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Franz KAFKA (République tchèque)

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Message  gallo Ven 14 Nov 2008 - 11:55

De : boogok (Message d'origine) Envoyé : 13/07/2003 04:44
Franz KAFKA: La métamorphose et autres récits

3.5/5

On dirait que j'ai le chic de choisir des auteurs qui n'ont pas été critiqués ici auparavant!

Alors petite présentation de l'auteur...

Né le 3 juillet 1883 à Prague et décédé de la tuberculose le 3 juin 1924 près de Vienne, Franz Kafka avait demandé dans son testament que ses oeuvres soient détruites après sa mort. L'édition que j'avais en main est sensée reproduire les écrits tels qu'ils avaient été édités du vivant de Kafka.

Présentation du livre...

Il ne s'agit pas d'un recueil de nouvelles. On a plutôt l'impression de lire le cahier de l'auteur. Certains des textes font à peine un paragraphe. L'écriture est très "intérieure" si je puis dire tout en étant très symbolique. Les dialogues ont presque toujours une aura d'irréalisme.

Quant à La métamorphose, c'est un bel exemple de ce que je décris précédemment.

Un homme, Gregor Samsa, travaillant pour faire vivre ses parents et sa soeur se réveille un matin transformé en cancrelat (une coquerelle! ouach!)

Tout se passe à l'intérieur de l'appartement. La transformation est symbolique de l'espace qu'il occupe dans la famille, de comment Gregor se perçoit. C'est très noir, très pessimiste comme écriture.

Ma note de 3.5 serait un 4 si elle ne cotait que La métamorphose. Mais certains des autres textes sont suffisamment obtus pour que j'aie douté de ma compréhension à certains moments.


De : Mousseliine Envoyé : 16/07/2003 14:21
C'est une bonne chose Boogok ainsi tu amènes de nouveaux auteurs sur le site.
Mais finalement est-ce qu'il y a des oeuvres de Kafka qui ont été détruites?
Il me semble que plusieurs auteurs font des demandes de ce genre.... je me demande bien pourquoi???


De : philaera Envoyé : 16/07/2003 18:19
Aprés avoir lu ces deux nouvelles, j'ai eu une pensée pour Edgar Allan Poe et Lautréamont, que de points communs entre ces trois auteurs là!!!
Je me suis "régalée" avec ce livre. Ces deux histoires sont tellement riches, noires et pessimistes.
"La métamorphose" touche à ce qui nous est cher : le noyau familial père, mère, frère ou soeur. L'auteur anéantit l'amour maternel, paternel et entre fatrie.

Dans "La colonie pénitencière" le pouvoir, s'autochatit, s'autocondamne pour les meurtres commis. La description de la machine à tuer (à torturer ?) est franchement horrible, répugnante et monstrueuse;
Et si elle existait ? Cela n'est pas impossible...

Ce petit livre fait réfléchir longtemps aprés l'avoir refermé et donne une trés grande envie de lire d'autre livres de cet auteur.

Ma note 5/5
Philaera


De : boogok Envoyé : 16/07/2003 22:27
Non, Mousseline, les oeuvres n'ont pas été détruites et justement, il y aurait des éditions qui présenteraient l'oeuvre de Kafka autrement que de la façon dont cela avait été édité de son vivant.

L'ami qui était en quelque sorte l'exécuteur testamentaire pour les oeuvres n'a rien détruit. Au contraire, il s'est empressé, semble-t-il, d'éditer au maximum les écrits inconnus ou même mis de côté par Kafka.

Dans l'édition que j'avais tout cela était raconté. On y disait même que l'ami en question ( Max quequchose là!)avait lui-même demandé à Kafka de détruire ses oeuvres après sa mort et Kafka lui avait répondu qu'il n'en ferait rien.


De : Mousseliine Envoyé : 17/07/2003 15:05
Hé si Kafka a des points communs avec Edgar Allen Poe je devrais éviter de le lire alors.
Mais non je vais acheter ce bouquin...j'aime beaucoup la collection Librio, pas cher et ça permet de lire de grands auteurs sans se taper 500 pages.
J'avais un ami qui ne jurait que par Kafka!


De : boogok Envoyé : 18/07/2003 00:37
Personnellement, je n'ai pas trouvé de points communs avec Edgar Allan Poe. Ce dernier était très onirique, très fantastique : décrivant parfois carrément ses crise de délirium tremens!

Kafka est noir. Mais il part de situations du quotidien et son symbolisme s'attache à du réel. Bon, je sais bien que dans la vraie vie on ne se réveille pas en coquerelle un bon matin mais ce qu'il exprimait de la vie en "famille", ça c'était rattaché au réel.

Bon c'est pas très clair mais je me comprends!


De : 5859Chouette Envoyé : 18/07/2003 07:36
Enrique Vila-Matas a très bien écrit sur Kafka aussi...


De : debounette Envoyé : 14/01/2004 22:10
"La métamorphose" m'a vraiment marqué. Et je me suis posée pas mal de questions sur moi en le lisant. Est-ce que si j'étais transformée en cancrelat du jour en lendemain, ma première pensée serait "je vais être en retard au boulot"? Surement...

Comment se perçoit-on? Comment notre famille nous perçoit-elle? Quel rôle joue-t-on dans notre famille?

Des questions anodines? Sans importance?

Jusqu'au jour où il nous arrive un pépin et qu'on devient dépendant de sa famille. Ce qui arrive toujours, inévitablement, en vieillissant par exemple.

Je dérive peut-être. Mais c'est seulement parce que "La métamorphose" nous invite à nous questionner, encore et encore.


De : pépinVI Envoyé : 30/03/2004 07:51
Hum! 3,5/5 à Kafka.... Je me demande quelles notes il nous faudrait par conséquent accorder à tous les autres auteurs, du plus moderne au plus absurde. Il faudrait une échelle qui nous permettrait d'atteindre le zéro absolu (-272)

Par contre si c'est là une appréciation relative à son oeuvre je suis plutôt d'accord. Le Château, monument infini et non terminé, est deux fois plus réussi que La Métamorphose. Je lui accorde donc une note de 7/5.


De : Bernie Envoyé : 07/04/2004 08:26
Moi, j'ai plutôt trouvé des points communs entre Kafka et Ionesco à cause de l'idée de transformation en animal (je pense à Rhinoscéros).


De : lassy Envoyé : 07/04/2004 09:20
kafka n est pas du tout ma tasse de thé ! j ai réussi à lire la métamorphose et le procès, il y a longtemps, et je me souviens encore de l ambiance qui ressemble à mes cauchemards ....où l absurdité mène la danse ....
mais c est vrai que la réalité s y retrouve, souvent j ai l occasion de trouver des parallèles, ( là, je pense surtout au procès ) . Quant à la métamorphose, Philaera l'a débusquée du plus profond de ma mémoire où elle s était enfouie,
" le noyau familial père, mère, frère ou soeur. L'auteur anéantit l'amour maternel, paternel et entre fratrie. "


De : sereinejulie1 (Message d'origine) Envoyé : 2004-06-02 07:51
Kafka: Le procès
Folio classique, 308 pages

Résumé: Joseph K. l'administrateur réputé d'une banque, tombe nez à nez un beau matin avec deux messieurs: il est en état d'arrestation. Mais qu'a-t-il bien pu faire de répréhensible, lui, un modèle de droiture? D'abord indigné, ce procès lui semble une vaste farce qu'il ne prend pas au sérieux, mais alors que la justice se terre derrière une structure labyrinthique, l'agacement fait lentement place au désarroi, puis à l'obsession.

