-34%
Le deal à ne pas rater :
-34% LG OLED55B3 – TV OLED 4K 55″ 2023 – 100Hz HDR 10+, ...
919 € 1399 €
Voir le deal

Tristan EGOLF (Etats-Unis)

Aller en bas

Tristan EGOLF (Etats-Unis) Empty Tristan EGOLF (Etats-Unis)

Message  gallo Sam 1 Nov 2008 - 18:31

De : cuné (Message d'origine) Envoyé : 24/01/2005 14:24
Tristan EGOLF - Le seigneur des porcheries
Roman Gallimard NRF 421 p. Traduit de l'anglais par Remy Lambrechts

Roman épique et echevelé, Le seigneur des porcheries ne permet pas de sauter la moindre ligne, de lire en diagonale le moindre paragraphe; tout, il vous faudra tout lire de bout en bout, sous peine de râter quelque mot savoureux, quelque désignation du plus haut comique, de perdre une explication des évènements apocalyptiques qui s'enchainent... Et c'est exténuant !

Tout à fait ce genre de livre-tourbillon qui vous prend, vous mâche, vous disloque et vous rejette, épuisés, vaincus...

En très très résumé, on découvre ici l'histoire de John Kaltenbrunner, qui commencera comme créateur de basse-cour à 8 ans, pour finir par trouver la mort comme exutoire de la haine d'une petite bourgade du Midwest américain. Bourgade raciste, bigote, arriérée et terrible. Son histoire nous est narrée par ses derniers collègues, de détails en points minuscules, l'histoire d'une vie, absurde.

Si je reconnais bien des qualités à ce roman ébouriffant, j'ai bien peiné pour en venir à bout, trouvant particulièrement pénibles ces tournures incessantes du futur employé comme prédictions macabres. Truc devra se souvenir longtemps de... plus tard il devra en dire... etc... un certain emploi du présent aurait rendu la lecture plus facile !

Bref, il faut avoir envie de s'y plonger vraiment, c'est une oeuvre qui "demande" beaucoup au lecteur... Pour ma part le style m'a lassée assez vite, quoi que l'histoire soit réeellement extra-ordinaire !

En quelques sortes, ça a bien des points communs avec La malédiction Henderson, de David Adams Richards, sauf qu'ici c'est beaucoup plus factuel et détaillé.
3/5


De : Thomthom1293 Envoyé : 30/06/2005 10:46
Je ravive brièvement cette discussion un peu datée pour informer les personnes intéressées (et pas encore au courant) de la mort de Tristan Egolf, le 07 mai dernier. Information un peu passée sous silence, il faut l'avouer, ne fut-ce un bref article dans le Nouvel Obs. A 33 ans, cet écrivain aussi brillant que militant s'est tiré une balle dans la tete. Je n'ai pas l'intention de revenir sur sa courte bibliographie (j'ai posté une critique sur le "site officiel" et je vous incite donc à vous en informer dessus dès qu'elle sera dispo). juste préciser que son second roman "Kornwolf" sera disponible incessamment sous peu.


