Francine NOEL (Canada/Québec)

De : PapillonY1 Envoyé : 2005-01-02 09:23

Maryse de Francine Noël
Bibliothèque québécoise - 518 pages

Résumé :
Montréal, Novembre 1968. Maryse, d’origine modeste, commence ses études universitaires. Elle partage un appartement avec François Ladouceur qui est secrètement amoureux d’elle, mais ne rêve que de Michel Paradis, un camarade de classe.

Mon avis :
Francine Noël fait parfaitement revivre les années 70 : le milieu universitaire littéraire, les grands débats idéologiques, les rêves de révolution et de liberté de toute une génération. Son regard est critique, ironique, mais jamais méchant. Elle sait parfaitement mettre le doigt sur les contradictions de tous ces jeunes gens élevés dans les beaux quartiers, qui débattent sans fin de la dictature du prolétariat, alors que la seule prolétaire qu’ils aient jamais eu l’occasion de rencontrer est la femme de ménage de leur mère. Dans ce milieu, Maryse dénote légèrement car elle est envahie par les doutes et hantée par sa famille, une vraie famille de prolétaires dont elle a vaguement honte. C’est ce qui la rend si réelle et si attachante. Elle est parfaitement lucide sur ses propres contradictions. Et c’est à sa propre libération que l’auteur nous fait assister : elle se libère d’un amour qui la détruit, d’une image du père qui n’est que fantasme, d’un rêve illusoire de liberté. Et Francine Noël joue admirablement bien avec la langue passant d’un registre à l’autre, inventant des mots, trafiquant des mots. C’est un bonheur de lecture.

Extrait :
« Il faisait très chaud dans cette librairie immense, démesurée, et malgré cela, encombrée de livres. Ça débordait de partout. Il y avait quelque chose d’insensé dans une telle pléthore de textes inutiles, de mots, d’idées qui ne pouvaient rien changer à la misère de Rose Tremblée, qui ne calmeraient jamais les angoisses de François, ou son propre désarroi. Et lui qui voulait écrire un livre, un de plus ! C’était absurde. »

Ma note : 4,5 / 5


De: Dytal

Francine Noël - Maryse
(BQ, 1994, 523 pages)

C'est l'histoire de Maryse une jeune femme des années 70 et de ses amis. Elle est étudiante aux Beaux Arts au début du livre mais découvre que là n'est pas sa voie et elle se dirige vers la littérologie. Elle est amoureuse d'un jeune révolté qui est passionné de politique. On y rencontre aussi sa meilleure amie Marité, qui étudie le droit et devient une brillante avocate. Malheureusement sa vie familiale est loin d'être aussi brillante.

Tout le roman est brossé sur un fond politico-sociologique de la vie montréalaise dans les années 70. On y rencontre la crise d'octobre et plein d'autres événements qui ont eu lieu dans ces années au Québec.

Mais il ne faut pas croire que ce livre n'est que sérieux, on y rigole aussi car l'auteure a voulu mettre en relief une caricature du monde des intellectuels. C'est comme un vent de fraîcheur dans ces journées plutôt sombres que nous vivons actuellement.

Note : 4/5


De : Friisette Envoyé : 2005-04-03 17:12

Maryse

Maryse est née à Montréal dans un quartier populaire. Grâce a des études payées par les religieuses, elle a réussi à poursuivre sa scolarité et à aller à l'Université. Le roman débute en 1968, à une époque où le Québec traverse une période de grands changements. On traverse donc la Crise d'octobre et les grands bouleversements de la Révolution Tranquille. Tout ça vu par une jeune femme. Une femme qui bien qu'intellectuelle et féministe dans l'âme ne parvient pas à avoir confiance en elle et à se débarrasser totalement du carcan imposé par son éducation.

On découvre aussi le milieu intellectuel québécois de l'époque avec tout ce qu'il pouvait contenir d'énergumènes. et je peux vous le confirmer, même si l'époque a changé, les gens sont les mêmes! Des pseudo-intellectuels qui se croient, il y en a encore des masses! De même que toute la faune que nous décrit Francine Noël.

Et dans se roman, il y a aussi tous les jeux de mots, en particulier dans les noms de personnages! En fait c'est le genre de roman qui nécessite plusieurs lectures afin de bien en saisir toutes les subtilités. À la première lecture, on s'attarde surtout à l'intrigue et on perd quelques perles, surtout si on est plus ou moins concentrée. Je le relirai très certainement afin d'y jeter un nouveau regard. Un roman québécois qu'il faut très certainement découvrir!

