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Ken BUGUL [pseudonyme] (Sénégal)

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Ken BUGUL [pseudonyme] (Sénégal) Empty Ken BUGUL [pseudonyme] (Sénégal)

Message  Lacazavent Dim 14 Déc 2008 - 11:17

De : Sahkti1 Envoyé : 22/03/2006 11:11
Ken BUGUL, La pièce d'or
Editions Ubu, ISBN 2351970004

Littérature africaine


Ken Bugul (pseudonyme de Marietou Mbaye) livre ici un roman fort et tranchant, un cri de désespoir mais aussi de rage contre les dérives de l'Afrique.

La pièce d'or est une pièce mythique qui apporte richesse, bonheur et peut-être même immortalité à celui qui la possèdera. Autant dire qu'elle un objet de convoitise sans fin. Un objet qui incarne, sous la plume de Ken Bugul, la carotte que l'on brandit au bout du bâton, ces faux espoirs qui font avancer l'Afrique droit dans le mur, avec ou sans son consentement.

Le récit se déroule à Yakar, à une époque troublée où les habitants désertent la campagne pour les villes et puis les villes pour la capitale. Une ville qui attire le monde et contribue à la désertion des villages. Même Moïse, pour sauver sa famille et sa peau, consent à ce long voyage, à cette immigration qui lui fait quitter sa terre dans l'espoir de trouver une vie meilleure à Yakar. Avec en tête, le rêve d'une pièce d'or magique...
Ce récit de transhumance est l'occasion pour Ken Bugul de dénoncer avec violence l'urbanisation anarchique de l'Afrique, la perte des repères et des valeurs sociales, l'effondrement des structures traditionnelles et le malheur dans lequel s'engouffre l'Afrique en courant. Pour fuir la misère de la campagne, les gens se réfugient en ville où ils cotoient la violence, la prostitution, la misère sociale et économique, la solitude et l'inhumanité. La ville, c'est le symbole de l'espoir trahi. Trahi par l'Occident qui a puisé dans les richesses de l'Afrique et la regarde aujourd'hui d'un oeil méfiant. Trahi par les nouveaux systèmes économiques qui prennent place en Afrique et dont le libéralisme laisse de nombreuses personnes sur le côté. Trahi par une certaine culture africaine qui rime avec fatalisme ou insouciance.

Ken Bugul se révolte et le fait savoir. Ce n'est pas un cri d'alarme qu'elle lance, c'est un appel au sursaut. Il est temps de réagir avant que l'Afrique ne sombre plus encore. Son écriture, riche, détaillée, assez chargée, apporte au récit une touche d'oppression supplémentaire qui rend la situation plus dramatique encore. J'ai apprécié la manière avec laquelle Ken Bugul parle de cette situation, sans compromission, avec franchise et brutalité. Comme si elle éprouvait le besoin d'en finir avec les contes africains qui font rêver les voyageurs et voulait qu'on ouvre les yeux pour de bon sur le drame qui se joue.

Ma note: 3,5/5
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