Dans cette oeuvre Kafka dénonce l'absurdité de tout un sytème qui s'étend au-delà du simple appareil judiciaire. Son personnage est accusé d'un crime qu'il ignore, jugé selon des lois que personne ne peut lui enseigner. Ouvrant sans cesse de nouvelles portes, il ne parvient qu'à s'enfermer davantage sans que sa lucidité ne puisse vaincre la machine qui l'écrase. Si l'univers décrit est un modèle d'opacité bureaucratique, la description se s'arrête pas là et l'analyse de l'administration anté-démocratique est menée avec finesse, intelligence et sensibilité. Le questionnement incessant de l'oeuvre résonne et déroute.

Le monde de Kafka semble sorti du registre onirique et il ne faut pas chercher le moindre repère réel sur lequel s'appuyer. Il faut accepter l'absence de logique. La vie est mystère absolu, un labyrinthe dont on ne connaît la sortie et ce qui nous attend. Joseph K. est perdu, déboussolé, il ne saisit pas tout ce qui l'entoure. Il y a peu de descriptions des ses sentiments, voire pas du tout, mais l'auteur arrive avec une vraie force, à nous faire ressentir en nous-même l'ambiance d'oppression et de malaise qui renvoie à quelque chose d'absurde et d'illogique, de confus et d'incompréhensible. Pour moi, c'est là que se situe la force de l'auteur

Et voilà - on tombe dans l'univers kafkain. Le lecteur, comme le personnage principal, est dans le flou le plus parfait. L'atmosphère est parfaitement établie. Le texte est tour à tour émouvant, déroutant. L'intelligence et la sensibilité de Kafka sont palpables et il ne laisse pas indifférent.

La meilleure façon d'aborder ce roman c'est de le lire et de se faire sa propre idée. Quant à moi, cette lecture a un charme insidieux, presque désuet, qui émeut contre toute attente malgré l'économie d'effets. Ce livre me laissera un souvenir impérissable. Comme l'a déjà mentionné, je ne sais plus qui, l'important dans un roman c'est le charme. Et celui qui se dégage du Procès est indéniable, même s'il dévoile un abîme de désespoir, un avenir inéluctable qui s'abat sans aucune logique. Je vous le recommande fortement. 4.5
_________________________________
Franz Kafka nait à Prague le 3 juillet 1883. En 1908, après des études de droit, il occupe un emploi dans une compagnie d'assurances. Il commence son "Journal" en 1909 et publie son premier ouvrage en 1912 (Regards). En 1912, il rencontre une jeune berlinoise, felice Bauer. Il écrit Le Verdict en 1912, La Métamorphose en 1913 et Le Procès en 1914. En 1917, il rompt définitivement sa liaison avec Felice Bauer. La même année, sa tuberculose est diagnostiquée. Rédaction de La lettre au père en 1919 suite à la rupture de ses fiançailles avec Julie Wohryzek. En 1920 il rencontre Milena Jesenska qui entreprend de traduire ses textes en tchèque. Rédaction du Château en 1922. En 1923, Kafka fait la connaissance de Dora Dymant qui sera sa dernière compagne. ils s'installent à Berlin, où Kafka rédige plusieurs textes. En 1924, devant la dégradation de son état de santé Kafka est ramené à Prague, puis transporté dans un sanatorium près de Vienne. Il meurt le 3 juin 1924. Il est enterré à Prague.


De : Venusia Envoyé : 23/08/2005 23:46
Franz Kafka: Le Procès
(traduction de B. Lortholary - recherchez celle-ci plutôt que celle de A. Viallate, qui date des années 30)

Résumé: Joseph K. est un jour arrêté chez lui, sans qu'il puisse apprendre le motif de son arrestation, ou connaître l'identité de la personne qui l'a accusé. Il est alors pris dans l'engrenage d'une justice mystérieuse, et il passera du dédain à la paranoia et l'impuissance jusqu'à finalement l'acceptation de cette condamnation sans appel.

Mon avis: Il faut savoir que ce roman est une ébauche non terminée. Kafka y a travaillé pendant 2 ans et l'a ensuite mis de côté jusqu'à sa mort, après laquelle il a été édité et publié par Max Brod, qui s'est basé sur les notes dans le journal de Kafka pour arranger la séquence des chapitres. C'est pourquoi certain chapitres sont 3 fois plus longs que d'autres, qu'il y en a un qui se termine au milieu d'une action non achevée, qu'un autre (Le bastonneur) est très différent des autres dans le sens qu'il est le seul à contenir des éléments carrément magiques ou fantastiques, et qu'il s'écoule une très longue période entre l'avant-dernier et le dernier chapitre.

Le fait que Le procès soit une oeuvre inachevée rend sa fraicheur encore plus remarquable. J'ai lu le premier chapitre de Pourquoi lire les classiques de Italo Calvino la semaine dernière, et un de ses postulats est qu'une oeuvre classique nous laisse une sensation de déjà vu. C'est exactement ce que j'ai ressenti en lisant Le procès: le thème de l'homme contre la société, contre la bureaucratie, de l'angoisse existentielle, on a déjà vu ça mille fois. Quand on réalise que Kafka a été le premier, en 1917, à aborder ces thèmes dans la littérature, on réalise à quel point il a influencé le cours de la pensée et de la littérature du 20e siècle. D'ailleurs, ces thèmes sont repris régulièrement dans la littérature contemporaine, et on comprend pourquoi ce roman est considéré comme étant un des plus influents du 20e siècle.

Dans un langage pourtant très clair et facile à lire, à travers une intrigue toute simple, Kafka livre un contenu très dense, si dense que même maintenant personne ne peut s'accorder pour déterminer le sens de ce roman. Allégorie d'un monde totalitaire? Parabole de la culpabilité et de la grâce judéo-chrétienne? Condamnation du processus de justice? Recherche du sens à la vie? Humour noir, tout simplement? Milles interprétations sont possibles. Il nous reste qu'à nous demander, mais comment il a fait ça, dans un roman si court et si simple?

Ma note: À chaud, je lui aurais donné 3.75, car comme je l'ai mentionné, je l'ai refermé en me disant: C'est tout?, et puis, ignorante de sa genèse, je le trouvait mal édité. Il en manque des bouts! Mais il m'est resté dans la tête, et c'est en ne pouvant m'empêcher d'y penser pendant les deux derniers jours, et en prenant conscience qu'il a été le tout premier d'une longue ligne de pensée continuant jusqu'à nos jours, que je réalise l'ampleur de son influence. 5/5


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Message  gallo Ven 14 Nov 2008 - 11:57

De : Thomthom1293 Envoyé : 03/11/2005 14:28
Franz Kafka: "L'Amérique"
(folio / 1927) (publié aussi sous le titre: Amerika ou le Disparu)

Il s'agit du dernier livre de Kafka (inachevé, comme tous les autres) et sans trop connaître sa biographie on peut d'ores et déjà avancer une chose : Kafka n'a jamais été en Amérique. C'est bien là ce qui fait tout le sel du roman...

