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Menyhért LAKATOS (Hongrie)

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Menyhért LAKATOS  (Hongrie) Empty Menyhért LAKATOS (Hongrie)

Message  géromino Sam 18 Juil 2015 - 8:30

Ményhért LAKATOS est un écrivain hongrois issu de la minorité Rom. Il est né le 11 avril 1926 à Vésztö, décédé le 21 aout 2007 à Budapest. Après des études techniques il travaille comme ingénieur, puis rejoint en 1969 le groupe de recherche sociologique sur les Roms de l'Académie des sciences de Hongrie. A partir de cette date, il exerce également des responsabilités nationales et internationales dans des organisations engagées dans la défense et la représentation des cultures tziganes. "Menyhért Lakatos a su tirer de son expérience personnelle une épopée où passe la tragédie de tout un peuple (...), la nostalgie de la liberté, la violence tribale et la sanction du génocide". (Jacqueline Chambon et Hubert Nyssen).
Il a publié une dizaine de romans en hongrois; "Füstös képek" (1975) a été traduit en français sous le titre "Couleur de fumée -une épopée tzigane-" (disponible chez Actes sud (1986) et Babel).
Il a obtenu le prix Attila Jozsef en 1976 et 1993.


Doc Wikipédia et littératurehongroise.fr

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Message  géromino Mer 22 Juil 2015 - 14:24

"Couleur de fumée -Une épopée tzigane"  Babel 2000  372 pages


       Dans ce qui ressemble à un roman à forte teneur autobiographique, Lakatos égrène les souvenirs de son enfance qui l'ont fait grandir jusqu'aux premiers temps de l'âge adulte. Dans une succession de tranches de vie, il raconte le quotidien de son village (un campement, plutôt), rejeté par la population hongroise qui ne voit dans ces rebuts de la société que des voleurs de poules, des crasseux porteurs de mille maladies, des sous-hommes ne valant même pas la peine qu'un médecin se déplace auprès d'un malade. Le plus souvent désoeuvrés, (hormis lors des grands travaux agricoles, comme les moissons par exemple, qui demandent une main d'oeuvre massive et peu rémunérée), les tziganes tentent de survivre comme ils peuvent: chapardages, menus larcins, trafics de chevaux ou combines douteuses; tout est bon pour trouver un semblant de subsistance, même avariée, même pourrie: les estomacs sont vides, la faim dicte la loi... Les hivers infligent de terribles épreuves à une population affamée, vêtue de loques et qui n'a pas toujours de quoi chauffer de misérables masures.
       Le narrateur est un adolescent qui a bénéficié d'une chance inouïe: lors d'une partie de chasse, un notable du village hongrois tire volontairement sur le jeune garçon, le criblant de plombs; il va en réchapper. Mais pour étouffer l'affaire, en réparation le notable s'engage auprès des parents à lui faciliter l'entrée à l'école et payer sa scolarité. Le jeune garçon est doué et décroche souvent les meilleurs résultats, ce qui ne manque pas de lui attirer jalousie et haine des élèves hongrois.
        Pourchassé par les gendarmes, il s'enfuit avec Bada (qu'on dit "un peu fêlé"). Il échouera dans un autre village tzigane, se mariera "à la coutume tzigane" (c'est à dire qu'il suffira de coucher une fois avec la fille pour être mari et femme aux yeux des parents), s'enfuira de nouveau pour retrouver les siens.
        Les bruits de bottes se font de plus en plus menaçants. On commence à parler de regroupements, de rassembler les tziganes les plus forts pour les emmener travailler au loin; on sépare les familles; les trains partent...


       C'est un livre sombre, et violent. Violent parce que les différents entre hongrois et tziganes se règlent souvent à coups de bâton, de fusil ou de couteau. Mais aussi parce que les coutumes tziganes sont brutales, non seulement entre hommes, mais souvent aussi entre hommes et femmes; et les disputes de couples peuvent dégénérer salement! Car, pour une femme, un des moyens de rapporter de l'argent ou de quoi nourrir ses enfants réside à faire usage de ses charmes; mais le tzigane, fier et jaloux, n'hésitera pas à frapper la fautive: les coups pleuvent, le sang coule, on dirait que rien ne peut arrêter ce déchaînement de brutalité. 
       Le monde des tziganes n'est pas fait de tendresse: la discrimination, la misère, la haine, la faim, etc... La nostalgie du passé où les tribus pouvaient encore aller et venir à leur gré, est souvent présente et pèse sur un quotidien qui ne leur convient pas. Dans l'impossibilité de revenir en arrière, ne pouvant pas s'intégrer dans cet univers sédentaire parce que rejeté par les villageois, le tzigane n'entrevoit pas d'avenir prometteur. C'est pourquoi, quand le jeune garçon est admis à l'école, c'est toute la tribu qui le soutient: il représente l'espoir.
        
       C'est un livre qui apporte un témoignage édifiant sur ce qu'est la communauté tzigane (ou au moins ce qu'elle fût pendant l'entre-deux guerre). Pour être totalement objectif, j'ai trouvé quelques longueurs dans la narration, notamment lorsque sont racontées les relations ambiguës de l'auteur avec sa belle-mère: on frise l'over-dose!


Note:  4/5

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