Gerald MESSADIÉ (France)

De : lassy
Envoyé : 06/03/2006 11:51

Gerald Messadié est né au Caire en 1931. Journaliste scientifique, auteur de plusieurs dossiers de société, voyageur, parlant plusieurs langues, passionné d'ethnologie et d'histoire, c'est un fan de civilisations, de religions et de cultures. Essayiste, romancier, polémiste érudit, il a été pendant 25 ans rédacteur en chef d'une revue scientifique (Sciences et Vie)

Essais : L'Homme qui devint Dieu ; Histoire générale de l'antisémitisme ; Histoire générale du Diable ; Histoire générale de Dieu ; les grandes Découvertes de la Science, l'Alimentation-suicide...
Romans : Moïse ; David...

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Histoire générale du Diable

Un énorme essai sur un problème terriblement d'actualité.
Où est né le prince du mal, et quelles circonstances ont favorisé sa venue ? Comment a-t-il évolué pour arriver jusqu'à nous ? les trois plus importantes religions du monde actuel (judaïsme, christianisme, et islamisme, la quatrième étant l'hindouisme), officiellement des monothéismes, ne sont-elle pas devenues en fait des religions manichéennes, où le Dieu du Mal est en lutte contre le Dieu du Bien ? Quels en sont les effets pervers ?

Gerald Messadié écrit très bien et il est très agréable à lire. Ses propos sont très clairs et très bien illustrés. Il a même le talent d'ajouter une pointe d'humour ça et là.

Après nous avoir présenté plusieurs religions, avec leur histoire et leur géographie - ça n'est évidemment pas exhaustif, mais assez fouillé pour nous donner un point de vue éclairant sur l'évolution des religions en général - on en vient aux monothéismes, des influences des unes sur les autres, et puis à l'évolution, donc, du dieu qui contrebalance le Bien... de l'ange qui siège au côté d'Eloïm, Satan....
C'est un ouvrage intéressant au plus haut point, vraiment fascinant !

5/5

De : lassy
Envoyé : 06/03/2006 11:52

Histoire générale de Dieu

Comme un écho au précédent, cet essai est pourtant moins agréable à lire. Pas parce qu'il est répétitif, loin de là, mais parce qu'on dirait que l'auteur a pris moins de plaisir à l'écrire. Le ton est plus sérieux, le sujet est plus grave, aussi...
De toute façon, c'est une oeuvre très touffue et très dense. L'auteur a une culture immense, une rigueur scientifique exemplaire, un esprit pertinent, une humanité profonde, et il sait s'exprimer en termes clairs. Je suis une grande admiratrice !

Le propos est :
1) de rendre l'évidence de l'influence du milieu (climat, démographie, économie, sciences et techniques). La religion est la réponse que l'Homme trouve à ses angoisses, "toutes les religions sont le reflet de leurs époques, les reflets du besoin du divin en un temps et un lieu dits." Son évolution semble rechercher toujours la simplification (du moins à la longue), et jamais par à coups aussi intempestifs qu'ils paraissent.
2) de raconter le cheminement géographique et historique des religions indo-aryennes, dont découleront les trois grands monothéismes de notre temps.
Entre autres, l'auteur compare le Dieu solaire des mithraïstes, le Dieu vengeur des Esséniens, qui ont des ressemblances dans leurs rites et croyances avec ceux du christianisme naissant.
3) de démontrer que Dieu est une exigence logique. "Rien de plus rationnel que l'idée de Dieu ; c'est même le produit suprême de la raison"
La logique est innée et a un caractère mystique, la science a toujours été à la recherche de Dieu. Sont évoqués la vertu de la méthode scientifique, le mysticisme et le spiritualisme en physique contemporaine. "Pas plus la logique que les mathématiques ne sont capables de nous fournir la moinde des vérités sur l'univers" Marceau Felden

