Georges ARNAUD (France)

De : Ysla (Message d'origine) Envoyé : 2008-03-17 14:44

Georges Arnaud est le nom de plume de Henri Girard (1917 - 1987), écrivain, journaliste et militant politique français.
Georges Arnaud a connu une vie agitée : mobilisé en 1940, il est capturé par l'armée allemande et s'évade. Il est ensuite accusé puis acquitté pour le meurtre de son père, sa tante et une domestique en 1941 (il risquait la peine de mort). Il a voyagé en Amérique du Sud où il a bourlingué et exercé de nombreux métiers. "Le salaire de la peur" (1950) est son premier roman, il est inspiré de ce périple. Il est adapté à l'écran en 1952 par HG Clouzot. Après avoir publié un manifeste pour alerter l'opinion publique sur la torture pendant la guerre d'Algérie, Georges Arnaud est de nouveau arrêté. Il s'est établi par la suite en Algérie, puis en Catalogne où il a fini ses jours.

Eh bien ! Quelle vie !!

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Le salaire de la peur
Pocket, 185 pages

Au Guatemala, dans une zone oubliée, reculée, un trou sordide loin du reste du monde "Las Piedras", échouent des hommes au passé lourd, venant de pays variés. Ils errent là, attendant de remporter le gros lot, d'une façon ou d'une autre, pour pouvoir repartir. Ils cohabitent avec les indiens autochtones et les "gringos" de la Crude and Oil Limited, la compagnie pétrolière qui exploite la région.
Et c'est justement la Crude qui propose une offre alléchante, un job très bien payé mais aussi très dangereux : transporter deux camions chargés de nitroglycérine afin d'éteindre l'incendie d'un puits. La nitroglycérine c'est l'explosion fatale au moindre choc ou si la chaleur augmente trop. Le trajet est de 500 km principalement sur une piste. Un voyage inédit au bout de la peur commence pour 4 de ces "tramps", dont Gérard Sturmer, le français, héros de ce roman.
Voilà un récit singulier : il faut d'abord passer outre les détails pétrolifères puis mécaniques (qui personnellement ne m'ont pas absorbée) pour entrer au coeur du récit : ce combat contre la peur de la mort imminente mais aussi contre toutes les embûches du trajet. Chaque homme réagira à sa façon durant l'épreuve.
Toute l'histoire est très "mâle", ces hommes-là sont très virils et la femme n'existe qu'à des fins utilitaires (prostitution / proxénétisme). Du coup difficile pour moi de m'identifier au héros !
Le style m'a un peu déroutée de prime abord. Je n'ai pas compris la structure de certaines phrases, d'autres m'ont paru bancales, mais je reconnais que l'ensemble est très homogène et original, donc ce style doit être celui de Georges Arnaud tout simplement ! L'atmosphère du lieu est bien plantée : chaleur, poussière, pétrole.
Pour les amateurs d'aventures musclées, d'Amérique centrale et de camions ! Mais aussi pour ceux que la peur questionne, car on lit dans cette quelques pages des descriptions très réalistes de ce sentiment majeur de notre vie.

Ma note : 3.75/5

Ysla





De : gallomaniac Envoyé : 2008-03-17 15:38

Ysla, j'ai attendu avec intérêt ta critique. C'est vrai que c'est une écriture "musclé".
"Le salaire de la peur" est "le grand classique" de Georges Arnaud qui a été un vrai succes (ma note sur mémoire 4,5/5). Il a écrit dans le même genre "Le voyage du mauvais larron", 1951 (ma note sur mémoire 3,5/5) et "Les oreilles sur le dos" (1953) (ma note sur mémoire 3,5/5) qui feraient bien dans le thème des romans/récits de voyage.
Parmi ses autres romans (pour une liste: http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Arnaud), on a aimé aux Pays-Bas aussi "Lumière de soufre" (1952) roman parisien sur un marchand de biens immobilières à Paris qui découve un vrai van Gogh, mais il faut le prouver et cela va bouleverser sa vie (ma note sur mémoire 3,5/5) - pour ceux qui aiment les romans sur la peinture.

