Eugène DABIT (France)

Eugène Dabit est un écrivain français né en 1898 et décédé en 1936.

Il a fait partie du groupe de la littérature prolétarienne et a eu un très grand succès pour son recueil de nouvelles Hôtel du Nord qui fut couronné du Prix du roman populiste et porté à l'écran en 1938 par Marcel Carné, avec les acteurs Arletty et Louis Jouvet. Il a entretenu une très intéressante correspondance avec Roger Martin du Gard.

Œuvres

* Petit Louis (1930)
* Hôtel du Nord (1929)
* Yvonne (1929 - inédit, éd. 2009)
* La zone verte (1935, rééd. 2009)
* Les maîtres de la peinture espagnole (1937)
* Au Pont Tournant
* Le mal de vivre (avec Étrangères)(1937)
* Train de vies
* Faubourgs de Paris
* Un mort tout neuf
* L’île
* Villa Oasis ou Les faux bourgeois (1932)
* Ville lumière
* Journal intime (1926-1938)

(Source : http://fr.wikipedia.org)

Louise et Emile Lecouvreur sont heureux. En cette belle journée de printemps, toux deux viennent de réaliser un vieux rêve en achetant l'hôtel du Nord, un hôtel populaire situé près du canal de Jemmapes à Paris. Et c'est ainsi que les Lecouvreur changent de vie en devenant hôteliers et découvrent une nouvelle vie au milieu des histoires de leurs multiples locataires...

"Atmosphère, atmosphère! Est ce que j'ai une gueule d'atmosphère!" Oubliez cette célèbrissime réplique du film de Marcel Carné tiré de ce roman paru en 1930 et qui obtint le premier prix populiste, vous ne la trouverez pas. Mort en 1936, soit deux ans avant la sortie de l'adaptation cinématographique de son récit le plus connu, Eugène Dabit aurait été surpris de voir les différences manifestes avec son œuvre.

Plus qu'un récit, L'Hôtel du Nord est plus un aperçu d'un mode de vie, d'une époque, celle des années 20 d'un Paris aujourd'hui disparu. Dabit nous décrit ainsi la vie d'un hôtel avec ses soixante chambres exiguës, modestes pour ne pas dire pauvres, sales et où la vie s'écoule lentement chaque jour pour l'ensemble des locataires. La teinte de ce roman est une teinte de gris, où l'existence s'écoule avec ennui pour tous, sans réel espoir pour tous ces prolos et leurs familles car "un destin monotone les accable".

"Il y a là des gens de tous métiers. Quelques employés, un comptable, des garçons de salle, des électriciens, deux imprimeurs; et tous les ouvriers du bâtiment, terrassiers, platriers, maçons, charpentiers". On croise de tout à l'hôtel du Nord : l'ouvrier-serrurier, le porteur, l'ancien ouvrier d'imprimerie, le camionneur, le palefrenier, l'électricien, le comédien, la couturière et sa sœur la corsetière, bientôt vieilles filles. Sans oublier les habitués du comptoir car pour tous, la seule distraction à la grisaille coutumière, c'est l'alcool ou les parties de manille. Quant aux jeunes filles, propulsées de leurs campagnes à Paris, rapidement leur destin consiste à aller faire le trottoir...

On ressort de ce récit avec une impression de tristesse manifeste. Dabit décrit en effet ici une époque, celle où le prolétariat croit aux idées de Marx et Lénine et attend avec impatience son heure (comme Dabit qui ira en URSS avec Gide et d'autres et y mourra). En attendant des lendemains qui chantent, c'est une existence sans réel espoir de changement qui s'écoule avec la crainte de ne pas joindre les deux bouts et où la maladie et la mort sont des menaces omniprésentes. Et la solitude, en réalité, est le lot de tous.

Instantané d'une époque, d'un mode de vie aujourd'hui disparu, Hôtel du Nord fait un peu penser à ces photos en noir et blanc que l'on déniche parfois dans des greniers ou des brocantes et où des gens prennent la pose avec un sourire figé. Sauf qu'ici, on se croirait dans cet hôtel avec ses odeurs d'alcool et de tabac et ses accents populaires. Encore mieux qu'un film.

