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Mariusz SZCZYGIEL (Pologne)

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Mariusz SZCZYGIEL (Pologne) Empty Mariusz SZCZYGIEL (Pologne)

Message  Philcabzi Mer 24 Déc 2008 - 2:49

De : lalyre7032 (Message d'origine) Envoyé : 2008-11-23 10:35
Gottland SczczyGiet Mariusz Actes/Sud 2008
280 P.
L'auteur propose une édifiante et passionnante plongée dans l'ancienne Tchécoslovaquie,il nous conte des histoires insolites de personnages de cette époque pas lointaine.Il nous raconte l'édification du plus grand monument de Staline et sa destruction huit ans plus tard,on apprend que lors de la construction de cette statue en granit qui mesurait trente mètres de haut,la longueur d'un pied faisait deux mètres,il y a eu des morts..Une autre chronique nous parle du grand succès d'une d'une vedette du cinéma tchèque dont Goebbels était tombé amoureux,de son expulsion du pays à la fin de la guerre .Dans une autre chronique ,une nièce de Franz Kafka qui veut absolument garder l'anonymat et pour cela emploie des subterfuges assez farfelus.Mais sur les seize histoires ,celle que j'ai le plus aimé est celle de la dynastie Bata,une vraie épopée...j'ai connu les magasins de chaussures Bata mais j'ignorais tout de l'histoire de cette industrie qui pris naissance à la fin du XlXème,une histoire que j'ai lu avec grand intérêt...D'autres petits contes cruels et caustiques accompagnent ces belles histoires de personnages et faits ayant existés.....
J'ai vraiment aimer ce livre magistralement écrit ou l'auteur,brosse sans ménagement la vie de certains personnages de ce pays.Ces histoires insolites m'ont intéressée par leur vraisemblance et je dis bravo à l'auteur pour sa recherche de documentations et ce sera un gros coup de coeur pour moi....5/5
Lalyre


De : lalyre7032 Envoyé : 2008-11-24 07:30
Suite à mon coup de coeur,voici ce que j'ai reçu de la représentante de chez Actes/Sud
coup de coeur pour "Gottland" - office de novembre


Bonsoir à tous,

Coup de cœur pour Gottland, le livre d’un écrivain encore inconnu par chez nous, et que l’on suivra ce mois-ci comme l’un des invités des Belles Etrangères, j’ai nommé Marius Szczygiel, que j’appellerai Marius Pinson (nom de l’auteur dans sa jolie traduction française, ce qui m’évite de vérifier la bonne orthographe du nom à chaque fois que je le cite).

Dans le Livres Hebdo du 31 octobre, en avant-critique, Alexandre Fillon écrit un article enthousiaste à propos de Gottland, concluant : « Romanesque en diable, Gottland est un voyage hivernal à entreprendre dans les plus brefs délais. »

L’auteur est un REMARQUABLE raconteur d’histoires ; sous le charme de sa plume, le lecteur s’empare de différentes destinées - célèbres ou ordinaires - sur un mode apparemment léger, et dans un contexte historique lourd qui nous mène en Tchécoslovaquie aux temps du nazisme et du communisme. Si l’auteur a le don de conter les histoires de tout un chacun, il a aussi le sens du récit de la grande Histoire, qu’il saisit pour nous en quelques coups de pinceaux rapides, visant terriblement juste.