Karl Rossmann est envoyé en Amérique par son oncle à la suite d'une faute grave (qui n'est jamais réellement précisée)...il débarque dans ce pays comme dans un rêve éveillé, loin de l'image de purgatoire présentée par son oncle...et bien sûr il déchante très vite. Trahi, sali, humilié, Karl en prend plein la figure durant 300 pages, ce dans une Amérique de carte postale, totalement fantasmée...à ceci prêt qu'un fantasme kafkaïen est bien entendu très, très sombre.

Généralement on considère "l'Amérique" comme le plus mauvais roman de Kafka, ce qui quelque part n'est pas totalement faux : c'est le moins achevé. Là où "Le Chateau", au hasard, est un long roman auquel il manque la fin, "L'Amérique" n'est qu'une esquisse (l'édition folio propose d'ailleurs les innombrables variantes littéraires ou structurelles trouvées avec le manuscrit). Mais une esquisse extraordinaire brillante et particulièrement dérangeante. On se demande d'ailleurs pourquoi les éditeurs n'ont pas gardé le titre original : "Le Disparu", sans doute beaucoup plus proche du texte. Car ce n'est pas l'amérique qui est au centre du livre, mais le personnage de Karl Rossmann qui, effectivement, se décompose page après page : son orgueil, ses rêves, ses envies sont lentement mais sûrement annihilée. Tout ce qui fait sa personnalité (et déjà ce n'était pas un foudre de guerre au départ !) va progressivement être noyé, étouffé par les grandes humiliations et les petites médiocrités de la vie ordinaire.
Et ce qui rend ce texte particulièrement dérangeant, c'est que le lecteur, d'une certaine manière, s'en fout un peu : ce héros n'est ni antipathique ni sympathique, ni attachant ni repoussant. C'est un être affreusement normal, tragiquement banal. Un caractère qui va passer du "neutre" au "néant" en quelques pages, et en le lisant on se dit : "bah, quelle importance ?"...un regard de l'auteur sur l'humanité affreusement cruel donc, qui aparaissait déjà en filligranes dans ses autres livres mais éclate ici au grand jour.

Pas le meilleur Kafka donc, mais en tout cas le plus touchant (au sens : qui ne laisse pas indifférent).


De : Mousseliine Envoyé : 07/11/2005 06:21
Je n'ai jamais lu Kafka, il serait d'y remédier, en fait j'ai dans ma PAL, La métamorphose acheté voilà 1 an et demi environ. Est-ce qu'il rentre dans le fantastique?


De : Thomthom1293 Envoyé : 07/11/2005 09:56
Absolument !
Ce qui est marrant c'est que les critiques sérieux prétendent que Kafka ne fait pas de fantastique, comme si c'était une honte d'en faire...
Pour moi tous les livres de Kafka peuvent (doivent) être rangé dans le fantastique.

De : Sahkti1 Envoyé : 06/12/2006 21:02
Franz KAFKA, La Métamorphose

"Lorsque Gregor Samsa s’éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se trouva transformé dans son lit en une monstrueuse vermine. Il était couché sur son dos, dur comme une carapace, et vit, en levant un peu la tête, son ventre voûté, brun, divisé par des nervures en forme d’arc, et sur le sommet duquel, la couverture toute prête à glisser complètement par terre, parvenait à peine à se maintenir. Ses nombreuses pattes, pitoyablement minces comparées à son volume propre, papillotaient malgré elles devant ses yeux."

Grégor se réveille un jour transformé en un cafard infect et monstrueux (il est énorme). Passé les premiers moments de stupeur, le jeune homme doit affronter le regard de sa famille, dégoûtée et apeurée. Il doit également vivre avec la culpabilité de ne plus faire bouillir la marmite, lui qui subvenait seul au besoin de ses parents et de sa sœur. Lente descente aux enfers d’un homme qui ne comprend pas ce qui lui arrive mais doit apprendre à se mouvoir dans son nouveau corps, à faire face à la terreur et aux grimaces horrifiées qu’il provoque.

La Métamorphose est à mes yeux un des récits les plus riches de Kafka. Un texte qui regroupe plusieurs thèmes chers à l’écrivain, comme ceux de la haine, de la bourgeoisie misérable et du conformisme familial étouffant. Pour expliquer cela, Kafka ne se contente pas d’une simple métaphore, il pousse son analyse très loin, réduisant l’homme à l’animalité dans tout ce qu’elle a de plus bestial et répugnant. J’avoue qu’à certains moments, je sentais se dessiner une certaine moue de rejet sur mon visage lorsque je lisais les descriptions de Gregor Samsa.
Dans la lecture de la correspondance de Franz Kafka avec Felice Bauer, on se rend compte que l’auteur comptait consacrer peu de temps à ce récit, que c’était une histoire qui le démangeait et dont il voulait rapidement se faire quitte. Cependant, au fil de la création littéraire, Kafka s’est senti emporté par un tourbillon qu’il ne contrôlait plus, il a eu besoin d’aligner sur papier autant d’idées sombres pour espérer s’en défaire.
Et peu importe si le lecteur est dérangé par ce récit, Kafka n’en a que faire. Il n’explique à aucun moment pourquoi et comment Gregor se transforme en insecte. Est-ce à nous de l’imaginer ? Certainement, mais Kafka ne nous laisse pas le temps de le faire, le récit est un huis-clos vif et rapide dont la première partie est une introspection douloureuse de Gregor sur son nouveau statut. Il sait qu’il effraie mais aimerait obtenir un peu plus d’affection ou de compréhension de la part des siens. Il y a ensuite amélioration, des contacts sont noués, la plupart du temps difficiles. Puis vient la déchéance, la descente aux enfers et en même temps la libération de chacun. J’ai refermé le bouquin avec un profond sentiment de tristesse pour cet homme incompris et rejeté. Gregor, que le malheur accable, devient l’objet de la honte et de la culpabilité. Or il n’a rien fait. Rage devant sa famille obtuse mais parallèlement, on éprouve soi-même des impressions répugnantes face au personnage qui finit par se complaire dans la crasse et les ordures. Compassion nouvelle pour la famille, qui passe par le rejet de quelqu’un. Dilemme dérangeant auquel nous confronte Kafka. Et la fin du récit n’arrange rien, nous nous retrouvons le bec dans l’eau avec nos interrogations et cet espoir qui naît dans les dernières lignes a une saveur très amère et empêche de ressentir un véritable soulagement. C’est cruel, très cruel.

Ma note: 4,5/5


De : Sahkti1 Envoyé : 06/12/2006 21:04
Franz KAFKA, Contemplation (ou Regards)

"Contemplation" est un des titres donné au recueil qui contient les textes formant l'ensemble "Regards", publié en 1909.

