Ace ATKINS (Etats-Unis)

Cute, n'est-ce pas !

Natif de l’Alabama, Ace Atkins, 37 ans, vit dans le comté d’Oxford, Mississipi, au pays de Faulkner. Ace a pratiqué le football en championnat, été un temps libraire, puis journaliste. Ses enquêtes criminelles dans le Tampa Tribune lui ont valu d’être nommé pour le Livingston Award et pour le prix Pulitzer en 2001.

Trois de ses livres ont été traduits en français, à date, chez Le Masque :

http://www.lemasque.com/auteurs/le-masque-auteur-000000035180-atkins-ace-biographie-bibliographie.html

A remarquer que "Blues Bar", le premier de ses livres traduit en français est le 3e de la série mettant en scène Nick Travers, prof. d'histoire du blues à l'université de Tulane.

Peu de choses se disent sur le net du côté francophone à propos de cet auteur mais je parie que dans une dizaine d'années il sera aussi connu qu'un James Lee Burke... dans le monde francophone. Car du côté des Etats-Unis, il semble être un auteur très apprécié et bien connu.

J'ai lu d'un interview sur un site anglophone que ses auteurs préférés sont : William Faulker, James Lee Burke, John Steinbeck et Salinger... Pas mal, n'est-ce pas, mais quoi ça compte "Dis moi ce que tu lis et je te dirai qui tu es!"

En tout cas, je suis tombée en amour livresque avec cet auteur. Ses passions, ses coups de coeur, ses coups de gueule transpirent dans "Bar blues".... et moi ça me rejoint.

Son site officiel : http://www.aceatkins.com/

Blues Bar
(Rivages/Noir, 2008, 505 pages)

Coup de coeur pour ce roman qui m'a ouvert les portes de la soul music du Sud. Bien plus qu'un polar c'est l'histoire du blues et avec une ambiance extraordinaire.

Clyde James, un chanteur de blues des années soixante, semble avoir disparu. On n'en entends plus parler. Certains croient qu'il s'est suicidé. Sa femme et un membre de son orchestre se sont faits descendre chez-lui voilà une trentaine d'années et depuis ce temps plus de nouvelles de Clyde. Loretta demande à Nick Travers, son grand ami, de l'aider à retrouver son frère. D'un autre côté, Abby, une jeune fille dont les parents se sont faits tués dans leur maison, se fait enlever par une bande de malfrats. Les deux affaires sont reliées...

Le hit de Clyde James : "The dark end of the street", en fait une chanson de James Carr nous suit tout au long. C'est le titre du livre dans sa version originale. Et ce roman est basé sur le meurtre de James Carr. Avec Nick Tavers, on découvre le soul. Et mon grand plaisir a été d'aller écouter toutes ces chansons sur "YouTube.com".

J'aime un roman policier en autant que le milieu social m'intéresse et ici c'est particulièrement le cas, que de choses passionnantes j'ai appris tout au long de ma lecture. La Nouvelle Orléans, Memphis, le blues, le soul, les casinos, sans-abris et on a même droit à une visite de Graceland avec un fan d'Elvis. Et c'est ce qui fait la grande force de ce polar, et l'ambiance n'est-ce pas ce qui fait la force de tous les polars, parce que finalement les enquêtes policières ça finit toutes par se ressembler. Quoique Ace Atkins a une intrigue profonde, riche, bien corsée comme on dit... et son personnage principal diffère de par ce qu'il est avec les policiers des autres auteurs :

"Ma spécialité consistait à enregistrer la tradition orale et à exhumer des informations sur des musiciens disparus ou oubliés depuis des lustres. Cela signifiait sillonner le Delta, Chicago ou encore certains recoins du Texas en quête d'actes de naissance remontant à un siècle, voire tenter de dénicher des gens qui auraient préféré demeurer cachés. Au sein des musicologues, j'appartenais à la catégories qu'il est convenu d'appeler les blues trackers - les chasseurs de blues."

Ace Atkins de par son héros, Nick Travers, se désole de la vie moderne, les grandes villes américaines du Sud qui sont devenues semblables à toutes celles d'Amérique. On retrouve ces mêmes idées chez d'autres auteurs américains, et ça me rejoint totalement. Les personnages sont bien décrits, Perfect est monstrueuse, on imagine très bien Jon en sosie d'Elvis Presley, Nick Travers est très sympa, et on a tellement envie d'aller prendre une bière chez Jojo's et d'écouter du blues, celui des années soixante.

Bref, j'ai énormément aimé ce roman.

Note : 5/5

je confirme, ça m'intéresse bien
merci MOUSS !

Ta critique me donne vraiment envie de découvrir ce polar, merci Mousseline!

Tampa Confidential

(Masque, 2008, 373 pages)

Ace Atkins fait renaître le Tampa Bay des années 50 alors que dans Ybor, le quartier latino de la ville, la mafia sicilienne et les Cubains faisaient la loi.

"Ybor, c'étaient des femmes à la peau mate, aux yeux verts et au cul généreux moulé dans des robes à fleurs qui tanguaient sur les trottoirs, le long des bijouteries et des éventaires de fleuristes ou de tabac de Broadway. C'étaient des hommes en canotiers, des enfants aux glaces dégoulinantes, des putes planquées dans les ruelles qui raillaient l'îlotier déambulant sur la grand-rue un cigare entre ses gros doigts.

C'était ça ce quartier : une symphonie de cha-cha-cha, de pêcheresses, de gamins au regard brillant qui vous ciraient vos godasses pour dix cents. Les lumières, la nuit, les odeurs de café torréfié autour du Naviera Mills, de haricots noirs devant Los Novedades."

Ace Atkins s'est basé sur l'histoire de Charlie Wall pour écrire ce roman. Charlie Wall était un ancien caïd de Tampa Bay qui s'est fait égorgé chez-lui le 18 avril 1955. Il a fait forture au temps de la prohibition et a popularisé et contrôlé la boleta (une loterie cubaine). Encore à 75 ans même s'il s'est retiré du milieu, Charlie imposait le respect dans la ville car son passé flotte encore sur les lieux. Pour les Latinos il était "White Shadow". Son meurtre secoue tout le monde.

On est entraîné de Tampa Bay à La Havane. De multiples personnages interviennent dans cette histoire. Des Siciliens, des Cubains, des enquêteurs, des journalistes et même Batista et Fidel Castro qui est venu faire des discours à Tampa Bay car on est à l'époque où Batista était au pouvoir à Cuba et Fidel Castro préparait la révolution. Et tout ça finalement est relié avec le meurtre de Charlie Wall. Des gens qu'on n'aimerait pas croiser sur sa route pour certains.

"Confidential Tampa" est bien davantage qu'un roman policier, on peut le voir en partie comme un roman historique car Ace Atkins met en scène des personnages qui ont réellement existé, des événements qui ont marqué la Floride, comment des Siciliens et Cubains ont été les maîtres d'une ville américaine.

On peut s'y perdre facilement dans les noms des multiples personnages (surtout avec les noms à consonnance italienne ou espagnole) ou de bars si on n'est pas attentif, ça peut être utile de prendre des notes du moins c'est ce que j'ai fait et ma lecture en a été alors bien plus satisfaisante tellement je pouvais mieux suivre chacun des protagonistes. L'intrigue est complexe, bien corsée et très riche, c'est tout à fait passionnant de suivre cette histoire de malfrats.

Un autre très bon roman de Ace Atkins!

Extrait :

"Ils étaient ressortis de l'audience sans craindre un instant les flics, les juges, les Fédéraux ni quoi que ce soit d'autre, parce que ces gens-là créaient leurs propres lois, leurs propres règles, et qu'Ybor n'était qu'un plateau de jeu grandeur nature pour eux."

Note : 4,5/5