il a de grands admirateurs et est même comparé à Marcel Proust.
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Message  kattylou Ven 5 Avr 2019 - 17:37

J'avais noté aussi cet auteur mais j 'hesite encore plus en voyant l'avais d'Awara . Si un jour je le trouve à la bibliothèque ma curiosité l'emportera peut être

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