Guillaume GUERAUD (France)

De : Ysla (Message d'origine) Envoyé : 10/06/2008 19:52
Guillaume Guéraud est un écrivain français, né à Bordeaux en 1972. Il a publié principalement aux éditions du Rouergue des romans pour adolescents ainsi qu'un roman pour adultes.
Je n'avais jamais entendu parler de lui avant de me rendre à une rencontre en bibliothèque avec cet auteur. Là, j'ai été intriguée et j'ai eu envie de découvrir son écriture.
Au cours du même weekend, j'ai donc lu les 4 romans suivants (et 1 autre, pour adultes) :

"Je mourrai pas gibier"
2006, 76p, Le Rouergue, collection "doAdo noir"
Martial habite à Mortagne, un patelin partagé entre les scieurs (qui travaillent à la scierie) et les vignerons (qui travaillent dans le domaine viticole), chaque clan ne supportant pas l'autre. Quand le récit commence, Martial vient de réaliser une véritable tuerie durant le mariage de son frère. C'est lui le narrateur. Il revient sur les évènements qui ont précédé le drame.
Me voilà entrée dans le vif du sujet, Guillaume Guéraud ne prend pas de gants pour laisser exploser la violence contenue dans ses personnages. C'est direct, dérangeant et tout de même très extrême. Seulement voilà, les tueries, ça existe... et ça doit bien ressembler à quelque chose comme ça. Je trouve que le décor planté (Mortagne, le village et ses sinistres habitants) est tout de même un peu trop fataliste et pas très réaliste, dans le sens où on devient soit scieur soit vigneron, rien d'autre... et où tout le monde semble approuver la violence du contremaitre...
En résumé je trouve que c'est très bien écrit, on rentre bien dans la peau du personnage malgré l'horreur de son geste, mais je trouve aussi que c'est terriblement sombre. Il n'y pas une lueur d'espoir...
Ma note : 3.5/5

"Cité Nique-le-ciel"
1998, 60p, Le Rouergue
Premier ouvrage publié de G. Guéraud.
Un court roman qui relate quelques jours de la vie de Rachid, 13 ans, dans la cité Arc-en-ciel, juste après la mort de son frère Imad (overdose). Là encore violence, lieu maudit (mais réaliste car je pense que certaines cités ressemblent vraiment à celle décrite ici), avec en prime du racisme et des violences policières. Cependant, l'espoir est là (un peu) car Rachid s'accroche en maths et il est amoureux de Thui.
Ma note : 3.5/5

"Coups de sabre"
2000, 122p, Le Rouergue
La narrateur et sa petite amie Joey, d'origine vietnamienne, veulent aider le grand-père de celle-ci à vaincre les démons de son passé. Ce qui nous entraine vers la guerre d'Indochine, durant laquelle un drame a détruit sa vie.
Une bonne manière d'aborder le sujet de la guerre avec le public ado, en particulier celle-ci que, je trouve, on a un peu tendance à occulter derrière la guerre du Vietnam. La guerre d'Algérie est également évoquée dans ce récit. Et les exactions du côté français sont au cœur même de l'histoire. Par contre, je trouve le dénouement un peu rapide et facile, mais le roman étant court, il peut difficilement en être autrement. Ce livre est différent des autres (pas de narrateur subissant un lieu maudit) et je préfère.
Ma note : 4/5

"Apache"
2002, 120p, Le Rouergue
Voyage aux Etats-Unis, mais de nouveau dans un triste lieu : une ville apache où les habitants ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, abrutis par l'alcool. Billy a 13 ans et plus rien ne le retient là : son père est mort, sa mère traîne dans les bars, son frère est déjà parti et son grand-père l'encourage à partir à son tour. Quand il rencontre Sundance, prisonnier noir en cavale, Billy décide de le suivre.
Le point de départ est encore une fois bien sombre, et la violence règne sur la route, mais l'espoir tient aussi un des premiers rôles et finit par gagner ! Le tandem ado/prisonnier en cavale fonctionne bien car tous les deux se comprennent. Le problème des immigrés clandestins mexicains est évoqué.
Ma note : 3.75/5

Pour conclure : je trouve intéressante la démarche de G. Guéraud de partir de situations précises que vivent des personnages bien identifiés. Ils sont amenés à prendre des décisions importantes et agissent de façon directe, sans tergiverser. J'imagine que les ados se retrouvent bien dans ces personnages. En revanche, je suis un peu gênée par l'extrême violence (détails sanglants) et la fatalité de certaines situations. D'où ma notation un peu mitigée et difficile à décider.
Ce qui me plaît bien et que je trouve original, ce sont les références cinématographiques, qu'on retrouve souvent et qui ne semblent pas "de trop", qui s'intègrent bien au récit.