Si je m'en réfère au titre original (Betrachtung) et à sa traduction française, je me retrouve face au choix à faire entre "réflexion" dans le sens introspection et aussi "regard" dans le sens contemplation. Deux sens assez différents, un nouveau problème de traduction et donc d'interprétation, comme je l'avais déjà rencontré dans "La Métamorphose" où certaines éditions proposent "vermine" (et non cancrelat ou cafard), plus proche de l'idée de base à mon sens et moins réductrice que le nom d'un insecte.

Bref. En considérant donc les deux visions possibles, je me rends compte qu'en fait, les deux se croisent et s'entrecroisent dans cet ensemble de textes très courts, parfois minimalistes. Il y a le regard que le narrateur jette sur le monde et la réflexion que cela lui inspire, sur lui et sur sa relation avec autrui.
De quoi permettre dès lors une approche différente de certains passages au premier abord bien simplistes. Je pense par exemple au texte sur le filou démasqué ou à celui sur la promenade inopinée. De quoi me permettre de dépasser cette première impression de rédaction scolaire bien travaillée et consciencieuse pour en arriver à une réflexion plus personnelle sur la vision que pouvait avoir Kafka du monde et des gens qui l'entouraient. Réflexion qui a certainement dû varier au fur et à mesure de sa vie et de son oeuvre, tant dans sa formulation que dans son expression.
Un sentiment général de lassitude et de résignation me frappe dans la plupart de ces récits. Le narrateur observe, avec pas mal de passivité, ce qui se passe autour de lui ou ce qui se produit dans sa vie. Le tout teinté d'un fatalisme qui est peut-être un des sentiments les plus vivement ressentis par Kafka à l'époque, alors qu'il se cherchait, se remettait constamment en question, doutait de son écriture et se demandait "A quoi bon?". Le texte consacré aux enfants qui jouent sur la route et doivent rentrer le soir venu illustre assez bien à mes yeux cette notion de résignation, cette envie de braver l'interdit qui jamais ne se réalise. Une résignation que l'on retrouve également dans le thème du filou démasqué en la personne de l'inconnu d'un soir qui accepte assez vite que l'invité le quitte et de l'invité lui-même qui se rend à une soirée parce qu'il faut bien.

Est-ce qu'un format plus long aurait permis à Kafka de davantage développer ces thèmes? Peut-être ne se sentait-il pas prêt pour cela et que la composition de courts textes considérés comme exercices littéraires lui a permis d'affiner une écriture et le moyen d'exprimer ce qu'il ressentait. Cela expliquerait peut-être le côté maladroit et désuet de certains fragments de ces "Regards" qui me laissent quelque peu sur ma faim, même si j'y perçois déjà quelques thèmes chers à l'auteur.

Ma note: 2,5/5


De : Sahkti1 Envoyé : 06/12/2006 21:05
Franz KAFKA, L'Amérique

Une démarche indispensable à associer à la lecture de "L'Amérique", me semble-t-il, est de replacer sa rédaction à une certaine époque, quand l'Amérique pouvait encore faire rêver et lorsque le constraste avec la réalité était perçu avec violence et déception. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, l'Amérique est un fantasme qui est bien retombé, et en lisant ce texte de Kafka, je ressens un décalage, une vision quelque peu anachronique d'un endroit et d'une société. Ce qui a son charme, je trouve, et n'est pas dénué d'un certain intérêt pour le regard qu'un auteur tel que Kafka pouvait alors porter sur un mode de vie et un pays qu'il ne connaissait pas vraiment.

Pays qu'il explore essentiellement via son personnage de Karl Rossmann qui est le coeur névralgique du récit, c'est autour de lui que tout s'oriente, de l'espoir le plus fou à la déception la plus amère. Un espoir teinté aussi d'une naïveté évidente, comme il apparaît par exemple dans le récit "Le Soutier", la mésaventure d'un allemand sur le navire transportant Rossmann à New-York et qui se dit exploité par ses supérieurs. Le jeune Karl prend sa défense, d'abord vivement et brillamment puis de plus en plus fragilement, comme si c'était là le symbole de certitudes déjà défaillantes. La découverte sur le bateau de son oncle Jakob, puissant sénateur participant de manière détournée à la gestion du navire (et donc à l'exploitation de certains employés?) devrait être un élément rassurant du récit, or il n'en est rien. C'est plutôt la source de nombreuses interrogations et le début d'un ébranlement du paradis américain qu'on rencontrera au fil du récit.

Peut-être pas un des meilleurs romans de Kafka, mais pas si mauvais que ça à mes yeux. Parce que j'ai l'impression que dans ce texte, Kafka se laisse aller et se fait plaisir, tente l'humour et la dérision, manie la gravité et l'émotion sans trop de retenue. Il y a dans ce texte un côté spontané et naturel qui fait défaut dans d'autres compositions kafkaïennes.

Ma note: 3/5


De : Sahkti1 Envoyé : 06/12/2006 21:07
Franz KAFKA, Le château

A mes yeux de l'excellent Kafka!
D'abord parce qu'il arrive à tenir sur la longueur avec une telle histoire, celle d'un échec à répétition, d'un homme qui se heurte à l'absurdité dans toute sa splendeur, non pas une fois, deux fois, mais tout le temps! Et Kafka entraîne son lecteur sur des dizaines de pages en conservant un rythme égal et sans faillir.
Ensuite parce que sous les aspects surréalistes de ce récit, son côté complètement absurde, c'est tout de même une sacrée belle critique non seulement de la bureaucratie et de l'autorité, mais aussi de notre crédulité et d'une grande partie de notre société.

K se dit arpenteur. C'est un homme contraint à l'errance, à l'exil et qui connaît les brimades. Certainement beaucoup de Kafka lui-même dans ce personnage et l'expression de ce qu'il a pu endurer au sujet de sa religion, de ses origines familiales, de sa langue et de son déracinement. De quoi, sans doute, permettre à Kafka de ne pas faiblir tout au long de cet écrit, le sujet n'étant jamais épuisé puisque tellement personnel.

J'ai été particulièrement frappée par la caractère "normal" de tout ce qui arrive, même si le tout est placé dans le moule de l'absurdité. Ces échecs, ces fins de non-recevoir, ces attentes, ces méfiances... tout cela fait partie de la vie quotidienne est est parfaitement identifiable, à des degrés variables, par tout un chacun. De quoi rendre l'oeuvre de Kafka plus universelle encore parce que adaptable et adaptée à toutes les situations.
Au-delà de l'aspect quotidien des choses, c'est également une vision globale des régimes totalitaires et de l'étouffement provoqué par la bureaucratie. Une dénonciation directe à travers un roman.

Un grand livre, admirablement traité, mais qui pêche à certains moments par un sentiment de stérilité, comme si on tournait en rond, comme si on était tellement enfermés dans ce système stupide qu'il était impossible d'en sortir, physiquement ou mentalement. Sans doute un reflet de l'état d'esprit tourmenté de Kafka, plus pessimiste qu'autre chose.
Indiscutablement du grand Kafka, avec de nouvelles découvertes à chaque relecture, un regard différent, une autre compréhension et chaque fois, toujours, une identification à quelque chose.