De : Thomthom1293 Envoyé : 01/07/2005 11:00
TRISTAN EGOLF

Tristan Egolf s’est suicidé le sept mai dernier, à l’âge de trente trois ans...mais qui était ce jeune homme ?
La question se pose, avec à la clé une petite présentation...car c’est bel et bien l’un des plus grand écrivains de ces dernières années qui vient de disparaître dans une indifférence quasi générale.
Sa carrière littéraire commence par une rencontre. Il a alors vingt six ans. Il joue de la guitare et chante en faisant la manche dans les rues de Paris.Une jeune femme passe par là...elle tombe sous le charme. Plutôt que de lui donner une pièce, elle ne peut résister à l’envie d’en savoir plus sur lui et lui offre un café. Ils nouent connaissance. Il s’appelle Tristan Egolf,est américain et vient d’arriver en France, où il espère pouvoir publier le roman que toutes les maisons d’éditions d’outre atlantique lui ont refusé. Or, il se trouve que la jeune femme n’est autre que la fille de...Patrick Modiano (il y a pire comme rencontre, non ?)! Elle le met immédiatement en relation avec Yann Queffelec, qui découvre un livre tellement puissant qu’il accepte de le traduire et de le publier.
"LE SEIGNEUR DES PORCHERIES", raconte le retour de John Kaltenbrunner dans sa ville natale. Le début du livre ressemble à une fiction terroir du samedi soir sur France 3 (admirablement écrite tout de même !). Très vite, on comprend que quelque chose ne tourne pas rond : il semble manigancer quelque chose. Et pour cause : victime de toutes les brimades et de toutes humiliations durant son enfance, John a bel et bien l'intention de se venger de ceux qui l’ont tant fait souffrir. Et met sur pied une incroyable machination.Le style est flamboyant, le personnage principal torturé et profond.
Sa duplicité est remarquable : John est un jeune homme drole, séduisant et sensé, tout en cachant un etre ravagé, gorgé de haine et de mépris pour les cul-terreux bas de plafond qui ont ruiné son enfance. De fait, il se met à semer la zizanie avec une réelle maestria...on ne déflorera pas l’intrigue, mais sachez seulement que le final est particulièrement grandiose !
On pense un peu au "NEEDFULL THINGS" de Stephen King, à "POP.1280"
de Jim Thomson , pour le côté destruction de la petite ville typique américaine - son quotidien - ses valeurs - ses petites hypocrisies. Surtout, il est impossible de ne pas penser à l’influence de Faulkner, dont Egolf se veut manifestement l’héritier : brouillage chronologique, art du portrait en filligrane...une influence majeure, certes, mais la rage d’Egolf n’appartient qu’à lui, et en fait un auteur unique en son genre...Enragé et militant, Egolf se fait très vite un nom dans le milieu littéraire, et parvient même à se faire publier dans son pays natal, où il finit enfin par acquérir un semblant de reconnaissance notamment via un conte de fée particulièrement malsain,"SKIRT & FIDDLE" (2002), quasiment introuvable en France. Cas unique dans l’histoire de la littérature, son roman est d’abord sorti en français en 1999 puis seulement un an après dans une v.o. ("LORD OF THE BARNYARDS") particulièrement savoureuse.
D’une certaine manière, c’est tout un symbole qui vient de voler en éclat : on en connait bien peu, de nos jours, des écrivains aussi insurgés à la ville qu’avec leur plume, n’hésitant pas à aparaître en public et à prendre des positions parfois risquées (et, on le sait, être militant d’extreme gauche dans un pays comme les Etats-unis est plus que risqué).

Son second roman, "KORNWOLF", devrait sortir incessamment sous peu.
gallo
gallo

Nombre de messages : 2598
Location : Pays-Bas
Date d'inscription : 29/10/2008

Revenir en haut Aller en bas

Tristan EGOLF (Etats-Unis) Empty Re: Tristan EGOLF (Etats-Unis)

Message  Invité Lun 10 Juin 2013 - 17:20

LE SEIGNEUR DES PORCHERIES
Le temps venu de tuer le veau gras et d’armer les justes

Folio, 600 p.


Ce roman raconte la vie de John Kaltenbrunner au sein de la bourgade de Baker.

Le seigneur des porcheries est un pur produit américain, dans le bon sens de l’expression. L’Amérique que dépeint Eglof est celle du midwest : la petite ville située dans un comté, les petites gens et les mœurs qui confinent pour la plupart à l’hypocrisie, à l’avarice, à la bigoterie, à l’intolérance, au mépris et à la vulgarité. Lorsque se dresse un individu brillant nourri de quelques ambitions et qui sort de fait de l’ordinaire, naturellement, il ne pourra que se mettre la communauté à dos. L’histoire et son propos sont alors proches du grand roman de JOHN KENNEDY TOOLE, la conjuration des imbéciles (difficile d’ailleurs de ne pas penser au destin funeste que les deux auteurs ont en commun), mais force est de reconnaître que les sentiments éprouvés à la lecture du Seigneur des porcheries sont plus sombres. En effet, Tristan Egolf ne cherche pas véritablement à nous faire rire, sans toutefois chercher à nous attendrir non plus. En prenant un proche du héros comme narrateur, Egolf crée une relative distance avec son héros. John apparaît au fur et à mesure comme un homme dénué de sentiments à l’exception du sentiment de vengeance qui l’anime dans toutes ses entreprises. Surtout il est montré comme étant la victime perpétuelle de la malchance.

La lecture du livre, comme il a été dit, est parfois laborieuse. Le roman est long (600 p.) et souffre d’un défaut parfois rebutant relatif à son rythme. Plus l’histoire évolue plus les évènements font l’objet de descriptions qu’elles soient antérieures ou postérieures à l’évènement en tant que tel. De fait, un certain sentiment d’étirement affecte le lecteur dans les 200 dernières pages. Mis à part ce problème de rythme, l’écriture en elle-même est particulièrement agréable malgré la longueur des phrases et des paragraphes (600p et aucun dialogue !). Le style d’Egolf est clair, précis et rigoureux. On peut féliciter le traducteur (Rémy Lambrechts).

3.5/5

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum