Jhumpa LAHIRI (Etats-Unis)

Née à Londres et descendante d'une famille originaire du Bengale, Jhumpa Lahiri avait 3 ans quand ses parents se sont installés aux Etats-Unis. Bien qu'ayant grandi aux États-Unis, elle a toujours fait de longs séjours en Inde, en essayant de ne pas perdre de vue, tant dans la littérature que dans la vie, l'identité de sa famille d'origine. Diplômée en littérature anglaise à la Colombia University de New York, elle a complété ses études avec deux mastère d'écriture créative. En 1999, trois de ses nouvelles sont publiées dans la revue "The New Yorker", suscitant aussitôt un grand enthousiasme pour son écriture simple et douce et l'été suivant, elle entre dans la liste des "vingt meilleurs jeunes écrivains d'Amérique". Les thèmes de ses livres tournent toujours autour du problème de l'identité et de l'appartenance à une communauté géographique bien précise : "plus je grandis et plus je me rends compte que j'ai assimilé de mes parents la sensation d'être perpétuellement en exil". En 1999, elle débute avec un recueil de nouvelles : "L'interprète des maladies", avec lequel elle remporte de nombreux prix internationaux : le Pen/Hemingway (1999) et le prestigieux Prix Pulitzer (2000).

L'interprète des maladies

(Gallimard/Folio, 2003, 288 pages, Prix Pulitzer 2000)

La vie d'immigrants est l'un de mes thèmes de prédilection. Et je suis très bien servie ici. Je voulais absolument lire ce recueil de nouvelles car j'étais certaine d'aimer et mon intuition ne m'a pas trompée.

Des nouvelles (excepté deux d'entre elles) qui mettent toutes en scène des Indiens qui vivent aux Etats-Unis - la plupart des universitaires. Et en grande partie, ça se passe à Boston ou dans les environs.

Il y a cette famille indienne qui reçoit tous les soirs un homme du Pakistan qui a obtenu une bourse pour un an d'étude aux Etats-Unis. Cet homme a laissé sa famille dernière lui alors que le Pakistan est pratiquement en guerre. Lilia, fillette de dix ans de la famille, devine l'angoisse de l'inquiétude de cet homme qui à un moment donné est sans nouvelles des siens. Tout ce qu'il reçoit comme nouvelles vient de la télé américaine - chaque soir il suit, avec le couple, les actualités. Et les images sont loin d'être rassurantes. Jhumpa Lahiri nous fait très bien percevoir les émotions et états d'âme des différents personnages.

Dans une autre nouvelle c'est une famille qui fait du tourisme en Inde. Les grands-parents sont indiens, les parents eux sont nés aux Etats-Unis et ils n'ont pas grand chose d'indien. Le guide s'étonne de leurs habitudes familiales. Ils sont des étrangers en Inde.

Il est aussi question d'une jeune Américaine qui a un amant indien, un homme marié.

Dans "Le troisième et dernier continent", c'est un homme qui a d'abord quitté l'Inde pour Londres puis un emploi l'amène au Massachussets, en même temps il se marie (mariage arrangé) en Inde, sa femme viendra le retrouver plus tard. On suit ses premiers pas en Amérique. Peu à peu il apprivoise sa logeuse, une vieille dame de 103 ans, et peu à peu il a apprendra à vivre avec sa femme, une femme qu'il ne connaît pas.

A vous de découvrir les cinq autres nouvelles qui forment ce recueil.

Une touche différente, une écriture un peu distancée mais sensible et des personnages n'ont pas ou peu de problèmes d'adaptation, dans un pays étranger. Ils sont heureux ou finissent par l'être du moins ceux qui vivent aux Etats-Unis (pour les nouvelles se déroulant en Inde, c'est autre chose). Il y a quelque chose de doux chez les personnages. Ils ont des amis indiens mais aussi des amis américains. On croit alors qu'il est possible de vivre tous ensemble harmonieusement peu importe ses origines. Probablement que tant d'optimisme provient d'une expérience personnelle positive de la part de l'auteure. Elle m'a fait aimer ses personnages, ça donne envie de les croiser à quelque part, ces femmes avec de beaux saris chatoyants, ces hommes qui ont étudié longtemps afin de se tailler une place dans la société américaine. Et malgré qu'on soit en Amérique les saveurs et les couleurs de l'Inde y sont.

Bref, un excellent recueil de nouvelles.

Note :
4,5/5

L’interprète des maladies de Jhumpa Lahiri

J’ai vraiment apprécié de découvrir ces tranches de vie d’immigrés indiens ou d’indiens (Deux nouvelles se passant en Inde : Un vrai durwan et Le traitement de Bibi Haldar). On découvre ces gens et leur entourage en suivant leurs pensées. J’ai vraiment accroché à toutes les nouvelles même si j’ai un peu moins aimé la dernière. On ne suit qu’une partie de leur vie pour la plupart, on n’est pas gênés de les quitter si vite même si on voudrait connaître toute leur vie. On s’attache vite mais on fait partie de leur vie puis on les quitte.

La culture indienne est très présente dans chacune des nouvelles malgré le décalage avec leur nouveau pays. Dans celles se passant en Inde, on remarque que les gens vont souvent dans le même sens de pensée que ce soit pour aider ou pour dénigrer. Est-ce souvent le cas ?

C’est rare, mais j’ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles !

Note : 4.75/5

l'interprète des maladies

une très belle découverte que ces nouvelles de Jhumpa Lahiri, Merci Mousseline et Shan-Ze.
chacune m'a plu et émue....
quelle richesse que ces vies d'immigrés, c'est toujours un regard neuf sur notre quotidien.
la langue est simple, fluide,
ce sont des merveilles de nouvelles: la nouvelle, c'est un peu comme l'aquarelle...tout doit y être, mais vite posé avant que cela ne sèche....

4.5/5