Ilia MITROFANOV (Russie)

Né aux confins de la Moldavie et de la Roumanie en 1946, Ilia Mitrofanov décrit la vie d'une région qu'il connait intimement. Russe ethnique, il parle le roumain et le tsigane. Il était pêcheur, tonnelier puis soudeur avant de devenir écrivain. Sa prose populaire, transparente, recouvre en fait une profonde réflexion sur les réalités soviétiques. Publié dans la revue littéraire Znamia en 1991, Le bonheur tsigane lui a valu une célébrité immédiate.


LE BONHEUR TSIGANE
Editions du Rocher, 1992, 167p



Résumé : Sabine est une jeune femme tsigane de Bessarabie. Elle nous raconte l'histoire de sa vie, de son enfance à l'âge de jeune adulte. De toute cette vie, Sabine n'a guère connu que "le bonheur tsigane", une antiphrase encore très courante en russe qui signifie "la malchance". Après une enfance difficile, elle s'enfuit de chez elle et travaille dans une boulangerie. Elle rencontre alors Bogdan, un peintre à l'âme torturée dont elle tombe éperdument amoureuse.

Mon avis : Ce qui est superbe dans ce récit, c'est l'écriture. La narration est très poétique, légère, presque musicale par moments. La description des tableaux de Bogdan est tellement bien rendue que j'avais l'impression d'avoir ces tableaux sous les yeux.
L'autre point fort du roman, c'est le personnage de Sabine, jeune femme au coeur pur, à l'âme innocente, prête à tout pour celui qu'elle aime. Ses choix d'abord guidés par la nécessité de survivre dans son enfance, seront après sa rencontre avec Bogdan, totalement dépendants de la nécessité de le rendre heureux avant tout, et avant elle-même.
Le roman offre en outre une critique du système soviétique à travers les observations, parfois naïves, de Sabine, ce qui est rend la critique d'autant plus efficace et met l'accent sur les souffrances individuelles causées par un tel système et, bien sûr, les dérives.
Un roman très fort, à relire, avec des dialogues très vifs et souvent drôles (dans le sens cocasse) car Sabine a beaucoup de répartie.

C'est complètement par hasard que j'ai aperçu ce roman dans les rayons de la bibliothèque et, en faisant des recherches sur google, je m'aperçois qu'il est maintenant indisponible (mais on peut le trouver en occasion je pense), que la bibliothèque de Lyon ne l'a pas (!) et qu'il n'y en a que 2 exemplaires dans celle de Grenoble... J'imagine donc qu'il sera difficile à trouver... Si vous avez la chance de tomber dessus, n'hésitez pas ! C'est vraiment un livre que je voudrais avoir dans ma bibliothèque personnelle pour le relire un jour.

Un extrait :
J'ai couru à la gare faire une nouvelle affaire. J'allais chercher la chance. Je ne savais pas que je n'en aurais pas. Le vent léger de la chance était tombé. Il avait replié ses ailes. Et mon coeur n'avait rien senti. Je pensais à Bogdan. Je ne pensais pas à moi-même. Je courais, je ne pensais qu'à lui.

Ma note : 5/5

Ce n'est pas une très bonne mâtiné pour ma lal, elle augmente à chaque critique que je lis !
Même s'il est difficile à trouver, je le note quand même, on ne sait jamais.

Ta critique est superbe, Ysla, je le note dans ma LAL ! (Même si ça va être dur de mettre la main dessus si la bibliothèque de Lyon ne l'a pas ! Mais sait-on jamais.)