Erica JONG (Etats-Unis)

De : zeta-b Envoyé : 11/02/2007 17:12

Voilà assez longtemps que j'ai envie de vous parler d'Erica Jong et de ses livres.
En particulier du "Complexe d'Icare".

Paru dans les années 1970, en pleine révolution sexuelle, ce livre a été une petite bombe qui a fait scandale . Préfacé par Henry Miller qui déclare : "ce livre est la contrepartie féminine de mon Tropique du Cancer en moins amer et en beaucoup plus drôle", encensé par certains, décrié violemment par d'autres, je ne peux que vous donner mon avis et moi je l'ai beaucoup aimé, il m'a beaucoup fait rire et réfléchir.

Erica Jong a crée une héroine Isadora, qui lui ressemble comme une soeur et qui va vivre en parallèle à la sienne, une vie pleine d'amours, d'aventures osées et de déceptions qu'elle nous narre avec esprit, acuité, sens de la dérision et de l'autoanalyse lucide.

Dans ce premier tome : Erica-Isadora est mariée avec un psychiatre et accompagne son époux à un congrès de psys, qu'elle appelle les Jivaros, à Vienne. A peine débarquée de l'avion elle tombe raide dingue d'un psy anglais avec qui elle s'échappe, fuyant le congrès, le mari, et la routine dans un road-movie échevelé, et hilarant (pendant lequel des retours sur son passé et celui de sa famille nous éclaire sur son comportement) qui s'achèvera à Paris.
Erica-Isadora écrira d'autres romans continuant de raconter son histoire de plus en plus chaotique. A chaque tome elle rencontre un nouvel amour, l'idolatre et se complet dans une adoration aussi débridée que sa sexualité, pour, au prochain épisode, s'apercevoir que l'homme en question n'est pas le bon. Si certains passages sont choquants, ou agaçants, d'autres sont si pleins d'humour, si empruntsd'un réel sens de l'observation, et d'une étude si poussée et si fine des rapports homme/femmes que l'on oublie ses énervements.
De plus l'écriture est moderne, et originale. Isadora, avant Bridget Jones et consoeurs, avec plus de profondeur, nous amuse aux dépens du couple, de la place des femmes dans la société, faisant planer un vent décoiffant de liberté et d'audace sur la littérature féminine.

Voilà ce qu'elle dit du mariage :
"Le mariage ... Eh bien, oui, quoi le mariage ? On a beau aimer son mari, vient fatalement l'année ou baiser avec lui fait penser à ces fromages à pâte de velours qui bourrent, font engraisser, même, mais ne réveillent pas les papilles, n'ont pas cette saveur douce-amère qui donne du mordant et un goût de danger à la chose. Et l'on meurt d'envie de tâter d'un camembert un peu trop fait ou d'un chêvre exceptionnel : succulent, crémeux, diabolique......
Et que dire de ces autres fringales qui sont étouffées par le mariage ? Cette envie furieuse qui vous vient de temps en temps de foutre le camp, de vérifier si l'on est encore capable d'avoir une vie intérieure, toute seule, si l'on a encore la force de tenir le coup, seule dans une cabane forestière, sans devenir folle - bref, de vérifier si l'on est encore entière, après tant d'années où l'on n'était plus que la moitié de quelque chose (telles les deux pattes de derrière d'un simulacre de cheval, au cirque ou au music-hall)."

Mais, dans son dernier roman autobiographique Erica Jong, la cinquantaine atteinte, après toutes ses errances, trouve une certaine forme de sagesse et de sérénité, sans se renier.

Bibliographie :
Le complexe d'Icare, La planche de salut, les parachutes d'Icare, Nana blues, La peur de l'âge, Fanny, Sérinissima, Henry Miller ou le diable en liberté.

l

Le complexe d'Éos

La narratrice a atteint la soixantaine. Elle se voit vieillir, doit visiter ses parents mourants et soigner son mari, plus vieux, malade. Elle se désole qu’il ne reste plus de place dans sa vie pour la sexualité.

Isadora revient dans ce livre, mais c’est l’amie de la narratrice. L’auteure réfléchi au vieillissement du corps, des attentes de al société et en profite aussi pour critiquer la perception d’aujourd’hui du féminisme (autant de la part des hommes que des femmes).

L’éditeur surfe beaucoup sur la réputation de l’auteure : le livre est présenté comme osé, avec une couverture rose et noire et dessins suggestifs. Sauf que c’est moins sexuel qu’un roman de Houellebecq ou Stephen King (malgré cela, une ou un bibliothécaire frileux de ma ville a apposé un étampe Lecteur averti dedans, probablement sans le lire…). Les réflexions sont nécessaires, le personnage est intéressant, mais les scènes s’étirent un peu et chaque chapitre commence par la description d’un rêve (chose qui m’horripile).

3/5

RR