Note : 4/5



De : lassy Envoyé : 2005-05-13 05:09

Maryse

En 68, Maryse entre à l'université. La faune y est typique : dans les piaules partagées, les cafés, les petits restos pas chers, petits conciliabules, histoires de coeur, ou réunions par bandes, débats hyper politisés (extrême gauche, bien sûr) ou (et) très intellectuels...
Ce qui est particulier aux étudiants du Québec, c'est l'utilisation du joual, par jeu ou par défi, mais Maryse se sent à part.
Pour elle, le milieu ouvrier n'est pas une abstraction, elle sent la misère de son origine suinter de partout, elle en a honte. Alors, elle est en retrait, et c'est avec ses yeux que l'on voit tout ce monde s'agiter, refaire le monde....sans se rendre compte qu'avec leurs formules, ils l'enferment...

L'auteur a touché juste avec Maryse, avec sa honte, quasi palpable, et les mots coulent de source. On comprend pourquoi elle est si amoureuse de Michel, on estime ses amis, on suit son parcours universitaire avec un réel intérêt, et surtout, quand elle réussit enfin à s'épanouir, à faire la paix avec son passé, on est heureux avec elle.

Note : 4/5



De : Mousseliine Envoyé : 2005-06-29 18:18

Maryse
(BQ, 1994, 523 pages)

Maryse s'est évadée du milieu sordide de son enfance, pauvreté, misère intellectuelle. Maryse étudie à l'université, son "chum" est un gars d'Outremont, ses ami(e)s aussi pour la plupart, tous des intellectuels. Mais peut-on faire une croix sur ses origines, faire taire la honte et oublier ce père qui a sa façon a laissé sa trace...

Voilà un chef-d'oeuvre dans le sens que ce roman est d'une richesse sociale fabuleuse. En plus de traiter avec brio et à fond le thème principal du roman, Francine Noël fait revivre le Québec des années 70 par une plongée dans la culture et la mentalité de l'époque. Et ajouter à ça une écriture irrésistible truffée de jeux de mots, d'expressions bien québécoises et un humour ironique. Francine Noël exagère, elle beurre épais (il n'y a qu'à penser à la garderie de Gabriel), et c'est ce qui fait en grande partie le charme de ce roman, je crois que même un lecteur étranger, le moindrement perspicace, peut saisir les allusions, les nuances, ça reste qu'en tant que québécoise il y a sûrement bien des choses qui m'ont échappées car elle est cultivée Francine Noël.

De plus c'est un roman prenant, agréable à lire avec une galerie de personnages prodigieuse, des personnages très colorés avec de grandes qualités ou de gros défauts et on les adore tous, même la fameuse Hermine, et on aurait bien envie d'être l'amie de Maryse! On voit rarement des personnages aussi bien saisis, aussi bien décrits et aussi attachants. Je pourrais en parler des pages et des pages car il y a tant de choses à dire, plein de sujets ont été traités. Mais voilà à vous de le découvrir, ne passez pas à côté. Une belle surprise pour moi que Francine Noël, je n'en resterai pas là, ça c'est certain.

Note : 5/5


De: Dytal

Francine Noël - Nous avons tous découvert l'Amérique
(Actes Sud/Babel, 2000)

C'est l'histoire de Fatima et Louis, voisins et amants qui nous est révélée par leurs journaux intimes respectifs. Le tout est, comme c'est l'habitude de cette auteure, entouré d'un contexte historique, celui de l'année 1988. On y traite aussi de l'amitié, la mort, l'adultère...

J'ai beaucoup moins aimé ce livre que la précédente trilogie (Maryse). Personnellement, je ne me suis pas attachée à aucun personnage... J'ai tout lu sans pour autant prendre un réel plaisir. J'avoue que je suis déçue par ce livre-ci.

Note : 3/5


De: Dytal

Francine Noël - La conjuration des bâtards
(Leméac, 2000)

Un pur délice! L'auteure nous entraîne cette fois-ci au Mexique où Maryse, son conjoint et ses deux enfants habitent depuis quelques années, et où le sommet de la fraternité a lieu. Nous sommes donc, en présence d'intellectuel et je dirais que ce troisième tome est un peu plus historique et intellectuel que les deux autres. Toutefois, le tout est entouré des écarts dans l'imaginaire, dans le bar du diable où nous rencontrons Dieu lui-même!

