Amélie CORDONNIER (France)
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Amélie CORDONNIER (France)
Aurore Ven 16 Fév 2024 - 13:08
Amélie Cordonnier est une journaliste littéraire française.
Nous sommes au sortir de la crise Covid, en 2020. Amélie, son mari et leurs deux enfants vivent dans un petit appartement parisien cossu. Un beau jour, une lettre arrive émanant de la Protection sociale à l'enfance. Un appel anonyme a signalé la famille comme ayant besoin d'aide car les parents pourraient être maltraitants. Croyant d'abord à une blague, la narratrice appelle le numéro indiqué qui lui confirme bien un rendez-vous prévu avec les enfants et deux assistantes afin de juger de la situation.
A partir de là, le système est en marche. L'entretien a bien lieu et tout aurait pu s'arrêter ça, sur cette regrettable erreur, cette méprise car les enfants sont choyés, les parents n'ont rien à se reprocher. Mais la machine à broyer est enclenchée et un assistant social vient à l'improviste évaluer l'intimité familiale et ses rouages. D'un passage, cela passe à deux. D'avec les parents, ça passe à des venues sans eux. Bref, l'étau se resserre et le moindre faux pas pourrait être fatal. D'autant que l'assistant social s'invite de plus en plus, fait copain-copain avec les enfants et se permet d'être le cinquième membre du foyer.
Je n'en dis pas plus car le plaisir de lecture réside dans cet enchainement abracadabrantesque de situations hallucinantes. Que l'histoire soit vraie ou pas, on est héberlués à l'idée d'imaginer ce que nous ferions en pareille position. Et si nous étions dénoncés, comment réagirions-nous ? Car protester peut être un signe de culpabilité... ou pas. Tout est sujet à interprétation et plus la narration va, plus le couple se délite et les enfants sont mis à rude épreuve. La situation est kafkaïenne d'autant que l'appel de signalement reste confidentiel et chaque voisin ou membre de l'entourage peut être suspecté. Est-ce une inquiétude fondée ou de la malveillance mal placée ?
J'ai bu mon petit lait en lisant ce récit. Ça m'a un peu fait penser à Chanson douce de Leïla Slimani : un quotidien qui peu à peu s'enraye.
Je recommande cette lecture bercée de paranoïa, de faux espoirs et de d'amour filial plus fort que tout.
En garde / Amélie Cordonnier
(Flammarion, 2023, 240 p.)
Nous sommes au sortir de la crise Covid, en 2020. Amélie, son mari et leurs deux enfants vivent dans un petit appartement parisien cossu. Un beau jour, une lettre arrive émanant de la Protection sociale à l'enfance. Un appel anonyme a signalé la famille comme ayant besoin d'aide car les parents pourraient être maltraitants. Croyant d'abord à une blague, la narratrice appelle le numéro indiqué qui lui confirme bien un rendez-vous prévu avec les enfants et deux assistantes afin de juger de la situation.
A partir de là, le système est en marche. L'entretien a bien lieu et tout aurait pu s'arrêter ça, sur cette regrettable erreur, cette méprise car les enfants sont choyés, les parents n'ont rien à se reprocher. Mais la machine à broyer est enclenchée et un assistant social vient à l'improviste évaluer l'intimité familiale et ses rouages. D'un passage, cela passe à deux. D'avec les parents, ça passe à des venues sans eux. Bref, l'étau se resserre et le moindre faux pas pourrait être fatal. D'autant que l'assistant social s'invite de plus en plus, fait copain-copain avec les enfants et se permet d'être le cinquième membre du foyer.
Je n'en dis pas plus car le plaisir de lecture réside dans cet enchainement abracadabrantesque de situations hallucinantes. Que l'histoire soit vraie ou pas, on est héberlués à l'idée d'imaginer ce que nous ferions en pareille position. Et si nous étions dénoncés, comment réagirions-nous ? Car protester peut être un signe de culpabilité... ou pas. Tout est sujet à interprétation et plus la narration va, plus le couple se délite et les enfants sont mis à rude épreuve. La situation est kafkaïenne d'autant que l'appel de signalement reste confidentiel et chaque voisin ou membre de l'entourage peut être suspecté. Est-ce une inquiétude fondée ou de la malveillance mal placée ?
