Jean-Philippe STAASEN

De :Mousseliine (Message d'origine) Envoyé : 04/05/2004 18:50

Déogratias
(Aire Libre, 2000)

Voilà un album qu'il fait plaisir d'avoir dans sa bibliothèque, je dirais même un indispensable!

L'histoire se passe au Rwanda, avant, pendant et après le génocide. Déogratias est un jeune rwandais hutu qui vit dans un village, il est insouciant, il court les filles. Il est très proche de deux jeunes filles, deux soeurs tutsi. Durant le génocide il s'est vu entraîner malgré lui à commettre des actes qui marqueront sa vie à jamais...

L'auteur ne suit pas l'ordre chronologique, c'est un va-et-vient entre le passé et le présent, c'est un procédé qui donne un récit très original et qui souligne d'une façon saississante les conséquences du génocide. Stassen dénonce le colonialisme, l'attitude des blancs, les médias et etc. A chaque lecture, on découvre quelque chose de différent qu'on n'avait pas vu les autres fois.

Les dessins sont magnifiques, criant de vérité, les yeux des personnages parlent d'eux-mêmes.

Un court extrait:

"Ici, nous n'avons pas d'or, pas de cuivre, pas de diamants mais nous avons des blancs. Il suffit de se baisser pour ramasser l'argent qui tombe de leurs poches... le problème, c'est précisément que nous avons à nous baisser."

Note : 5/5

Jean-Philippe Stassen est né le 14 mars 1966 à Liège. Sa bibliographe témoigne de son engagement et de son amour pour le continent africain. Il rencontre Guy Delcourt qui finance son séjour en Afrique. Jean-Philippe Stassen y recueille une foule de témoignages et de récits du génocide et de ses suites qui va donner Déogratias. De ces carnets naît aussi Pawa, véritable reportage sur le terrain miné du Burundi. Stassen dénonce avec éloquence les multiples souffrances du continent noir.

De : Friisette Envoyé : 15/05/2004 19:09

Les enfants

4.5/5

Encore une fois une BD qui passe un message sans toutefois nous faire la leçon.

Ici on aborde la situation des enfants africains issus de pays en guerre. Des enfants qui se retrouvent dans les foyers d'organisations humanitaires internationales qui tentent de les aider... à leur façon occidentale. Ces enfants ont des séquelles: maux de tête lorsque le ton hausse, comportements bizarroïdes, etc. Mais surtout on nous fait voir qu'en voulant aider ces jeunes à notre façon, on ne les aide pas nécessairement ou du moins qu'ils ne le perçoivent pas comme de l'aide. Que ces enfants malgré leurs comportements adultes, sont quand même encore des enfants.

L'auteur nous montre aussi la corruption qui s'est installée dans ces pays, la violence souterraine, les drames cachés.

Bref encore une fois, c'est une BD qui dénonce sans montrer du doigt. On nous laisse assimiler les informations et conclure par nous même.

Les dessins sont toujours aussi intéressants, les émotions sont trè visibles pour chacun des personnages.

Jean-Philippe Stassen a vraiment beaucoup de talent! À lire!

De : Cocotte8017 Envoyé : 09/08/2005 02:55

Déogratias

Déogratias est un jeune hutu pris de folie qui a peur de la nuit et se prend parfois pour un chien. Il déambule dans les rues du Rwanda en quête d'Urwagwa, une bière de banane, dans le but d'oublier. Et pourtant avant le génocide, Déogratias était un jeune rwandais comme les autres, ami de Benigne et amoureux d'Apollinaire, deus soeurs tutsi.

C'est une BD vraiment magnifique. La structure est originale de par la non linéarité de l'histoire. L'auteur alterne entre les situations avant et après le génocide. Au départ, j'ai eu un peu de difficulté à me situer. Le tout s'est vite replacé par la suite, mais j'ai eu l'impression de manquer des bouts. C'est pourquoi la dernière page lue, j'ai recommencé ma lecture! Et là, ce fut un coup de coeur géant pour cette leçon d'humanité que nous livre Jean-Phiippe Stassen. Par cette histoire et ces jolies illustrations, l'auteur dénonce sans tomber dans la moralité l'absurdité et les conséquences de ce drame. J'en suis restée avec un énorme sentiment de désolation...

Un album émouvant que je vous recommande chaudement!

Ma note : 5/5

De : grenouille Envoyé : 14/08/2005 14:03

Louis le portugais
Scénario et illustrations : Stassen. 1996, Dupuis. Aire libre.

