Hervé GUIBERT (France)

De : Thomthom1293 Envoyé : 10/08/2005 14:47

Me voilà rassuré ! Après une semaine complète sans tomber sur un auteur délaissé par les discussions, je commençais à m'inquiéter. Heureusement, Hervé Guibert ne figure pas encore dans ce forum...ouf. Je crois que je vais devenir spécialiste ès présentation en "oubliés du forum"


Hervé Guibert, donc, est né en 1955 et mort dans d'atroces souffrances, fin 91, après une tentative de suicide à moitié manquée (on dit poliment "des suites d'une"). Il est bien sûr avant tout connu pour la trilogie qui conclut son oeuvre : "A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie" (1990), "Le Protocole Compasionnel" (1991) et "L'Homme au Chapeau Rouge" (1991)...trilogie dite "du sida"...je vous jure qu'il y a des critiques sérieux qui l'appelle comme ça. Même si je ne suis pas ici depuis très longtemps, vous avez déjà deviné, chers ratons, que je fais bien peu de cas de ce genre de raccourcis nigauds.
Le fait est que Guibert, à l'instar d'un Klaus Nomi ou d'un Mano Solo, est affublé d'une image affreusement réductrice d' "artiste fauché par le sida", ce qui est d'une stupidité désarmante si l'on considère que son premier roman est sorti en 1977, soit bien longtemps avant qu'il soit malade.

Il existe également des thèses très sérieuses mettant en parallèle sa trilogie avec "Les Nuits Fauves" de Cyril Collard, et là encore, on est à côté de la plaque.

Sur la forme d'abord : Hervé Guibert était un écrivain immense et réconnu bien avant d'être une bête de foire exhibée sur le mode "regardez le pauvre il a écrit sur sa maladie". "La Mort Propagande" (1977), peut etre le meilleur "premier roman" jamais publié en France au XXème siècle, "Des aveugles" (1985) ou les nouvelles de "La Piqure d'Amour" (1984) sont là pour en témoigner.
Sur le fond, ensuite, car la trilogie de Guibert c'est l'inverse absolue des "Nuits fauves". A propos de ce livre hyper médiatique, Guillaume Dustan, brillant écrivain et ami de Guibert, parlera d'une "romantisation du virus", là où l'on est en face d'un livre immorale, abjecte et pas super bien écrit. A contrario, "A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie" est une oeuvre poétique et chargée d'espoir, emplie de vie. Qui raconte le quotidien du malade, ses souffrances morales et physiques, sans jamais verser dans le pathos où le cliché du poète tuberculeux.


Voilà pour la présentation.
Passons maintenant au livre qui m'a amené d'ici, et tant pis s'il n'est pas vraiment essentiel.


"Mon Valet & Moi" (1991)

Sur la fin de sa vie, Guibert a été pris d'une sorte de voracité littéraire. Il se sait condamné à plus ou moins long terme, et veut laisser une oeuvre conséquente derrière lui. Il l'avoue lui-même dans "A l'ami...". Alors il se laisse aller à une facilité qu'il aurait sans doute rejetée s'il avait ignoré devoir mourir si jeune : il écrit tout ce qu'il lui passe par la tête. Entre 1989 et 1991, il a donc publié trois romans, une trentaine de nouvelles, sans oublier la rédaction de son oeuvre ultime "Le Mausolée des amants", publié pour l'anniversaire de sa mort en 2001.

"Mon Valet & Moi" est un court récit d'une centaine de pages. Le narrateur est un octogénaire devenu incontinent, un ancien dandy tentant toujours, à plus de 80 ans, de décrocher de la morphine. Un auteur de boulevard richissime, mais conscient qu'il n'a écrit de l'alimentaire durant toute sa vie. Une sorte de mélange entre Guibert lui-même et un Oscar Wilde du quatrième âge. Ce personnage décalé décide donc de prendre un valet, d'abord en raison de son incontinence, mais aussi surtout parce qu'il trouve que "ça fait très bien". Ce valet est un jeune éphèbe viril et sensuel, acteur sur le retour, et surtout totalement assexué (semble t'il).

Je ne pousserai pas plus loin le résumé, car le texte est si court que j'aurais raconté toute l'histoire en cinquante lignes ! Ce n'est d'ailleurs pas ça l'essentiel. D'abord, il y a l'écriture de Guibert. Une écriture singulière, classe et précieuse, qui dévie le temps de trois lignes dans le trash ou le scato, puis retrouve aussi un registre plus affecté. Ensuite, il y a tous les sous-textes : le sous-texte homosexuel latent, mais aussi la question essentiel : "qui manipule qui ?"...et puis surtout il y a ce génie, ce petit quelque chose indescriptible qui permet à Guibert de narrer une histoire d'une noirceur hors norme sur un mode totalement décalé et burlesque. Et qui fait d'une longue nouvelle (ou d'un court roman, au choix) un texte grandiose.

3,75/5

---

De :lionel_de_lyon1 Envoyé : 07/12/2007 15:12
A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie d'Hervé Guibert, Gallimard, 1990, 267 pages


Résumé:
Dans ce journal autobiographique (où les noms de certains personnages célèbres ont été modifiés, Isabelle Adjani apparaît dans quelques chapitres), Hervé Guibert nous met face à l'arrivée de l'épidémie de Sida, sa découverte de la maladie, les rumeurs, la panique, l'espoir d'alors qu'un vaccin serait rapidement trouvé. Il décrit la terreur et l'urgence pour les malades, la création des associations de lutte. L'absence d'écoute du personnel médical, la solitude des malades. La maladie qui progresse un peu plus chaque jour, le corps qui s'affaiblit, la mort qui s'approche.


