Norbert CASTERET (France)

Norbert Casteret (1897-1987) est un célèbre spéléologue français. Né en Haute Garonne, il s'intéresse dès l'enfance aux grottes de sa région. Il contribue à la découverte de nombreuses grottes et abîmes en France et dans le monde et poursuit les travaux d'explorations d'autres spéléologues de la précédente génération (E-A Martel, de Joly). Il met à jour des vestiges préhistoriques : statues, peintures, et contribue à la connaissance des moeurs des chauves-souris.
La qualité de son écriture lui valent de nombreuses distinctions. Il est l'auteur d'une cinquantaine d'ouvrages sur la spéléologie, de récits et de travaux : Dix ans sous terre, Au fond des gouffres, Mes cavernes...

Mes Cavernes
Norbert Casteret
Librairie Académique Perrin
1940
277 pages

Résumé :

Norbert Casteret présente ici le récit de plusieurs de ses explorations : la rivière de Labouiche et des gouffres dans le pays basque. Il décrit le caractère difficile de ses progressions souterraines, les siphons qui arrêtent la progression du radeau, les chatières qu'il faut agrandir... mais toujours derrière les passages les plus rudes se révèlent à l'explorateur persévérant les plus belles cavernes, les plus formidables concrétions.
La dernière partie du livre est consacrée à des observations de chauves-souris, dont à l'époque les moeurs sont inconnus. Il compte des chauves-souris dans une grotte, étudie leur sortie à la nuit, leurs migrations, et leur capacité à retrouver la grotte lorsqu'il les relâche à grande distance.
De nombreuses photographies se trouvent dans le livre.

Mon avis :

La spéléologie est une science qui m'intéresse, bien que le sous-sol
granitique de la Bretagne s'y oppose totalement, par les visites que
j'ai pu faire au cours de séjours touristiques, d'initiations à la
spéléologie pendant des colonies de vacances, et par les parties
consacrées aux grottes de vieux guide touristiques.
Les noms de Joly, Martel m'étaient ainsi familiers, mais je n'avais
jamais vu le nom de Casteret qui pourtant semble l'un des pères de cette
science. Jusqu'à ce que je tombe sur un de ses livres, voilà quelques
jours, dans une caisse de brocante....
J'ai dévoré ce livre, d'une belle écriture qui passionne aussitôt le lecteur. Ce récit est dans la ligne des récits scientifiques du XIXe siècle avec les belles phrases de leurs auteurs. Les explorations de Casteret sont racontées sans précision technique pouvant lasser, et immergent aussitôt dans le milieu des cavernes. Casteret n'hésite pas à employer l'humour et se tourner en dérision lors de certaines difficultés.
Le milieu du livre fait l'inventaire des cavités remarquables, puis décrit le matériel du spéléologue. Ces parties sont assez courtes, loin de l'encyclopédie fastidieuse.
L'observation des chauves-souris est un vrai petit bijou. Casteret mène une expérience d'observation, avec peu de moyens, seul et sur sa propre initiative amatrice, au seuil d'une grotte où il a compté les chiroptères. A l'époque on en savait bien peu, par exemple Casteret pense qu'elles chassent les insectes en les gobant bêtement en vol au hasard, non qu'ils utilisent un sonar, et n'explique pas comment ils évitent les obstacles : "cela tient du prodige et ne peut relever que d'un sixième sens mystérieux" !
Il compte les sorties des chauves-souris, et donne une explication très intelligente sur le rythme de leur sortie. Ce journal d'exploration, au cours d'une nuit passée dans les Pyrénées, est magnifique.

Je suis heureux que le hasard m'ait fait découvrir cet auteur, Mes Cavernes a été un véritable coup de coeur, si bien que j'ai commandé Dix ans sous terre et Au fond des gouffres qu'il me tarde de recevoir.
Ses ouvrages sont épuisés, mais on peut les trouver toutefois facilement sur internet.



Note : 5/5

Ah, Casteret ! Que de beaux souvenirs de lecture de mon adolescence ! Je comprends ton enthousiasme, Docguillaume, à la lecture de ce classique de la spéléo. Voilà encore un auteur qui mériterait d'être réédité car il est à l'origine de nombreuses vocations de spéléologues.

Merci de ton avis Franillon !

