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Laurent CHABIN (France/Canada)

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Laurent CHABIN (France/Canada) Empty Laurent CHABIN (France/Canada)

Message  gallo Lun 8 Déc 2008 - 12:43

De: Polo

Laurent Chabin - L'Âge de plomb
(Point de fuite, 2003, 147 p.)

On qualifie d'âge d'or le cycle de la vieillesse. Si l'on se penche sur la réalité qui l'entoure, il faudrait peut-être le caractériser "d'âge de plomb", tel que le titre de l'oeuvre le laisse sous-entendre. Quand ce n'est pas la maladie qui hypothèque la qualité de vie, c'est la mémoire rongée de mauvais souvenirs qui s'insinue dans les consciences pour faire réaliser que l'existence débouche sur un fatum dérisoire, comme le précise l'évangile: "Homme, tu es poussière et tu retourneras à la poussière."

Ce roman serait une méditation découlant de cet aphorisme apte à nourrir les dépressifs. Marcellin, le héros, est un vieil homme qui a travaillé toute sa vie au bureau de la comptabilité de la Wonderland. Sa vie s'est limitée à des allées et venues entre sa maison et l'entreprise pour laquelle il travaillait. Son emploi remplissait toute sa vie. À la retraite, sa femme a pris le relais de l'employeur pour protéger le caractère infantile de son mari. Elle en a fait son enfant, l'emmurant pour le protéger contre tous les maux réels et imaginaires, situation que l'on retrouve dans L'Enfant qui rêvait d'être un arbre de Claude Daigneault. Marcellin n'est pas inconscient de son vécu. Ça l'arrange même. Ça lui laisse du temps pour rêver et philosopher sur son existence. Il constate qu'il n'a été qu'un grain de sable dans le désert. Il n'a pas "vraiment vécu, dans le fond. Existé, à peine... Et encore..." Son seul regret, c'est de ne pas avoir assez profité de sa vie sexuelle.

Le caractère du héros est mis en relief par un environnement dévolu aux romans noirs. Corps visqueux vivant dans un château d'arthropodes, rideaux tirés, odeurs pestilentielles caractéristiques des lieux habités par des incontinents. Le héros s'enfonce dans un univers un peu plus répugnant chaque jour, se réfugiant finalement au sous-sol, où il vit comme un cloporte avec sa femme atteinte d'un cancer. Bref, l'auteur ne lésine pas sur les moyens pour provoquer la nausée.

Ce roman présente la vieillesse sous un angle extrémiste pour faire ressortir l'univers clos des aînés, souvent abandonnés par leurs enfants, comme c'est le cas pour ce couple. L'écriture, qui trahit l'origine hexagonale de l'auteur, est adaptée au point de vue. Les envolées métaphoriques sont évocatrices d'un monde qui ne nous distingue pas de la gente chitineuse. Il faut de l'humilité pour lire ce roman et un goût pour le cynisme. Mais le plus embêtant vient des écarts syntaxiques. Les pronoms n'ont pas d'antécédents, ce qui nous oblige de compter sur le contexte pour identifier les sujets qui appartiennent souvent au monde de l'actualité. Malgré tout, c'est riche et intéressant si l'art de se raconter ne vous ennuie pas. Dans La Vieille du vieux, France Ducasse a traité le même thème sous un angle fantastique.

Note : 3.5/5
(Polo)
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Né dans le centre de la France, Laurent Chabin a étudié le cinéma, l’arabe littéraire et le commerce international à Paris. Après avoir travaillé quelques années dans une société de métallurgie en France, il s’est installé à Madrid où il a pris en charge une filiale d’un groupe industriel pendant cinq ans. En 1994, il a quitté l’Espagne pour aller vivre à Calgary. Abandonnant alors toute activité autre que l’écriture, il publie son premier ouvrage en 1996, au Québec.