Dans un premier temps, on pense que Marius Pinson nous montre qu’en temps de dictature il n’y a pas d’autres solutions pour survivre que de courber l’échine, que de se soumettre, telle une fatalité (« Un petit peuple qui veut survivre dans des conditions défavorables doit s’adapter » « L’héroïsme de notre époque, c’est de faire tout ce qu’on nous demande et ce qu’on exige de nous » et dans la bouche de la journaliste Milena Jasenska : « Le seul geste qu’auraient pu faire les hommes tchèques, le 15 mars 1939, eût été un acte suicidaire. Il est sans doute glorieux de verser son sang pour sa patrie dans un sursaut d’héroïsme. Je pense même que cela n’est pas bien difficile. Mais nous, nous devons agir différemment. Nous devons vivre. Nous devons épargner chaque être humain parmi les nôtres, chaque force vive, aussi petite soit-elle. Nous ne sommes pas assez nombreux pour nous permettre de faire des gestes héroïques. Nous sommes huit millions – c’est peu, trop peu pour commettre des suicides. Mais suffisamment pour vivre. ») MAIS … avec un art REDOUTABLE, par insinuations subtilement lâchées, émaillant le texte sans avoir l’air d’y toucher, Marius Pinson jette le trouble : car, ici il était possible de dire « non », là il était possible de réagir ou de s’opposer, ici encore il était possible de ne pas être complaisant par prudence, complaisant jusqu’à cesser, dans le quotidien, « de nous parler selon nos habitudes ! » : « ces petits compromis n’aboutissent-ils pas au final au grand renoncement ? »

Et si l’on voit l’horreur de ces systèmes qui broient les gens, Marius Pinson (subtil Pinson qui, toujours mine de rien, épingle le système capitaliste – voir son chapitre sur la dynastie Bata – ou les magazines people qui jettent en pâture des vies privées ; question à l’un de ces journalistes de magazine people : « Y a-t-il une différence entre vos méthodes (celles des magazines people) et celles des services de la sécurité ? ai-je demandé. Une différence capitale, a répondu un des journalistes. Premièrement nous satisfaisons la demande populaire, ce qui n’était nullement le cas de la police politique. Et deuxièmement, notre journal n’a rien à voir avec le communisme, nous faisons partie d’un consortium capitaliste suisse. » !?) montre aussi des hommes laminés, déshumanisés, qui finissent pour certains par crever de culpabilité de ne pas s’être conduits la tête haute, jusqu’à se suicider ou à changer d’identité pour mieux s’oublier… Je vous laisse découvrir ces histoires toutes plus attachantes les unes que les autres. L’une des forces de Marius Pinson est qu’il ne juge pas ses « héros », il fait sentir un certain air, il montre une complexité certaine.

Bref, vous l’avez compris, ce livre est le récit des ces « avenirs radieux » racontés par les victimes qu’ils ont engendrées, subtile radioscopie des totalitarismes, non dénuée d’humour, ici véritable politesse du désespoir ?

Un argument adjuvant : on peut rapprocher le propos de Gottland du magnifique film La vie des autres, l’histoire de cet homme de la Stasi qui finit par protéger le couple qu’il est chargé de surveiller, lui a redressé l’échine.

La dernière phrase de Gottland résume à merveille le propos du livre : nous sommes le 27 mars 2003 à la Comédie de Prague où est montée La métamorphose de Kafka. Marius Pinson nous dit : « Dans cette adaptation scénique, le problème du héros n’est pas tant de s’être transformé en cafard, mais plutôt de trouver un moyen de se rendre au travail dans cet état. » Tout est dit !?

Bonne lecture à vous !

Anne

PS Sont déjà prévus pour ce roman des articles dans Le Monde des Livres, Libération, Marianne.



Mariusz Szczygiel, Pologne
Mariusz Szczygiel est né en 1966 à Zlotoryja, en Pologne de l’ouest. Ecrivain et journaliste, il collabore à Gazeta Wyborcza et s’est rendu célèbre en particulier pour un reportage intitulé Reality retraçant le destin de Janina Turek qui nota scrupuleusement pendant toute sa vie ses moindres faits et gestes en omettant soigneusement tout événement qui pouvait avoir une portée historique. Amoureux de la Tchéquie où il réside une partie de l’année, il a publié en 2006, Gottland , une évocation « kafkaïenne » de ce pays à travers un mélange de nouvelles, de récits et de reportages. Le livre a obtenu le prix des libraires en Pologne en 2007.
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