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De : Ysla Envoyé : 21/06/2008 19:13
"Les chiens écrasés"
1999, 109p, Le Rouergue

Alex est en troisième, il doit effectuer un stage de découverte en entreprise mais ça ne l'enthousiasme pas trop... Finalement il se retrouve à la rédaction du seul journal de son patelin "La Gazette" mais s'aperçoit vite qu'on y brasse surtout du vent... Quand son copain Lucien l'appelle pour lui parler d'une grève suite à la disparition de 500 000 francs dans la caisse de l'association où il fait son stage, Alex sent un bon sujet de journal arriver. Mais le rédacteur en chef semble ignorer l'info...

C'est le moins violent de tous les romans de G. Guéraud que l'ai lus jusqu'à présent, et du coup, ça me plaît mieux ! L'intrigue est bien menée et le contexte du stage en entreprise me plaît bien (j'avais fait le mien dans la rédaction d'une station de radio !). Le personnage du père d'Alex abonné à l'Huma et syndicaliste n'est pas mal. Par contre, la récurrence des petites amies asiatiques, ça commence à faire refrain ! Dans presque tous les livres de G. Guéraud, on y a droit. Et bien sûr, quelques références ciné.

Ma note : 4/5

Je mourrai pas gibier a récemment été adapté en BD par Alfred, aux éditions Delcourt. Je l'ai feuilleté en librairie, le texte est celui du roman et le dessin d'Alfred correspond bien à l'ambiance du livre et au récit. A découvrir !

La brigade de l'Oeil
2007, 407p, Le Rouergue collection DoAdo Noir

Résumé : Nous sommes en 2037 sur une île nommée Rush Island (imaginaire). La loi Bradbury du 20 novembre 2017 interdit toutes les images et le pays est coupé du monde (encore pire que la Corée du Nord !). Les agents de la Brigade de l'Oeil traquent les terroristes opposés à cette dictature, brûlent les images encore en circulation et les pupilles de ceux qui en possèdent ou en regardent, bref de ceux qui enfreignent la loi Bradbury. La vraie culture, c'est l'écrit, le livre et tout le monde fréquente la Grande Bibliothèque assidûment. Tout ça vous fait penser à quelque chose, quelque chose qui commence par F et finit par 451 ? C'est normal, notre actuel roman du mois est l'une des source d'inspiration de G Guéraud pour ce roman d'anticipation destiné aux ados. Si ce n'est qu'il a inversé l'idée de base. Et ici, nous suivons séparément et en alternance (un chapitre sur deux) deux personnages : Kao, 15 ans, fait partie des résistants tandis que Falk, 43 ans, est un capitaine de la Brigade de l'Oeil.

Mon avis : Je suis déçue ! J'attendais vraiment mieux de ce livre que je voulais lire depuis 1 an. G Guéraud m'agace profondément pour tout un tas de raisons. D'abord, la violence. A toutes les pages ou presque, des dents qui giclent, des os brisés, du sang partout, une cervelle qui éclate, j'en passe et des meilleures. Effet lassitude garanti ! En plus, nous avons droit à tous les détails anatomiques possibles : ex "Kao se froissa un muscle soléaire quand il se baissa..." un muscle quoi ? Même pas envie d'aller chercher dans le dictionnaire. Et c'est comme ça tout le long du livre. Volonté didactique de l'auteur sur le plan de la biologie ? Ensuite, le style. Mélange de mots franchement vulgaires et de termes jamais vus de ma vie (mourner, gibbeux, séide, ...), peut-être encore volonté didactique de l'auteur sur le plan du français cette fois ? Côté style aussi, de longues phrases constituées de propositions juxtaposées avec "et", ce qui donne "..... et ..... et ..... et ..... et ..." : bof bof...
Bon, je ne vais pas vous donner toutes les raisons qui font que je suis agacée en terminant ce roman, parce qu'il y en aurait encore pas mal.
Soyons bonne princesse : tout n'est pas à jeter dans ce livre. L'idée de départ est bonne, d'ailleurs c'est ce qui m'avait donné envie de le lire. Il y a un assez bon suspens, ça se lit très vite (ce ne sont pas des pages de grande taille et c'est très aéré) et j'ai eu du mal à le lâcher dès le début de ma lecture parce qu'on entre tout de suite dans le vif du sujet. Mais le scénario ne casse quand même pas des briques, à la fin je me suis dit "Ah bon ? C'est tout ?". Les quelques événements que je trouve vraiment bons ne sont pas développés plus que ça ou alors trop prématurément.
Pour finir, je pense que je ne lirai pas d'autre roman de G Guéraud. Mais j'aimerais bien savoir ce qu'en pense nos plus jeunes rats ... !

Ma note : 2.5/5

pour répnodre à ta question Ysla (un peu tard...), je crois que je suis jeune lecteur (16 ans) et je n'ai pas du tout aimé Cité nique le ciel. Je trouve qu'il y a de la violence gratuite et l'histoire est bof bof . C'est rare que je n'arrive pas à terminer un livre

DEROUTE SAUVAGE
2009, 142p, Le Rouergue collection DoAdo Noir



Ma note : 4/5 (mais je pense que c'est surtout parce que j'étais dans le bon état d'esprit, je savais à quoi m'attendre !)

