Evguéni ZAMIATINE (Russie)
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Evguéni ZAMIATINE (Russie)
Louvaluna Jeu 4 Déc 2008 - 16:57
De : nimbus (Message d'origine) Envoyé : 29/07/2004 21:47
Evguéni Zamiatine "Le pêcheur d'hommes"
Bibliothèque étrangère Rivage. 149 pages.
traduction du russe Bernard Kreise.
L'auteur.
Zamiatine 1884- 1937, né en Russie, ingénieur spécialisé dans la construction navale, il va travailler en Angletere, puis revient en Russie en 1917. Très rapidement il sera jugé gênant et indésirable, après avoir critiqué le totalitarisme naissant.
L'essentiel de son oeuvre ne sera pas publiée en "Russie".
Il est conduit à l'éxil en 1931, d'abod à Berlin, pus à Paris.
Le livre.
Ensemble de onze nouvelles, il n'est pas facile à critiquer!
Disons que j'en ai bien aimé certaines, les plus simples, et que je n'ai pas aimé ou pas compris les autres, c'est à dire environ la moitié!
L'écriture est dynamique et très imagée, le contenu n'est pas facilement accessible parce que le banal, l'absurde, et le fantastique sont tellement mêlés que l'on s'y perd preque à tous coups!
Note.
Difficile de noter, c'est un ouvrage qui peut totalement plaire ou déplaire selon le lecteur!
Je mettrais 3 / 5 mais c'est très subjectif, et c'est une moyenne.
De : joubjoub Envoyé : 09/10/2008 11:38
.:: Nous autres (Eugène ZAMIATINE) ::.
Résumé : "... On nous attacha sur des tables pour nous faire subir la Grande Opération. Le lendemain, je me rendis chez le Bienfaiteur et lui racontai tout ce que je savais sur les ennemis du bonheur. Je ne comprends pas pourquoi cela m'avait paru si difficile auparavant. Ce ne peut être qu'à cause de ma maladie, à cause de mon âme."
Ainsi parle D-503, un homme des siècles futurs. Il vit dans une société qui impose fermement l'Harmonie sous la direction du Guide. Or D-503 qui participe activement à l'expansion de cette organisation à l'échelle interplanétaire en arrive à l'autocritique, à la dénonciation, au rééquilibrage psychique.
C'est en 1920 que le Soviétique Eugène Zamiatine a conçu cette politique-fiction. Il y aborde, pour la première fois, les mécanismes de l'Utopie au niveau existentiel. Jusque-là, tous les organisateurs de sociétés futures, sous la bannière de Platon et de saint Thomas More, se contentaient d'une description monomaniaque de leurs structures. Zamiatine introduit l'homme vivant dans ces souricières. La porte poussée, Aldous Huxley et George Orwell vont s'engouffrer dans le corridor.
Quel extraordinaire prophète que ce Zamiatine, écrivain, mathématicien et ingénieur. Il y a soixante ans, la dissidence n'était pas encore une maladie mentale traitée à l'halopéridol. Le règne du père génial de tous les peuples, Staline, et de ses épigones n'avaient pas commencé. Et les pieux des camps de rééducation n'étaient pas encore systématiquement plantés. Pourtant, le ver était dans le fruit, et même à cette époque pas encore totalement occultée, l'ouvrage ne fut pas publié.
L'oracle Zamiatine scrutant les brumes de l'Histoire de demain pousse un hurlement solitaire. Lui-même, en nos temps de surdité, condamné au silence et à l'exil, étouffé par l'angoisse, mourra à Paris, en 1937, à l'âge de 53 ans. (Source : Gallimard)
--------------------------------------------------------------------------------
Ce livre tient à la fois de la SF, du roman d'amour et de l'ouvrage politique.
Zamiatine décrit la quête de l'humanité au sein d'un régime totalitaire. Son "héros" est envahi par l'incompréhension, car il refuse son côté humain bien trop éloigné de la perfection mathématique prononcée par le régime. Il nous relate dans son journal son chemin progressif vers la folie (ou l'amour ?).
L'État Unique décrit dans le roman est un état totalitaire, qui prétend régir toutes les activités humaines et faire le bonheur des hommes au détriment de leurs libertés individuelles.
Zamiatine utilise fréquemment un langage inspiré des sciences, avec des métaphores parfois un peu sèches, voire burlesques. Reflet de sa formation scientifique ou choix délibéré pour mieux mettre en lumière l'assèchante dictature de la raison ?
