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Denis DIDEROT (France)

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Message  gallo Jeu 18 Déc 2008 - 7:58

De : oxymore (Message d'origine) Envoyé : 23/06/2006 17:35

Denis DIDEROT - JACQUES LE FATALISTE ET SON MAITRE


Diderot a écrit ce roman entre 1771 et 1778 et semble s'être inspiré de Tristam Shandy de Laurence Sterne et aborde un thème emblématique du 18ème, le fatalisme.
L'histoire: 2 hommes, un maître et son valet Jacques partent sur les chemins à cheval vers une destination qu'on ne connait pas en discutant des histoires arrivées à l'un ou l'autre. L'interêt majeure réside dans l'inversement des rôles et des rapports de force autant que dans l'approche "philosophique" très vulgarisée du point de vue de Jacques:"....tout ce qui nous arrive de bien ou de mal ici-bas est écrit là-haut"....."c'est écrit sur le grand rouleau de la vie"
C'est sur la base de ces aphorismes que Diderot se joue de son lecteur en le faisant passer de Jacques à son maître sans jamais finir une histoire sans l'interrompre par une autre; ainsi dès le départ Jacques promet à son maître de lui raconter les amours de sa vie mais Diderot casse le fil pour ironiser en passant à la blessure d'un genou.
Conformément à sa carrière, Diderot s'inscrit avec ce roman dans les lumières et la modernité puisque le thème pousse à la reflexion et prête à de vives discussions au XVIIIème; le rythme du roman est cassé perpétuellement non par maladresse mais pour donner de la vélocité à l'oeuvre et surprendre le lecteur. Ainsi on retrouve dans Jacques le fataliste une succession d'anecdotes savoureuses et quelquefois très libertines: la sulfureuse Madame de la Pommeraye, Melle Agathe et son amant caché, le vice pervers de l'abbé Hudson, Denise etc....
Ici, le philosophe est le valet et dans cet enchevêtrement d'histoires Diderot s'amuse à nous tourmenter tout en nous faisant sourire voire rire de bon coeur, la rapidité des dialogues et le jeu comique des deux protagonistes donne un ton souvent très Commedia del arte. Et puis avec ses airs de petit roman rapide et désarticulé Diderot a su articuler l'oeuvre de façon très symétrique, le roman commence par une chute de cheval et se termine de la même façon, la boucle est bouclée.

Je vous recommande de faire un petit tour sur le lien suivant http://fr.wikipedia.org/wiki/Fatalisme , un lien très interessant et vulgarisé sur la notion de fatalisme dont voici un extrait tiré du chapitre sur le fatalisme des matérialistes français: "....pour La Mettrie, d’Holbach ou Diderot, je ne suis pas le maître de mes jugements et des mes volontés, qui sont déterminés par mon caractère inné et par les modifications subies lors de mon éducation. Comme l’écrira Diderot dans les Éléments de physiologie, « la volonté n'est pas moins mécanique que l'entendement ; la volition précède l'action des fibres musculaires ; mais la volition suit la sensation ; ce sont deux fonctions du cerveau ; elles sont corporelles »


De : Mousseliine Envoyé : 24/06/2006 02:27
Très intéressant d'autant plus que je suis entrain de lire cet auteur (La religieuse). Mais est-ce que tu as aimé?


De : oxymore Envoyé : 25/06/2006 19:53
Oui j'ai beaucoup aimé La religieuse, Ah les joies du couvent !!
J'avoue que j'ai mis du temps à me lancer dans ce livre qui trainait chez moi depuis quelques temps déjà mais bon je m'y suis mis. Résultat le livre m'a surpris, non pas par son contenu mais par les vérités qu'il balance. C'est vrai que notre ami Diderot a sévi en plein siècle des lumières, avec tout ce modernisme de pensée qu'on lui connait, mais quand même, toucher à la sacro-sainte religion était loin d'être aisé.
L'histoire: une jeune fille belle et sensible ne bénéficie pas du privilège de ses soeurs: la dot et le mariage. Du coup, comme il était de coutume à l'époque, la demoiselle en question se voit envoyée dans un couvent sans avoir "la grande et sainte vocation". La suite est une progressive descente dans un univers carcé....oups, univers de piété que je vous laisse découvrir. Très bon livre qui vous éclairera sur les guerres de clans, l'incidence du Jansénisme ou du Jésuitisme pour Diderot. Si vous vous sentez capables d'attaquer ce livre qui se lit bien, n'hésitez pas (l'abscence de chapitres peut effrayer). A noter qu'une soeur de Diderot est morte folle dans un couvent de Langres en 1748 et que ce drame a finit d'appuyer les idées de Diderot sur la religion.


