Alberto BRECCHIA et OESTERHELD

De : Claudeg061 (Message d'origine) Envoyé : 19/08/2003 22:25

Mort Cinder

Publiés aux débuts des années 60 en Argentine, les histoires courtes de Mort Cinder, font partrie, aujourd'hui, des classiques de la bd. Certes, le grand public en ignore les richesses et l'existence mais en cherchant bien dans vos bouquineries vous tomberez assez facilement sur ces trois albums publiés chez Glénat en 1982 (seuls les deux premiers ont été réédités récemment aux Editions Vertige Graphique).
Le premier album est une présentation des deux personnages principaux. A la première lecture on sent un malaise, une fracture, entre la force du dessin d'Alberto Breccia et le scénario d'Hector Oestherld. D'un côté nous avons des planches au dessin droit sorti de la mouvance américaine et, de l'autre, une histoire farfelue de savant fou. Je n'ai que peu goûtté au scénario avant de voir dans ce personnage convenu une image de l'homme cherchant à dominer tout par la science. C'est tordu mais cela offre une vision nouvelle dans un monde qui est aux mains des scientifiques et de leurs rejetons. On y voit aussi la fracture entre le réel et le rêve... Cette infime frontière qui louvoie au grès de nos envies et de nos impressions.
Au final nous avons un scénario qui est merveilleusement soutenu par le dessin d'un Breccia qui s'éveille à son art avec la même intensité qu'un matin d'Austerlitz. Il se refuse à souligner les décors (comme ses illustres prédécesseurs Canif et Raymond) pour se concentrer sur l'effet que peut apporter le trait à l'histoire, très loin de nos auteurs modernes plus intéressés par le détail que par l'histoire. En grand seigneur, Breccia s'offre des gammes maîtrisées où le noir est une couleur et le blanc cette lumière crue qui révélle autant qu'elle cache et suggére...Et dire que ce grand monsieur de la bd ne donne là que l'ouverture d'une oeuvre magistral.

Claude (ex gnome)