Histoire : l'histoire semble se dérouler en France dans un quartier populaire et rassemble une bande d'amis d'origines culturelles diverses. Ils "vivotent" comme ils peuvent entre les huissiers, le deal de drogues et les petites arnaques. Leur lieu de réunion : un bar, "aux bons enfants". L'un d'eux, Louis le portugais parle de son lointain pays et rêve d'y retourner.. mais est-il vraiment portugais? Entre premiers pas dans la vie (sexualité, petits boulots, préparations de mauvais coups..) et adaptation au système occidental (telle cette mama qui achète tout à crédit et va se réapprovisionner en objets de rêve occidental dès que les huissiers en saisissent un chez elle), ces garçons paumés sont assez mal partis...
Illustrations : un graphisme simple, expressif ; un peu naïf mais toujours sympathique à regarder. Il s'accorde bien à ces personnages un peu délavés qui courent après la vie.

Note : 2,5/5

De : grenouille Envoyé : 24/08/2005 14:16

Les enfants

L'histoire : un groupe d'enfants erre dans une petite ville d'Afrique, avec le bruit des assaillants tout proche à leurs oreilles.... Certains semblent se souvenir des massacres... Vont-ils revenir?...ils font des paniers en osier dans une association humanitaire menée par une jeune suédoise....
Entre éveil à la sexualité adolescente et incertitude sur le futur, il y a le petit dur qui ne supporte pas la situation, le petit opportuniste qui profite de l'empathie d'Anika la suédoise (simule-t-il ses crises ou pas...), il y a le grand, revenu du Canada et de brillantes aventures, contant ses conquêtes à ses jeunes amis admiratifs... sauf Mongol. Le plus jeune, le plus sensible, celui qui parle aux animaux...

Les illustrations : je les ai trouvées encore plus belles que dans "Louis le portugais"!!! Les couleurs, l'expression sont très réussies! Une vraie découverte!

J'ai beaucoup aimé cette vision réaliste et sans misérabilisme de cette partie de l'Afrique. C'est nuancé et on voit bien combien il est difficile pour ces jeunes de grandir sans repères... Les bonnes intentions sont représentées, ainsi que les différents adultes qui les entourent.. Mais l'absence de leur famille est criante.... Je n'aime pas trop les histoires trop ancrées dans le réel ; j'ai donc trouvée très touchante la personnalité de Mongol, qui essaie de se sauver par l'imaginaire...

Note : 3,5/5

De : grenouille Envoyé : 02/10/2005 18:39

Déogratias

Stassen réunit là son univers tragique et au bord du gouffre avec un talent particulièrement inspiré!
C'est triste, terrible et émouvant, jamais violent ni simpliste... Le personnage de Déogratias avance par petites touches dans son récit de l'horreur sans qu'on soit jamais exposé à une vision crue. Au contraire, la forme choisie pour conter l'histoire, usant de retours en arrière, laisse le lecteur comprendre seul : la solitude des personnages et l'impossible situation dans laquelle Déogratias se trouve ne peuvent que laisser rêveur... Quels choix faire? Quelle force trouver pour les faire?

Un très bel album : 4/5.

De : Cocotte8017 Envoyé : 19/03/2006 22:19

Les enfants
(Dupuis, 2004, 80 pages)

Cette bande dessinée nous présente la réalité terrible d'enfants rescapés de massacres antérieurs. Des enfants qui ont grandi trop vite dans ce pays où règne la violence, les préjugés, la quête de pouvoir et qui semblent trouver cette condition normale. Une jeune suédoise qui tient un centre humanitaire tentera de les aider, mais en vain.

La barre était haute pour Jean-Philippe Stassen après le percutant Déogratias que j'ai adoré! Les enfants frappe également fort! Impossible de rester indifférente à ces jeunes qui tentent de survivre dans un monde de guerre et de pauvreté. Cet album nous démontre la difficulté des autres pays à venir en aide à ces gens depuis longtemps confrontés à la violence. Les illustrations sont toujours aussi jolies, Stassen a tout un talent pour dessiner la nuit!

Ma note : 4,5/5

De : van1709 Envoyé : 25/03/2007 14:29

Déogratias

Au Rwanda, un jeune fou erre dans la ville à la recherche d’urwagwa, une bière locale. Ce fou c’est Déogratias, dont les gens se moquent parce qu’il se prend parfois pour un chien. Mais Déogratias a des souvenirs insoutenables qui nous ramènent à travers quelques flash-back dans la période d’avant le génocide.

Cette BD nous montre sans artifices ce qui s’est passé pendant le génocide. A travers les souvenirs de Déogratias, on comprend au fur et à mesure ce qui s’est passé et pourquoi il a cette attitude si étrange. Mais personne autour de lui ne semble comprendre à quel point les évènements qui se sont déroulés ont pu l’affecter. On voit bien un manque total de réaction à la suite du génocide, comme si rien ne s’était passé. De très belles images et une histoire qui marquent.

Note : 5/5