Critique:
Avec ce journal de bord autobiographique constitué de 100 chapitres très courts comme autant d'uppercuts pour le lecteurs, Hervé Guibert témoigne de ce monde qui change, embarqué dans une frénésie d'écriture. L'urgence d'écrire encore et encore avant que la mort ne le prenne. On voit l'espoir de survivre peu à peu s'évanouir et c'est ce qui rend ce roman si poignant entre cette rage de s'accrocher encore et la fatalité qui lentement s'empare de lui. Au-delà du thème, Hervé Guibert n'écrit pas sur la mort, mais bien sur la vie. C'est ce qui fait toute la force de cette oeuvre qui ne sombre jamais dans le pathos.

4/5

---

MAUVE LE VIERGE

Herve Guibert



J’avoue que je n’ai pas compris grand-chose à ce livre. Mais bon

Il m’a fallu un temps pour me dire que j’allais continuer, le reprendre et recommencer car je voulais aller voir plus loin, cela signifie qu’il est intrigant et particulier tout de même.



Alors je vous livre le 4^ème de couverture :



Un enfant s’obnubile à chercher un secret dans la fresque que son père a laissée inachevée sur un mur de la maison : « maintenant vous allez vous bander les yeux », lance le morpion au docteur qui doit l’ausculter.

Un vaurien séduit une dame pour obtenir d’elle une tête de cire dont elle s’est toqué, qui représente Jeanne d’Arc, à moins que ce ne soit le petit Louis XVII dans la prison du Temple. L’insensé Lulu a une envie terrible de déguster deux doigts de son pote Cistou. Sur la buée de la vitre de la chambre 9 de l’hôtel Victoria, à Pise, Uriel écrit : va au diable.



Ces curieux personnages ne seraient-ils pas chaque fois Hervé Guibert, ayant changé ses identités pour mieux se déguiser, en homme vierge, en amoureux fiévreux, en victime d’un tremblement de terre, ou en disciple du grand philosophe qu’il accompagne jusqu’à la tombe ? Ce n’est pas tout à fait sûr, puisque trois portraits de femmes se dessinent aussi dans ces pages : la concierge Mémée Nihard, à qui il arrive de féeriques malheurs, la directrice fine mouche du musée de cire, et la jeune voisine, qui a ses raisons pour s’arrêter de jouer du piano.

Quoi qu’il en soit, l’auteur poursuit sa marotte, de tout dire, sur lui et sur les autres, ce qu’on pense et qu’ilne faudrait pas et parfois même un peu plus que la vérité.



Dans ce livre, Hervé Guibert exprime sa volonté de tout dire, sur lui et sur les autres, ce qu'on pense et qu'il ne faudrait pas, et parfois même un peu plus que la vérité.

Bien pour moi, j’ai vraiment pas apprécié, pas compris non plus

Donc un mini 1/5 par respect pour l’écrivain

A L'AMI QUI NE M'A PAS SAUVE LA VIE.

Dans ce livre largement autobiographique Hervé Guibert nous raconte la découverte de sa maladie. Nous sommes au début des années 80 et le sida est encore très mal connu: on ne connaît pas parfaitement ses moyens de transmission et les traitements n'en sont qu'à leur balbutiement.
C'est alors un sujet tabou et une maladie honteuse( ce qui a un peu évolué mais pas assez à mon sens !).
Les séropositifs font peur et beaucoup de rumeurs circulent. Petit à petit des centres de soin spécialisés ouvrent et les associations commencent à se créer.
C'est dans ce contexte que l'auteur revient sur la découverte de sa séropositivité, puis le passage inévitable alors, faute de traitement efficace, au stade maladie. Il nous décrit la dégradation progressive de son corps mais sans faire dans la pathos ni essayer d'attirer la pitié du lecteur.
Il insiste beaucoup plus sur la lutte psychologique qu'il doit mener: accepter sa maladie et donc sa mort prochaine et inévitable. Il y aura une lueur d'espoir pendant quelques temps: un ami lui promet d' être un des premiers traités par un tout nouveau médicament.......
Etre malade du sida c'est aussi être proche des autres personnes atteintes: Hervé Guibert relate avec beaucoup de tendresse la fin de vie de son ami Muzil ( en réalité il s'agit de Michel Foucault).
Ce livre est un témoignage percutant ( par le style aussi: des chapitres très courts) d'une époque maintenant révolue: on connaît mieux cette maladie et les traitements retardent de plus en plus le passage à un stade critique.
Il me revient à l'esprit, en fermant ce livre, un cours d'infectiologie ( je devais être alors en 4ème année de pharmacie, dans les années 85): mon professeur nous avait parlé pendant une heure de cette nouvelle maladie appelée le cancer des homosexuels........
Ma note 4/5

Ce livre me fait penser au film Philadelphia avec Tom Hanks et Denzel Washington qui traite du même sujet. Très poignant comme film et Tom Hanks est boulversant. Je note ce livre.

A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Note : 4/5

Le résumé a été fait ci-dessus pas Dodie

Critique : un livre poignant sur un sujet de société délicat et encore tabou. J'ai bien aimé la forme, un journal avec 100 anecdotes très courtes sur la vie d'un séropositif, notamment sur l'aspect découverte de sa maladie. L'auteur soulève bien les problèmes de rejets dont les séropositifs ont été victimes. Dans les années 1980, personne ne connait encore bien ni les modes de transmission, ni les possibilités de traitements. L'illusion d'un vaccin miracle imminent a un effet assez horrible sur les malades. Mais l'auteur aborde aussi la création d'associations d'aides aux séropositifs. L'écriture est subtile, on ne tombe jamais sur de l'autoappitoiement de l'auteur sur sa maladie. Comme ce livre fait partie d'une trilogie, j'aimerais bien un jour lire la suite de ces chroniques.