Fritz ZORN (Suisse)

De : lorelei-5 (Message d'origine) Envoyé : 18/12/2006 00:19
Fritz ZORN : "mars"

ce livre présente le récit de la vie d'un homme, introverti, solitaire et blessé, et atteint du cancer. Il nous plonge dans une critique d'une certaine société bourgeoise, de méthodes d'éducation qualifiées de "camp de concentration" et des blessures psychiques qu'elle engendre, ainsi que dans une quête qui est surtout recherche de soi-même... livre intimiste qui vous touche des plus profondément et vous fait réfléchir sur tant de sujets... l'analyse est magnifique, et emplie d'une ironie noire très fine.
5/5

petite citation : parlant de la bienséance absolue qui par conséquent vous empêche d'être vous-même : "cela veut dire être contre le fait que la fourmi se balade dans la forêt parce que le sentier sur lequel elle se balade est peut-être un chemin privé où il est interdit de passer sous peine d'amende"
(je sais pas si c'est le plus représentatif, c'est juste un passage que j'aime bien!)

MARS
Fritz ZORN
FOLIO 315 Pages

Résumé (4° de couverture):

Fils d'une famille patricienne de Zurich, celui qui a écrit ce livre sous un pseudonyme fut ce qu'on appelle un enfant bien élevé. Dans la somptueuse villa, au bord du lac, régnait l'entente parfaite. Un certain ennui aussi, qui tient à la bienséance. Non sans humour, Zorn nous décrit les petits travers de ses parents. Humour ? Le mot est faible. Disons plutôt une noire ironie, celle du jeune homme qui, découvrant qu'il est atteint du cancer, pense aussitôt : naturellement. Jamais les contraintes et les tabous qui pèsent, aujourd'hui encore, sur les esprits soi-disant libres n'ont été analysés avec une telle pénétration ; jamais la fragilité de la personne, le rapport, toujours précaire et menacé, entre le corps et l'âme, qu'escamote souvent l'usage commode du terme « psychosomatique », n'a été décrite avec une telle lucidité, dans une écriture volontairement neutre, par celui qui constate ici, très simplement, qu'il a été « éduqué à mort ». Il avait trente-deux ans.


Mon avis :


   Lors de ma lecture de "D'autres vies que la mienne", l'auteur, Emmanuel CARRERE, faisait référence à ce livre. Les références d'auteur font parti des bonnes pistes pour de nouvelles découvertes. Et celle-ci en fut une bonne.


Il y a beaucoup à dire sur ce livre. 


C'est tout d'abord un essai autobiographique qui se lit comme un roman, assez facilement. il requière malgré tout une attention de tous les instants tellement il est riche en réflexion. Ecrit sous l'ultimatum de la mort, il ne laisse pas la place ni le temps pour des détails romanesques. 
Le narrateur nous expose sa conviction que son cancer est dû à sa névrose récurrente développée à sa sortie d'adolescence  , elle même due à son éducation bourgeoise et ennuyeuse de ses parents et à une jeunesse trop facile d'où était exclus tout combat. Il tente de nous démontrer les liens qui existent entre le corps et l'esprit et qu'au final sa maladie était programmée, comme une suite logique imposée par les événements de sa vie.


On passe à côté de toute compassion et d'émotion. Son but n'étant pas la recherche d'un apitoiement sur son sort mais d'un exposé des faits et des conséquences. Pas de mélo, pas de larmes mais de la surprise au départ, de la réflexion, et un débat avec soi-même par la suite. D'ailleurs, lui-même, malade, ne peine  personne de son vivant. Il vit seul, reclus dans la dépression. Il n'a rien d'autre à partager, par l'intermédiaire de ses écrits, que  l'exaspération de son lien familiale qui le poursuit, de son éducation et de ses propres faiblesse et lâcheté de n'avoir rien fait pour changer les choses. 


Il est toujours difficile d'aborder le sujet de la mort. C'est tabou et c'est normal que ce le soit. C'est un débat à ouvrir avec ceux qu’on sait prêts à le faire. Dans le cas contraire, il y a toujours le risque de rouvrir des cicatrices, de provoquer des discussions douloureuses... 
Pour ne pas rentrer, donc, dans la précision et le détail, j'ai ma propre philosophie de ce que je voudrai que ma mort soit. Ce livre "testament", m'a permis de me situer par rapport à cela de manière plus catégorique que d'autres livres abordant ce sujet.


   Inutile de vous dire que je vous conseille vivement cette lecture. c'est un livre qui aborde un sujet, comme aucun autre livre ne l'aborde. 