Ma note: 4,5/5
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Message  gallo Ven 14 Nov 2008 - 11:57

De : Sahkti1 Envoyé : 06/12/2006 21:08
Franz KAFKA, Le verdict

Il a fallu une nuit à Kafka pour rédiger ce texte, celle du 22 au 23 septembre 1912. Une nuit d'inspiration continue et un résultat que l'auteur ne reniera pas, contrairement à d'autres productions de sa plume. Un texte certainement très personnel, dans lequel Georg Bendemann termine l'écriture d'une lettre à un ami proche parti à Saint-Petersbourg. La lettre terminée, Georg se rend dans la chambre de son père, vieil homme qui vit avec lui, et va subir un affrontement inattendu par lequel le père révèle toute la haine qu'il ressent pour son fils et Georg tout le mal qu'il pense de la figure paternelle. Un thème cher à Kafka, une colère qu'on lui connaît.
L'affrontement est violent, rude et sans concessions. Le père reproche au fils d'être un homme sournois et intuile, un menteur, un jaloux, qui s'est laissé pervertir par le sexe et une fiancée avide de mariage et qui est prêt à faire mourir un homme qui voit pourtant clair dans le jeu de son fils depuis toujours. Au point de lui faire une violente révélation au sujet de l'ami de Russie.

Ce texte va bien au-delà d'une dispute, même intense, entre un père et son fils. C'est également le procès d'une certaine autorité, incarnée ici par l'image paternelle. Une autorité qui étouffe, paralyse et pousse au mensonge permanent, à l'apparence trompeuse. On peut se demander pourquoi Georg Bendemann ne se révolte pas contre son père, pourquoi il quitte la demeure, pourquoi il fait ce qu'il va faire. On peut se sentir agacé par cette apparente soumission, tout en étant révolté par le jeu qu'il joue lui-même, comme son père, depuis des années. Multiplicité de sentiments pour démontrer que la responsabilité est rarement unilatérale et que si autrui peut nous conduire à la faute, nous nous plaisons tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre, à entretenir cette culpabilité et provoquer à nos tour divers dommages.

Il y a aussi une intéressante introspection de Georg sur le mariage, sur l'amitié, sur la gratitude filiale, autant d'éléments sur lesquels Kafka s'est penché sur un plan personnel à l'époque de la rédaction de ce texte; en 1912, sa soeur Valli se marie et Kafka vit cette décision avec des hauts et des bas.
On peut également se demander si le fameux ami de Russie, dont on ne saura pas vraiment si il existe ou non, n'est pas le symbole de quelque chose, enfermement ou liberté, les deux sont valables, étant donné que Georg Bendemann en parle en des termes durs (un être perdu par les affaires, la vanité et la corruption, qui oublie ses amis et sa ville natale et prétexte être trop occupé pour se rendre même à l'enterrement d'un proche) mais aussi envieux (il est libre, riche et a réussi, il fait ce qu'il veut de sa vie et peut s'offrir le luxe de renier son passé).

Ma note: 3,5/5


De : Sahkti1 Envoyé : 06/12/2006 21:09
Franz KAFKA, Lettre au père

Cette Lettre au père fait naître en moi divers sentiments.
D'abord un certain malaise face à ce texte intime, reflet d'une réalité qui pourtant, sent par moment la fiction, à cause d'un procédé littéraire qui a voulu que Kafka, au lieu de simplement cracher des mots de haine et de rage, les emballe avec de jolies phrases et des tournures travaillées. Ce qui ne m'empêche pourtant pas de penser que sur le plan littéraire, ce texte n'est pas mûr et de qualité très moyenne.
Passé ce premier malaise (on lit différemment selon que l'on soit devant fiction ou réalité face à de pareils faits évoqués), je me pose alors la question des références que nous avons, nous lecteurs, pour juger de ce qu'était l'éducation d'un père à la fin du 19e siècle. Ce qui nous paraît aujourd'hui ignoble ou outrancier entrait dans les normes de l'époque et on dirait que Kafka juge avec le regard d'un homme d'aujourd'hui les actes d'hier. Ce décalage est encore accentué par le fait que cette lettre n'est qu'on long reproche du début à la fin, même si l'amour est très présent. Les échecs, le gâchis, les peurs, le manque de confiance... tout cela c'est la faute du père, en tout ou partie (mais beaucoup en tout). Cette subjectivité, ajoutée au regard anachronique de Kafka fils, donne au texte une saveur particulière qui me déplaît. Le sujet est sérieux, la crise est grave mais j'ai le désagréable sentiment que Kafka a laissé l'exercice d'écriture prendre le dessus sur l'explosion des sentiments et lorsque ces émotions se sont fait trop fortes, il a voulu s'en défaire en jetant au visage d'autrui toute cette rancoeur qu'il ressent, et dans laquelle on peut voir pourtant des complexes et des coincçures pas forcément toutes liées à la figure paternelle. Un dédouanement donc, que je trouve facile et malsain, comme si l'auteur manquait cruellement de maturité. Du coup, ce qui pouvait passer pour un vibrant cri de désespoir sonne faux à mes yeux et mes oreilles.
Un texte que je trouve très narcissique et à la fin duquel Kafka ne sort pas grandi, mais ce n'est bien sûr que mon avis!
Ma note: 2,5/5


De : Sahkti1 Envoyé : 06/12/2006 21:13
Franz KAFKA, Conversation avec l'homme en prière

Certaines éditions (je pense par exemple à Folio) proposent le texte de "La Métamorphose" suivi d'autres récits, des textes courts, dont certains avaient été repris au départ dans l'édition originale de "Description d'un combat".
Parmi ces textes, "Conversation avec l'homme en prière"

Dans ce texte de moins de dix pages, nous nous trouvons en présence d'un narrateur étrange, froid et distant, et pourtant empreint d'une touchante naïveté, tant à l'égard des choses de l'amour (il se rend chaque jour dans une église pour y croiser le regard d'une fille dont il est tombé amoureux) que de la religion (il a une vision très carrée du comment on doit faire pour prier). A plusieurs reprises, il observe avec agacement le comportement d'un apparent fervent qui prie allongé sur le sol, face contre terre, se livrant à toutes sortes de simagrées après avoir vérifié qu'il était observé de part et d'autre par les fidèles présents. Un jour, n'y tenant plus, le narrateur le prend à partie à la sortie de la messe et lui demande les raisons d'un tel cirque. S'ensuit alors un dialogue prenant, même si un brin confus, entre les deux hommes.

Dans ce récit, j'identifie, à tort peut-être, Kafka au narrateur. D'abord par le recul qu'il prend sur les choses, il décrit vraisemblablement sa propre pensée et afin de la mettre en valeur, il prend de la distance avec lui-même. Très vite, l'action se trouve reléguée au second plan, laissant place à une réflexion (celle du narrateur/auteur) sur le rapport à la religion mais aussi et surtout aux autres, au regard de toute une société. En même temps, on sent que l'auteur est impliqué bien plus qu'il n'y paraît dans la réflexion. Il pose des questions justes et pleines de bon sens, tout en étant empreintes d'une certaine sincérité assez touchante et rendant son propos plutôt accessible.
Passé le premier moment d'agacement que tout fidèle ressentirait vraisemblablement face à un tel spectacle exubérant au sein de son église, le narrateur doit affronter un dialogue qui le laisse perplexe, car situé entre l'absurde et l'évidence. Son interlocuteur lui démontre pourquoi il agit de la sorte, non pas de manière directe, mais en faisant appel à des métaphores ou des images de la vie de tous les jours, celles que l'on identifie sans trop de soucis mais auxquelles on ne donne pas forcément un sens particulier. Parce qu'elles sont là et puis voilà. Or ici, le doute s'installe, suivi de l'interrogation et dès lors, les repères vacillent et ce qui était hier une certitude devient soudain une remise en question.

