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Hervé BELLEC (France)

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Hervé BELLEC (France) Empty Hervé BELLEC (France)

Message  Mousseline Mar 28 Oct 2008 - 9:08

De : Eireann561 (Message d'origine) Envoyé : 2007-06-10 09:06

Un bon dieu pour les ivrognes

Hervé BELLEC

Pas toujours!

Note : 5/5

Je ne connaissais pas Hervé Bellec avant de le voir au salon du livre de Guidel, il y a quelques temps. Donc je commence par ce recueil de nouvelles situées dans la cité du Ponant et dans ses environs.

Baptiste se rappelle son arrivée à Brest, mis en pension par ses parents, le voyage en train avec des matelots fumeurs et buveurs de bière, les années de tristesse, puis une fille un soir....

La seconde nouvelle pourrait s'intituler "Elle est partie ma Kiki"

ou la vue d'un slip de coton va raviver des souvenirs chez un homme qui reste seul avec sa chatte, et dont la tentative d'aventure sexuelle a complètement foiré cette nuit là.

Dans la nouvelle qui donne son titre au livre, on suit les changements d'un quartier brestois au travers de la vie de la place Guérin et d'un de ses débits de boissons. Les choses changent, pas forcement en bien. Les quartiers perdent leurs âmes et leurs commerces et même leurs bistrots.

Dans d'autres écrits, même la "Celtitude" a ses limites, puis une belle histoire de manuscrit sans nom laissé par une femme anonyme. Un récit qui ressemble à une légende revisitée termine ce recueil.

Un personnage récurrent, Baptiste, que nous suivons dans son monde et sur plusieurs années. Des marginaux laissés pour compte de la société, un monde complètement déshumanisé et sans merci, hantent également ce livre.

La solitude et l'ennui, la vie que l'on voudrait meilleure, les chances que l'on laisse passer, les promesses non tenues sont la trame de toutes ces histoires. Deux garçons et une fille enceinte, mais aucun des deux n'est le père, ils seront plus que les parrains.

Pourquoi, parfois j'ai l'impression que ce livre parle de moi en particulier dans "New-York,New-York", alors que je n'ai jamais mis les pieds dans cette ville.

Une écriture de qualité dans sa simplicité, de belles descriptions des tourments de tous les jours, les amours souvent de passage, les copains qui partent et ne reviennent pas toujours. Une mélancolie bien bretonne par moment, toujours ponctuée d'éclairs d'un humour féroce mais qui, moi, me plaît énormément. Je pense avoir pris un abonnement avec cet écrivain. Ses références littéraires (Kérouac, Youenn Gwernig) et musicales étant en plus très bonnes, je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin! Un grand bonheur!

Extraits :

- Vrai je crois même que je l'aime encore.

- Je n'ai rien contre la musique en général, j'aimais bien écouter Bob Dylan ou Neil Young quand les matins étaient ensoleillés.

- C'était un dauphin échoué sur la plage. Un hérisson qui tentait de traverser l'autoroute.

- Ce n'était pas les clochards célestes de Kérouac, nos clodos, c'est juste que le refuge des sans-abri du port fermait ses portes à vingt heures pétantes.

- Oui, elle était seule, coincée derrière les grilles de la nuit.

- Cauchemar d'entre les cauchemars, l'endroit devenait à la mode, courtisé par les pontes de la mairie et les snobinards du centre ville.

- Betty, écoute moi, bon sang. Je viens de boire un coup avec Jack Kérouac....

- "Bretonnes ou Irlandaises, vois-tu, c'est du pareil au même. Même race, même culture. Possessives, exigeantes, colériques".

- J'avais dix sept ans quand j'ai lu "Sur la route" pour la première fois et après ça, plus rien n'a été vraiment pareil pour moi! Tu comprends ce que je veux te dire?

- Mais il fallait raison garder, ce n'était que des bouquins après tout.

Éditions :

Coop Breizh





De : Eireann561 Envoyé : 2007-07-02 11:52

La nuit blanche

Hervé BELLEC

La Nécessité unique*

Note: 5

Je pensais que, arrivé à soixante ans et ayant perdu quelques proches, j'étais vacciné pour réellement m'attendrir sur la mort d'un personnage de roman, eh bien non!

