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Anne-Lise GROBETY (Suisse)

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Anne-Lise GROBETY (Suisse) Empty Anne-Lise GROBETY (Suisse)

Message  Lacazavent Sam 13 Déc 2008 - 11:01

De : Sahkti1 Envoyé : 04/01/2007 11:40
Anne-Lise GROBETY, La corde de mi

Editions Bernard Campiche, Littérature romande

La corde de mi, outre la corde indispensable au violon, c'est ce lien fragile entre un homme et son passé, entre un père et sa fille, entre un luthier et le monde extérieur, entre deux frères, entre une mère et ses enfants, entre le monde de la folie et celui du silence... entre tellement d'éléments.
Luce est fille de luthier, elle entreprend de raconter ses rares souvenirs en les collationnant avec des carnets découverts tardivement chez son père hospitalisé. Un nouveau monde s'ouvre à elle, sa vie se dessine avec un éclairage différent, pas forcément flatteur mais indispensable à son épanouissement. Parce que son père, Marc-Gaston, Luce ne le connaît finalement presque pas. Un étranger pour elle, qu'elle aime et déteste en même temps.

Par des passages incessants entre le passé et le présent, à travers des notes personnelles, des souvenirs, des histoires racontées et des observations, Anne-Lise Grobety s'installe progressivement, à pas feutrés mais affirmés, dans la vie de ses personnages, des êtres meurtris par le temps qui cachent leurs souffrances sous des airs bourrus ou fragiles.
Le roman peine un peu à démarrer, mélange de confusion et d'indécision. A l'image de Luce qui tente de recomposer une vie qui lui échappe et ne sait trop comment faire ni ou aller. Puis petit à petit, chacun prend sa place dans le décor et évolue sur la scène de l'existence. De quoi créer un attachement croissant pour chacun d'eux, avec une préférence de ma part pour le personnage de Rémi, ce frère autiste qu'on enfermera pendant de longues années, parce que sa différence fait peur. Un frère auquel Marc vouera toute sa vie un amour invisible et qu'il tentera d'initier aux mystères du monde intérieur. Cela donne de superbes passages de connivence et de tendresse.

"Et quand il a été suffisamment proche de son oreille, il a commencé à lui débiter son bourlinguage de mots. Parti de Rio, parce que ça sonne bien, un peu comme rions, il descend la côté d'un côté, remonte de l'autre, ou le contraire parce qu'il ne se souvient plus bien de tout par coeur; d'abord l'Amérique du Sud, puis gagnant celle du Nord jusqu'à l'extrême bord du continent où il annonce Alaska et autres froides réjouissances... C'est comme ça qu'il s'est mis à lui interpréter sa suite pour cordes vocales en lieux majeurs, monts, vaux, fleuves, tout y passe, il y mettra le temps qu'il faudra pour faire le tour du monde, lacs, mers, détroits, caps, pics, péninsules, villes immenses à l'assaut des chiens de prairie!" (page 104)

Enormément de puissance dans ce livre, symbole de la force du ressentiment de chacun. Tout semble d'ailleurs lié sur ce point. Marc se désintéresse-t-il de sa fille par peur de vivre une nouvelle rupture affective, comme celle qu'il a connue avec son frère? Par peur de trop aimer et de souffrir encore? Parce qu'il a lui-même dû se battre pour être accepté et apprendre le violon? Parce que sa mère l'a étouffé et qu'il veut éviter cela? Les raisons du détachement apparent de Marc sont nombreuses, complexes et simples à la fois. Tout comme les motifs de l'insistance de Luce qui veut tout savoir de son père, quitte à briser la frontière des silences et des non-dits familiaux.

Le roman prend réellement son envol, à mes yeux, lorsqu'on pénètre dans l'univers musical, dans le monde des violons chers à Marc. La musique, omniprésente, celle qui rattachera Rémi à Marc. Qui permettra à Marc de s'enfermer dans un cocon de douceur. Qui sera son ultime témoignage d'amour envers Luce, grâce à un étui bleu nuit caché depuis de longues années.
De belles pages empreintes d'un amour dévastateur et douloureux.

Ma note: 4/5




De : Sahkti1 Envoyé : 04/01/2007 11:41
Anne-Lise GROBETY, Du mal à une mouche

Editions La joie de lire - Littérature romande

Une vieille dame, la narratrice, a franchi la dernière douane, comme dirait poétiquement Nicolas Bouvier, compatriote suisse de Anne-Lise Grobéty. Là voici de l'autre côté mais à peine arrivée, un vieux monsieur ronchon (qui me fait penser à Saint Pierre dans la BD "Passe-moi l'ciel") exige des comptes. La brave dame doit justifier les tueries animales dont elle est coupable et pas question de tricher ! Elle dénombre ainsi un tas d'abeilles, des lézards, une corneille, des batraciens, des vers de terre, des milliers de moucherons et des centaines de mouches. Plus les oubliés de sa mémoire.
Pas question pour la narratrice d'implorer la clémence, le gardien des lieux est intraitable. C'est que la vie, humaine ou animale a un prix et chacun doit être conscient de sa fragilité. Une lecture vive et délirante qui fait naître la réflexion sur notre responsabilité dans le devenir de cette planète qui passe aussi et surtout par le respect des animaux.

C'est un récit vif et plein d'humour. Une lecture à deux qui a fait rire et sourire, mais également naître quelques remords pour une guêpe rescapée de l'hiver et honteusement étouffée récemment à coup de déodorant... Mea culpa !

Ma note: 4/5

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Anne-Lise GROBETY (Suisse) Empty Re: Anne-Lise GROBETY (Suisse)

Message  s-lewerentz Sam 9 Oct 2010 - 4:40

Jusqu'à pareil éclat

Ce très court roman retrace l'enfance de Jade Chichester, une célèbre photographe, à présent âgée, mais qui accepte d'évoquer avec la narratrice les circonstances de sa première photo. Jade, née Lady Elizabeth Mary Victoria Arlington Chichester, passe son enfance dans un grand domaine de l'aristocratie anglaise. Si la maison et le parc sont vastes, sa vie est solitaire : sa mère, aigrie et délaissée par son époux, la repousse constamment, et son père est quasiment toujours absent. Elizabeth se réfugie alors dans les livres, les peintures, les objets, les fleurs qui l'entourent. Sa vie change avec l'arrivée de sa grand-tante, une photographe-aventurière, probablement homosexuelle, qui revient pour quelques semaines au domaine. Effarée de voir sa petite-nièce si solitaire, si peu éduquée et se comportant comme une petite sauvageonne, elle cherche à l'apprivoiser, à lui faire comprendre qu'un vaste monde existe au-delà des limites du domaines. Elle l'encourage à le découvrir et lui offre un appareil photo. C'est avec celui-ci qu'Elizabeth prendra sa première photo, un portrait tronqué de sa mère.

Une atmosphère éthérée, onirique baigne ce texte. Je l'ai trouvé parfois "bavare" (descriptions de la nature, p.ex.), mais plus j'avançais et plus je comprenais où l'auteure essayait de me mener. C'est un texte à la fois poétique et à la façon un récit d'une relation mère-fille difficile, sinon quasiment inexistante. Le fait que le seul portrait que Jade garde de sa mère soit tronqué montre qu'il ne suffit pas d'avoir un nom et une fortune pour exister dans le monde.

3.5/5

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