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Michel del CASTILLO (Espagne/France)

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Message  gallo Lun 8 Déc 2008 - 11:46

De : Friisette (Message d'origine) Envoyé : 14/11/2004 03:53
Michel del CASTILLO - La guitare

4.75/5

"Je suis laid. D'une laideur qui fait peur. C'est par cet aveu qui m'est pénible que je veux commencer mon récit.

Laid!... Toi qui me liras, pénètre bien ce mot. Il y a mille laideurs comme il y a mille beautés. Il y a même une beauté laide: la beauté prétentieuse. Moi je suis totalement laid. Nain, bossu, borgne; mon nez est applati comme celui d'un boxeur et une grande cicatrice rouge déshonore mes traits. Je suis laid à faire peur. Si je veux sourire, j'esquisse une horrible grimace qui fait fuir les honnêtes gens... Et pourtant, je ne voudrais pas te faire peur; même pas te faire pitié. Je suis las de faire peur et de faire pitié. Las d'être méchant et d'être bon."

Voilà comment débute ce roman déroutant. Dès la première phrase, j'ai été intriguée et charmée par le propos. Et je l'ai dévoré presque d'une traite. En plus, on y parle de musique, ce qui n'a fait qu'ajouter à mon plaisir de lecture.

Michel del Castillo a une écriture simple et j'avoue que ça me plait. J'aime les auteurs qui parviennent à tout dire en peu de mots. Et dans ce roman, l'auteur y parvient brillamment.

Il nous raconte aussi très bien l'Espagne. Tellement bien qu'on a l'impression d'y être, d'en sentir la chaleur et les accents chantants. Le plus surprenant, c'est qu'il parvienne à ce résultat tout en racontant une histoire dure, tant dans les événements que dans les émotions abordées. Mais en même temps, c'est si bien fait qu'on ne peut s'empêcher de poursuivre notre lecture, même si ça fait mal.

C'est un roman qui m'a dépaysée tant par les lieux que par le ton. Une belle découverte et certainement pas mon dernier livre de cet auteur!


Né à Madrid en 1933, de père français et de mère espagnole, Michel del Castillo doit très vite fuir le régime franquiste. Parvenu dans le sud de la France, il est abandonné par sa mère et est déporté dans le camp de concentration de Mauthausen en Allemagne. A la fin de la guerre, il retourne en Espagne, malheureusement le gouvernement franquiste considère d’un mauvais oeil ses antécédents et l’envoie en maison de redressement pendant cinq ans. Sorti de ce "bagne", comme il l’appelle lui-même, il gagne Paris et commence à se plonger dans l’écriture. Il en naîtra "Tanguy", presque un récit autobiographique, paru en 1957. Il a depuis publié plus d’une vingtaine de romans, récompensés par de nombreux prix ("La nuit du décret", 1981; "Une femme en soi", 1991).



De : Laure Envoyé : 07/01/2005 17:42
La guitare, de Michel del Castillo
( 150 pages)

L'auteur situe son récit en Galice, région du nord-ouest de l'Espagne où la majorité des habitants étaient paysans et /ou pêcheurs, où la pauvreté régnait et où la religion et la superstition, très liées, régissaient la vie des hommes.
Dans ce contexte,un nain va vivre une existence très difficile, rejeté en permanence et montré du doigt par tous. Puisque les autres nient son existence et ne le reconnaissent qu'en tant que nain hideux, donc forcément méchant (l'apparence physique et le coeur étant confondus pour eux), il va devenir méchant.
A la haine ne peut répondre que la haine.
Seul bémol à cet enfer, sa guitare qu'il aime plus que tout. Il compte sur elle pour être enfin accepté et aimé, mais...
J'ai apprécié ce récit dur et profondément triste, écrit sans fioriture, dans lequel l'auteur nous interpelle et nous donne à réfléchir.

Note: 4/5


De : 2550Chimère Envoyé : 17/01/2005 20:10
LA GUITARE de Michel Del Castillo

Résumé : le narrateur, un nain se décrivant lui même comme étant extrêmement laid, nous raconte son existence et sa rencontre avec la musique par le biais d'une guitare.