La mort de Gwen à trente huit ans est revécue avec rage et tendresse par ses proches. Le temps a passé,nous sommes en octobre.

Gwen est morte un jour exceptionnel de printemps, comme si même la météo voulait lui rendre hommage.

En ce matin, le narrateur expliquait aux enfants les failles téluriques, les tremblements de terre, les dizaines de milliers de morts virtuels

là- bas vers la Chine, ces morts dont on parle, comme cela, parce que c'est l'actualité. Mais la mort de Gwen n'est pas l'actualité, c'est la réalité, et là c'est différent.

Gwen, belle femme de chair et de sang, la mère, l'épouse, l'amie, la confidente, la fille. Une personne ordinaire, mais pour son entourage quelqu'un de primordial.

Beaucoup de personnages, familles, amis, tout l'entourage de Gwen la pleure et se rappelle d'elle. Son mari et ses enfants, ses parents, Léna et Clarisse, les copines, Aline l'épouse du narrateur, tous sont là pour un dernier hommage. Pierre, son mari, paradoxalement, tente de remonter le moral des autres, mais la douleur l'emporte. On en vient presque à envier Gwen d'être tant chérie.

Le soir tombe, les parents partent, la nuit s'installe, les fidèles sont là, la veillée commence. Brigitte, une autre amie d'enfance, fatiguée par six heures de voiture arrive de Paris. La fête païenne peut commencer.

Demain le dernier voyage ramènera Gwen dans son Argoat natal.

Une écriture toute en sensibilité entre souffrance et colère, l'injustice de certaines morts, le rejet de la religion, qui amène cette réflexion : "Dieu est sourdingue comme un pot". Une sobriété de style qui évite tout apitoiement et toute compassion.

Un ouvrage poignant d'une lucidité rare sur la mort d'un être humain en pleine jeunesse, avec la question rituelle pour ceux qui restent : pourquoi si jeune? Pourquoi elle?

Un livre dont on ne sort pas forcement indemne!

Une de mes plus belles lectures de l'année!

Extraits :

- On ne photographie pas les enterrements, pas chez nous en tout cas et Gwen n'était pas princesse. Elle était fille de gueux comme nous tous, rejetons de cul-terreux.

- On appelait le docteur et le docteur nous disait d'appeler le curé et c'était fini.

- L'enterrement se faisait en Bretagne. Il est chez nous hors de question de reposer en terre d'exil.

- Dans cette chambre d'hôpital, notre prière n'était que le contre-chant d'une ancienne colère.

- Le mieux, finalement était de se taire.

- Le temps ne guérit pas les blessures, ni les voyages ni les hommes, écrivait Jack Kerouac.

- Il était une fois, au milieu des bois une maison en sucre d'orge.

- Gwen valait bien un gueuleton.

- Gwen est née au printemps, morte au printemps, c'est dur de partir au printemps, chantait Brel.

- La mort finalement ne concernait que les vivants.

Éditions : Nil éditions/ Coop Breizh.

Autre chronique de cet auteur :

Un bon Dieu pour les ivrognes.

*Extraits du chant, "Les séries" tiré du Barzaz-Breiz :

Pas de série pour le nombre Un : La Nécessité unique,

Le Trépas, père de la Douleur; rien avant, rien de plus.
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Message  Mousseline Mar 28 Oct 2008 - 9:09

De : Eireann561 Envoyé : 2007-08-10 16:01

Hervé BELLEC

Demain, j'arrête d'écrire.

Note : 4

Ce serait dommage.

La quatrième de couverture parle de "Mots de billets" pour ce livre.

Des écrits posés ici ou là sur du papier, graves, tendres ou puérils.

Ce qui passe par la tête d'un homme un jour ou l'autre pour peu qu'il observe ses contemporains.

Pour cet été sur les plages bretonnes, prenez ce livre il permet de ne pas bronzer idiot

il se lit très bien, et en plus vous aurez l'air d'un autochtone.

Cet ouvrage commence par un texte appelé Roc'h Trédudon" qui me rajeunit et me fais sourire, le 14/02/1974, l'émetteur situé dans les Monts d'Arrée, sautait provoquant un éclat de rire pour certains et privant une partie de la Bretagne de télévision.

Du souvenir du premier baiser au chagrin ressenti pour faire piquer la vieille chatte devenue acariâtre et surtout trop malade, tout un flot d'émotions parcoure ces textes.

"La chanson des vieux amants" est une très belle chanson de Brel, c'est aussi un très court texte désopilant mais plein de tendresse et d'amour figurant dans ce livre.

De la poésie paysanne dans "L'arc en ciel" à l'exhibitionnisme des villes dans "Muselières" le constat n'est pas flatteur pour ces dernières.

L'hommage à Xavier Grall et à ses billets dans "La vie" dont l'auteur dit "C'était comme un souffle d'air frais"

"Made in Ireland" ou comment perdre ses illusions ou avoir l'impression d'être pris pour un pigeon!

Des "Rêveries" disons masculines, un feu rouge à Gourin, le seul sur 100 kilomètres pour Hervé Bellec sur la route de Guémené sur Scorff. Un jour un magasin ferme, tous les hommes se retrouvent comme des andouilles! Et la route paraît plus longue.

"Régis" aussi est un rêveur, il préfère dessiner (et bien d'ailleurs) des femmes nues que de s'occuper de la Constitution de 1791. Malheureusement c'est durant le cours d'histoire, pas pendant celui de dessin.

L'auteur et son entourage, des gens que l'on peut rencontrer au coin de la rue, un homme et une femme paniqués par un appareil photo dans un bar, sont les personnages de ce livre.

Cette dame, la soixantaine venant qui entame une correspondance qu'elle espère amoureuse sur le net, car son mari semble la délaisser ? Le dragueur de mauvais goût dans le train dont la voix insupporte tout le monde, et donne des envies de meurtre à tous les hommes présents!

"Mimosa" est une connaissance d'école, travesti, il fait carrière à Paris. Le sida l'a emporté. Une pensée parfois ne coûte rien.

"Le Scorff" (j'habite boulevard du Scorff, à Lorient) en fin de parcours de cette rivière. Des fois je me dis que j'aimerais mieux habiter à la source dans le calme de la Bretagne profonde.

Des tranches de vie, des brèves de Breizh et d'ailleurs, ou comment réfléchir et donner à réfléchir sur des situations de la vie de tous les jours.

Je ne peux qu'avoir de l'estime pour un homme qui dit en parlant de sa mort:

"Dans le même temps j'écouterai une fois de plus l'album "Harvest" de Neil Young. C'est sur le dernier morceau-Words- que je m'en irais".

Extraits:

- Parfois, j'ai envie d'arrêter d'écrire comme certains essayent de renoncer à la cigarette.

- Elle est venue pour m'interviewer, mais c'est d'elle dont elle parle.

- Notre haine est d'une courtoisie à toute épreuve.

- C'était LE centre de gravité de la Bretagne, le "Bagdad Café" de la route 66.

- Non, pas plus d'érotisme ici que dans une succursale d'une agence nationale pour l'emploi.

- Parfois j'en ai assez de vivre dans une rue où la chaussée est sans cesse labourée par d'arrogants 4X4 conduits par des riches tandis que le trottoir est arpenté de long en large par la ronde des chiens de combats que les pauvres tiennent en laisse.

- Faut pas se leurrer! Chez les écrivains, on trouve à peu près la même proportion d'abrutis que de gens bien que dans tous les autres corps de métier.

- Je vais à Spézet en passant par le Michigan et le Montana. Je suis le roi de la Prairie.

- Je serre les fesses, que fait-on des écrivains en mal d'inspiration?

- Tant mieux, ma part de rêve reste vierge.

- Je n'aime pas trop les Parisiens, surtout quand ils vous rappellent que vous n'en êtes point.

Éditions : Coop Breizh

Autres chroniques de cet auteur :

La nuit blanche

Un bon Dieu pour les ivrognes.

http://eireann561.canalblog.com/




De : Eireann561 Envoyé : 2007-11-06 07:44

Félicité Grall

Hervé BELLEC

Note : 4

La félicité et le graal.

Roman de 2004, dont le sous-titre pourrait être "La vie n'est pas un long après-midi tranquille".