Zamiatine a brillament anticipé toute la littérature "totalitaire" destinée à dénoncer les abominations de tel régime. Il montre à quoi conduit un régime totalitaire, avec un "Bienfaiteur", une police de pensée et des citoyens égalisés par la déshumanisation.
Un livre torturé, brisant, qui vous coupera le souffle, vous révoltera, vous emplira d'une joie trop vive pour mieux vous poignarder.
Note : 5/5
Evguéni Zamiatine "Le pêcheur d'hommes"
Bibliothèque étrangère Rivage. 149 pages.
traduction du russe Bernard Kreise.
L'auteur.
Zamiatine 1884- 1937, né en Russie, ingénieur spécialisé dans la construction navale, il va travailler en Angletere, puis revient en Russie en 1917. Très rapidement il sera jugé gênant et indésirable, après avoir critiqué le totalitarisme naissant.
L'essentiel de son oeuvre ne sera pas publiée en "Russie".
Il est conduit à l'éxil en 1931, d'abod à Berlin, pus à Paris.
Le livre.
Ensemble de onze nouvelles, il n'est pas facile à critiquer!
Disons que j'en ai bien aimé certaines, les plus simples, et que je n'ai pas aimé ou pas compris les autres, c'est à dire environ la moitié!
L'écriture est dynamique et très imagée, le contenu n'est pas facilement accessible parce que le banal, l'absurde, et le fantastique sont tellement mêlés que l'on s'y perd preque à tous coups!
Note.
Difficile de noter, c'est un ouvrage qui peut totalement plaire ou déplaire selon le lecteur!
Je mettrais 3 / 5 mais c'est très subjectif, et c'est une moyenne.
De : joubjoub Envoyé : 09/10/2008 11:38
.:: Nous autres (Eugène ZAMIATINE) ::.
Résumé : "... On nous attacha sur des tables pour nous faire subir la Grande Opération. Le lendemain, je me rendis chez le Bienfaiteur et lui racontai tout ce que je savais sur les ennemis du bonheur. Je ne comprends pas pourquoi cela m'avait paru si difficile auparavant. Ce ne peut être qu'à cause de ma maladie, à cause de mon âme."
Ainsi parle D-503, un homme des siècles futurs. Il vit dans une société qui impose fermement l'Harmonie sous la direction du Guide. Or D-503 qui participe activement à l'expansion de cette organisation à l'échelle interplanétaire en arrive à l'autocritique, à la dénonciation, au rééquilibrage psychique.
C'est en 1920 que le Soviétique Eugène Zamiatine a conçu cette politique-fiction. Il y aborde, pour la première fois, les mécanismes de l'Utopie au niveau existentiel. Jusque-là, tous les organisateurs de sociétés futures, sous la bannière de Platon et de saint Thomas More, se contentaient d'une description monomaniaque de leurs structures. Zamiatine introduit l'homme vivant dans ces souricières. La porte poussée, Aldous Huxley et George Orwell vont s'engouffrer dans le corridor.
Quel extraordinaire prophète que ce Zamiatine, écrivain, mathématicien et ingénieur. Il y a soixante ans, la dissidence n'était pas encore une maladie mentale traitée à l'halopéridol. Le règne du père génial de tous les peuples, Staline, et de ses épigones n'avaient pas commencé. Et les pieux des camps de rééducation n'étaient pas encore systématiquement plantés. Pourtant, le ver était dans le fruit, et même à cette époque pas encore totalement occultée, l'ouvrage ne fut pas publié.
L'oracle Zamiatine scrutant les brumes de l'Histoire de demain pousse un hurlement solitaire. Lui-même, en nos temps de surdité, condamné au silence et à l'exil, étouffé par l'angoisse, mourra à Paris, en 1937, à l'âge de 53 ans. (Source : Gallimard)
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Ce livre tient à la fois de la SF, du roman d'amour et de l'ouvrage politique.
Zamiatine décrit la quête de l'humanité au sein d'un régime totalitaire. Son "héros" est envahi par l'incompréhension, car il refuse son côté humain bien trop éloigné de la perfection mathématique prononcée par le régime. Il nous relate dans son journal son chemin progressif vers la folie (ou l'amour ?).
L'État Unique décrit dans le roman est un état totalitaire, qui prétend régir toutes les activités humaines et faire le bonheur des hommes au détriment de leurs libertés individuelles.
Zamiatine utilise fréquemment un langage inspiré des sciences, avec des métaphores parfois un peu sèches, voire burlesques. Reflet de sa formation scientifique ou choix délibéré pour mieux mettre en lumière l'assèchante dictature de la raison ?