Mon avis : De très, très belles descriptions des paysages de la Galice, un narrateur sans concession sur son existence, et puis la musique. On entre très vite dans une histoire plutôt pessimiste mais très juste sur la nature humaine raconté avec une économie de moyen très efficace.

Ma note : 4/5


De : lalyre7032 Envoyé : 08/03/2007 19:19
La religieuse de Madrigal - Michel Del Castillo
Fayard

Dans l'Espagne de Philippe ll,Ana de Jésus,fille bâtarde de Don Juan et ignorée du monde est placée à l'âge de six ans au monastère de Madrigal.Elle ignore ses origines et ne connait que sa tante Dona Magdalena qui l'a élevée jusqu'à cette âge.Comme dit l'auteur,on peut imaginer cette fillette entrant dans cette espèce de forteresse,voyant les lourdes portes se refermer et se retouvant devant la prieuré qui va devoir s'en occuper,mais c'est une enfant raisonnable ,elle s'habitue au rituel des nonnes.Jusqu'au jour ou devenue adolescente,elle prononce ses voeux sous la contrainte,elle se révolte et tente au mieux d'échapper à sa vie de recluse et crée des désordres au sein de la communauté.Mais un jour un visiteur s'annonce,c'est un homme qui dit s'appeler Gabriel de Espinoza,Ana profitant de certains privilèges le reçoit plusieurs fois dans sa chambre ,elle tombe amoureuse,il lui promet qu'il va tout tenter pour la faire fuir.Hélas le destin en a décidé autrement car Espinoza est arrêté pour imposture,condamné à l'écartèlement et à la pendaison.Ana suivra donc son destin au fil des évènements du royaume.
Je pense que ce roman n'est pas très historique,je n'ai retrouvé aucune trace d'Ana,ni de Espinoza,j'ai même écrit à l'auteur pour lui demander mais m'a pas répondu,m'étonnerais qu'il le fasse.Mais cela n'empêche que j'ai aimé ce livre très bien écrit mais avec toujours comme dans d'autres livres de cet auteur le thème de l'enfance malheureuse.
4,5/5
Lalyre


De : Chantal5500 Envoyé : 01/04/2007 20:30
COLETTE, UNE CERTAINE FRANCE :
Folio - 342 pages.
Prix Fémina Essai 1999.

Ceci n'est pas une biographie mais un essai sur Colette la femme et sur Colette l'écrivain. En première partie, l'auteur ne parle pas directement d'elle mais il passe par les portraits de Sidonie (sa mère) de Willy (son premier mari) de Missy (sa très proche amie de coeur) de Bel Gazou sa fille, pour nous dépeindre une femme qui l'irrite énormément. Michel del Castillo s'appuie aussi sur les différentes biographies de Colette (au passage, il en égratigne quelques-unes) qui auraient plutôt tendance à encenser ou alors excuser l'écrivain, alors que lui, prend la défense de Willy, dresse un portrait dur de Sido, devient ami avec Bel Gazou, l'enfant délaissée...Mais autant celui-ci est agacé par la femme, suprêmement égoïste, rusée, intéressée, rancunière, qui déguise la vérité..., autant il célèbre l'écrivain et qualifie certains de ses livres (pas tous) de chefs d'oeuvre (Chéri, la fin de Chéri, Sido, La naissance du jour, le blé en herbe...) et admire son style qu'il qualifie de "chant".
Celle qui avait pour précepte : "je respire, donc j'ai le devoir d'être heureuse" et qui, dans ses romans, "célèbrera la nature, l'amour des bois, des plantes, des bêtes, la revendication de la liberté, l'exhaltation des instincts", reste pour lui un écrivain majeur et enchanteur de la France.
Une belle écriture pleine d'intelligence, une connaissance remarquable de la femme et des romans, un portrait qui m'a paru assez dur dans la première partie (en tant que femme, j'excuse bien volontiers, surtout qu'à cette période, tout était difficile pour une femme, surtout vivre de ses écrits), mais la partie parlant de l'écrivain et des romans m'a beaucoup plu.
Un complèment indispensable à la lecture des biographies de Colette.

