Virginie DESPENTES (France)

Cher connard de Virginie Despentes

Cher connard
Grasset - août 2022 - 352 pages

Quatrième de couverture : «  Cher connard, J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux  : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve  : je t’écris.  »
Après le triomphe de sa trilogie Vernon Subutex, le grand retour de Virginie Despentes avec ces Liaisons dangereuses ultra-contemporaines.
Roman de rage et de consolation, de colère et d’acceptation, où l’amitié se révèle plus forte que les faiblesses humaines…

Mon avis : 2ème lecture de cette autrice et....c'est toujours pas le grand amour...
Je pense même à l'issue de ce texte que je vais en rester là avec elle, ce n'est pas la littérature que j'aime.

Que dire de ce roman épistolaire nouvelle génération... A vrai dire, pas grand chose.

1) l'intrigue : bof bof bof. A part un catalogue de tous les sujets plus ou moins d'actualité (le féminisme, les réseaux sociaux, le harcèlement, le confinement, les addictions), je n'y ai pas vu grand chose. A part des prises de position appuyées et moult clichés, je n'en retiens rien. Le thème de l'amitié mis en avant par l'éditeur est sans intérêt et les situations assez peu crédibles.
2) la forme : un roman épistolaire, agrémenté d'extraits de blog, c'est peut-être ce qui a sauvé ma lecture car cela donne du rythme au roman et permet d'avancer. Je regrette cependant qu'au fur et à mesure du livre, les mails de chaque protagoniste deviennent de plus en plus longs, nous donnant à lire d'interminables monologues qui coupent clairement le rythme.
2) le style : moderne certes, provocant (ou qui se veut comme tel ?). Oui, bon, et après ? Plus de 300 pages sur ce ton "parlé" m'ont lassée, et j'avoue avoir vraiment souffert sur les 100 dernières pages.

En conclusion, un roman que j'ai trouvé vain, vide, et qui ne m'a rien apporté.

Ma note : 1,5/5

Pistoufle : Voilà un avis qui a l'avantage d'être clair  . Je connais assez l'œuvre de V.D pour mesurer ton ressenti et donc le partager. Je suis de mon côté assez indécis la concernant. J'ai lu certains de ses romans pour lesquels j'ai éprouvé les mêmes sentiments que toi et d'autres pour lesquels j'ai été beaucoup plus réceptif. Il ne me reste plus qu'à lire ce "Cher connard" pour m'en faire ma propre idée 

Cher connard

Une prise de bec en ligne se croise avec une dénonciation #metoo pour harcèlement, un écrivain, une actrice et une militante, ex-attachée de presse de l’écrivain, plus jeune, se retrouvent dans un triangle épistolaire, composé de courriels et de billets de blog. Les auteurs déversent d’abord leurs humeurs, mais réfléchissent aussi sur leur passé et tentent de changer leur présent. Mais ce tourbillon est aussi frappé de plein fouet par le confinement de la COVID et des changements sociaux qui s’ensuivirent. On parle de la masculinité, du milieu du livre, du cinéma, des réseaux sociaux et de bien d’autres sujets. On se rentre dedans, on se réconcilie et on se chicane.
 
Roman épistolaire composé de courriel et de blog, mais quand même formaté dans une structure littéraire. J’ai lu quelque part Choderlos de Laclos en référence à ce livre, et c’est vrai qu’il y a des parallèles avec les liaisons dangereuses : un triangle, un personnage secondaire autour duquel les autres tournent, un plan pour démolir quelqu’un, un renversement d’alliance ou d’allégeance, des personnages avec des visions acides et qui égratignent… Despentes griffe tout ce qui passe à sa portée selon son style habituel, afin de brasser son lecteur et critiquer la société.  Par exemple son observation sur le nombre de femmes tuées ou battues parce qu’elles sont femmes, que ça ne serait pas toléré autant pour un autre rôle (employé vs patron par exemple). Mais ici il y a quand même une touche d’espoir dans son récit, moins sombre selon moi que d’autres de ses livres. Il y a un moment vers le milieu où j’ai trouvé que ça s’étirait, surtout lors de discussions sur les dépendances et Narcotiques anonymes, qui m’intéressent moins, mais mon intérêt est remonté plus loin. Au final, j’ai aimé cette lecture acérée.
 
4/5

RR

Je repensais au point 1) de pistoufle et je me demande comment va vieillir ce livre. Il me semble en effet très collé à l'actualité récente. Dans quelques années, décennie, on ne va peut-être pas trop se rappeler un bon nombre des éléments discutés (ou sinon ne plus s'intéressé aux questions comme le pass vaccinal...). Donc je rajouterais que je l'ai trouvé intéressant maintenant, mais moins une oeuvre marquante pour la société ou la littérature comme d'autres de ses livres. Ici, c'est un roman mais qui a des aspects du récit et de l'essai sur l'actualité.

Décidemment cette Virginie Despentes à l'art d'ouvrir les débats  . Dès que j'aurai lu ce roman ci je rentrerai dans la danse