Zamiatine a brillament anticipé toute la littérature "totalitaire" destinée à dénoncer les abominations de tel régime. Il montre à quoi conduit un régime totalitaire, avec un "Bienfaiteur", une police de pensée et des citoyens égalisés par la déshumanisation.
Un livre torturé, brisant, qui vous coupera le souffle, vous révoltera, vous emplira d'une joie trop vive pour mieux vous poignarder.
Note : 5/5
Louvaluna- Nombre de messages : 1131
Location : France (Est)
Date d'inscription : 28/10/2008 -
Evgueni ZAMIATINE (Russie)
Franillon Mer 15 Sep 2010 - 20:45
Evgueni ZAMIATINE (Russie)
Au diable vauvert et Alatyr. Verdier, 2005. 186 pages.
Quatrième de couverture : Les deux récits présentés ici, Au diable vauvert (1914) et Alatyr (1915), offrent le tableau d’une Russie provinciale, burlesque et colorée, à la veille du cataclysme de la Première Guerre mondiale pour l’un, et de l’apocalypse révolutionnaire pour l’autre.
Historiquement daté – les allusions à l’Alliance franco-russe permettent d’en situer l’action entre 1892 et 1914 –, Au diable vauvert est dépourvu d’indications topographiques précises. Il évoque le quotidien d’un détachement militaire quelque part aux environs de la frontière chinoise, du côté de la mer du Japon, en un lieu accessible uniquement par la mer. La Censure devait interpréter ce récit comme une « image profondément insultante des officiers russes ».
Alatyr, ville inventée dont le nom est aussi celui de la pierre légendaire des contes russes, vient compléter l’exploration imaginaire de l’ancienne Russie effectuée par l’auteur. Paradis originel qui, bien souvent, s’apparente à un enfer, la cité d’Alatyr est peuplée de bêtes craintives ou sauvages. La Censure reprochera à Zamiatine d’y avoir campé des personnages « qui n’ont pas figure humaine ».
Evgueni Zamiatine est perçu par nombre de ses contemporains, dès la parution de ses premiers récits, comme un nouveau Gogol, ce qui ne doit rien au hasard. En effet, à travers les plaisanteries grasses des soldats d’Au diable vauvert ou les rêves des jeunes filles d’Alatyr, Zamiatine fait rire, de même que Gogol dans Les Ames mortes. Mais l’auteur qui, de son propre aveu, souffre d’hérésie chronique et tient la vie pour une tragédie, rappelle à la fin de chaque récit que son rire est avant tout une politesse du désespoir.
Mon avis : deux récits faciles et agréables à lire, rappelant effectivement beaucoup le Gogol des Ames mortes. Pas étonnant que la Censure n’ait pas apprécié : le comportement des officiers, et en particulier celui du général, ne donne pas une bonne idée de ces messieurs. A leur décharge il faut noter que l’action se passe dans un lieu impossible où le détachement a été envoyé, pour quoi faire, on ne sait pas trop. Alors, il faut bien passer le temps… Quant aux ordonnances des officiers, elles sont caricaturales. Les personnages sont croqués avec une précision pittoresque : Larka s’approcha langoureusement du général : Votre Excellence, vous avez de la visite… c’est, paraît-il, personnel. » Le général frétilla : « Est-il possible que ce soit elle ? » Il sortit à la hâte, en trottinant. Sa brioche protubérante courait en tête, comme s’il la portait dans une brouette. Son pantalon remonté godait sur ses bottes.
Une excellente introduction du traducteur, Jean-Baptiste Godon, complète l’ouvrage. Un auteur russe du début du XXème siècle à découvrir, surtout pour ceux qui ont envie de connaître l’ancienne Russie provinciale.
Ma note : 4,5 / 5.
Au diable vauvert et Alatyr. Verdier, 2005. 186 pages.
Quatrième de couverture : Les deux récits présentés ici, Au diable vauvert (1914) et Alatyr (1915), offrent le tableau d’une Russie provinciale, burlesque et colorée, à la veille du cataclysme de la Première Guerre mondiale pour l’un, et de l’apocalypse révolutionnaire pour l’autre.
Historiquement daté – les allusions à l’Alliance franco-russe permettent d’en situer l’action entre 1892 et 1914 –, Au diable vauvert est dépourvu d’indications topographiques précises. Il évoque le quotidien d’un détachement militaire quelque part aux environs de la frontière chinoise, du côté de la mer du Japon, en un lieu accessible uniquement par la mer. La Censure devait interpréter ce récit comme une « image profondément insultante des officiers russes ».