4,25/5
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Message  géromino Sam 17 Oct 2009 - 8:41

" Le temps de Franco " éd. Fayard (octobre 2008) 392 pages

Je n'ai jamais lu de livre de cet auteur. Ce que je sais de lui, je l'ai appris par d'autres qui l'ont lu, ou par des articles dans les journaux, des critiques, etc... Il ne me semble pas qu'il ait des atomes crochus avec les Franquistes, loin de là!
Pour moi la Guerre d'Espagne représente la lutte des Républicains, anarchistes et communistes avides de liberté contre un régime dictatorial, tendance extrème-droite, pactisant avec Hitler et Mussolini. Une guerre dont les personnalités ayant participé aux combats dans les rangs Républicains lui ont donné des gages de valeurs humanistes. Mon opinion se basait sur cette idée généralement admise, au moins en France à ce qu'il me paraît: les bons Républicains d'un côté; de l'autre les fascites cruels et sanguinaires de Franco. Mon opinion étayée par des lectures comme: "Un testament Espagnol" d'Arthur Koestler, "Pour qui sonne le glas" d'Hemingway, "L'espoir" de Malraux.

Puis j'ai lu "Le temps de Franco".
Dans son livre, Michel Del Castillo relate la guerre d'Espagne à travers l'existence du Général Francisco Franco Bahamonde, né en 1892, mort en 1975. Et le portrait qu'il nous soumet du "Caudillo" est bien loin de l'idée qu'on en a généralement. Populairement connu pour la répression féroce et impitoyable qu'il a menée contre la révolution Républicaine et ses sympathisants, personne n'irait imaginer lui trouver des circonstances atténuantes ou des excuses pour ses agissements brutaux.
Pourtant, c'est ce que tente de faire l'auteur. Où plutôt de rétablir un équilibre entre la réalité de ce que l'on sait (la dureté de la répression des troupes Franquistes et le caractère froid et inflexible de son commandant) et de ce qu'on sait moins, ou qui a été caché, déformé, oublié. Les massacres et éxécutions sommaires commis au nom de la République, avant l'intervention militaire, contre les ecclésiastiques et les opposants à la République.
Par moment, on pourrait penser qu'il se pose en défenseur du régime Franquiste. Heureusement, il explique sa démarche et loin d'en faire l'apologie, il analyse méthodiquement, avec discernement et objectivité l'un des pires régimes qu'ait connu l'Espagne. Pour mieux connaitre son positionnement, il faudrait lire davantage de cet auteur. Et rien qu'a voir sa bibliographie, il y a de la matière!

Pour ma part, ce livre m'a ouvert les yeux sur la réalité de ce qu'a été la Guerre d'Espagne et je dois dire que ma vision en est totalement revue et corrigée. Je ne pense pas que l'on puisse taxer M. Del Castillo de défenseur du Franquisme. (sa mère et lui ont fui Madrid devant l'avance des troupes Fascistes). Je crois qu'il ne me reste plus qu'à le découvrir.

Il n'est pas facile de donner une note à ce genre de livre. Je ne peux pas dire que j'ai eu un coup de coeur ou pas, mais il m'a profondément marqué. C'est un livre important dans un contexte précis; à lire pour qui s'intéresse à l'Histoire en général et à l'histoire de l'Espagne en particulier. (J'ai hésité à le mettre dans la rubrique "Essais"...)
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Message  gallo Sam 17 Oct 2009 - 11:25

Géronimo, belle critique. Tu hésites, alors pourquoi pas mettre ce livre dans la rubrique essais avec un lien vers ta critique ici?

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Message  géromino Sam 17 Oct 2009 - 14:52

Merci Gallo, ah, ben oui,je n'y avais pas pensé! Je vais voir ça tout de suite!!
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Message  Mousseline Sam 17 Oct 2009 - 16:19

Le sujet m'inspire beaucoup. Merci Géronimo.