et puis sont abordés également :
-Les religions africaines, les religions de l'Inde, de la Perse, au VIè siècle av-JC, avec le premier grand Dieu de l'Histoire, Ahoura Mazda (et son jumeau Ahriman) modèle du monothéisme tel qu'il sera pratiqué par les religions révélées ; les dieux de l'Egypte, qui en fait sont les nombreuses manifestations d'une seule divinité, (l'aberration d'Akhénaton est entre parenthèses) ; Le panthéon vide de la Chine, (taoïsme, confucianisme, bouddhisme)
- Et puis les monothéismes méconnus de la Grèce antique (Vè siècle av-JC), leurs ressemblances avec les textes chrétiens, la logique au service de la religion, la naissance de l'individualisme.
- La dynamique des messies. "Au début de notre ère, les mortels avaient en commun d'être assujettis à des régimes politiques dont la dureté surprendrait sans doute l'Occidental du XXè siècle. L'endurance des humains a ses limites, la divinité ne peut l'ignorer. Dans une religion où l'homme n'a pas de contact direct avec sa divinité, c'est un messie qui répond au signal de détresse"
- Et puis l'énigme du sacrifice... la révolution dans la symbolique du sacrifice : Le Dieu de l'Ancien Testament demande à Abraham de sacrifier son fils, Celui du Nouveau sacrifie le Sien à l'humanité.
- Le gnosticisme : dans les différentes religions, avant, pendant, et après le nouveau testament. S'agit-il de la recherche de Dieu en soi ?
- Le préislamisme, Mohammed, son message, son action, ses sources, le statisme de la théologie islamique, la gnose (soûfisme). Et l'évolution des sociétés musulmanes vers un rigorisme accru et le durcissement du cadre islamique.
- La représentation de la sexualité (et la place de la femme), dans l'histoire des religions.
- L'athéisme. Il s'agit avant tout d'anticléricalisme (Dieu avait été trop bien identifié au pouvoir politique). De la déification de l'Etat -Providence, les régimes totalitaires.
- La Me Generation ; nouvelles recherches spirituelles ; superstitions, sectes, mysticismes, spiritisme...

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Les dieux des Hébreux et le Dieu des prophètes : au XIXè av-JC, en Mésopotamie, tribus ou villes qui s'identifiaient à des divinités précises, avaient tendance à pratiquer la monolâtrie ; Quand il fonde la nation des Hébreux, Abraham choisit de leur imposer le culte à un seul dieu, El (càd à peu près, "le Puissant"), père lointain de tous les dieux du panthéon, (en conflit avec Baal). La Bible (IVè siècle av-JC) raconte comment évoluent les relations jalouses entre ce peuple et son nouveau Dieu.

Jusqu'au 1er siècle, une mosaïque de croyances cohabitaient. Déjà, les religions intellectuelles étaient pratiquées par les classes lettrées et supérieures, tandis que les masses sacrifiaient à la superstition. La foi, qui a déjà des prétentions politiques (les dieux d'antan disparaissent sous la pression du glaive) annonce la nature politique du Dieu actuel, (qui peut être totalitaire) On voit que le progrès théologique (et moral) est illusoire...

Le Dieu des chrétiens fut un Romain d'origine juive, imprégné de culture grecque. Les hérésies, les schismes, sont inévitables, chacun défendant son interprétation personnelle de l'Invérifiable par excellence. Les débats théologiques se changent en conflits politiques... les guerres n'ont pourtant rien à voir avec les volontés divines ?

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"Le moi est indéfinissable, c'est un équilibre instable... partiellement défini par son histoire et totalement conditionné par son existence physique, neurologique, chimio-électrique, mais aussi par son milieu, lequel obéit exactement aux mêmes "lois chaotiques" que lui".

"Il est un édifice religieux au monde, un seul, qui mérite le respect universel. Il est modeste et dépouillé. On le trouve à Houston, à courte distance du musée d'art moderne. Construit par les soins d'une femme, Jacqueline de Mesnil, il est offert à tous les rites, shintoïste ou juif, musulman ou chrétien, mariages, baptêmes, funérailles. C'est lui qui, voici bien des années, m'a en grande partie inspiré ce travail."

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PS certaines des citations sont approximatives mais rendent bien l'idée de l'auteur (j'espère !)

PPS pour Mélisande : Jean Bottéro est cité dans la bibliographie de référence : Mésopotamie - l'écriture, la raison et les dieux.
à tout hasard, il parle également d'un auteur qui pourrait t'intéresser : Richard Elliot Freedman : Who wrote the Bible ? (Summit Book, NY 1987)