C'est une très belle réflexion que Francine Noël nous offre dans ce roman, une réflexion sur les gens qui ne connaissent pas leur origine parce qu'adoptés, les exilés, les métisses, tous ces êtres qui ne savent pas entièrement qui ils sont et d'où est-ce qu'ils viennent...

J'ai vraiment adoré et je crois que le troisième tome est vraiment le meilleur des trois, moi qui avait peur que l'auteur s'essouffle dans ce livre, ce n'est pas le cas!

Note : 5/5


De: Dytal

Francine Noël - Myriam première
(BQ, 2002, 579 pages)

Nous retrouvons les personnages de Maryse un peu plus âgés dans ce second volet. Myriam est la fille de Marité et de François Ladouceur. Nous apprenons à connaître cette jeune fille et son frère avec une panoplie d'amis qui les entourent. Toutefois, si le premier tome était caricatural d'une société, celui-ci est partagé entre l'imaginaire et le réel. On y retrouve encore des éléments historiques de la société québécoise mais aussi une ambiance imaginaire avec Fred, leur ami imaginaire, Lilith la sorcière, et l'archange Gabrielle.

C'est un bon livre, j'ai bien apprécié cette lecture.

Note : 4/5


De : lassy Envoyé : 2006-01-01 17:52

Myriam Première

Une petite quinzaine d'années plus tard, Maryse O'Sullivan est devenue, outre professeur au cegep, un auteur reconnu, et sa prochaine pièce est en répétition. Marie-Belle en est le metteur en scène, et Marie-Lyre, devenue actrice, y tient la vedette.

Ce roman, c'est la vie d'enfant de Myriam (fille de Marité et François), ses préoccupations, ses rêves ses amis ; la vie de Maryse, en tant que femme, en tant qu'écrivain ; la vie de ses amis, du milieu théâtreux de Montréal, et puis les histoires, celles de Maryse, celles de sa famille, celles de la famille de Myriam, celles qui alimentent son inspiration, celles qu'elle raconte à Myriam, plus les gens imaginaires (génies, diables et consorts) et puis les endroits imaginaires, aussi.... Le tout s'entremêle confusément, dans une suite de bavardages souvent brumeux...
Comme si Francine Noël voulait prouver qu'elle avait encore beaucoup de choses à dire ?

"On refoule beaucoup le local ces années-ci, dit Marie-Belle. On refoule le régional, le national, l'intime, la peau, la chair, le sang, les tripes. Je le sais, ça va en refoulant ! Mais moi je préfère être à contre-courant, et O'Sullivan aussi. On aime le brut, le raide, le profond, le vernaculaire, le particulier, le saigne-vif." Le style, c'est un peu ça, j'imagine que Francine Noël écrit comme on parle dans les milieux intello de Montréal, on dirait un mélange forcé de français, de joual, d'anglais.... mais ça n'est pas spontané comme chez Michel Tremblay, par exemple, et ça manque de naturel, de fraîcheur....

Note : 2,5 / 5



De : Cocotte8017 Envoyé : 2008-11-09 14:47

Maryse

Nous sommes en 1968. Maryse est une jeune montréalaise de 21 ans qui étudie aux Beaux-Arts. Elle est amoureuse de Michel, un passionné de politique. Elle est entourée d'amis intellectuels, ce qui est bien loin de ses origines qu'elle tente de cacher.

La force de ce roman est sans contredit son personnage principal, Maryse, que j'ai trouvé attachante, pétillante, passionnée tout en étant insécure et tourmentée. C'est un personnage haut en couleurs que j'ai adoré suivre l'évolution. Et que dire de tous ces personnages tout aussi intéressants et fabuleusement bien rendus par l'auteur!

Maryse, c'est aussi une époque les années 60-70. Une époque que je n'ai pas vécue, mais que j'ai adoré découvrir à travers l'histoire de Maryse. C'est un roman très riche socialement, on y vit la culture de l'époque, la révolution pour la condition de la femme, pour la liberté de parole. Très enrichissant! Et que dire du style de Francine Noël! Un style rythmé, coloré rempli de jeux de mots savoureux! Une lecture prenante tellement tout y est!

Ma note : 5/5