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Message  géromino Sam 17 Oct 2009 - 17:50

De rien Mousseline. C'est toujours un plaisir de savoir que sa critique éveille des pistes de lecture (je crois que c'est pour tout le monde pareil)
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Message  géromino Mer 30 Déc 2009 - 9:52

"De père Français" éd. Folio en 2000 288 pages ( 1ère éd. Fayard 1998)

Le livre commence ainsi: "J'ai rendez-vous aves mon assassin. C'est mon père et il s'appelle Michel".
L'auteur est né en 1933, à Madrid, d'un père Français travaillant chez Michelin et d'une mère Espagnole, journaliste républicaine. En pleine guerre civile, ce père abandonne femme et enfant pour retourner à Clermont-Ferrand; il détient un poste haut placé dans la firme. Les Franquistes accèdant au pouvoir, sa mère s'enfuit pour rejoindre son mari en France. Celui-ci la dénoncera au commissariat comme "étrangère indésirable" et sera internée avec son fils dans un camp pour réfugiés politiques à Rieucros. (Une parenthèse ici: si sa mère n'est pas un modèle en soi, M. Del Castillo reste plus vague sur le rôle qu'elle a tenu dans son enfance malheureuse.)
Jusqu'en 1953, l'auteur est interné dans plusieurs de ces camps, dont un centre de redressement pour mineur à Barcelone, de sinistre réputation. Il s'en échappe pour rejoindre son père à Paris et tenter un rapprochement avec son "géniteur" et essayer de comprendre cet homme orgueilleux, méprisant et méprisable au plus haut degré.
Car il semble difficile d'imaginer un père aussi immonde que ce personnage cruel, égoïste, raciste, imbu de lui-même. Il n'a jamais émis la moindre culpabilité dans l'abandon de son fils; au contraire, il va jusqu'à "arranger" la vérité afin de mieux justifier ses manquements et ses lâchetés.
En 1954,après une dispute avec son père, il quitte l'appartement paternel et se réfugie chez son oncle Stéphane et sa femme Rita qui l'accueillent comme leur propre enfant. Il trouvera là l'amour, le réconfort et la compréhension.
Pourtant quand son "géniteur" subit la décrépitude de la vieillesse,il ne l'abandonnera pas et jusqu'aux derniers instants de son père sera à ses côtés, pour ainsi dire seul.


Je cite l'auteur:
"Des sentiments contradictoires m'agitent: la colère, la rage, la honte, le mépris. Un sentiment plus trouble également: la pitié."

"Si les médiocres n'avaient que leur médiocrité et les méchants étaient absolument méchants, tout serait limpide."

"Quelque chose nous lie l'un à l'autre, mais quoi et de quelle nature. Je me dis 'Ce vieillard est mon géniteur, son hérédité fait la moitié de la mienne'. Cette pensée me cause une sorte d'horreur."

Je ne trouve pas de critères pour donner une note. C'est un livre bouleversant, plein de rage rentrée, mais que l'auteur exprime magifiquement, tout comme les sentiments multiples qui l'agitent.
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Message  géromino Lun 10 Mai 2010 - 8:20

"Rue des archives" Folio 1996 283 pages

Prix Maurice Genevoix 1994

A la mort de sa mère, l'auteur se rend au domicile de celle-ci "Rue des archives" à Paris et rencontre Félix, dernier compagnon de cette femme obèse et grabataire qui vivait dans "une âcre puanteur de pisse, de pharmacie, de crasse, de moisissure, et de décomposition". C'est ainsi qu'il décrit l'appartement.
En aidant Félix à redonner un aspect plus digne à l'appartement, Michel del Castillo évoque la vie de cette femme qui fut sa mère et les souvenirs lui reviennent comme "des éclats, des reflets". Avec ces reliefs de mémoire il va retracer la vie, les frasques, les folies, les abandons, les trahisons, les mensonges, les ratures, les manques d'amour, les égoïsmes de cette femme orgueilleuse et égocentrique. Mariée plusieurs fois, elle aura plusieurs enfants qu'elle abandonnera. L'auteur servira même de monnaie d'échange et sera livré aux allemands et emprisonné deux ans en camp de concentration.
Enfant traumatisé par ces épreuves douloureuses, il lui restera des traces indélébiles des mauvais traitements subits enfant. Dans le livre, il fait intervenir son "double", qu'il appelle Xavier, qui n'est autre que lui-même à neuf ans. Car l'enfant se souvient de tout, là où l'adulte a enfoui et refoulé les plus mauvais passages de son existence. Il s'en sert comme d'une thérapie.

