Zeruya SHALEV (Israël)

De : Claarabel2 Envoyé : 06/12/2005 20:01
Vie amoureuse - Zeruya Shalev


En rencontrant Arieh, l'ami de son père, qui a deux fois son âge, Ya'ara ignore encore qu'elle va bousiller sa vie en laissant libre cours à son attirance, son envie de lui. Séduite, elle guette un signe, un geste pour se jeter à corps perdu dans cette relation incohérente. Elle perd pied, elle néglige tout : son mari, sa famille, sa carrière, son amour propre... C'est le portrait d'une femme, amoureuse ?.. Plutôt indécise, attachée, intriguée et envoûtée. Sa passion pour cet homme, imparfait et grossier, est destructrice, mais Ya'ara le veut, lui et personne d'autre.


Je dois avouer que la seconde moitié du roman m'a complètement échappé. J'ai été agacée par les choix de Ya'ara que je trouvais inconsistante et inconséquente. Entre ses résolutions et ses actes, il n'y a pas de lien. La jeune femme suit son coeur - j'hésite ? Elle suit un besoin irrépressible, répond à une absurdité de son désir. Elle-même ignore pourquoi elle est si contradictoire.
Dans le fond, en approchant cet homme, elle se rapproche de ses parents, qu'elle saisit mal. Elle croit ainsi comprendre qu'ils lui cachent quelque chose. Mais avant de le découvrir, Ya'ara va s'user les nerfs, et honnêtement les nôtres avec, car sa valse d'hésitation et son manque de rigueur agacent.
Pourtant, l'auteur sauve son histoire grâce à son écriture, parfaitement maîtrisée, saisie au plus juste, trouvant le bon mot au bon moment, apportant une grâce au plus grotesque, plus graveleux des apparences ! Ce livre n'est sans doute pas le meilleur de Zeruya Shalev mais garantit son potentiel !

Traduit de l'hébreu. 350 pages.

3.5/5

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DOULEUR de Zeruya SHALEV

Résumé ( Gallimard )
Dix ans après avoir été blessée dans un attentat, Iris semble avoir surmonté le traumatisme. Malgré des douleurs persistantes, des problèmes avec ses enfants et un mariage de plus en plus fragile, la directrice d’école ambitieuse et la mère de famille engagée qu’elle est s’efforce de prouver qu’elle contrôle la situation.
Tout bascule cependant le jour où elle reconnaît, sous les traits d’un médecin qu'elle consulte, Ethan, son premier amour, qui l’avait brutalement quittée lorsqu’elle avait dix-sept ans. Dans un vertige sensuel et existentiel, Iris éprouve alors la tentation de faire revivre cette passion qu’elle croyait éteinte : et si une seconde chance se présentait à elle ?
Ce roman aussi puissant que subtil dévoile les séquelles que le passé peut laisser sur les corps et les esprits, tout en interrogeant notre capacité à faire des choix, au moment même où la vie nous renvoie à l’essentiel.



Mon avis :
 Le livre aurait même pu s'appeler Douleurs au pluriel ! Des douleurs physiques dues aux séquelles de l'attentat, à son corps abimé , des douleurs psychiques dues à son couple, à l'attentat, à la culpabilité, à une relation mère/fille qui n'est pas celle qu'elle aurait voulu, à ce premier amour qu'elle retrouve.

Que faire ? Comment faire des choix ? Ce conflit ma foi assez classique au sein d'un couple qui s'exprime peu, un peu usé par les difficultés de la vie, évolue au cours du livre. On suit les questionnements d'Iris sur sa vie de couple, sa vie de mère, sa vie de femme active dans Jérusalem.

On déambule aussi dans Tel Aviv où se trouve sa fille qui prend de plus en plus de place au sein de l'histoire.

De nombreux thèmes sont donc abordés : du couple à la religion, en passant par l'endoctrinement mais je n'en dirai pas plus...



J'ai parfois été un peu agacée par sa relation avec son amour de jeunesse Ethan, par ses hésitations. Mais malgré cela, c'est un superbe roman. Une plume délicate, pleine de finesse, les mots mis sur ces douleurs sont justes.



https://www.youtube.com/watch?v=YjxBP06FxRA : voici le lien de son interview à la grande Librairie.



Ma note : 4/5

Merci pour le lien ! J'avais offert ce roman à Lacazavent lors d'un swap et je l'avais noté pour le lire également .Il est toujours dans ma liste mais ton avis me donne envie .

DOULEUR
Zaruya Shalev
traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz
Folio - 451 pages - 2018



Le roman commence sur un triste anniversaire, celui de l’attentat terroriste dont a été victime Iris il y a dix ans, qui l’a gravement blessée, lui a laissé de nombreuses cicatrices et de grandes douleurs. Ce sont celles-ci qui l’amènent à consulter un célèbre médecin du centre anti-douleurs. Et, là, surprise, elle reconnait en ce médecin qui a modifié son nom, son grand amour de jeunesse, un homme qui l’a abandonnée du jour au lendemain il y a trente ans, sans explication, une rupture qui l’a complètement anéantie et dont elle a failli mourir. Une douleur de l’abandon qui la suit encore aujourd’hui.
Iris est mariée depuis vingt cinq ans, est mère de deux grands enfants et est une directrice d’école appréciée et très investie dans son métier. Cependant elle se lance à corps perdu, comme l’adolescente qu’elle était au moment de leur séparation, dans une nouvelle relation avec Ethan, son amour retrouvé, envisageant de tout laisser pour vivre avec cet homme qu’elle n’a pas cessé d’aimer. Elle est prête à tout pour cette aventure.

C’est à ce moment qu’elle apprend que sa fille, Alma, qui travaille comme serveuse dans une brasserie en attendant de poursuivre ses études, se trouve sous la coupe du patron, un homme inquiétant qui se dit le « maître » de ses employées et qui, sous couvert de formation à leur libération les fait travailler sans les payer et en exigeant d’elles une totale soumission.

Iris va tenter d’arracher sa fille à cette emprise toxique et en même temps va s’interroger sur sa relation avec son amant. Elle va certes culpabiliser, mais aussi s’interroger sur la personne même de l’homme qu’elle aime. Il lui semble qu’il ne s’intéresse à elle que par rapport à lui. Quand elle lui parle des problèmes de sa fille, il l’écoute à peine. Va-t-elle pour cet amour fusionnel qui est aussi « une prison » compromettre sa relation avec ses enfants et son mari, même si elle ne semble pas très amoureuse de lui. Cet homme qui au départ semble absent, absorbé par sa passion pour les échecs, se révèle au cours du roman plus fin qu’il n’apparaissait et pas dupe de l’attachement ancien qu’elle avait gardé pour son premier amour.

J’ai aimé la fine analyse que fait Zaruya Shalev de l’intime d’Iris et de sa soif de vivre et comment elle décortique les différentes douleurs de cette dernière, non seulement celles de son corps et celles de son amour d’autrefois, Ethan, auquel elle attribue le nom de Douleur sur son portable, mais aussi celles ressenties devant la situation de dépendance dans laquelle se trouve sa fille. Elle va tenter de sauver Alma de l’emprise dont elle est victime et des ficelles utilisées par le manipulateur qui l’emploie en mettant en question sa relation avec son amant, en prenant des distances avec ce dernier.
Un très beau roman servi par une belle écriture.

Zaruya Shalev a elle-même été victime d’un attentat et connait  le drame et les douleurs ressentis par Iris.

Note: 5/5

Merci Awara je le note