Alatyr, ville inventée dont le nom est aussi celui de la pierre légendaire des contes russes, vient compléter l’exploration imaginaire de l’ancienne Russie effectuée par l’auteur. Paradis originel qui, bien souvent, s’apparente à un enfer, la cité d’Alatyr est peuplée de bêtes craintives ou sauvages. La Censure reprochera à Zamiatine d’y avoir campé des personnages « qui n’ont pas figure humaine ».
Evgueni Zamiatine est perçu par nombre de ses contemporains, dès la parution de ses premiers récits, comme un nouveau Gogol, ce qui ne doit rien au hasard. En effet, à travers les plaisanteries grasses des soldats d’Au diable vauvert ou les rêves des jeunes filles d’Alatyr, Zamiatine fait rire, de même que Gogol dans Les Ames mortes. Mais l’auteur qui, de son propre aveu, souffre d’hérésie chronique et tient la vie pour une tragédie, rappelle à la fin de chaque récit que son rire est avant tout une politesse du désespoir.
Mon avis : deux récits faciles et agréables à lire, rappelant effectivement beaucoup le Gogol des Ames mortes. Pas étonnant que la Censure n’ait pas apprécié : le comportement des officiers, et en particulier celui du général, ne donne pas une bonne idée de ces messieurs. A leur décharge il faut noter que l’action se passe dans un lieu impossible où le détachement a été envoyé, pour quoi faire, on ne sait pas trop. Alors, il faut bien passer le temps… Quant aux ordonnances des officiers, elles sont caricaturales. Les personnages sont croqués avec une précision pittoresque : Larka s’approcha langoureusement du général : Votre Excellence, vous avez de la visite… c’est, paraît-il, personnel. » Le général frétilla : « Est-il possible que ce soit elle ? » Il sortit à la hâte, en trottinant. Sa brioche protubérante courait en tête, comme s’il la portait dans une brouette. Son pantalon remonté godait sur ses bottes.
Une excellente introduction du traducteur, Jean-Baptiste Godon, complète l’ouvrage. Un auteur russe du début du XXème siècle à découvrir, surtout pour ceux qui ont envie de connaître l’ancienne Russie provinciale.
Ma note : 4,5 / 5.
Franillon- Nombre de messages : 1676
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Re: Evguéni ZAMIATINE (Russie)
géromino Ven 17 Sep 2010 - 13:00
Il y a quelques années, France Loisirs éditait "Nous autres" de Zamiatine (Eugène, en français). Un roman qui rappelle 1984 de Orwell. (Une dénonciation des régimes totalitaires). En 2004, il n'était pas encore publié en Russie!
Ta critique Franillon me donne envie d'en connaitre un peu plus sur cet auteur: je note ces titres dans ma LAL.
Ta critique Franillon me donne envie d'en connaitre un peu plus sur cet auteur: je note ces titres dans ma LAL.
géromino- Nombre de messages : 5608
Age : 59
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Date d'inscription : 07/11/2008
Re: Evguéni ZAMIATINE (Russie)
Ysla Mer 10 Aoû 2011 - 9:45
NOUS AUTRES
Editions Gallimard L'imaginaire, 229p
Editions Gallimard L'imaginaire, 229p
Résumé : Dystopie qui a inspiré Huxley, Orwell, etc.
Très longtemps après notre époque et en conséquence de la Guerre de deux cents ans, règne un Etat Unique dirigé par le Bienfaiteur. Tous les numéros (il n'y a plus de noms tels que les nôtres et les gens s'appellent d'une seule lettre suivie de numéros) suivent les Tables (emploi du temps obligatoire) et sont censés connaître le bonheur car ils sont privés de liberté.
D-503, le constructeur d'un appareil volant dont l'objectif est de partir à la rencontre de populations extraterrestres pour les convaincre de la réussite terrestre, décide de rédiger des notes à destination de ces autres populations (ce journal constitue le livre). Mais une rencontre avec une femme qui pense et agit différemment introduit chez lui le doute et la passion...
Mon avis : Nous autres est un de ces textes que j'ai envie de relire sitôt terminée ma lecture, tellement il est riche. On y trouve de nombreux éléments qui seront repris et adaptés dans les dystopies suivantes car c'est un des premiers romans du genre. Il est fascinant de suivre D-503 dans ses doutes, ses revirements, ses hésitations. On se demande tout au long de la lecture comment tout ça va finir et de quel côté cet homme va finalement pencher. Mais c'est beaucoup plus complexe que cela. J'ai beaucoup aimé l'expression de la passion amoureuse, faite d'attirance, de haine, d'incompréhension, de souffrance et de bonheur extrême, tout cela mélangé.