C'est efficace mais je déplore la faiblesse de la démonstration. Comme si Kafka lui-même était peu ou pas convaincu, non par le procédé mais par la réponse qu'il fournit. Une dissertation qui aurait mérité d'être plus dense, voire plus pertinente, même si on comprend rapidement où l'auteur veut en venir. Il n'y a pas dans ce texte la force de "La Métamorphose", mais il s'en dégage cependant quelque chose, outre une forme certaine de romantisme, c'est la couleur d'un désespoir naissant, celui de se retrouver face à une société davantage tournée vers les apparences que vers la richesse intérieure. Un thème que l'on retrouve également dans un autre texte très court de Kafka "Conversation avec l'homme ivre".

Ma note: 2,5/5

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Franz KAFKA, Conversation avec l'homme ivre

"Conversation avec l'homme ivre" est un texte de Kafka qui se trouve souvent proposé dans les éditions de "La Métamorphose" (et autres récits, en sous-titre).

Texte très court, cinq pages à peine, pour laisser place à une démonstration (par moments brillante) sur les apparences trompeuses, les préjugés et autres jugements à l'emporte-pièce. Après divers propos sur tout et sur rien, un homme, bien sous tous rapports nous dit notre première impression, croise un homme ivre, à qui il adresse la parole et à qui il voudrait bien faire la morale. Un (court) dialogue s'installe et on découvre que l'ivrogne en question est loin d'être un misérable, que le lecteur a failli commettre un erreur et que, décidément, les certitudes ne sont pas si sûres que cela.

A l'instar de "Conversation avec l'homme en prière", qui ébranle les premières impressions d'un homme observateur d'un pauvre bougre, Kafka tente ici, avec un style un peu maladroit qu'on mettra sans doute sur le compte des textes de "débutant" de faire comprendre au lecteur qu'il faut aller au fond des choses et surtout des êtres et ne pas se contenter du superficiel, ce vers quoi va spontaténement notre esprit de faible humain qui pense tout savoir.
Si l'idée est intéressante et pertinente, son développement laisse quelque peu à désirer. C'est une jolie histoire, presque une fable, mais trop peu grinçante à mes yeux, elle ne mène pas bien loin.

Ma note: 2/5


De : Sahkti1 Envoyé : 06/12/2006 21:36
Franz KAFKA, Journal 1910-1923

Souvent présenté comme ennuyeux, le journal de Kafka ressemble à d'autres journaux. Et donc, il peut être assommant, oui, comme beaucoup de journaux intimes. Parce qu'il évoque des personnages qui nous sont inconnus, des événements chers à Kafka et complètement étrangers au lecteur, parce qu'il parle d'éléments du quotidien qui nous laissent indifférents, parce qu'il parle de la vie d'un homme et pas vraiment de celle d'un auteur, parce qu'il parle de tranches de vie et non de toute une vie et encore moins d'une oeuvre.
Ce n'est pas palpitant et pourtant, il existe un moyen de faire vivre différemment ce journal. C'est d'en extraire une note, un jour, un élément et le dissocier complètement du reste, ne plus le considérer comme une énième tranche (indigeste?) d'un tout, mais comme un élément à part.
Si je prends par exemple le "vacarme" du 5 novembre 1911 et l'isole du reste, je me retrouve face à un texte complètement surréaliste. Il parle de nuisances sonores, d'un père qui quitte la maison, d'une soeur qui fait du bruit... tout cela prend des proportions étonnantes, il y a une densité dans le bruit qui étouffe le narrateur et qui est pourtant bien anodin si on y regarde d'un peu plus près. Certains mots prennent une autre saveur comme la phrase "me glisser comme un serpent dans la pièce d'à côté et en rampant ainsi sur le sol, supplier mes soeurs et leur bonne de faire un peu de silence". Au milieu du Journal, ça passe inaperçu. Isolé de la sorte, ça laisse la porte ouverte à toutes sortes d'interprétations. Je pense que c'est une façon de rendre le journal de Kafka peut-être pas plus agréable à lire, mais en tout cas plus facile et sans doute plus constructif. Cette journée, plutôt banale, ne représente rien parmi les autres journées, mais seule, elle pourrait être, pourquoi pas, un exercice d'écriture et d'interprétation.
Si j'en reste à cette notion de bruit anodin que j'évoque plus haut (un détail dans ce journal intime qui en regorge, comme tous les journaux intimes d'ailleurs), je me dis que c'est pas si mal de partir de cet élément tout simple, tout petit, pour pondre deux pages là-dessus et transformer ça en vacarme, en un truc quasi insupportable aux oreilles du narrateur. De simple constatation de la vie quotidienne, Kafka en fait un texte (pas forcément excellent, mais composition littéraire tout de même) qui peut/veut dire plein de choses, avec des symboles et des non-dits, des silences au milieu de tout ce bruit. un bruit qu'il arrive à rendre palpable et réel alors que quand j'examine attentivement chaque ligne, il n'y a pas vraiment un élément particulier qui soit très bruyant, non, c'est Kafka qui arrive à donner naissance à cette impression de bruit grâce à ses lignes. Ce n'est bien sûr pas propre à Kafka, plein d'auteurs peuvent faire ça mais voilà, de journal intime (compilation de considérations quelconques et d'événements anodins), on passe à un vrai travail d'écriture avec des messages à décoder par le lecteur.

Ma note: 4/5


De : Ysla Envoyé : 12/02/2008 17:08
Franz KAFKA - La métamorphose (Die Verwandlung)

J'ai lu ce récit dans une édition Folio bilingue, préfacée et annotée par le traducteur, ce qui m'a apporté certains éléments de compréhension au fur et à mesure de ma lecture. Quelques photos et illustrations au milieu du livre, une notice biographique à la fin, vraiment c'est un poche très complet que j'ai eu entre les mains !

L'histoire de la métamorphose de Gregor Samsa en gros insecte effrayant est terriblement insolite et renvoie le lecteur à de nombreux questionnements sur l'identité, la famille, le travail, l'apparence, ...
Ne serait-ce que pour cette idée, ce thème, je suis déjà totalement enthousiaste car j'aime être surprise par des situations originales, fantastiques tout en étant ancrées dans un réel apparemment ordinaire.
Ici, ce qui me plaît beaucoup également, c'est la forme, le découpage en trois parties qui représentent différentes phases dans l'évolution de la situation familiale.
Parfois j'ai ri durant ma lecture, parce que certaines scènes ont aussi un aspect grotesque (Gregor rampant sur les murs et au plafond). Cela vient surtout du fait que Gregor est devenu un insecte, certes, mais de taille démesurée.