Michel del Castillo: "Je n'ai pas cédé, en rédigeant ces pages, à un sentiment d'urgence, j'ai seulement désiré mettre un point final au texte qui depuis ma naissance s'écrit en moi."

et plus loin:


... _ C'était une révolutionnaire?
_ C'était une agitée. Une femme supérieurement intelligente et formidablement stupide.

Un livre à l'écriture intime qui retrace la vie de sa mère et lève un peu plus le voile de sa propre vie, mais qui laisse des zones d'ombres, il complète "De père Français" (sorti quatre ans après). C'est un livre poignant, émouvant, à l'amertume tenace qui marque le lecteur et incite à lire d'autres ouvrages de Michel del Castillo. Mon prochain est déjà à portée de main:"Tanguy", où il raconte plus précisément son enfance.

Note: 4.5/5
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Message  géromino Sam 29 Mai 2010 - 9:27

"Tanguy" Folio 1997 334 pages (nouvelle édition revue et corrigée) 1ère éd. Julliard 1957


En pleine guerre d'Espagne, Tanguy et sa mère fuient Madrid pour rejoindre la France. Tous les deux sont dénoncés aux autorités de Vichy par le père de Tanguy, qui refuse de leur venir en aide. Ils seront internés au camp de concentration de Rieucros (midi de la France). Au moment de fuir à l'étranger, Tanguy est abandonné par sa mère et envoyé en camp de concentration en Allemagne. Il a alors neuf ans, et nous sommes à la fin de l'été 1942. Il y connaîtra la faim, tenaillante; le froid, cruel; la mort autour de lui, épouvantable quand on a dix ans.
A la libération, il retourne en Espagne à la recherche de sa mère, mais est incarcéré dans un centre de redressement pour ados tenu par des "Frères" catholiques. Les privations, la faim encore, les coups, et surtout l'hypocrisie de ces hommes d'église le poussent à s'évader. Il a la chance d'être recueilli par le Père Prado qui tient un collège de Jésuites et qui lui redonne l'espoir et lui fournit le réconfort et l'éducation qui lui manquaient tant.
Une idée pourtant l'obsède: retrouver son père. Il quitte donc le collège. Mais forcé de travailler pour survivre, il trouve un emploi dans une cimenterie près de Barcelone. Licencié après des grèves ouvrières, il décide de gagner Paris coûte que coûte. C'est là qu'il renoue avec son père et quelques temps après, retrouve sa mère... (retrouvailles qui font l'objet des deux livres cités plus haut).



Un cauchemar de vie! Trop de souffrances, trop de douleur, dans cette vie d'adolescent abandonné par des parents ignominieux. Heureusement, dans ce parcours infernal, il croise des gens biens: Gunther, son ami allemand de camp; le Père Prado, le Jésuite, son maître dévoué; Sebastiana, sa logeuse pleine d'affection. Autant de mains tendues fraternellement et qui vont permettre à Tanguy de ne pas sombrer. C'est la part humanisante du roman.
Un roman aux accents autobiographiques très forts, écrit avec sobriété, mais avec beaucoup de sensibilité; le livre émeut, touche et révolte à la fois. Il fait le pendant de "Rue des archives" et "De père français".

Note: 4.5/5
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Message  Garanemsa Sam 12 Fév 2011 - 13:40

UNE FEMME EN SOI

Michel de Castillo

Lorsque j’ai commencé le livre, il m’a fallu attendre un moment pour savoir si je continuais.