Certains aspects de l'Etat Unique ne sont pas très développés (la Norme Maternelle, par exemple) et c'est le seul reproche que je pourrais faire car j'aurais aimé en savoir plus sur ces aspects. Mais après tout, le narrateur exprime souvent ses difficultés à savoir ce qu'il a besoin ou pas de nous expliquer en détails (nous = les populations extraterrestres), et ceci explique le peu de descriptions pour des choses qui lui paraissent à lui totalement évidentes. Ce qui donne au journal un aspect "authentique", si on peut l'exprimer ainsi.
Il est toujours difficile d'écrire une critique sur un roman ayant beaucoup fait parler de lui. Je terminerai donc platement en disant que j'ai beaucoup aimé Nous autres et que c'est un roman non seulement à (re)lire mais à faire lire.
Ma note : 5/5
Très longtemps après notre époque et en conséquence de la Guerre de deux cents ans, règne un Etat Unique dirigé par le Bienfaiteur. Tous les numéros (il n'y a plus de noms tels que les nôtres et les gens s'appellent d'une seule lettre suivie de numéros) suivent les Tables (emploi du temps obligatoire) et sont censés connaître le bonheur car ils sont privés de liberté.
D-503, le constructeur d'un appareil volant dont l'objectif est de partir à la rencontre de populations extraterrestres pour les convaincre de la réussite terrestre, décide de rédiger des notes à destination de ces autres populations (ce journal constitue le livre). Mais une rencontre avec une femme qui pense et agit différemment introduit chez lui le doute et la passion...
Mon avis : Nous autres est un de ces textes que j'ai envie de relire sitôt terminée ma lecture, tellement il est riche. On y trouve de nombreux éléments qui seront repris et adaptés dans les dystopies suivantes car c'est un des premiers romans du genre. Il est fascinant de suivre D-503 dans ses doutes, ses revirements, ses hésitations. On se demande tout au long de la lecture comment tout ça va finir et de quel côté cet homme va finalement pencher. Mais c'est beaucoup plus complexe que cela. J'ai beaucoup aimé l'expression de la passion amoureuse, faite d'attirance, de haine, d'incompréhension, de souffrance et de bonheur extrême, tout cela mélangé.
Certains aspects de l'Etat Unique ne sont pas très développés (la Norme Maternelle, par exemple) et c'est le seul reproche que je pourrais faire car j'aurais aimé en savoir plus sur ces aspects. Mais après tout, le narrateur exprime souvent ses difficultés à savoir ce qu'il a besoin ou pas de nous expliquer en détails (nous = les populations extraterrestres), et ceci explique le peu de descriptions pour des choses qui lui paraissent à lui totalement évidentes. Ce qui donne au journal un aspect "authentique", si on peut l'exprimer ainsi.
Il est toujours difficile d'écrire une critique sur un roman ayant beaucoup fait parler de lui. Je terminerai donc platement en disant que j'ai beaucoup aimé Nous autres et que c'est un roman non seulement à (re)lire mais à faire lire.
Ma note : 5/5
Ysla- Nombre de messages : 1800
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Date d'inscription : 23/12/2008
Re: Evguéni ZAMIATINE (Russie)
Louvaluna Mer 10 Aoû 2011 - 20:05
Très intéressant Ysla, merci pour cette critique ! Je le note !
Cela me fait penser à la rencontre de Guy Montag avec la jeune Clarisse qui pense et le surprend par son comportement, dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. Elle est tout l'inverse de sa femme Mildred endoctrinée par la télévision ! Il n'est pas question de passion amoureuse entre eux mais d'une attirance faite de curiosité, comme s'ils étaient deux animaux d'espèces différentes. Enfin, c'est ce que j'en ai retenu.Ysla a écrit : Mais une rencontre avec une femme qui pense et agit différemment introduit chez lui le doute et la passion...
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Louvaluna
« Écrire consiste à rêver avec une intensité telle que nous parvenions à arracher au monde un morceau. » - Pierre Jourde
« J'aime la lecture en général. Celle où il se trouve quelque chose qui peut façonner l'esprit et fortifier l'âme est celle que j'aime le plus. » - La Rochefoucauld
Louvaluna- Nombre de messages : 1131
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