"La métamorphose" est le premier récit de Kafka que je lis, pourtant j'ai depuis longtemps le projet de découvrir davantage cet auteur. Et dans le texte, c'est pour moi encore plus riche, bien que pas toujours facile.

5/5 pour "La métamorphose"


De : Catzoe5 Envoyé : 23/03/2008 17:18
@Ysla: Je vois que nous partageons le goût pour les récits qui ne laissent pas indifférent et aussi l'avis qu'on a une meilleure appréhension du style en lisant dans le texte... J'ai lu La Méthamorphose en français ça m'a vraiment laissé une impression de malaise! En revanche ce n'etait pas un coup de coeur (la traduction y serait elle pour quelque chose ? Peut etre pas...) je lui donnerais 4/5
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Franz KAFKA (République tchèque) Empty Franz Kafka - Le procès

Message  Invité Mar 17 Fév 2009 - 10:11

Invité est Abulafia


Franz Kafka - Le procès


Je ne reprendrai pas les éléments de la vie de Kafka déjà évoqués ici.

Je souhaite d'abord à préciser qu'il est, me semble-t-il, assez difficile de parler de cette œuvre sans évoquer ce qui suit. La version critiquée ici est celle du livre de poche qui correspond dans les grandes lignes à celle confectionnée par Max Brod sur les manuscrits de F.Kafka, après la disparition de celui-ci. A noter que Kafka voulait que le manuscrit en feuillés soit détruit. Le titre en langue allemande est "Der Process".

La construction de l'ouvrage a été faite de manière assez particulière. Kafka pour écrire "Le procès" a écrit la fin puis le début, ensuite il a complété les chapitres au gré des moments de sa vie. Il semble que dans les manuscrits de Kafka le premier chapitre soit "la fin", "Ende". Les premiers manuscrits ont été écrits dix années avant sa mort en 1924. et publiés pour la première fois en 1925.

Le procès raconte au premier abord l'histoire d'un homme face à un système judiciaire dans lequel il va se perdre au point d'en perdre la vie. Cette histoire suivra ainsi Josef K, employé de banque droit, brillant et méritant, d'une première arrestation jusqu'à la dernière qui lui sera fatale. Entre les deux, le lecteur suivra K. dans son évolution. K. passera tour à tour de la révolte, à l'indifférence, puis à l'implication excessive, et enfin à la résignation. Ce qui rend l'œuvre singulière est que K. reste tout au long "Accusé" sans être "coupable", alors que l'on sent au travers de l'ambiance sombre le poids assourdissant de la rumeur et de la procédure de jugement.


Cette rumeur est véhiculée par une multitude de personnages, des plus simples (L'oncle) aux plus complexes (Leni), toujours teintés d'une pointe plus ou moins prononcée d'irréalité. Hormis Josef K. tous les autres personnages sont secondaires et dans l'ensemble peu suivi, ce qui peut dérouter le lecteur. Peux être que cela est dû au travail inachevé de Kafka? Nous ne le saurons jamais! Cependant, ces touches d'irréel, d'atmosphère pesant et lourd, de climat noir, transportent le lecteur dans un rêve, ou plutôt un cauchemar. L'aspect onirique prononcé de l'œuvre me fait doucement pencher au fil de mes réflexions vers l'hypothèse d'une schizophrénie / paranoïa dans laquelle Josef K. s'enfonce, jusqu'à se donner sa propre mort. Ces deux maladies mentales étant des psychoses, l'anosognosie, c'est-à-dire l'absence de conscience de l'état pathologique lors de l'épisode psychotique, est de mise. Or dans l'ouvrage tout est vu du point de vu de K. ce qui peut fausser facilement le jugement du lecteur. N'oublions pas qu'au moment ou Kafka écrit le procès, Freud a développé une grande partie de sa théorie et parler de psychanalyse est surement à la mode dans les milieux intellectuels de langue allemande de l'époque.

Dans le chapitre de fin il est écrit : "... K. entraîna violemment les messieurs en avant. Il se retourna par prudence de temps à autre pour voir si le policier ne les suivait pas; mais lorsqu'ils furent séparés de lui par un coin de rue, K, se mis à courir, et les messieurs durent le suivre, bien que très essoufflés.". Ce passage, comme beaucoup d'autre est comme si K. avait le contrôle sur l'ensemble depuis le début, et que ces hallucinations l'on amener peu à peu à sa fin au travers un procès déjà perdu, celui de K. contre lui même. Celui d'un homme contre lui même. K. est un homme à la droiture irréprochable, au final, n'est il pas alors obsédé par celle ci au point de se croire constamment accusé de quelque chose qu'il aurait pu commettre sans jamais l'avoir commis. Sauf, au début de son histoire, K. ne demandera à personne de quoi il est accusé. Même pas à son avocat. Cela ne l'intéresse peut être pas. Finalement, seule la culpabilité - obsession de droiture - qu'il a à ses yeux, compte.

D'une part, l'ambiguïté du personnage se balançant entre accusation et résignation dans un univers clos qui se resserre très vite sur le personnage et dans lequel il s'englue (La fin - "Il songea aux mouches qui essaient de se libérer de la glu ..."). D'autre part, ce texte de lutte contre un ennemi invisible donne au lecteur une impression de pesanteur exceptionnelle du système judiciaire décrit, que Kafka connait bien puisqu'il a été lui même avocat. Enfin le non-recouvrement des chapitres que l'on peut attribuer en partie au non aboutissement de l'œuvre dans le procédé utilisé par Kafka, confèrent à celle-ci une indicible impression que l'on cherchera à s'expliquer. On est plongé dans un univers sombre, illogique qui plaira à certains mais qui pourrait déplaire à d'autre.

Pour ma part, je pensais noter cette œuvre à 3,5/5 et au fil du temps je pense qu'elle vaut vraiment la peine d'être lue.
J'avais l'impression qu'il manquait l'idée essentielle de l'œuvre puisqu'elle n'était pas terminée. Au final celle que l'on se construit n'est elle pas la bonne? J'agrémente donc la couleur de mon jugement d'un point, faisant passer la note à 4,5/5. Le lecteur n'est pas passif face à cet accusé pas comme les autre, peut être s'efforce-t-il de juger ce qui ne peut l'être?

Bonne lecture.

Abulafia.

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Message  gallo Mar 17 Fév 2009 - 11:14

Belle critique convaincante, Abulafia. Kafka n'est pas un auteur facile.

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Message  Shan_Ze Mer 14 Avr 2010 - 12:09

La métamorphose de Frank Kafka

Un matin, Gregor Samsa se réveille transformé en un gros insecte. Étonnement, ses premières pensées sont pour son travail. Petit à petit, le comportement de Gregor devient celui d’un insecte, il se cache sous le canapé, grimpe aux murs…

L’absurde de la situation permet de montrer les différentes réactions après cette métamorphose. Sa famille elle-même va se transformer : ils étaient dépendants de l'argent que ramenait Gregor, chacun va alors chercher de quoi gagner de l’argent, ils n’étaient pas vraiment invalides avant.