J'ai bu mon petit lait en lisant ce récit. Ça m'a un peu fait penser à Chanson douce de Leïla Slimani : un quotidien qui peu à peu s'enraye.
Je recommande cette lecture bercée de paranoïa, de faux espoirs et de d'amour filial plus fort que tout.
4,5/5
Aurore- Nombre de messages : 2290
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Date d'inscription : 27/02/2009 -
Re: Amélie CORDONNIER (France)
Awara Lun 19 Fév 2024 - 10:31
Ce doit être intéressant, comme la plupart des livres que tu nous propose, Aurore. Mais cela fait froid dans le dos... 
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Awara- Nombre de messages : 7149
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Re: Amélie CORDONNIER (France)
Aurore Lun 19 Fév 2024 - 14:22
Merci !
Oui, ça fait froid dans le dos. Je lisais des passages à voix haute à mon mari. On était sciés tous les deux ! C'est un vrai page-turner !
Oui, ça fait froid dans le dos. Je lisais des passages à voix haute à mon mari. On était sciés tous les deux ! C'est un vrai page-turner !
Aurore- Nombre de messages : 2290
Age : 37
Location : Amiens
Date d'inscription : 27/02/2009 -
Re: Amélie CORDONNIER (France)
Réaliste-romantique Mer 8 Mai 2024 - 0:27
En garde
Une dénonciation anonyme au 119 pendant le premier confinement de 2020 amène la famille de la narratrice à être invitée pour un entretien avec les services de protection de l’enfance pour qu’ils s’assurent que les enfants ne sont pas maltraités. Ce qui semble au début une erreur, se transforme en cauchemar, car chaque parent a des regrets, lâche parfois prise, et se remet en doute. Beaucoup d’éléments hors contexte peuvent être mal interprétés. Et comment se défendre quand on ne connaît pas l’accusation, l’accusateur, ou même ce qu’évalue le juge. Ce récit à prémisse kafkaïenne prend aussi une tournure totalitaire quand les services sociaux décident de tester une nouvelle approche pour évaluer la qualité de la famille, avec le Cousin qui s’immisce dans la famille.
J’avais seulement lu que ce livre était inspiré d’un fait vécu par l’autrice, alors je m’attendais à un récit réaliste. J’ai dévoré la lecture, suivant la tension qui monte dans cette famille. On veut préparer les enfants, mais est-ce qu’on ne risque pas de passer pour manipulateur? Qu’est-ce qu’on a fait, on a dit? C’est le voisin du dessus qui a placé l’appel, ou celle du second? C’est le cas pendant la première partie, mais ensuite le livre se transforme en conte moderne, ou plutôt à la 1984. Là, après avoir été étonné un moment du bras long des services sociaux français,* j’ai compris que c’était un fantasme (ou plutôt cauchemar). Je comprends l’intention de pousser le concept plus loin, comme le fait la science-fiction, mais ceci m’a semblé ternir la première partie, car la caricature exagérée m’a moins touchée que la réalité plus retenue mais crédible. La note est moyenne, parce que je dévorais les pages, mais j’ai aussi décroché en cours de route. Quand le “méchant” est toujours plus surpuissant…bof.
* Au Québec, il y a aussi un nombre effarant de signalements d’enfants à la DPJ (Direction de la protection de la jeunesse), et beaucoup de scandales récemment car ils sont débordés, manquent de ressources et font de mauvaises décisions (enlever un enfant de ses parents à risque pour le placer dans une famille d’accueil où l’enfant est agressé sexuellement). Mais c’est plutôt un manque d’intervention qu’une surintervention comme dans le livre. Sauf que j’ai cru un moment que c’était possible, à cause du film Anatomie d’une chute où une intervenante va vivre 24 heures sur 24 avec la famille, pendant les semaines du procès, pour éviter que la mère influence son enfant. Ici, on aurait plutôt séparé les deux (ou rien fait). Et au Québec les agents de la DPJ souffrent aussi de harcèlement de la part des parents jugés non responsables, qui maintenant se retrouvent sur les réseaux sociaux et s’organisent pour retracer, suivre, menacer et intimider les agents dans leur vie privée.