Ma note 4/5

Mars

Ce récit ne peut laisser indifférent: on le trouve fort et indispensable ou on le jette aux orties .....
L’auteur est un homme encore jeune. Névrosé et dépressif depuis ses jeunes années, il nous dépeint dans un premier temps le milieu bourgeois « très comme il faut » dont il est issu. Les mots sont forts et le jugement implacable: ses parents sont responsables de son état et de sa vie ratée. 
Dans la deuxième partie, le cynisme et l’ironie cèdent le pas à un discours nettement plus violent et haineux. 
Récit intime, introspection, recherche d’une raison à son mal, ces lignes écrites par un homme qui se sait condamné résonnent comme un règlement de compte. Elles peuvent certes heurter mais une chose est certaine, elles ne peuvent laisser indifférent. 
Un livre qui nous interpelle, nous ébranle, hors des sentiers battus et des discours bien-pensants. 
Ma note 4/5

"Mars" Folio 2018    315 pages

       C'est le seul livre de l'auteur, mort d'un cancer à 32 ans. Fritz Zorn (il est né en 1944) entreprend de raconter ce qui fût sa vie, au milieu d'un environnement bourgeois de Zurich. Au sein de cette famille aisée, l'éducation est plutôt stricte, basée sur une harmonie que rien ne doit venir troubler, sous peine de "complications". Il n'y rien de pire que les "complications". Pour que règne l'entente, il faut mettre de côté toute tentative de désaccord, oublier les divergences d'opinion, exclure la critique. Puisque tout le monde est d'accord avec tout le monde, il n'y a pas de clivage, pas de dispute, aucun risque de querelle. Mais pas de discussion non plus... Les enfants doivent être sages, obéissants, dociles; l'amour passe au second plan.
        Au sortir de l'adolescence, cet état de choses a engendré chez Zorn une incapacité à exprimer ne serait-ce que son opinion personnelle ou son désaccord dans une conversation, l'excluant de saines relations avec des amis. Le mal-être s'installe, la souffrance morale le mine. Il s'achemine vers un état psychologique "défaillant" qui le conduit droit à la dépression, à même pas vingt ans d'existence. Quelques années passent. On lui découvre alors une tumeur maligne, dont il attribue l'origine à son état névrotique. 
        Au fil des pages, Zorn se livre à une introspection de son état d'adulte psychologiquement dérangé. Il en analyse froidement la cause, non sans une certaine forme d'humour, ou plutôt d'ironie: pour lui, c'est bien l'éducation parentale qui est mise en cause. Et il en décrit le mécanisme destructeur qui a engendré chez lui un dysfonctionnement psychologique. A noter qu'il évoque peu son frère (de trois ans son cadet), qui a donc subi la même éducation. La différence de caractère l'aurait-elle préservé du même sort, il n'en parle pas. 
       Que dire de ce livre?
        M'a-t-il ému? Oui, mais pas autant que j'aurais cru; sans doute parce que l'écriture de Zorn est froide, distante, grinçante souvent. Elle est parfois rehaussée d'une note d'humour (plutôt noir), mais en tout cas l'émotion a du mal à transparaître. Bouleversé, oui. Parce que le propos évoque la souffrance, la solitude, la maladie et à la fin, la mort. Mais qu'est-ce qui est le plus bouleversant?  Cette névrose qui l'entraîne au plus profond du gouffre de son existence? Ou ce cancer déclaré à même pas trente ans, qui va lui être fatal, mais en même temps qui va lui apporter la délivrance?            Parce que la mort sera le soulagement tant attendu de ne plus devoir faire face à une situation qu'il ne supporte plus; ça, c'est terrible.
        Les tabous et les manques d'amour d'une éducation parentale trop stricte ont eu raison d'une vie. Voilà la véritable tristesse de ce livre.
         
        L'auto-analyse de Zorn est convaincante et amène beaucoup de matières à réflexion: entre autres sur la méthode éducative que chaque parent croit juste et convenable pour leurs enfants. Mais passé la moité, il a fallu m'accrocher pour aller au bout. Le style un peu ampoulé n'autorise pas une lecture aisée; associé à cela de continuels ressassements qui ont finis par me lasser.
         Je ne mettrai pas de note, parce qu'il m'est difficile d'apprécier une échelle de valeur sur un livre pareil. Mais c'est à lire.

