Alexandre DUMAS - Georges

Un Alexandre Dumas demeurera un Alexandre Dumas, et c'est pourquoi il m'est un peu malaisé d'en parler. Le style y est toujours le même, jovial, un peu philosophe, décontracté et néanmoins nous fait beaucoup réfléchir à la fois aux grandes et aux petites choses; les péripéties s'y enchaînent les unes après les autres et les unes par dessus les autres; l'action y est musclée; les personnages y sont, chacun à leur façon, d'une très grande intelligence; les héros y sont décidés, volontaires, entreprenants.

Après tout ceci, en quoi donc Georges est-il différent des autres romans de Dumas? Est-ce en ceci qu'il traîte, fait unique dans son œuvre, de l'esclavage des noirs? Est-ce parce que l'histoire se déroule à l'île Maurice, dans l'océan Indien? Est-ce parce que le héros est mulâtre, à l'instar de son créateur? Est-ce parce que pour la première fois je l'ai vu décrire des batailles navales? (mais peut-être en a-t-il décrites ailleurs dans son œuvre, je ne saurais infirmer ou confirmer...) En fait, malgré tout ce qui précède, je dois dire que j'étais avec Georges en terrain bien davantage connu qu'inconnu : Dumas est Dumas. Mais Dumas est un monde d'une telle richesse, il est un tel foisonnement de connaissances et de réflexions subtiles, que je continue à ressentir un très grand plaisir avec ses écrits. Bien sûr, le préfacier en a mis un peu épais en affirmant que Georges était sous plusieurs aspects supérieur au Comte de Monte-Cristo, bien sûr Eugène Sue, qui n'était pas souvent supérieur à Dumas, l'était cependant lorsqu'il s'agissait de décrire la vie en mer et les combats maritimes, bien sûr Dumas ne se soucie pas toujours de vraisemblance dans ses scènes d'actions (mais cela, c'est le lot chacun de ses romans), bien sûr il se perd en périphrases compliquées pour désigner une palanche (appareil dont il ne semblait pas connaître le nom), mais que tout cela ne vous fasse pas reculer : Georges vaut le détour, c'est que du bon Dumas, que du vrai Dumas!

Ma note : 4,25 / 5