La brigade de l'oeil

2037. La loi Bradbury interdit sur l'ensemble du territoire toutes les images. La télévision est nocive, le cinema rend fou. Une brigade très spéciale (la brigade de l'oeil) est chargée de faire régner l'ordre. Elle doit traquer tous les détenteurs d'images, et les punir en leur brulant les yeux ainsi que leurs documents. Leur devise étant : Un bon citoyen est un citoyen aveugle.

Kao, jeune garçon de 15 ans, est fasciné par les images. Le jour où il apprend que des films sont cachés quelquepart, il est prêt à tout pour faire en sorte qu'ils ne soient pas détruits.

L'idée de départ de ce roman me plaisait. Guillaume Guéraud par son style vif et sans fioriture, réussit à retranscrire une société violente, opprimée mais qui a la rage de s'en sortir. L'auteur souligne l'importance de la culture comme vecteur de liberté et rend un bel hommage au cinéma. Malgré cela son roman m'a laissée sur ma faim. La fin est plutôt abrupte. et m'a surprise (peut être est ce le but de l'auteur de justement surprendre son lecteur) mais je m'attendais à autre chose. C'est un roman qui mériterait d'être lu rien que pour le message qu'il veut faire passer.

Finalement c'est comme un Fahrenheit 451 de Ray Bradbury mais pour le cinéma?

Phil : G Guéraud s'inspire en effet librement (et sans le cacher aucunement) de Fahrenheit 451 pour la situation de départ et ce n'est pas par hasard que la loi s'appelle Bradbury ! Si tu lis ma critique plus haut, tu verras que j'en parle car c'était justement au moment où Fahrenheit 451 était livre du mois que j'ai lu La brigade de l'oeil. Cependant, ce n'est pas du tout comparable en terme de qualité littéraire et le scénario n'a rien à voir non plus. J'avais pour ma part été assez déçue de cette lecture.

J'aurais mieux fait de remonter dans la discussion avant de poser la question! En tout cas, merci Ysla pour l'explication!

Déroute sauvage

Sur le papier, c'est un voyage scolaire en Espagne, dans le cadre d'un projet pédagogique qui devrait permettre aux élèves de se familiariser avec leur deuxième langue vivante et de découvrir la vallée de l'Aragon. Sauf que ça vire au cauchemar. En pleine nuit, au coeur des Pyrénées, le bus quitte la route et bascule. Une chute vertigineuse et un amas de corps broyés entre la tôle et le granit. Quelques rescapés s'extirpent des décombres. Ils croient avoir échappé au pire. Mais ils confondent la fin et le
commencement. Car trois sauvages sanguinaires surgissent des ténèbres... (4e de couverture)


Encore une fois, la plume de Guillaume Guéraud nous emmène dans une histoire sombre et violente qui allie fantastique et réalisme. C'est assez efficace, je me suis prise au jeu, l'intrigue est prenante. C'est assez sanglant, donc à ne pas mettre entre toutes les mains.

ANKA
Editions du Rouergue 2012, 109p

LE CONTOUR DE TOUTES LES PEURS
Editions du Rouergue, 2008

Résumé : Lorsqu'il rentre chez lui après les cours, Clément découvre que quelqu'un s'est introduit dans la maison par effraction et est en train de saccager le bureau de sa mère. Trop tard pour fuir... Clément se retrouve pris au piège de la violence de cet homme.

Mon avis : Bon, mieux vaut ne pas enchaîner les romans de Guillaume Guéraud tant on y retrouve d'éléments similaires... Encore un personnage principal passionné de cinéma (comme Guéraud), ce qui permet encore une fois de placer moult références en la matière. Mouais, ça lasse un peu à force. La violence, encore la violence (et là, on n'est pas en reste)... et une histoire qui ne m'a pas vraiment emballée, ni convaincue. Ca parle de peur et de justice (thème là aussi qui revient souvent chez cet auteur) mais c'est tellement court qu'on n'a pas le temps d'approfondir. C'est choc et direct, mais du coup, je reste toujours un peu sur ma faim...

Ma note : 2,5/5

Je mourrai pas gibier de Guillaume Guéraud



Un roman sombre à ne pas mettre entre toutes les mains… c’est l’histoire de Martial, un adolescent dans le village de Mortagne. Il semble coincé entre sa famille, ses souhaits, la lutte entre les camps de la vigne et de la scierie. 
Sa colère monte sûrement et le drame éclate… Je mourrai pas gibier, c’est l’histoire d’une rébellion contre un monde un peu ancré dans une certaine vision des choses. Guillaume Guéraud livre ici une critique sociale très dure et difficile. Je relirai cet auteur, je me demande s’ils me verront le même effet que celui-ci…

Note : 4/5