Je ne parvenais pas à situer les personnages

Mais par la suite ce livre m’a emballé

Un scénariste, le narrateur, sa femme vient de le quitter, un metteur en scène tente de faire un film sur une femme, mais quelle femme, une femme Serafina Perduch, insondable, blanche ou noire, heureuse, malheureuse

Cette femme est la mère du metteur en scène en réalité

Mais on joue sur les deux tableaux, la recherche de cette femme dans le souvenir d’un enfant, puis la réalité ou le mensonge par la suite

On passe également sous Franco, sous la guerre d’Espagne, sous le nazisme



J’avoue qu’à partir d’ici, j’ai trouvé cette magnifique analyse de ce livre que j’aime, mais m’en excuse à l’auteur, j’ai oublié ou.



le narrateur, Christian, la quarantaine désabusée d'un homme que sa femme vient de quitter, et le grand réalisateur Jean-Pierre Barjac dont il devient l'assistant. Pendant dix mois, ils s'isolent, à la recherche de Serafina Perduch, la mère du cinéaste dans une « certaine » réalité, la mère de Pablo dans le film.



L'homme occidental n'a de pleine existence que dans sa quête d'une femme imaginaire qu'il cherche en vain à rejoindre au fond de lui. Glisserait-il trop vite dans la mort s'il ne consacrait sa vie à recréer cette image de tous les amours, de tous les sacrifices, de toutes les trahisons ou de tous les rejets, la mère bien sûr, partenaire obstinée d'un couple qu'il s'entête à reconstruire ou à détruire.



« Une femme en soi » allie la pérennité du mythe et l'originalité de son évocation.



Une femme à jamais disparue et dont la vérité reste insondable hante les deux personnages masculins :



Le lecteur assiste au processus de résurrection à travers les images suscitées par le scénario et les documents consultés, dont les films antérieurs de Barjac qui, comme tous les grands du cinéma, filme inlassablement la fiction de son enfance

Pendant près de dix mois, les plans du films vont osciller avec les souvenirs, les visites faites dans des lieux de souvenirs.

J’ai été prise par ce livre, cette recherche

Alors pour moi : 5/5





Qui est Serafina Perduch, pianiste espagnole qui, déstabilisée par le fascisme, abandonne son fils Pablo et le retrouve treize ans après ? Qui est cette femme hors de ce corps amoureux de la vie que regarde, affamée, la caméra, et que les gros plans et les fondus enchaînés enferment dans son mystère ? Qui est-elle, déesse ou terrienne, sinon l'incarnation de la nostalgie d'une enfance et du désastre de la guerre : « Tout personnage porte avec lui... des origines mythiques, des filiations et des parentés, un réseau d'influences, un climat et, même, une lumière. »



Est-ce le portrait d'une mère réhabilitée ? D'un être différent et jumeau, enfoui au plus profond de la chair de l'homme selon la citation de la bible qui fait de la femme une partie extraite de l'homme ?



Michel del Castillo se joue en virtuose d'un thème que guettent tous les pièges. Il raconte certes, mais « montre » aussi les séquences d'un film qui met en scène... un écrivain racontant l'histoire d'un fils qui retrouve sa mère. Serafina devient ainsi une remarquable mise en abime de l'œuvre d'art, obsédante image qui se joue du temps et de l'espace, glisse de la jeunesse à la vieillesse mais s'immobilise toujours sur une vision éternelle (Fina rit et ses dents sont si belles !), rompant le dérisoire de l'enquête : le créateur préfère « voir » que « savoir ». La quête de Pablo est de revivre inlassablement la blessure de l'enfant, le bonheur et son envers, la scène primale quand la mère abandonne le fils et lui insuffle ainsi l'absolu du désespoir, la déchirure capitale qu'il passera sa vie à écrire ou à filmer.



Michel del Castillo enrichit son roman de deux investigations majeures : il brosse en toile de fond les aspects insolites du nazisme et la dégradation de l'être humain soumis à la peur ; il évoque avec ferveur la splendeur du cinéma, ses rites, sa mythologie, l'implacable innovation qu'est le septième art dans la « matérialisation » de la mémoire, la visualisation du mouvement alterné de la douleur et de la joie.



Reste un personnage tragique dans le réel : l'actrice, belle et célèbre femme du metteur en scène, qui noie dans un alcoolisme honteux le dénuement d'être l'écran vide dont s'empare son mari pour donner existence à la torture de ses propres rêves.
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Message  géromino Sam 13 Aoû 2011 - 15:48

"Les étoiles froides" Folio 2003 405 pages (1ère éd. Stock 2001)



Le début: Angelina Toldo est née en France en 1958, mais ses racines sont en Espagne. Ses parents meurent dans un accident de voiture lorsqu'elle a dix-huit ans. A l'Université (aux USA) elle découvre des vers de Federico Garcia Lorca; elle en reste troublée et décide de lui consacrer une thèse.