Mon avis
Un homme qui se rejette et se nie avec violence, dans ses écrits on ressent une rébellion, il prend en grippe son profil intellectuel, ce n’est pas vraiment un homme attachant, il m’a souvent déroutée par ses propos, allant même jusqu’à se dénigrer et pourtant il argumente, allant jusqu’à se taxer de révolutionnaire par ses réflexions plutôt radicales, c’est un ressassement continuel de son moi pétri de rancoeur et d’amertume, refusant la résignation, il essaye de convaincre. Cet homme m’a paru asocial et et mélancolique dénonçant les travers bourgeois, tout cela en fait un essai grinçant ou l’on s’emmêle dans les mots, on a l’impression de ne pas avancer, bien qu’il sait qu’il n’a pas connu la sexualité et l’amour, tel fut le vécu qu’il nous décrit dans un rythme lancinant et grinçant croyant nous faire partager sa souffrance et sa maladie mais il n’est pas certain que j’aie partagé son ressenti, ni même que ses écrits me donne à réfléchir car je n’ai pas du tout aimé cet homme qui s’apitoie sur son sort étant peu ouvert à la modération….

Mars de Fritz Zorn


Derrière le narrateur se cache Fritz Zorn, jeune homme de 32 ans qui raconte sa courte vie. Il n'a pas souffert dans son enfance mais le comportement de ses parents, riches de la société zurichienne, très cordiaux, n'aiment ni les conflits, ni les avis tranchés, n'ont jamais eux de discussions sur le monde. Il essayait d'être comme tout le monde mais sans oser dire quoi que ce soit. Quand il s'en est rendu compte, le mal était fait, il était névrosé. Ce livre est une introspection détaillée de son état, une dénonciation de la bourgeoisie suisse, sans véritablement haïr ses parents qui n'avaient pas conscience de mal faire. Il est vrai que Fritz Zorn a tendance à se répéter mais il le fait de façon très correcte, il arrive juste nouveau point pour le rattacher à son tableau clinique. de même qu'à la fin, il fait le lien de son cancer avec sa dépression. Son propose arrive à rester très intéressant tout le long et même si l'histoire de ce jeune homme est assez sombre, triste, elle nous fait prendre conscience de ce qui nous entoure et donne envie de nous éveiller à la vie.

Note :  4/5

Quand j'ai terminé ce livre j'ai eu envie de voir à quoi ressemblait cet homme aussi névrosé, déprimé, révolté, cynique et complexe d'où cette photo.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en lisant ce livre , cet essai autobiographique sur la courte vie de l'auteur, jeune intellectuel issu de la bourgeoisie zurichoise  condamné à mourir jeune rongé par le cancer. Le thème me faisait peur...
J'ai beaucoup aimé la première partie où l'auteur raconte son enfance dans un milieu bourgeois et étriqué de Zurich où on évite les sujets compliqués, où il ne faut pas faire de vague et être "comme il faut" , dans la norme. L'auteur est très dur avec lui-même et avec sa famille, très cynique, très provocateur, ni heureux ni malheureux et toujours en pleine névrose. Le portrait qu'il dresse de sa famille et de lui-même est assez terrible , son mal-être ne cesse de croitre, ses difficultés à vivre , à avoir une vie sociale... L'auteur fait sa propre analyse de sa vie, trouve normal ce qui lui arrive, ce cancer n'est que la conséquence de ses névroses qu'il traine depuis l'adolescence et il l'accepte comme une délivrance.
C'est très sombre mais à la fois plein d'humour noir. Ses réflexions sont très pertinentes et je me suis souvent surprise à me dire " c'est vrai, il a raison " .
Le livre se lit facilement, l'écriture est froide et très cynique, il n'y a aucun pathos, l'analyse du cancer est très clinique.
Cela dit l'air de rien cet homme qui se sait condamné et qui se dénigre beaucoup est courageux et j'ai eu de l'empathie pour lui. On le sent à la fois dépressif, révolté, malade , en guerre contre lui-même.
Petit bémol : il se répète un peu et à la longue c'est un peu lassant mais comment lui en vouloir...

J'ai beaucoup aimé, un livre qui fait réfléchir sur notre éducation, sur notre rapport aux autres et à la vie.

Mars



Une jeune homme suisse de 32 ans, issu de la grande bourgeoisie de Zurich, se sait condamné par le cancer et livre ses réflexions sur sa jeunesse, son éducation, sa non-vie, et sur sa fin inéluctable. 

Récit sombre, quoique avec une certaine dose d'humour. Ce n'est pas non plus un style flamboyant et l'auteur tourne un peu en rond dans ses idées. Content de l'avoir lu cependant car je le vois ressortir de temps en temps dans des listes de "livres préférés" ici ou là.

Note: 3/5