RéponseDe : Mousseliine Envoyé : 22/03/2008 18:40
Ce n'est pas le même que Georges-Jean ARNAUD ???


Réponse


De : gallomaniac Envoyé : 22/03/2008 20:08
Oui, ce n'est pas le même, c'est expliqué dans l'article wilipédia (lien en-dessus):
Les deux Georges Arnaud : une malheureuse homonymie
De son vrai nom Henri, Georges, Charles, Achille Girard, Georges Arnaud est contemporain d'un autre écrivain français, dont pour comble d'ironie Georges Arnaud était le véritable patronyme. Ce dernier a dû signer ses œuvres Georges-Jean Arnaud ou Georges J. Arnaud pour se singulariser. « J’ai souffert énormément qu’il y ait un autre Georges Arnaud… De voir un bouquin aussi bon que Le Salaire de la peur avoir un succès formidable, parce que c’était un certain Georges Arnaud qui, lui-même, avait pris un pseudonyme, j’avais l’impression qu’on m’avait fauché mon nom ».

LA PLUS GRANDE PENTE
Georges ARNAUD
Le Livre de Poche 186 Pages
 
Résumé (Présentation éditeur)
 
De Caracas au port de La Guayra, il y a 223 virages pour quarante kilomètres de parcours. Tous les jours, deux cents camions descendent vers la mer chercher les marchandises indispensables à la vie du pays. L'entreprise n'est' rentable qu'à raison de deux voyages quotidiens et Henri n'aurait pas tenu le coup sur son Fargo sans l'aide du péon noir Domingo.Rude existence que le débarquement d'une flotte de Fiat conduits par des fascistes italiens rend soudain encore plus précaire : les gros Fiat s'arrangent pour bloquer la route et, la route barrée c'est la misère pour les autres camionneurs. La lutte à mort qui s'engage sur les rampes vertigineuses est le thème du récit qui donne son titre...
 
Mon avis
 
  Pour tout dire, c’est mon intérêt pour le livre « La serpe » de Philippe Jaenada qui m’a incité à l’achat et donc à la lecture de ce livre. Pour rappel, « La serpe » reprenait l’enquête d’un triple crime pour lequel, l’auteur, Georges Arnaud fut accusé puis acquitté. (voir mon avis à la rubrique de Jaenada)
Son roman « Le salaire de la peur » fut son œuvre principale grâce il est vrai à son adaptation cinématographique.
 
Mais qu’en est-il de « La plus grande pente » ?

Après ses péripéties judiciaires, Georges Arnaud s’est expatrié en Amérique du Sud où il vécut une vie d’aventurier qui inspira son œuvre littéraire. « La salaire de la peur » et celui-ci firent partis de cette période.
A vrai dire ce roman est très court : 80 pages. Le reste du livre étant consacré à quelques nouvelles, elles aussi inspirées de l’Amsud.
 
Histoire de chauffeurs routiers risquant leur vie à chaque virage de montagne qui mènent du port de La Guayra à Caracas (Vénézuela). Pour survivre, ils doivent aller vite pour multiplier leurs allers et retours. L’arrivée de fascistes Italiens fuyant la défaite de la seconde guerre va perturber la vie des autres chauffeurs. C’est alors une lutte impitoyable qui est déclarée
Ecriture sans temps mort, ce court roman se lit à la vitesse des camions fous. Tout est concentré sur 80 pages. Bien sûr on peut reprocher l’absence de détail (paysage, sentiment,…) et même de suspens, mais on se prend au jeu de ce sprint littéraire et on participe de près à la vie des camionneurs. Pour résumé : vite et bien écrit.
 
Je passe rapidement sur les nouvelles qui suivent ce roman. Comme toute nouvelle, et tel est mon avis général à ce sujet, elles aboutissent à peu de chose de concret et leur intérêt tient dans leur brièveté.
 
Pour conclure : Moment agréable et innovant de lecture, qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Il m’a toutefois mais permit de découvrir une œuvre de cet auteur à la vie bien particulière.
 
Ma note : 3 / 5 (si je ne retiens pas les nouvelles)