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Leon ROOKE (Etats-Unis/Canada)

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Leon ROOKE (Etats-Unis/Canada) Empty Leon ROOKE (Etats-Unis/Canada)

Message  Lacazavent Mar 2 Déc 2008 - 12:42

De : Mousseliine Envoyé : 17/06/2003 00:34
En chute libre de Léon Rooke
(Éd. Phébus, 300 p.)

Raoul et Juliette sont à la recherche de Joyel, l'épouse et la mère, qui a déserté le foyer conjugal depuis un an. C'est une quête à travers les états de l'ouest américain, un genre de road novel.

C'est un roman plutôt difficile. Tout se joue dans la dimension psychologique des personnages et ce n'est pas toujours évident de les cerner. Aussi tous les personnages, les principaux comme les secondaires, sont pathétiques et décrits sous leurs aspects les plus sombres, ils sont ainsi peu sympathiques et peu attachants pour le lecteur. Faut quand même souligner le grand talent de l'auteur, Leon Rooke, pour décrire ses personnages avec autant de réalisme et de discernement...il est allé très loin.

Ce roman ne m'a pas captivée. Il manquait le petit quelque chose qui fait la différence entre un bon livre et un excellent livre. Qu'est-ce qui m'indisposait? peut-être l'ambiance sordide ou le manque de suspense ou bien la lourdeur de certains passages.

Mais il s'en faut de peu pour que ce bouquin soit un grand roman...Dommage que Leon Rooke n'arrive à captiver le lecteur et soutenir son intérêt qu'épisodiquement.

Note : 3.5/5
(Mousseline)


Leon Rooke est natif de la Caroline du Nord mais est établi depuis longtemps au Canada. Couronné dès 1981 par le Governor General's Award (pour Shakespeare's Dog), il reste un quasi-inconnu auprès du public francophone.




De : Polo Envoyé : 17/06/2003 03:17

Moi aussi, j'ai lu ce roman de Léon Rooke un peu avant Noël. Je voudrais souligner certains points qui ont nourri ma réflexion.

Sujet : quête de valeurs

Rooke est un Canadien d'origine américaine. Son oeuvre que l'on a commencée à traduire en 2002 date d'environ trente ans. En 1981, il remportait le Prix du Gouverneur général avec Shakespeaure's Dog. Même cet honneur n'a pas lancé cet auteur en dehors des frontières de l'Ontario. En chute libre vient donc de paraître en français. Comme d'habitude, la traduction donne un air hexagonal au roman. Qui dit en Amérique : «Viens prendre une mousse?» Les plus vieux parleront de «broue» comme la pièce de théâtre du même titre. Même les Américains « have a beer». Le titre ne convient pas davantage au roman. The Fall of Gravity aurait dû être traduit littéralement pour répondre au propos de l'auteur.

À la manière des héros de road novels, les personnages parcourent l'Amérique pour se donner une consistance, pour remédier leur manque de gravité. Les personnages vivent dans un état d'apesanteur à cause du manque de valeurs auxquelles ils pourraient s'accrocher. Tout autour d'eux est en chute libre dans le sens que les cadres sociaux chambranlent sur leurs crochets, comme la foi incarnée par ce prêtre défroqué incapable d'assumer son sacerdoce à cause de cette absence de gravité. Mais les héros, eux, sont en quête d'une identité, qui leur redonnerait leur état de pesanteur.

L'auteur a bien choisi sa métaphore de la course, de cette quête d'espace, où le questionnement métaphysique aurait sa réponse . L'Amérique est un réseau routier à nul autre pareil, réseau qui conduit partout et nulle part. Un réseau qui empêche en somme l'enracinement. L'Amérique est une route qui permet tous les cheminements, un easy rider qui conduit finalement à la solitude, parce que tous courent après une existence qui ne peut voir le jour si l'on ne s'arrête pas.

Joyel a quitté son mari et sa fille adolescente justement pour trouver un ciel à sa mesure. Son exil à l'intérieur de son propre pays est comparable à celui des immigrants. Existe-t-il un espace idéal pour se réaliser? Déçue par un mari alcoolique, elle est en quête d'une existence nouvelle. Les siens ne l'entendent pas ainsi. C'est la course folle pour la retrouver, une course qui nous montre le manque de gravité qui caractérise l'Amérique. Ce pays en apesanteur avec ses fugueurs, ses auto- stoppeurs, qui me rappellent ce jeune que j'avais fait monter dans ma voiture. À ma demande de sa destination, je n'ai obtenu comme réponse qu'un «je ne sais pas». À ce compte-là, le voyage risque d'être long comme celui du héros de Louis Gauthier. C'est la mode en Amérique, ces road novels dans lesquels les héros partent en «no where», pensant que leur destinée va leur être signifiée comme à Saint Paul sur le chemin de Damas. On peut comprendre que cette triste situation favorise les sectes, qui ont le vent dans les voiles et les mains dans les portefeuilles. Même la quête métaphysique a un prix.

Ce n'est pas un roman à lire quand on est down. C'est un portrait sombre d'un Amérique qui se meut sur des routes sans système de signalisation. À ce titre, c'est une oeuvre très révélatrice du mal à l'âme profond de notre continent. C'est difficle de coter ce roman; ça dépend de ce qu'il nous rapporte. On ne raconte pas une histoire, on décrit un phénomène de société.
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