La métamorphose continue : Gregor devient un être inutile puis indésirable, l’adoration et le respect, qu’éprouvaient sa famille, se transforment en haine. Qu'aurais-je fait à sa place ? A leur place ? Avec La métamorphose, Franz Kafka nous fait nous poser la question, qui de Gregor ou de sa famille a vraiment perdu son humanité ? Qui se métamorphose ?

Une nouvelle qui fait réfléchir...

Note : 4.5/5
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Franz KAFKA (République tchèque) Empty Lettres à Milena

Message  nauticus45 Sam 1 Déc 2012 - 20:28

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  • Poche: 364 pages
  • Editeur : Gallimard; Édition : Ed. rev. et augm (14 avril 1988)
  • Collection : L'Imaginaire
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 207071294X
  • ISBN-13: 978-2070712946


Quatrième de couverture




Franz Kafka connut d'abord Milena comme traductrice : elle
établissait la version tchèque de quelques-unes de ses proses courtes.
Ces relations se transformèrent en une liaison passionnée dont les
lettres permettent de suivre le progrès. Cette passion ne dura qu'un
instant, elle tient en quelques mois à peine.Les lettres racontent d'un
bout à l'autre ce roman d'amour, orgie de désespoir et de félicité, de
mortification et d'humiliation. Car quelle qu'ait pu être la fréquence
de leurs rencontres, leurs amours restent essentiellement épistolaires
comme celles de Werther ou de Kierkegaard.Milena est morte vingt ans
après Kafka, dans le camp de concentration de Ravensbrück.



Commentaire:

D'habitude les correspondances ne font pas partie de mes lectures préférées, d'abord parce-que leur lecture n'est aussi fluide qu'un roman, les lettres étant de qualité et d'intérêt inégaux, et ensuite parce-que pénétrer l'intimité d'un auteur me gêne toujours un peu, si son oeuvre est publique sa vie lui appartient, quel que soit son succès. Kafka étant un de mes auteurs fétiches je redoutais en plus d'être déçue en lisant ses lettres à Milena, mais un mai qui les a mise en scène me les a conseillé avec tellement d'insistance que j'ai cédé un peu à la pression et je ne le regrette pas. Certes les lettres sont inégales mais elles ont une constante: le tourment permanent dans lequel vivait Franz Kafka et qu'il a partagé avec nous au fil de son oeuvre sous une form plus ou moins métaphorique. Avec ces lettres ce tourment est tellement manifeste et constant qu'on comprend vraiment mieux ce que fut la vie de Franz Kafka, sa difficulté à vivre le quotidien et à avoir des contacts avec les autres. Une très belle correspondance, qui s'arrête quelques mois à peine avant la mort de Kafka et qui permet vraiment de mieux comprendre son oeuvre.

4/5
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Message  cookie610 Dim 29 Nov 2015 - 19:14

La métamorphose

Note : 4/5

Résumé : Gregor se réveille un beau matin métamorphosé en cafard. Pour sa famille comme pour lui, le choc est rude.
Critique : Il s’agit du premier livre de Kafka que je lis et c’est pour le moins particulier. Il s’agit plus d’une nouvelle que d’un roman d’ailleurs, mais pour commencer avec un auteur, c’est pas mal. Dès la première phrase, on découvre notre personnage principal métamorphosé, pas de chichi, on est directement au cœur de l’histoire. L’histoire de cet homme transformé en insecte est complètement ahurissante, il faut accepter cet aspect totalement fantastique de l’histoire pour l’apprécier. C’est peut-être ce qui m’a un peu bloqué. J’ai bien aimé la description des différentes réactions des autres membres de la famille de Gregor, plus que son ressenti à lui presque. C’est un livre qui donne beaucoup matière à réfléchir. Notamment sur la place qu’on occupe vis-à-vis des autres dans une famille. Je ne sais pas pourquoi mais je pensais que le style allait être beaucoup plus compliqué, moins accessible alors que pas du tout, je n’ai eu aucune difficultés à lire. J’ai même passé un assez bon moment.
Je lirais bien Le procès pour continuer ma découverte de Kafka.
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Message  cookie610 Mar 21 Fév 2017 - 19:52

Le procès
 
Note : 4/5
 
Résumé : Joseph K. est un simple administrateur d’une petite banque, il mène une vie tranquille. Un beau matin, il tombe nez à nez avec deux hommes chez lui qui viennent l’informer qu’il est en état d'arrestation. Son crime ? Il n’est a aucune idée, et personne ne semble être capable de le lui dire. D'abord bien décidé à faire entendre raison à la justice, ce procès lui semble une vaste farce qu'il ne peut pas prendre pas au sérieux, lui qui est un modèle de droiture. Mais la bureaucratie est tellement absurde qu’elle parvient à venir à bout des forces du plus combatif.
 
Critique : Deuxième œuvre de Kafka que je lis et j’ai beaucoup aimé mais si c’est un livre qui m’a profondément angoissée en fait. L’absurdité de l’arrestation de K, les méandres du système, au-delà de la justice même, mélangés à une atmosphère sombre rendent la lecture particulièrement lourde. La description de ce système que personne ne comprend vraiment et qui amène plus de problème qu’il n’apporte de solutions est très fine et bien analysée. Il n’y a aucune logique, aucun bon sens, aucune remise en question. Comme le personnage principal, on se retrouve dans un état de confusion totale et d’oppression, de malaise. La fin est aussi illogique que le reste du livre mais elle conclut parfaitement ce livre, qui, à mon sens, ne pouvait se terminer autrement. Le thème peut aujourd’hui nous sembler vu et revu tant il a déjà été traité dans bon nombre de films et de livres mais pour l’époque (1916), je pense que Kafka était un précurseur. Il s’agit par ailleurs d’un roman non achevé, l’éditeur s’est basé sur les notes de l’auteur après sa mort pour arranger les chapitres, ce qui peut expliquer certaines incohérences dans la forme (certains chapitres se terminent un peu brusquement, ils sont assez inégaux en longueur, il y a une période entre l’avant-dernier chapitre et le dernier qui est complètement passée sous silence). Mon édition contenait en plus du texte certains chapitres complémentaires qui n’ont pas pu être finalisés en temps et en heure, qui sont très intéressant à lire. Au final, je suis ravie d’avoir pu lire ce livre, un classique de la littérature, beaucoup plus accessible que ce que je pouvais craindre mais qui laisse une impression d’angoisse saisissante.
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Message  Réaliste-romantique Dim 16 Mai 2021 - 18:17

Un médecin de campagne et autres récits
(La colonie pénitentiaire, Un artiste de la faim, Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris)
 
La colonie pénitentiaire est souvent accolée à la métamorphose, donc quand même connue. Je n’avais pas relu de Kafka depuis probablement deux décennies. Je n’ai pas du tout aimé ces nouvelles. L’ambiance est toujours étrange et inquiétante, mais l’intrigue est absurde ou carrément inexistante (vraiment récits plutôt que nouvelles). J’avais aimé Le procès, et la Métamorphose, mais pas L’Amérique ni le Château. Ce recueil va plutôt dans la seconde catégorie.
 
2/5

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