Will SELF (Royaume-Uni)

De : 2550Chimère (Message d'origine) Envoyé : 11/10/2005 18:31

AINSI VIVENT LES MORTS de Will SELF
ed de l'Olivier/438p
trad : Francis Kerline

Résumé : Lily Bloom morte suite à un cancer nous fait découvrir le vrai visage de l'après vie. Car oui les morts sont parmi nous. Ils vivent dans un quartier de Londres, et comme pour les vivants, il leur faut trouver un emploi, un logement, etc... Il leur arrive de créer des entreprises comme une chaîne de restaurants par exemple. La mortocratie s'assure que vous avez payé toutes les dettes contractées de votre vivant (sans ça pas question de passer à l'étape suivante) et gère de façon aussi bureaucratique sa population que les administrations des vivants.

Mon avis : Autant la découverte par Lily de ce qui se passe une fois décédée est intéressante, parfois drôle, absurde, surréaliste avec des trouvailles géniales, comme les guides des morts qui sont tous des chamans de tribus dites "primitives" les seuls à comprendre le phénomène spirituel de la mort, autant les jérémiades de Lily et son retour sur sa vie peut parfois être exaspérant voire très ennuyeux. Néanmoins, la personnalité hors norme de cette femme aide parfois à faire passer les longueurs. Sans oublier que les derniers chapitres sont quand même prenants. Moi je vous le dis, pas question de me réincarner s'il faut passer par le dentiste et sans anesthésie (lisez vous comprendrez)

Ma note : 3,70/5

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De : ThomThom12932 Envoyé : 01/02/2006 18:35

Alors là je suis RAVIS !!! J'étais persuadé qu'il n'y aurait pas de discussion Will Self, je suis super content !!! Will Self, donc, est peu connu en France mais est carrément une superstar en Angleterre, où il est considéré comme le plus grand écrivain anglais vivant. Il a explosé au milieu des années 80 avec "Slump", recueil de nouvelles totalement déjantées, et a depuis publié une tripotée d'ouvrages peu ou mal traduits chez nous, dont "Great Apes" (1997), "Perfious Man" (2000) et surtout le très culte (en Grande Bretagne s'entend) recueil "The Quantity Theory Of Insanity" (1991).

Une oeuvre très dense pour un écrivain aussi jeune (il a peine 40 ans) mais comptant finalement peu de romans à proprement parler, dont "Dorian" que je viens de relire.

Dorian
Penguin, 2003

Comme le laisse supposer le titre, il s'agit d'une variation (particulièrement savoureuse) sur le mythe de Dorian Gray (que je ne vous ferai pas l'affront de vous raconter d'autant qu'il a déjà été très bien résumé lors du thème "littérature fantastique). En fait de variation, il s'agit plus d'une "sequel" comme disent les anglais. A savoir que du classique de Wilde, Will Self n'a conservé que l'essentiel : quelques protagonistes (Baz, Lord Henry et bien sûr Dorian Gray) et a tranposé les faits à notre époque. L'histoire commence donc au CBGB's à la fin des années 70 (enfin : pas tout à fait le CBGB's mais un endroit qui ressemble beaucoup à la Factory de Warhol) et se termine au début des années 90. Entre temps, on aura assisté non seulement à un exercice de style particulièrement habile concernant l'oeuvre originale (habile et risqué, certains critiques brittons ayant été jusqu'à taxer Self d'hérétique ) mais aussi et avant tout à un portrait en creux des années 80 : côté pile (le sentiment d'une immense "party" qui aurait durée une décennie entière, une euphorie créative du côté de l'underground) et côté face (défonce misérable, squats sordides).

Le tout à travers les mésaventures de deux dandys épris d'un Dorian Gray plus sadique que vraiment diabolique.
Une expérience littéraire périlleuse, vous en conviendrez, qui avec n'importe quel autre auteur aurait sans doute viré à la catastrophe. Mais l'écriture survoltée de Self donne à ce qui aurait pu n'être qu'un remake fadasse l'allure d'une tragi-comédie déjantée. Will Self n'est pas le genre d'écrivain à se prendre au sérieux : il s'amuse avec le mythe, joue avec le lecteur, force volontairement sur l'hédoniste affiché des personnages, et rend au final un merveilleux hommage à Oscar Wilde.

Bref : vous n'avez aucune excuse pour ne pas lire ce livre, d'autant que c'est sans doute le seul de Will Self qu'on peut trouver à peu prêt n'importe où (Fayard, 2004, pour l'édition française - si je ne m'abuse).

5/5
Début de l'article wikipédia:
Will Self (né le 26 septembre 1961) est un romancier et journaliste anglais contemporain. Il est ancien élève de l'University College School, Christ's College Finchley, et d'Exeter College, à Oxford. Il est marié à la journaliste Deborah Orr.