De : Mousseliine Envoyé : 25/06/2006 23:39

Denis DIDEROT - La Religieuse
(Gallimard/Folio, 1972, 378 pages)
C'est l'histoire de Suzanne Simonin une jeune fille que les parents ont cloôtrée contre son gré afin qu'ils ne soient pas obligés de partager l'héritage entre leurs trois enfants. Suzanne n'a pas de penchant pour la vie religieuse, elle est malheureuse comme la pierre. Elle veut renoncer à ses voeux et retrouver le monde libre, elle réussit à intenter une action en justice qui la délivrerait. Mais la supérieure de son couvent et sa communauté n'ont pas du tout apprécié les démarches entreprises par Sainte-Suzanne. Que de misères et de persécucations ont poursuivi Suzanne Simonin...

Au goût d'aujourd'hui on pourrait presque prendre ce roman comme un fait vécu misérabiliste. Mais ce n'est pas un fait vécu c'est bel et bien un roman écrit sous forme de journal, Diderot s'est inspiré d'une religieuse qui à l'époque en France faisait parler d'elle parce qu'elle intentait une action devant les tribunaux pour rompre ses voeux. C'est une satire contre les couvents. Diredot s'en donne à coeur joie, je serais bien surprise qu'il soit croyant. Écrit en 1758 mais par peur de réprésailles, il n'a retouché à ce livre qu'en 1780 mais reste tout de même inachevé. Il fut enfin publié en 1796, Diderot était décédé depuis 1784.

C'est de la belle littérature, une écriture élégante, charmante dans son archaïsme. On craint souvent avec les classiques de tomber sur des oeuvres difficiles ou ennuyeuses mais ici bien loin de là, un roman très facile à lire, le vocabulaire est accessible, l'histoire est prenante, pas de longues descriptions soporifiques au contraire l'auteur est précis.

Bref je suis très très contente d'avoir lu ce livre qui traînait dans ma bibliothèque depuis des années. Et puis c'est satisfaisant de connaître ces grands auteurs du passé.

Voici un extrait :

"J'ai souffert, j'ai beaucoup souffert; mais le sort de mes persécuteurs me paraît et m'a toujours paru plus à plaindre que le mien. J'aimerais mieux, j'aurais mieux aimé mourir que de quitter mon rôle, à la condition de prendre le leur. Mes peines finiront, je l'espère de vos bontés; la mémoire, la honte et le remords du crime leur resteront jusqu'à l'heure dernière. Elles s'accusent déjà, n'en doutez pas; elles s'accuseront toute leur vie; et la terreur descendra sous la tombe avec elles."

Note : 4.25/5
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Biographie de Diderot :
Né à Langres et fils d'un maître coutelier, Denis Diderot suivit ses études chez les Jésuites, puis au lycée Louis-Le-Grand et devint maître ès Art en 1732. Il mena jusqu'à son mariage en 1743 une vie de bohême qui lui fit perdre la foi. Pendant cette période, il fit la connaissance de Jean-Jacques Rousseau.

Dans ses "Pensées Philosophiques", Diderot s'en prend violemment au christianisme et plaide pour une religion naturelle. Sa foi initiale se transforme en déisme, puis il passe par une phase de scepticisme avant d'opter franchement pour le matérialisme dans "Lettre sur les aveugles et à l'usage de ceux qui voient" (1749) qui provoqua son incarcération au château de Vincennes pendant trois mois. Pour Denis Diderot, le seul critère auquel répond la connaissance est l'expérience. Il défend l'idée qu'il n'y a qu'une seule substance, la matière, et que le processus de passage du minéral à la vie est continu. Cette théorie peut être considérée comme une intuition du transformisme de Lamarck.

Il fut chargé en 1747 par le libraire Le Breton de diriger avec d'Alembert les travaux de l'Encyclopédie. Il se consacra pendant plus de vingt ans à un véritable travail d'éditeur qui assura sa notoriété. Le premier volume fut publié en 1751 et le dernier en 1772.

Il poursuivit, en parallèle, son œuvre littéraire tout en menant une vie éclectique et tumultueuse. Ses romans, ses critiques et ses essais philosophiques montrent le souci de définir la véritable nature de l'homme et sa place dans le monde. Diderot propose une morale universelle assise, non pas sur Dieu, mais sur les sentiments naturels de l'homme et sur la raison.
Bibliographie : Pensées philosophiques (1746), Promenade du sceptique (1747), Bijoux indiscrets (roman, 1748), Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient (1749), Pensées sur l'interprétation de la nature (1753), Le Père de Famille (1758), La Religieuse (1760), Le Neveu de Rameau (1762), Le rêve de D'Alembert (1769), Jacques le fataliste (1771), Essai sur la vie (1778).
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Message  Messaline Dim 29 Nov 2009 - 16:11

La Religieuse de Diderot

Suzanne est chrétienne, mais elle ne s’est jamais sentie de penchant pour la vie religieuse. Faite bonne sœur contre sa volonté, elle tentera de faire résilier ses vœux. De couvents en couvents, elle ne rencontre qu’un peu plus de malheur et un peu plus de cruauté à chaque étape de sa vie de religieuse. Belle, jeune, innocente, vertueuse, Suzanne sera broyée par le couvent, comme d’autres sont broyés par la prison. En dernier recours, elle écrit au marquis de Croismare, qui s’est intéressé à son histoire, dans l’espoir d’obtenir de lui quelque secours. C’est cette longue lettre, dans laquelle elle raconte sa vie et confie ses malheurs à cet homme qu’elle ne connaît pas, qui forme l’ensemble du roman.