J'ai commencé la lecture de son premier récit, Dix ans sous terre, avec le même ravissement !
La découverte de la grotte de Montespan est stupéfiante par l'audace de Casteret, qui plonge en apnée dans un siphon, sans lumière et sans savoir l'étendue de la galerie ennoyée
Si Casteret a écrit près de 50 livres, il y a heureusement un bon tas de livres encore à découvrir. Je n'aurais pu rester sur ma faim de cavernes après le premier livre

Dix ans sous terre
Norbert Casteret
1934
Librairie Académique Perrin
314 pages

Dix ans sous terre est le premier de la longue liste d'ouvrages publiés par ce spéléologue. En 1934, Norbert Casteret est déjà un explorateur célèbre par ses découvertes, si bien que l'illustre E-A Martel préface l'ouvrage.

Les plus vieilles statues du monde. En 1922, Norbert Casteret s'engage dans la galerie d'une résurgence, à Montespan (Haute-Garonne). Il tombe sur un siphon, dont il ose traverser les eaux glacées en apnée, dans le noir complet, ignorant tout de la longueur de la galerie noyée ! Il franchit le siphon, fait surface dans le noir, avant de faire aussitôt demi-tour. Il revient avec des bougies et des allumettes conservées à l'abri de l'eau, et remonte le cours d'eau souterrain sur 1500 m.En 1923, il découvre dans une galerie asséchée des statues d'animaux moulées en argile datant de -20 000 ans. C'est une des découvertes préhistoriques majeures de l'époque.

Norbert Casteret raconte ensuite la découverte de gravures préhistoriques dans la grotte pyrénéenne de Labastide.

La magie préhistorique. Cet exposé présente les gravures et peintures préhistoriques connues à l'époque, et Casteret théorise sur leur signification.

La grande faune disparue. Casteret présente les animaux préhistoriques dont on peut découvrir les os dans les cavernes : bisons, mammouths, hyènes... L 'étude de l'ours des cavernes est très intéressante car Casteret nous apprend que cet animal s'enfonçait aussi loin que possible dans les grottes, qu'il explorait toutes entières, tombant parfois dans des gouffres où les spéléologues retrouvent les caracasses.

Sous terre. On retrouve les explorations de Casteret. La description prodigieuse de la grotte glacée Casteret tout d'abord, avec ses lacs et cascades d'eaux gelées. Puis la rivière souterraine d'Izaut. Enfin la grotte de Cagire.

Découverte de la vraie source de la Garonne.

Casteret prouve que dans les Pyrénées espagnoles les eaux d'un torrent qui disparaissent sous terre dans le Trou du Toro refont surface à 4 km de là dans la plus grande résurgence d'Europe, le Goueuil du Jouéou. Cette communication était admise dans la région par la légende, mais fut réfutée par un scientifique en 1897 pour lequel il était impossible que les eaux franchissent la ligne du partage des eaux d'Europe, passant du bassin versant de la Méditerranée à celui de l'Atlantique. Une coloration des eaux prouve la communication, et donc l'origine des eaux de la Garonne, et sauve cette dernière d'un grand péril puisqu'il était prévue de détourner les eaux du Trou du Toro pour une centrale hydroélectrique.

Mon avis :

Déjà conquis par Mes cavernes, j'ai savouré ce livre de ce spéléologue qui devient l'une de mes plus belles découvertes littéraires. L'exploration solitaire de la grotte de Montespan est stupéfiante par son audace, avec la précarité des moyens de l'époque : caleçon de bain, bougies et allumettes ! Les récits de la rivière d'Izaut et celui de la grotte de Cagire sont également passionnants et se dégustent avec plaisir. Ils mentionnent quantité d'anecdotes, des descriptions fabuleuses, des difficultés vaincues qu'il serait difficile de présenter ici hors de leur contexte.... Des failles que désobstruent Casteret, des charniers de cadavres animaux au fond d'avens où il trouve les traces d'un chien tombé vivant...
L'exposé sur les peintures rupestres avec les théories de Casteret, demandant d'être actualisées avec les connaissances actuelles, est intéressant. En effet, Casteret est non seulement un spéléologue mais également un préhistorien... Il écrit quelques passages sur un site de fouilles. J'ai beaucoup aimé la partie sur l'ours des cavernes qui se révèle être un animal fascinant par ses moeurs souterrains.
Enfin, la preuve scientifique de l'origine de la Garonne, sans doute le plus grand fait de Casteret, clôt en beauté le livre.
Encore un coup de coeur, heureusement qu'une quarantaine d'ouvrages comme celui-ci m'attend encore !