Suite à divers petits incidents dans sa Normandie natale, Rémi Briquebecq s'est vu contraint de quitter Rouen pour Brest. Il est muté dans une bibliothèque d'un quartier de la capitale du Ponant. Il se satisfait plus ou moins d'une vie solitaire jusqu'au jour où il rencontre Félicité, institutrice dans un quartier sensible.

Donc rendez-vous est pris chez Félicité pour aller défendre un projet culturel qui tient particulièrement à coeur à l'institutrice. Rémi n'ayant plus de permis de conduire accepte bien volontiers d'avoir un chauffeur. Mais il sait pas encore ce qu'il l'attend.

Quand cette charmante jeune fille prend une douche, notre pauvre Rémi ne regarde pas, il écoute, et c'est peut-être pire pour lui, mais l'heure tourne, le retard commence à être une notion qu'il va falloir prendre en compte. Après un départ sur les chapeaux de roues, comme une vieille "Lada" plus proche de la casse que de son âge d'or peut en faire, il faut faire demi-tour, Félicité a oublié son dossier!

Donc retour case départ, Rémi attendant dans la voiture jette innocemment un oeil dans la boite à gants et trouve un paquet de préservatifs bien entamé! Félicité revient avec son dossier, mais changée de pied en cape ; le jean-tee-shirt est remplacé par une jupe légère et seyante! Rémi n'est pas au bout de ses surprises, plus d'essence et mademoiselle a tout oublié, argent, chéquier, etc! Puis la panne d'essence, et les raccourcis supposés, bref les heures passent, la réunion pour la défense du projet a du plomb dans l'aile. Par mégarde, Rémi se rend compte que la douce et troublante Félicité, a un "flingue" dans son cabas! Puis elle décide que la réunion, elle s'en fout et à la place elle préfère d'aller se baigner! Rémi ne sait plus à quel saint (seins) se vouer!

Pour la suite, laissez faire l'imagination et l'humour de l'auteur!

Félicité Grall est charmante, mais un peu tête en l'air et vraiment imprévisible dans ses actions ou raisonnements. Sa conduite (pas celle de sa voiture qui elle aussi mériterait que l'on si arrête!) oscille entre charme et désinvolture. Et puis est-il normal d'avoir une arme sur soi! Bref, elle est adorable, épuisante et tête à claques!

Rémi Briquebecq lui un peu naïf succombe petit à petit au charme de Félicité. Mais il se demande quand même qui est cette jeune femme farfelue et qui parfois abuse de la situation mettant son compte en banque dans un état catastrophique.

Ce roman pour le moins trépidant se déroule sur quelques heures d'un après-midi que l'on pourrait qualifier de bien occupé.

J'aime bien les livres d'Hervé Bellec, car ils parlent toujours de moments privilégiés de ma jeunesse de Jack Kerouac à Neil Young et dans ce livre de Steve McQueen dans "Au nom de la loi".

Extraits:

- Je me méfiais toujours et à juste titre de faire l'amalgame entre le physique et le mental.

- Oui, Brest, pourquoi pas, après tout.

- Je vaquais çà et là, en pointillé, sans but bien défini, sans espérance démesurée.

- En jaille?

Oui, en piste, quoi. En java, si tu préfères!

- On aurait dit Amélie Nothomb, avec disons vingt ans de plus.

- Un peu à la façon de Joss Randall quand il arrachait les mises à prix dans le générique d"Au nom de la loi" le mercredi après-midi à la télé.

- J'étais vraiment une cruche, la reine des pommes.

- Vois-tu, Camaret, c'est un peu le clitoris de la Bretagne.

- Un démon. Cette fille était un démon.

- S'agissait pas non plus de les prendre pour plus cons qu'ils n'étaient.

- Je l'ai suivie. Je les ai toujours suivies, les unes après les autres.

- Je l'ai serrée plus fort. Ça faisait longtemps.

- Sur ce je deviens aussi muet qu'une dalle de granit.

Éditions : Robert Laffont.

Autres chroniques de cet auteur :

Un bon dieu pour les ivrognes.

La Nuit Blanche.

Demain j'arrête d'écrire.
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