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OVIDE (Italie/Classique romain)

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Message  Invité Sam 29 Nov 2008 - 21:34

De : oxymore Envoyé : 2006-07-19 10:56

Les métamorphoses

Voilà le long marathon de mes très chères métamorphoses terminé. Ovide m'aura tenu compagnie un bon mois et demi (voire deux mois) et c'est avec une certaine mélancolie que je le quitte. Bon je vous parle un petit peu de l'oeuvre écrite 1 an avant le début de l'ère chrétienne: Les métamorphoses se décomposent en 15 livres sur environ 510 pages et énumèrent sous forme de vers les "transformations" diverses survenues entre la création du monde et la mort de César puis de la prise du pouvoir d'Auguste. La beauté de cette oeuvre incontournable de l'Antiquité réside dans la beauté imagée des métamorphoses autant que dans la cruauté terrible des dieux ou le pathétique des situations qu'Ovide narre avec une force poétique exceptionnelle.

Tous les plus grands mythes sont abordés, tous les épisodes les plus fameux de la Grèce ou de la Rome éternelle sont évoqués; ainsi on retrouve les Géants, Phaeton sur le char de Phébus, Europe enlevée par Jupiter (ou Zeus cf photo du livre), la transformation de Narcisse en fleur, la tête de Gorgone qui devient le corail des mers, Arachnée la rivale de Minerve transformée en araignée, Jason et les Argonautes en route pour Troie, Charybde et Scylla, Minos et le labyrinthe, Icare aux ailes de cire, le malheureux Orphée qui perd son Eurydice par un empressement funeste, les amours d'Alcyone et Céyx ou celles de Pyrame et Thisbée, la mort d'Achille tué par Pâris et le jugement des armes qui s'en suit entre Ulysse et Ajax, la sorcière Circée qui transforme les compagnons d'Ulysse en porcs et enfin la fondation de Rome.
Tout ça est un aperçu rapide de multiples épisodes qui nous sont connus mais qu'on a du mal parfois à comprendre au travers de la symbolique propre aux poètes antiques. L'ensemble est un véritable bonheur à lire car chaque métamorphose est expliquée de façon très claire (souvent Junon ou la Héra grecque se venge des infidélités de Jupiter) et surtout très courte, rarement plus de 25 pages; bref on n'est pas obligé de lire tout d'un coup comme je l'ai fais, ça peut être un livre de chevet entrecoupé de lectures plus "légères".

Ce livre comporte bien entendu quelques inconvénients très relatifs à mon goût; D'abord il existe un nombre de notes importants auxquelles il vaut mieux se référer pour saisir tout le sens du message d'Ovide, ce qui peut nuir à la fluidité de la lecture d'ensemble. Ensuite, la mythologie grecque a ceci de particulier qu'elle met en scènes un nombre important de dieux ou de héros diverses qui ont souvent des liens de parenté lointains, sans parler de la légitimation mythologique de l'inceste ou de l'amour "contre-nature" si on veut, ou bien même des naissances issues de parthénogénèses (un enfant né dans une cuisse ou dans une oreille par exemple). En somme si vous aimez les belles histoires, n'hésitez pas à lire ce monument surtout que rien ne vous oblige à lire l'intégrale, d'ailleurs cette année le bouquin contenant les livres XII, XIII, XIV et XV est ressorti en librairie pour le bac. Ne vous laissez pas impressionner par des livres qui semblent austères et lancez-vous dans ces somptueuses métamorphoses

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Message  Messaline Ven 3 Avr 2009 - 6:53

L’Art d’aimer
ou Ars amatoria

C’est ainsi que commence le poème d’Ovide :
« Si parmi vous, Romains, quelqu’un ignore l’art d’aimer, qu’il lise mes vers, qu’il s’instruise en les lisant, et qu’il aime »

Ovide, professeur ès amour, décide de venir en aide à tous les empotés de ce monde en matière de séduction, et il le fait avec beaucoup d’humour. C’est au sens technique du terme qu’il faut comprendre le terme d’« ars », car c’est un manuel que le poète nous offre ; L’amour pour les nuls en somme. Laughing

C’est à la manière d’un traité de rhétorique qu’Ovide construit son « ars amatoria » - détournement parodique de l’ « ars legendi » (l’art de bien parler) si cher aux rhéteurs, j’imagine. Il se compose en deux parties :
Livre I : comment trouver l’amour ?
Livre II : comment le conserver ?

Tout y passe : la confiance en soi, l’art d’utiliser les larmes, les compliments ou les promesses, l’habillement, la persévérance, l’utilité des lettres, mais aussi du vin, ou encore de la complicité de la servante (qu’on peut au passage mettre dans son lit, évidemment Wink ), l’habileté à cacher ses infidélités, à susciter la jalousie… et bien d’autres choses encore.

Plus tard, Ovide ajouta un troisième livre dans lequel il s’adresse aux femmes cette fois.
C’est ainsi que s’ouvre cette partie (je cite la traduction de Grodent, mais elle est très, très éloignée du texte original) :

« Messieurs, je viens de vous donner les armes
pour affronter les dames.
Je dois à présent, belles amazones, vous donner des armes
pour que le combat soit égal.
Un affrontement sans armure contre des gens armées jusqu’aux dents,
Ce n’est pas équitable !
Au demeurant, Messieurs, ce serait un déshonneur pour vous
de vaincre dans ces conditions.
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! »

La métaphore guerrière est un lieu commun – un "topos" comme disent les profs de lettres – de la poésie amoureuse latine : la femme en tant qu’ennemie à vaincre, en tant que citadelle à prendre à son corps (plus ou moins) défendant ; l’amour en tant que théâtre d’affrontement et de rivalité.

Contrairement à ce qu’Ovide laisse croire dans ces premiers vers, il ne s’agit pas d’apprendre aux femmes à se défendre contre les assauts des hommes, mais bel et bien à briller en société dans le but de séduire, et à garder leurs soupirants.

Léger, cynique, libertin… ce livre ne se prend pas du tout au sérieux. Sous prétexte d’écrire un « traité d’amour », Ovide compose une œuvre drôle et virtuose, en agrémentant le tout de récits d’épisodes mythologiques comme il aime à le faire.
L’œuvre d’un amoureux de l’amour, espiègle et attachant.

Je vous offre une dernière citation, juste pour vous montrer le sens de l’autodérision du poète. Ce sont les tous derniers vers de L’Art d’aimer :
« Et maintenant, mes belles écolières, écrivez sur vos trophées, comme l’ont fait naguère vos amants : Ovide était mon maître ! »


Ma note : 5/5


Rapide biographie :

Ovide, de son vrai nom Publius Ovidius Naso, est né à Sulmone au milieu du premier siècle avant JC dans une famille de chevaliers. Il reçoit une formation rhétorique – ce qui influence énormément sa poésie, dans L’Art d’aimer comme ailleurs – et excelle en cette matière. Il renonce néanmoins rapidement à l’idée de faire une carrière politique et préfère se consacrer à la poésie.

Pour des raisons qui restent inconnues à ce jour, il est exilé par l’empereur Auguste en 8 ap JC. Lui, le poète mondain, romain jusqu’au bout des ongles, vit très mal cet éloignement de la capitale – il écrira alors les Tristes et les Pontiques, ses œuvres les plus mélancoliques, avant de mourir sans avoir revu Rome.

Ses principales œuvres sont Les Amours, L’Art d’aimer, Les Héroïdes (poésie amoureuse), Les Métamorphoses, Les Fastes (mythologie), Les Tristes, Les Pontiques (élégies).
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