Note : 5/5

On peut trouver ici http://speleoclpa.free.fr/depot/norbert%20casteret.pdf une présentation de la vie de Norbert Casteret par sa fille, avec de nombreuses photos de la collection personnelle de l'auteur (pour certaines incluses dans les livres) et des extraits.


Voici 9 ouvrages de Casteret que j'ai pu rassembler à ce jour





La liste de ses oeuvres est à la mesure des centaines de cavernes qu'il indique avoir visitées

• Dix ans sous terre, Perrin, 1933
  
• Au fond des gouffres, Perrin, 1936
  
• Mes cavernes, Perrin, 1940
  
• En rampant, Perrin, 1943
  
• Martel, explorateur du monde souterrain, Gallimard, 1943
  
• Paysages souterrains (album), Arthaud, 1943
  
• La Terre ardente (roman d'aventures), Didier, 1945
  
• Une vie de chauve-souris (roman), Didier, 1945. Rééd. sous le
  titre Mémoires d'une chauve-souris, Perrin, 1961
  
• La Longue Course (roman sportif), Didier, 1946
  
• Histoires au-dessous de tout (anecdotes spéléologiques),
  Didier, 1947. Rééd. Denoël, 1979
  
• Exploration, Perrin, 1949
  
• Ce que j'ai vu sous terre (album), Arthaud, 1949
  
• Profondeurs, Perrin, 1949
  
• Ténèbres, Perrin, 1952
  
• Dans les glaces souterraines les plus élevées du monde
  (album), Perrin, 1953
  
• Trente ans sous terre, Perrin, 1954
  
• Sondeurs d'abîmes, Perrin, 1955
  
• Au pays des eaux folles, Perrin, 1958
  
• L'Appel des gouffres, Perrin, 1959
  
• Ma vie souterraine, Flammarion, 1961. Rééd. Rombaldi, 1966
  
• Aventures sous-terre, Perrin, 3 vol. (vol. 1: Flambeau au
  poing, 1961 ; vol. 2 : Abîmes et cavernes, 1961 ; vol. 3 : Profondeurs,
  1962)
  
• Secrets et merveilles du monde souterrain, Perrin, 1966
  
• La Montagne creuse (roman), Gérard, 1962
  
• Les Cailloux du Petit Poucet (souvenirs), Perrin, 1963
  
• Mission centre terre (roman), Perrin, 1964
  
• Un demi-siècle sous terre (extraits réédités), Éditions G.P.,
  1965
  
• Muta, fille des cavernes (roman préhistorique), Perrin, 1965
  
• Dans la nuit des temps (roman préhistorique), Perrin, 1966
  
• Les Pierres qui parlent (vulgarisation géologique), Perrin,
  1967
  
• Ma spéléologie de A à Z, Perrin, 1968
  
• Dans la nuit des cavernes (récits imaginaires), Nathan, 1970
  
• Les Grandes Heures de la spéléologie, Perrin, 1973
  
• Aventures sous terre (extraits réédités), Gallimard, 1975
  
• Sous terre, Marabout Junior, n^o 2
  
• La Grotte tabou (récits imaginaires), Perrin, 1982
  
• Norbert Casteret raconte, Éditions Privat, 1984
  

Eh bien, Docguillaume, je crois que tu vas passer de bons moments. Mais au fait, tu fais toi-même de la spéléo, ou bien c'est seulement dans les livres ?

J'ai fait une fois une initiation en Savoie, mais je ne pratique pas du tout la spéléologie. En Bretagne, le terrain granitique, imperméable, n'offre aucune caverne ! Par contre à une heure de Rennes se trouve en Mayenne un terrain calcaire présentant plusieurs grottes, les grottes de Saulges, certaines ornées de peintures rupestres témoignant d'un riche passé archéologique, il faudrait à l'occasion que j'aille y faire un tour.