Écrivain très prolifique de littérature jeunesse, Laurent Chabin est également auteur de polars et de science-fiction pour adultes. Il a participé à plusieurs salons du livre et à de multiples rencontres avec les jeunes. Il a collaboré à quelques revues littéraires, notamment à Solaris, où il a publié Poissons qui a été retenu dans les Coups de coeur de Boréal, volet Meilleures nouvelles, en 2002. Finaliste du Prix M. Christie en 1997 et du Palmarès Livromanie de Communication-Jeunesse en 2000, il a obtenu une mention honorable lors du Prix Champlain 2002 pour son roman, L’Âge d’or, publié aux Éditions Point de fuite en 2001.

Source: L'ILE
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Message  Invité Lun 18 Juil 2011 - 18:11

L'empire des damnés, de Laurent Chabin
Éditions Michel Quintin, collection Vermillon
2007, 314 pages

4e de couverture : Dans sa contrée sauvage, Garance n'a connu que la misère depuis sa naissance. Elle s'enfuit le jour où tous les Damnés, dont ses parents, sont tués et son village détruit par une horde de guerriers sanguinaires. Peu de temps après, elle tombe sous l'emprise d'un mystérieux personnage, sur lequel d'horribles histoires circulent. Elle parviendra finalement à se libérer de son tortionnaire. Mais ce dernier veille au grain... Garance retrouve alors par hasard un compagnon d'autrefois. Mais la joie des retrouvailles ne durera pas. La vie est rude: tortures et trahisons font partie du quotidien. Sans parler de la faim et de la peur... La révolte gronde. Combattant sans relâche un empereur cruel, Garance et plusieurs autres sont prêts à tout pour redonner au peuple sa dignité. Des pages de l'histoire de leur pays s'écrivent avec leur sang...

Mon avis : Sombre, sombre, sombre. Le roman de Chabin, basé sur la révolution russe (selon certaines sources) est d'une noirceur et d'un pessimisme lancinants qui m'a rappelé un peu l'univers glauque de Glen Cook. À chaque fois qu'un espoir naît, il meurt aussi rapidement, laissant derrière lui une plus grande désolation encore. Le personnage principal, une jeune fille nommée Garance, est née au sein des Damnés, une ethnie servile, affamée et fréquemment massacrée depuis des siècles. Elle-même, née du Bund, autre ethnie encore plus méprisée que les Damnés, n'est guère mieux servie. Elle cherchera à s'évader d'un mariage arrangé, vendue par ses parents contre de la nourriture, pour retrouver un ami enfance qui aurait rejoint un groupe de révolutionnaires.

Dans l'ensemble, le roman n'est pas si mauvais, mais il a beaucoup de lacunes, selon moi. Les conflits, particulièrement avec l'empereur et son entourage, ne sont pas explicites. On ne le voit pas, on ne l'entend pas, même dans la capitale. Dans un certain sens, ça donne une aura d'intouchable encore plus grande, mais ça ne m'a pas vraiment convaincu. Ça m'a plutôt donné l'impression qu'il manquait quelque chose, qu'un pan de l'histoire avait été laissé pour vide. La succession des scènes de faim, de souffrance et de désespoir vient aussi lassante. Tout le monde est maigre, un peu loqueteux, faible... Bien qu'en soit, elles donnent une couleur particulière à l'histoire, j'ai trouvé que ça manquait de subtilités. De plus, j'ai horreur des moments où la narratrice annonce à l'avance ce qui va se passer avec ce genre d'expression : je ne m'imaginais pas que la suite serait une véritable horreur. On passe d'une horreur toujours plus indicible à une autre et à un certain moment, le thermomètre à horreur perd de sa crédibilité. Je pense que le problème vient du fait que je ne sens pas vraiment la gradation, dans l'horreur. C'est terrible, dès le départ, alors c'est difficile d'en sortir. Toutefois, à titre de point positif, j'ai particulièrement apprécié l'inquiétant Efi, le moine qui prend sous son aile Garance.

L'ensemble donne une impression de roman jeunesse suicidaire ou de roman pour adulte un peu raté. C'est officiellement le second qui prime, mais à la lecture, je n'ai pas cette impression. Au bout du compte, je ne suis vraiment pas certain que j'ai envie de poursuivre la lecture. Je vais laisser de l'eau sous les ponts, mais je doute que ça change mon idée.

Note : 1,5/5

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