Ma note: 3,5/5

Emile et Louise Lecouvreur font l'acquisition de l'Hôtel du Nord, par l'intermédiaire de mercier, marchand de fonds.
Au comptoir : Philippe Goutay et sa femme. Parmi les locataires : Renée, qui est aussi la bonne de l'hôtel, et son amant, l'ouvrier Pierre Trimault, qui prend la poudre d'escampette en apprenant qu'il va être père. Des habitués, déjà : les joueurs de cartes, le père Louis et Marius Pluche ; Julot, l'éclusier du canal Saint-Martin. Des gens de passage... Des histoires... Eugène Dabit nous conte ici la vie et la mort du petit hôtel du quai de Jemmapes, encore debout aujourd'hui, et qui a inspiré à Marcel Carné l'inoubliable Hôtel du Nord, avec Arletty, Louis Jouvet, Bernard Blier...
Atmosphère ! Atmosphère !...

A l'Hôtel du Nord, on rencontre beaucoup de monde, pas moins de trois bonnes se succèderont durant les quelques années d'existence de l'hôtel. Renée et ses amours contrariées, Jeanne et la Mère Chardonnereau briqueront tour à tour l'hôtel. La tuberculose, qui n'était pas encore curable à l'époque du récit, terrassera Louise et Ladevèze. L'homosexualité, timidement évoquée, donnera lieu à une visite de la police visant Adrien. La pauvreté de Deborger ne lui permettra plus de vivre à l'hôtel après sa retraite, et il finira ses jours misérablement à l'asile. La vie de ceux qui ont vécu quelques temps dans cet hôtel, n'est pas très gaie, même les propriétaires s'en verront chassés. C'est néanmoins une histoire passionnante que celle de tous ces gens laborieux, parfois heureux ou misérables, qui est contée par Eugène Dabit. Heureusement l'hôtel n'a pas été détruit, comme il est dit à la fin du livre, mais il a été transformé en studios et sa façade a subi une restauration. J'ai pris grand plaisir à lire cette histoire, d'autant que je l'imaginais identique à celle du film de Marcel Carné, alors qu'il n'en est rien.

Note : 4/5

"L'Hôtel du Nord" Folio 1993  218 pages 
                                
              Je ne referai pas le résumé, Cécile et Liza_lou l'ont très bien fait plus haut. 
              Et de plus je n'aurai guère à rajouter à leurs critiques respectives, parce que tout y est déjà dit avec justesse. Ce livre est une magnifique photographie d'une époque qu'on situe clairement dans les années 1920 (contrairement au film de Carné avec Louis Jouvet et Arletty, qui brosse un tableau du Paris des années 30). 
              "Une impression de tristesse" a dit Liza_lou, c'est aussi mon ressenti. Les personnages que décrit Eugène Dabit ont tous une histoire à tirer des larmes. Les femmes, en premier lieu, n'ont pas la vie facile; elles sont toujours le jeu de la séduction, du chantage et du machisme des hommes. Et quand un bébé arrive, c'est double peine pour elles. 
                Il est vrai que dans chacune de ces histoires du quotidien, le mélo, le tragique, le drame, n'est jamais très loin. 
               L'histoire de ces deux soeurs qui vivent ensemble, chichement: la plus âgée, vieille fille autoritaire, aigrie par on ne sait quel événement passé; la plus jeune plus ouverte à la vie, naïve sans doute, mais pleine d'envie de se lier avec un homme. Lorsque la soeur aînée apprend que sa cadette envisage une aventure avec un homme, elle la cloître (pas d'autre mot...) à vie! dans l'appartement, l'oblige à quitter son travail (son seul lien avec l'extérieur) avec interdiction désormais de mettre le nez dehors. Ce passage là m'a complètement effondré, par le naturel de son terrifiant réalisme. 
                Parce que voilà bien l'intérêt de ce petit livre: Eugène Dabit nous parle du petit peuple, sans trop de moyens, qui travaille (pas le choix, il faut bien se payer un logement -ici celui de l'hôtel), mais on voit bien que l'accent est mis principalement sur la précarité de l'existence des femmes. 
                 On parle beaucoup ces derniers mois (voire années), du mouvement féministe qui tend à secouer l'hégémonie masculine et redonner à la femme la place qui lui revient au milieu de notre société. J'ai trouvé que ce livre était une belle illustration de comment la femme était représentée à cette époque -époque et lieu bien précisés: Paris, années 1920-
                 J'ai l'impression que ce livre pourrait rester sur mon étagère de nuit quelques temps. Les petites histoires courtes se prêtent à une relecture rapide à tout moment et leur intensité émotionnelle n'a pas fini de me toucher.

Note: 4/5