LF BOLLEE & Philippe NICLOUX (France)

Voilà un pavé de BD qui fait plus de cinq cents pages sur la découverte de l'Australie par l'envoi de prisonniers anglais dans le cadre d'une déportation forcée. Avec tant d'épaisseur, vous vous doutez bien que tous les aspects sociologiques et politiques sont abordés. On suit, à travers des personnages emblématiques, l'odyssée d'un petit peuple d'Angleterre vers ce qui pourrait paraître un paradis perdu, l'Australie.

Les dessins sont en noir et blanc. Même si c'est l'image de couverture qui m'avait alléchée, j'ai trouvé le traitement justifié car l'époque (le XVIIIème siècle) avec cette épopée coloniale vers une terre nouvelle est teintée de mystère, nimbée par les mers déchainées et les aborigènes. D'autant qu'une partie de la BD se déroule dans les navires, dans les soutes sombres et c'est plutôt un jeu d'ombres, où Noirs et Blancs sont tous logés à la même enseigne, qui fait toute la force de l'illustration.

C'est une BD tout bonnement fascinante qui retrace tout un pan d'Histoire que, pour ma part, j'ignorais. Quelque part, partir en conquête aussi loin de ses terres c'est assez risqué et l'Empire anglais ne s'y est pas trompé en envoyant les forçats et une équipe de navigation qui ne manquerait pas, en cas d'échouage en mer. A l'époque le trajet a duré un an et demi et il y a fort à parier qu'il fut aussi éprouvant pour les prisonniers que pour l'équipe navigante.

Dans un tel projet BD, scénariste et dessinateur ont eu le temps d'explorer la préparation de l'équipée avec une présentation de quelques personnages embarqués de gré ou de force dans les navires. La suite de l'aventure se passe à bord, alors que les hommes s'affaiblissent, que certains sont malades, que des escales s'organisent et qu'on prépare la dernière odyssée.
Enfin, l'ensemble de la flotte atteint Bottany Bay, destination finale de ce qui sera le premier campement mais aussi la dernière ville où tous seront amenés à se serrer les coudes pour accoucher d'une nouvelle nation.


Même si la BD est extrêmement complète (et avec 500 pages, elle peut l'être), j'ai quand même été bien contente d'être aiguillée par l'introduction qui explique toute la genèse du projet. Cela donne encore plus envie de se documenter sur un tel épisode de l'Histoire ! Une découverte enrichissante !