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J'avoue que j'ai vécu de PABLO NERUDA

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Message  majeanne Sam 16 Nov 2013 - 10:16

Dans une langue riche, puissante, vivante et imagée, confondant l'animé et l'inanimé, unissant l'humain, le minéral et le végétal, dans une symphonie de couleurs et de sensualité, émergeant du plus profond de la terre, du coeur même de l'âme, le poète Pablo Neruda évoque pour nous sa vie, de sa naissance en 1904, à Parral (Chili) jusqu'à l'avènement du Président Allende, non pas de manière strictement chronologique mais plutôt par des vignettes faites des souvenirs qui l'ont marqué, la mer, la poésie, l'amour, les rencontres, car finalement, notre vie telle que nous la percevons, n'est-elle pas uniquement la somme des souvenirs que nous en avons retenus ? Et l'importance que nous leur prêtons n'est-elle pas davantage dictée par l'impact qu'ils ont eu sur nous, de manière totalement subjective ? Et c'est cela que nous appelons notre vécu.

Neruda commence par son enfance et son adolescence à Santiago et à Valparaiso, nous donnant des descriptions rutilantes et pleines d'émotion d'anecdotes qui l'ont marqué. Puis le livre s'apparente à un récit de voyages car Neruda, consul du Chili très jeune, vivra dans les pays les plus divers et sera un grand voyageur recherchant le contact et profondément attentif à la misère et à la souffrance des laissés pour compte. C'est ainsi que la politique entrera dans sa vie en totale communion avec sa poésie. Communiste convaincu car c'est pour lui la seule réponse face aux idéologies de droite et face à la misère du peuple, sa poésie (que je connais très peu n'ayant lu que son premier recueil "Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée", que j'aime beaucoup) sera pour lui le chant de l'opprimé et sa plus grande fierté : la certitude que grâce à elle, l'ouvrier chilien exploité saura qu'il n'est pas seul, que le poète entre en empathie et en résonance avec sa misère et son désespoir.
Le peuple comprend-il sa poésie ? "Je n'ai jamais pu comprendre bien des vers de Hölderlin et de Mallarmé. Et pourtant je les ai lus avec le même respect sacré" nous dit Neruda.

Profondément amoureux des mots dont il dit qu'ils ont "du sang dans les syllabes" Neruda nous parle abondamment de sa poésie, des poètes qu'il a rencontrés (pour beaucoup inconnus pour moi), de son amour et grande admiration pour Aragon (je suis moi-même éblouie par "Le roman inachevé"), Eluard, Garcia Lorca....., des écrivains et des peintres de sa génération, des événements politiques de son temps.

Amoureux fou de son pays au point qu'il dira que pour lui il est impossible d'être pleinement heureux, pleinement soi, loin de sa terre natale (ce qui peut paraître paradoxal pour cet infatigable voyageur), Neruda est une personnalité très attachante et me donne le désir de faire plus ample connaissance avec son oeuvre.

Tout petit bémol : la dernière partie du livre (qui occupe peu de place) semble un peu plaquée, comme si l'éditeur avait voulu remplir ce qui manquait, puisque Neruda est mort avant d'avoir pu achever ses mémoires. Elle évoque des poètes, la politique de son pays, son engagement. Cela reste très intéressant mais cela n'a plus la même magie.

Une belle découverte et un grand plaisir de lecture sunny
majeanne
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