Luis SEPULVEDA: Les roses d'Atacama

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Message  Prospéryne Sam 29 Nov 2008 - 23:37

De : Eireann561 (Message d'origine) Envoyé : 2007-03-19 04:28
Les roses d'Atacama
Luis SEPULVEDA

Note : 5

Portraits d'anonymes.

Première oeuvre de cet auteur chilien que je lis. Une galerie de personnages hors du commun pour certains ou trop commun pour d'autres.

En visite dans le camp de concentration de Bergen Belsen, en Allemagne, l'auteur découvre cette phrase gravée sur une pierre "J'étais ici et personne ne racontera mon histoire"

Alors, les histoires peuvent commencer.

Un sage dans une forêt D'Amérique du sud, une poignée d'habitants dans une île yougoslave, le bonheur, puis hélas, la politique brise tout cela.

Fitscarraldo, le fou chantant, aventurier brutal et sans scrupule m'apparaît sous les traits de Klaus Kinski, l'acteur de la démesure.

L'auteur nous parle de sa non rencontre avec le poète juif, Avrom Sützekze, et finit par cette phrase :

-"Je ne l'ai jamais rencontré mais ses vers et son exemple m'accompagnent comme le pain et le vin".

L'ironie de l'histoire dans "Le pirate de L'Elbe" qui nous raconte que plus personne ne se rappelle qui fut Simon Von Utrech, bourgmestre de Hambourg dont une rue porte le nom. Mais que tout le monde et des centaines de récits et de chansons sont là pour maintenir la légende de Klaus Störtebecker. Le premier condamna le second à mort, le premier est oublié, le second vénéré.

Dans "Tano", un Italien se trompe de direction et d'Amérique, il débarque en Argentine au lieu des Etats-Unis!

Un hommage aux artistes anonymes et aux travailleurs du marbre dans "Cavatori".

Coup de griffe à la stupidité humaine, ce "Douanier de Lauffenbourg" sévissant dans un petit village entre la Suisse et l'Allemagne dont l'auteur dit :" Deux terribles pistolets à eau que le douanier examine avec les mêmes précautions que les artificiers britanniques en Ulster".

Hommage à tous les hommes de bonne volonté de la terre, pensée pour quelques animaux domestiques, comme ce panneau à l'entrée d'un village "Bienvenue à Resitancia, ville du chien Fernando". Ou cet épitaphe "Zorbas. Hambourg 1984-Vislshein 1996. Voyageur: ci-gît le plus noble des chats. Ecoutes-le ronronner.

J'ai une estime particulière pour plusieurs des personnages de ce livre comme Mister Simpah, dépeceur de bateaux :

-"C'est triste, mais avec moi, les bateaux ne souffrent pas quand ils vont à la casse, parce qu'en attendant la pleine mer, je leur parle, je leur rappelle tous les ports qu'ils ont touchés, toutes les langues qu'ils ont entendues, tous les marins, tous les drapeaux. Les bateaux sont des animaux nobles et ils arrivent résignés au paradis du travail".

Ou encore "Vidal", syndicaliste paysan en Équateur, pourchassé par le patronat,,tabassé par la police, organisant des réunions secrètes. Athée, il avait dans son portefeuille, la photo de sa protectrice, Greta Garbo!

Un livre magnifique, qui nous emmène d'Amérique du sud en Laponie, du bassin méditerranéen au canal de Panama. Mais toujours des personnages de résistants, au service de l' homme ou de la nature. Des courtes histoires superbement écrites, un régal. Une découverte, qui je pense, ne sera pas sans suite.

Extraits

- Les langues du feu disent que le bois brûle sans rancoeur. Oui. Tout va bien.

- Il est difficile d'imaginer un spectacle plus triste que celui d'un bateau à l'agonie.

Les bateaux meurent dans des gémissements de métal, sans gloire, dans une résignation honteuse face au destin.

- Il y a deux produits de l'ingéniosité humaine que je déteste par dessus tout : la tronçonneuse et le hors-bord.

- Fitzcarraldo ne vit rien de tout cela. La cupidité sera toujours comme une épine de glace dans les pupilles.

- Je le salue chaque jour, et chaque jour Papa Hemingway me répond en m'apprenant que le métier d'écrire est un métier d'artisan.

- Pas le ciel de curés, mais l'autre où la vie est une fête.

- Et moi comme eux, je sais qu'on est heureux "quand on écoute une gaita* et qu'il y a du cidre dans le pressoir".

Éditions :Métailié

Titre original : Historias marginales.

*Gaita. Cornemuse asturienne dont Carlos Nunez est le meilleur ambassadeur.


De : Philcabzi5 Envoyé : 2007-04-03 07:28
Les roses d'Atacama

Ed. Métailié, 2001, 160 pages

Note: 4.25/5

Mon avis:

Lors de ces nombreux voyages, l'auteur rencontre des gens merveilleux qui ont tous quelques chose à lui apporter. Avec brio, Sepulveda a réussit à nous faire voir la réalité de ces peronnages plus grands que nature et surtout nous donner envie de faire nos bagages et de partir à l'aventure. Son écriture est simple mais précise et ses mots réussissent facilement à émouvoir. J'ai été boulversé par les Baleines de Méditerranée, j'ai ri avec Le douanier de Laufenburg et j'ai réellement pleuré sur la mort de Zorbas avec L'amour et la mort.

Citations:

"L'île perdue me fait mal et me répète que les peuples qui ne connaissent pas à fond leur histoire tombent facilement entre les mains d'escrocs, de faux prophètes, et commettent de nouveau les mêmes erreurs."

"Toutes ces réalités absurdes et douloureuses peuvent conduire facilement au pessimisme, mais, heureusement, la certitude qu'existent des personnes et des organisations qui consacrent leurs efforts à la préservation du milieu naturel et incitent à pratiquer un droit élémentaire - celui de décider collectivement de ce que nous voulons faire de notre petite planète - autorise une dose d'espoir au milieu de tant d'aveuglement mercantile."


De : liza_lou55 Envoyé : 2007-04-26 15:36
Les roses d'Atacama
(Métailié Suites, 160 pages)

"J'étais ici et personne ne racontera mon histoire"

C'est après avoir lu cette inscription que Sepulveda décida de relater l'histoire de ces anonymes qui, comme vous et moi, ne demandent pas grand chose : seulement le droit de vivre.

Une succession de descriptions d'êtres aux quatre coins du monde que Sepulveda, en grand raconteur, nous expose. Il y a ce pirate de l'Elbe qui un jour s'érigea contre les commerçants de la Hanse. Il y a cet Indien qui au moment de faire s'échouer les navires leur parle et les console. Il y a les jumeaux Duarte, séparés par un coup du sort mais qui coute que coute continuent d'exercer leur art.

Toujours un grand respect, beaucoup d'estime voire de l'admiration envers ces hommes et femmes, qui à leur manière, tentent de démontrer qu'il y a de l'espoir envers l'espèce humaine.

Un témoignage très beau, une écriture limpide et simple. Sepulveda parle, et c'est sa voix que le lecteur entend en lisant toutes ces histoires.

Un roman à déguster avec lenteur, sans se presser mais avec délectation. Le genre d'histoires que l'on peut lire et relire toute une vie.

Ma note: 4,5/5
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