Sa tante Elisa vient à décéder alors qu'elle s'apprêtait à la rejoindre en Espagne. Elle lui laisse une montagne de documents concernant une certaine Clara Del Monte. Curieusement, l'histoire du poète et de la mystérieuse Clara vont se croiser. "L'Espagne aura finit par me rattraper", pense Angelina...

Clara Del Monte, on le comprend rapidement, est en fait la mère de Michel Del Castillo. Et le portrait qu'il en dresse est hallucinant! Sa vie ne sera que mensonges et trahisons. Elle abandonne son premier mari et leur enfant en bas âge pour se jetter dans les bras de deux frères,"voyous séduisants", et courir une vie de frasques et de débauche. Rejettera les deux pour s'amouracher d'un Français (le père de l'auteur); puis pris dans le tourbillon de la guerre civile, elle trahit et livre l'un des deux frères afin de préserver sa propre existence et s'éprend par la même occasion du chef de la Sûreté Militaire républicaine. Celui-ci l'aidera à quitter l'Espagne au moment de l'effondrement de la République.

C'est le portrait d'une belle femme, intelligente, riche, mais égocentrique et sans scrupules. Une femme qui ne recule devant rien ni personne, joue avec les êtres et les sentiments, jette maris et enfants lorsqu'ils n'ont plus d'utilité, garde sous la main ceux qui peuvent servir. Sa vie est ponctuée de trahisons, de mensonges, de scandales. Son enfance malheureuse sous la coupe d'une mère autoritaire et intrigante (elle avait monté un plan avec son amant pour soutirer la fortune de son mari handicapé, sous les yeux de la petite Clara!) pourrait à la rigueur lui constituer des circonstances atténuantes, mais la perversité et l'intelligence de ce cerveau diabolique sont trop infâmants pour qu'on puissent se laisser aller à la compassion.

Extrait: ... "Mon enfant, mon fils est tout ce qui me reste", écrit-elle dans son livre de souvenirs. Tante Elisa souligne les possessifs, ajoutant ce commentaire terrible: 'Tchoun-Tchoun pourra toujours servir'...

(Tchoun-Tchoun étant son fils, l'auteur donc).



Ce livre permet de mieux comprendre ce que fût la mère de l'auteur qu'il présente dans "Rue des archives". Le personnage est réellement immonde! On comprend qu'il ait du mal à se débarrasser de ce fardeau qui pèse sur son existence et dans sa mémoire. Sidérant!

Note: 4.5/5

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Message  Isaby Jeu 22 Déc 2011 - 11:25

Michel del CASTILLO - La guitare
éd. point, 150 pages

4.5/5

Ce livre a été écrit en 1957. Il raconte l'histoire d'un enfant né monstrueux. Un nain bossu au nez écrasé. Rejeté de tous sauf de Gaixa, sa nourrice et servante, il deviendra, à force de mépris et d'incompréhension, l'être méchant dont tous s'attendaient qu'il soit. Il s'isole et développe un lien quasi amoureux avec sa guitare allant même jusqu'à lui donner le prénom d'une femme. Il fondera l'espoir d'être enfin compris par la voix de la musique. Ce court roman dont le style rappelle à la fois le récit et l'allégorie raconte le rejet, le mépris et la fatalité. Le style est particulier. L'auteur prend la voix du nain hideux et s'adresse directement au lecteur allant jusqu'à le questionner ou lui rappeller qu'il ne comprendra pas... Un petit bijou pour ceux qui ont envie de tenter un roman court dans un style différent.

