Jack LONDON - Martin Eden

Martin Eden

A propos de ce livre, je n'arrive pas à aboutir à un "j'ai aimé" ou "je n'ai pas aimé". Ce livre m'a énormément touché, par son histoire, par l'écriture. Quand un livre parvient à nous confronter à notre propre existence, quand on oublie l'analyse pour juste ressentir, c'est que la magie opère. J'admire les personnages tel que Martin Eden qui se fixent des objectifs et ne veulent pas en démordre jusqu'à les atteindre, malgré la société bien-pensante, malgré une famille récalcitrante, malgré la faim. J'admire la persévérance d'un homme qui s'est fait seul, qui prend conscience du monde qui l'entoure. Ce roman m'a confortée dans l'idée que le pire sentiment que l'on peut avoir face à la vie, c'est l'indifférence. Finalement, je pourrais dire "j'ai aimé le livre de Jack London", mais ça ne me satisferait pas totalement : me voilà face au dilemme de Martin Eden, comment trouver les mots justes pour dire justement ce qu'on ressent....J'en suis là avec ce livre.

Mais je ne dérogerai pas à la règle de la fameuse note : 5/5

Face à tant d'enthousiasme, je m'attendais à un chef d'œuvre incontournable. Le livre m'a plus, certains aspects sont interessants mais pas de coup de coeur. Je retrouve en fait les mêmes sentiments que face à Radieuse Aurore (j'ai même préféré Radieuse Aurore en raison du thème traité). Compte tenu des critiques précédentes plutot positives je vais me concentrer sur quelques points négatifs.

Nathalire a écrit : je dis pauvre Jack London d'avoir vécu pareil torture.

Certes, tout ce qui lui arrive n'est pas drôle, mais ce qui m'a marqué c'est le peu de modestie du personnage ! Les longs passages sur son génie incompris me gènent un peu. Si on prête ces props à Martin Eden, cela colle avec un personnage, c'est interessant. Mais dès lors qu'on pense qu'en réalité c'est Jack London qui les écrit et qu'il règle probablement ses comptes avec ceux qui n'ont pas cru à ses débuts, on est un peu mal à l'aise. Je serai curieux de savoir à quel personnage réel il pense lorsqu'il décrit son beau-frère, l'épicier avare qui le considère comme un moins que rien.

Les scènes où Martin s'entretient avec Ruth peuvent finir par paraitre cucul ou gnangnan... Garçon plein de récolte, il est (jusqu'à un certain moment) très conformiste avec Ruth même s'il ne ménage pas sa famille. Je trouve cela assez réaliste et la relation Martin/Belle famille est très contemporaine je trouve (on aime absolument pas le petit copain de sa fille mais on accepte résigné alors qu'il joue à l'apprenti révolutionnaire pendant le diner). Enravanche dès qu'il s'agit de parler d'amour, le texte n'est plus du tout actuel : des dialogues à n'en plus finir pour finalement même pas oser déclarer ses sentiments... Peut-être cela aussi est-il réaliste pour l'époque (pauvres jeunes gens du début du XXe siècle !) ?

Le livre reste tout de même un beau roman sur la jeunesse, sur l'apprentissage, la culture, contre les préjugés sociaux (j'adore le passage où Martin découvre que bonne société ne rime absolument pas avec grande culture) avec une dimension critique intéressante. On apprend beaucoup sur comment Jack London est devenu écrivain : on sent bien le vécu dans les multiples refus des magazines, la déception face au comportements gens une fois le succès survenu ("j'étais le même, j'avais déjà tout écris" : la phrase du bouquin, idée forte à méditer).

En revanche, l'auteur a un peu abuser des débats intellectuels de l'époque (philosophes etc.) : si certains noms m'étaient connus (Spencer par exemple) leurs théories restent floues dans ma tête : london aurait gagné à un discret rappel des enjeux. A l'époque j'imagine que ces débats étaient vifs et que la plupart des lecteurs percevaient bien la position de London face aux auteurs cités mais un siècle après, c'est moins aisé. Ce détail nuit à l'intemporalité de l'oeuvre.