3,5/5
RR
Une dénonciation anonyme au 119 pendant le premier confinement de 2020 amène la famille de la narratrice à être invitée pour un entretien avec les services de protection de l’enfance pour qu’ils s’assurent que les enfants ne sont pas maltraités. Ce qui semble au début une erreur, se transforme en cauchemar, car chaque parent a des regrets, lâche parfois prise, et se remet en doute. Beaucoup d’éléments hors contexte peuvent être mal interprétés. Et comment se défendre quand on ne connaît pas l’accusation, l’accusateur, ou même ce qu’évalue le juge. Ce récit à prémisse kafkaïenne prend aussi une tournure totalitaire quand les services sociaux décident de tester une nouvelle approche pour évaluer la qualité de la famille, avec le Cousin qui s’immisce dans la famille.
J’avais seulement lu que ce livre était inspiré d’un fait vécu par l’autrice, alors je m’attendais à un récit réaliste. J’ai dévoré la lecture, suivant la tension qui monte dans cette famille. On veut préparer les enfants, mais est-ce qu’on ne risque pas de passer pour manipulateur? Qu’est-ce qu’on a fait, on a dit? C’est le voisin du dessus qui a placé l’appel, ou celle du second? C’est le cas pendant la première partie, mais ensuite le livre se transforme en conte moderne, ou plutôt à la 1984. Là, après avoir été étonné un moment du bras long des services sociaux français,* j’ai compris que c’était un fantasme (ou plutôt cauchemar). Je comprends l’intention de pousser le concept plus loin, comme le fait la science-fiction, mais ceci m’a semblé ternir la première partie, car la caricature exagérée m’a moins touchée que la réalité plus retenue mais crédible. La note est moyenne, parce que je dévorais les pages, mais j’ai aussi décroché en cours de route. Quand le “méchant” est toujours plus surpuissant…bof.
* Au Québec, il y a aussi un nombre effarant de signalements d’enfants à la DPJ (Direction de la protection de la jeunesse), et beaucoup de scandales récemment car ils sont débordés, manquent de ressources et font de mauvaises décisions (enlever un enfant de ses parents à risque pour le placer dans une famille d’accueil où l’enfant est agressé sexuellement). Mais c’est plutôt un manque d’intervention qu’une surintervention comme dans le livre. Sauf que j’ai cru un moment que c’était possible, à cause du film Anatomie d’une chute où une intervenante va vivre 24 heures sur 24 avec la famille, pendant les semaines du procès, pour éviter que la mère influence son enfant. Ici, on aurait plutôt séparé les deux (ou rien fait). Et au Québec les agents de la DPJ souffrent aussi de harcèlement de la part des parents jugés non responsables, qui maintenant se retrouvent sur les réseaux sociaux et s’organisent pour retracer, suivre, menacer et intimider les agents dans leur vie privée.
3,5/5
RR
Réaliste-romantique- Nombre de messages : 3257
Age : 48
Location : Outaouais, Québec
Date d'inscription : 30/12/2008
Re: Amélie CORDONNIER (France)
Pistoufle Mer 8 Mai 2024 - 13:00
Merci RR pour cet avis et cet éclairage sociologique sur le Québec.
J'ai une amie qui travaille à la Protection de l'Enfance depuis des années. C'est un métier extrêmement difficile mais tellement nécessaire.
Peut-être lui soufflerai-je ce roman pour avoir son avis, au moins sur la première partie
J'ai une amie qui travaille à la Protection de l'Enfance depuis des années. C'est un métier extrêmement difficile mais tellement nécessaire.
Peut-être lui soufflerai-je ce roman pour avoir son avis, au moins sur la première partie
Pistoufle- Nombre de messages : 1490
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