Franillon comme tu as lu Casteret tu es d'accord qu'il n'y a nul besoin de pratiquer la spéléologie pour lire Casteret, ses ouvrages ne se destinent uniquement pas à un public averti qui chercherait une documentation technique, mais surtout au profane. Je trouve passionnant ces récits d'explorations sous terre, sublimée par l'écriture de Casteret. Moi qui ne lisait que des romans j'ai bien aimé découvrir les récits d'explorations si bien que je commence à toucher à d'autres domaines comme Cousteau et la plongée sous-marine.

Il faudrait ouvrir une discussion pour recenser les récits d'exploration, il y a certainement quantité d'oeuvres passionnantes à lire !

Tout à fait vrai, des récits d'exploration il y en a dans tous les domaines, tous plus passionnants les uns que les autres, et instructifs en même temps. A l'opposé de la spéléo et de l'exploration sous-marine, il y a les volcans. Dans ce domaine, les ouvrages d'Haroun Tazief sont intéressants. Et à propos de l'exploration sous-marine, je te conseille vivement Bathyfolages, de Théodore Monod, dans lequel il raconte les premiers essais du bathyscaphe avec le professeur Piccard. La première édition, qui date d'avant guerre, est assez difficile à trouver, mais je crois qu'il a été réédité il y a quelques années.
Là, je viens de commencer la lecture du Dictionnaire amoureux des explorateurs, de Michel Lebris. Un peu plus de mille pages, un livre qui ouvre d'innombrables horizons sur d'autres livres à lire. C'est inépuisable.

J'avais noté Tazieff dans mes prochaines lectures, il a également écrit un récit de spéléo Le Gouffre de la Pierre Saint-Martin.

Au fond des gouffres
Norbert Casteret
Librairie Académique Perrin
1941
293 pages


Ce deuxième récit de Casteret s'ouvre par ses toutes premières explorations à l'origine de sa vocation de spéléologue : la grotte de Montsaunès, à 3km du grenier familial où il apprend l'existence par une vieille brochure paléontologique. Puis c'est son premier gouffre, précédemment exploré par E-A Martel dans lequel il s'introduit.
La majeure partie du livre est consacré à l'une des découvertes majeures de Casteret, la grotte de la Cigalère en Ariège où se trouve des salles aux concrétions et cristallisations exceptionnelles. Casteret y pénètre alors qu'il a été chargé par une compagnie d'hydroélectricité de mettre à jour le cours souterrain d'un torrent. En cherchant autour de la perte du cours d'eau, il s'introduit dans un gouffre qui se révèle être le plus profond de France, qu'il baptise Gouffre Martel.
Casteret présente ensuite ses explorations spéléologiques dans le Moyen-Atlas, où il met à jour des cavités intéressantes.
La seconde partie du livre expose le parcours de l'eau souterraine, la formations des diverses concrétions, la faune cavernicole (chauves-souris, etc...). Il est également questions de curieux phénomènes souterrains (eau qui parle, fontaines pétrifiantes..) et des légendes rapportées aux cavernes depuis l'Antiquité.

En rampant
Norbert Casteret
1943
Librairie Académique Perrin

Cet autre ouvrage de Casteret s'ouvre par une douloureuse introduction à la mémoire de sa femme Elisabeth Casteret morte en couches en mai 1940, et qui l'accompagna dans nombreuses de ses explorations.
Après deux parties consacrées à au parcours du gouffre-grotte d'Esaparos et de la rivière souterraine d'Alliou, on trouve ensuite d'intéressantes choses sur le rôle qu'on pu jouer des enfants ou adolescents dans la découverte de sites spéléologiques ou préhistoriques de première importante comme Lascaux.
Un chapitre certainement inédit est consacré à l'exploration de la grotte de Lourdes. Casteret parvient à contourner une galerie réputée impénétrable et à poursuivre l'exploration plus loin jusqu'à présenter dans le livre un plan de la grotte. Cet exposé d'un lieu où la présence d'un spéléologue paraît saugrenue ou même sembler être sacrilège, est très intéressant et l'on apprend beaucoup de choses sur le site : la statue de la Vierge et la pierre étrange, dite sacrificielle, qui se trouve derrière, le fait que la grotte était autrefois inondée... L'auteur poursuit sur les grottes religieuses en décrivant tous les lieux souterrains autour de la vie de Jésus (grotte de la Nativité, Saint-Sépulcre).