J’ai toujours aimé les romans épistolaires : Les Liaisons dangereuses de Laclos, Les Lettres persanes de Montesquieu, Mémoires de deux jeunes mariées de Balzac sont des livres qui m’ont littéralement fascinée. Je crois que c’est le lien complexe qui se crée entre ces personnages-épistoliers et nous, lecteurs, qui en est la cause : nous avons un accès direct à leur parole (sans passer par le truchement d’un narrateur, j’entends) mais pas à leurs pensées (comme ce serait le cas dans un roman à la première personne). Ils nous parlent directement, mais nous n’avons aucun moyen de savoir avec certitude s’ils disent la vérité… comme dans la vie. Du coup, on arrive avec une incroyable facilité à « faire comme si c’était vrai ».

Cette impression de vérité est d’autant plus importante qu’à chaque page, un nouveau malheur s’abat sur la pauvre Suzanne. Le flot continuel de pathétique qui ne cesse de submerger le lecteur pourrait le lasser, le rendre insensible en raison de son excès même, mais cela sonne tellement vrai que ce n’est pas le cas. A certains moments, il faut l’avouer, j’étais au bord des larmes.

La critique on ne peut plus virulente des couvents – cruauté, intolérance, débauche… aucun vice ne semble épargner ces lieux « saints » – donne à réfléchir sur la condition humaine. On chercherait en vain une critique de la religion en elle-même dans La religieuse, en revanche Diderot a de toute évidence beaucoup à dire sur les conséquences dramatiques de la privation de liberté. Car c’est cela que réclame Suzanne : sa liberté. « L’homme est un animal politique », a dit Aristote, il est fait pour vivre en société. Suzanne ressentait ce besoin de socialisation, elle ne voulait qu’une chose : vivre dans le monde, connaître ses semblables.

On ressort de ce livre avec l’envie de sortir dans la rue, de respirer à plein poumons, et peut-être même d’entamer la conversation avec un inconnu.

Ma note : 4/5
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Message  lalyre Dim 8 Aoû 2010 - 11:55

La religieuse
Diderot
Folio
378 p.
Résumé
Suzanne, seize ans, est l'une des trois filles du couple Simonin, le père est un riche avocat, c'est un homme autoritaire et très dur, la mère est une femme pieuse et semble soucieuse de l'avenir de Suzanne, enfin c'est ce qu'elle fait croire à sa fille qui est rejetée par ses parents, ses deux soeurs sont aimées bien plus qu'elle. Trop belle,en toute innocence, elle est remarquée par le garçon qui venait pour l'une des soeurs. C'est cette situation qui est cause de son enfermement dans un couvent malgré son désespoir. Pendant ce temps,ses soeurs se marient avec une dot importante, c'est à ce moment que l'on comprend que Suzanne n'est pas la fille biologique de l'avocat,c'est une enfant née du péché, on peut penser que la mère se punit elle-même en plaçant sa fille chez les soeurs du couvent de Longchamp.Madame de Moni est la supérieure de cette maison, c'est une personne gentille qui aime toutes ses religieuses,elle a pris Suzanne sous sa protection, comprenant le chagrin de l'adolescente, celle-ci l'aime beaucoup ,son désespoir est grand lorsque Madame de Moni meurt. C'est soeur Christine qui la remplace, c'est une femme méchante et cruelle,jalouse de l'amitié que Suzanne portait à la Supèrieure précédente, elle se venge en lui faisant subir les pires sévices. Transférée dans un autre couvent, Suzanne sera la victime de caresses de la Supérieure qui profite de l'innocence de la jeune fille. Alors que va devenir Suzanne ? Elle fait la connaissance d'un jeune moine qui l'incite à se sauver avec lui......Va t-elle céder à son invitation? Innocente enfant,que pourrait-il lui arriver si elle cède ?
Mon avis
Un très beau roman,Diderot s'inspira des lettres de la jeune femme demandant du secours,il faut dire que l'action se passait au VXlllème siècle,une époque révolue ou l'on enfermait les filles gênantes.Mais alors ce qui se passait dans les couvents est inimaginable mais il est vrai que ce que nous apprenons sur les méfaits des gens de l'église, me fait douter du respect de l'humanité. Ce que j'ai ressenti pendant ma lecture m'a révoltée par l'attitude de la mère, les non-dits, la soi-disant folie de la supérieure, les mensonges éhontés qu'elle raconte à l'enfant. Je pense aussi que l'auteur a écrit ce livre pour dénoncer ce qui se passait à l'époque.Des thèmes il y en a plusieurs dont certains me donnent réflexion tels que le respect de l'être humain, l'autorité malfaisante à l'égard de l'enfant, la haine, la violence, la méchanceté, la souffrance, la solitude etc.... Un coup de coeur pour moi pour ce roman très réaliste. 5/5
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