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Message  lalyre Mar 18 Sep 2012 - 17:04

Mamita
Michel del Castillo
Livre de poche août 2012
444 pages
Michel del CASTILLO (Espagne/France) 51dl6d11
Quatrième de couverture
Pianiste virtuose et vieillissant, Xavier s'installe à Redwoods, sa maison du Vermont, pour préparer l'enregistrement de l'œuvre de Chopin. Au gré de ses déplacements entre le Vermont, New York et le studio de Boston, il rencontre Sarah Lowsky, riche, juive et pro-palestinienne, et Tim, jeune preneur de son et fervent admirateur. Chacun le renvoie à son douloureux passé : Marc, son compagnon mort du sida ; Mamita, sa mère dénaturée, son enfance ravagée. Par cercles concentriques de plus en plus étroits, il s'enfonce jusqu'au trou noir de la mémoire - le désamour et la trahison de son énigmatique Mamita.

Mon avis
La Mamita de Xavier fut-elle un monstre ? Xavier est devenu un pianiste virtuose de grande renommée, c’est lors d’un enregistrement de Nocturne de Chopin, qu’il revient dans sa maison du Vermont. Encore une fois les souvenirs affluent, Venant de loin, de son enfance malmenée, il tente de comprendre et démêler les raisons pour lesquelles sa Mamita l’a toujours laissé seul, était-ce bien ou mal pour l’enfant très jeune à cette époque ? Maintenant âgé de plus de soixante ans, il explore tout ce que dans son jeune âge fut mensonge, duplicité etc.. Car dés sa naissance il fut un enfant presqu’invisible et souvent oublié par sa mère indigne, cette Mamita qui durant la guerre civile en Espagne, ensuite pendant l’occupation, passa d’un camp à l’autre, n’hésitant à envoyer à la mort des êtres chers. Malgré son âge avancé, Xavier se débat toujours dans ses incertitudes et ses douleurs, il convoque les fantômes qui ont habité son passé, dont Marc qui a partagé sa vie et que la maladie a emporté. Heureusement il se réfugie dans la musique avec le piano comme compagnon car il est parfois pris de crise d’angoisse paralysante dont essaye de le sortir Sarah et le jeune Tim qui aimerait le voir fermer les portes de son passé. Un beau roman qui m’a souvent émue me posant la question….Faut-il pardonner ? 5/5
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Message  Pistoufle Sam 10 Juin 2023 - 4:45

Tanguy
Folio - 336 pages - mars 1996

Michel del CASTILLO (Espagne/France) CVT_Tanguy_5196


Quatrième de couverture : "Mon chéri, il va falloir que tu sois très fort. Ces “messieurs” vont nous emmener dans un camp. Quelqu'un nous a dénoncés. Mais tu ne dois pas avoir peur. Nous resterons ensemble." En dépit de la promesse faite par sa mère, c'est seul que Tanguy affrontera la faim, la peur et l'effroi du camp de concentration. Confronté aux tourments de l'histoire et à la barbarie des hommes, comment parviendra-t-il à survivre et à se construire ? Avec ce récit à mi-chemin entre le récit autobiographique et le roman d'apprentissage, Michel del Castillo offre le témoignage bouleversant d'un enfant sur l'une des périodes les plus sombres du XXe siècle.

Mon avis : difficile d'émettre un avis sur une telle autobiographie. L'histoire de cet auteur est terrible, à tel point qu'elle en devient presque incroyable, improbable. J'ai beaucoup aimé l'écriture, fluide et non dénuée d'humour, malgré les faits graves évoqués. Tout cela semble tellement irréel, que j'ai eu parfois du mal à entrer en empathie avec le personnage principal. Comment un enfant de 10 ans peut-il rester enfermé dans un camp de concentration, y survivre pendant 3 ans, sans que ses parents, libres, ne s'inquiètent de son devenir ? Sans parler du reste de son parcours plus que chaotique qui, miraculeusement, l'emmène à l'âge adulte (enfermé dans un camp de redressement, il ne doit sa survie qu'à son évasion et aux rencontre heureuses qu'il fera par la suite).
J'ai donc été touchée par ce parcours de vie extrêmement atypique et bouleversant. Mais sans savoir pourquoi (et c'est un regret) je n'ai pas été touchée plus que ça, bien que cette histoire soit atroce.
Je pense que pour mieux apprécier, a posteriori, ce roman il faudrait que je lise Rue des archives.

Ma note : 3,5/5
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