Shauna Singh BALDWIN (Canada/Québec/Inde/Etats-Unis)

Je pioche mes idées de lecture entre le Club des rats et Amazon.com. Cette auteure je l'ai découverte à travers le site d'Amazon.com lors de mes recherches pour préparer le thème sur l'Inde. Les critiques m'inspiraient beaucoup. Alors là maintenant qu'il vient le temps d'ouvrir la discussion je réalise que je trouve bien peu d'informations à son propos dans le web francophone. Donc encore une autre auteure bien peu connue dans le monde francophone mais qui est pourtant très appréciée du côté anglophone.

J'ai quand même déniché une biographie sur le site http://www.meet.asso.fr

Shauna Singh Baldwin est née en 1962 à Montréal et a grandi en Inde.

Écrivain et productrice radio, ses nouvelles, d'abord publiées dans des magazines, ont été distinguées par plusieurs prix littéraires avant d'être réunies dans le recueil English Lessons and Other Stories en 1995. Son roman, What the Body Remembers (La Mémoire du corps, Seuil, 2002) traduit dans une dizaine de langues, couronné par le Commonwealth Best Book Award et finaliste du prix Orange, a connu un grand succès en Inde et dans le monde anglo-saxon. Son second roman The Tiger Claw a été sélectionné pour le prix Giller en 2004. Son second recueil, We Are Not in Pakistan, est paru en 2007. Elle vit aujourd'hui à Milwaukee, Wisconsin.




Le site officiel de Shauna Singh Baldwin

La mémoire du corps

(Le Seuil/Points, 640 pages, 2004)

Un roman qui se déroule en Inde dans le Panjab à partir de 1928 et jusqu'à la fin des années 40.

Il y a Satya qui ne pouvait donner d'enfants à son mari lequel a pris une deuxième épouse : Root. Pendant plus d'une centaine de pages on suit Root dans enfance jusqu'à son mariage à l'âge de 16 ans. Shauna Singh Baldwin nous parle alors de ce que peut être la vie d'une petite fille dont le père est en quelque sorte le chef du village, sans être riche il est plus ouvert que bien d'autres. Et ce sont les rites de la mort, du mariage, la place des femmes... La famille de Root est sikh, c'est la première fois que je lis un roman indien dans lequel les personnages pratiquent cette religion, dans mes autres lectures les personnages étaient des Hindous, ce qui amène des éléments que je n'avais pas encore rencontrés chez d'autres auteurs indiens.

Par la suite, Root se marie avec Sardaji, un ingénieur indien formé en Angleterre. Elle se marie avec un riche, comme elle a toujours rêvé mais elle est la deuxième épouse, celle qui doit donner des fils à Sardarji. Satya aimerait être bonne avec Root mais c'est au-delà de ses forces. J'avais envie souvent de gifler Satya pour ses méchancetés mais comment lui en vouloir elle qui a été trahie par son mari. Aussi j'avais envie de secouer Root, lui dire de se défendre, de prendre sa place. Elle qui finalement n'est là que pour mettre au monde des enfants, les enfants de Sardaji. "La mémoire du corps" est un titre approprié. Et ce Sardaji est écartelé entre son obéissance envers l'Angleterre - l'Anglais grâce à qui il est devenu un homme aussi important dans sa province - et sa culture indienne. Et les serviteurs tels que Maunai Mai eux sont pris entre le fait d'obéir à leurs convictions ou suivre les consignes des maîtres.

Shauna Singh Baldwin fait une très bonne analyse de la cohabitation entre deux épouses et sur le fait de se tenir constamment entre deux mondes. C'est l'un des thèmes forts du roman. Mais sinon c'est un roman historique. Dès le tout début on voit venir la Partition (le Panjab qui va devenir le Pakistan). Les relations et conflits entre les différents groupes religieux sont mis de l'avant : sikhs, musulmans et hindous. Dans le petit village où habite Root tous ces gens se côtoient et ça semble harmonieux mais il n'en va pas de même dans le reste du pays. On est dans une époque de tumultes en Inde. L'aspect historique est tout à fait passionnant. J'en ressors grandi de connaissances.

Le style est superbe, très poétique. J'ai aimé l'écriture qui est truffée de mots dans une langue qui m'est inconnue (le penjabi?), c'est déroutant au début tant de mots étrangers à travers le texte mais en lisant attentivement il n'y a pas de problèmes pour suivre et ça donne un acccent tout à fait exotique. C'est un gros pavé mais jamais je ne me suis ennuyée car c'est prenant, Shauna Singh Baldwin nous tient suspendus jusqu'à la toute fin, j'avais toujours le goût d'avancer et elle n'ennuie pas avec de longues descriptions sur les coutumes indiennes comme c'est le cas, à mon avis, chez d'autres auteurs indiens.

J'ai beaucoup aimé, certainement l'un des meilleurs romans indiens que j'ai lus sinon le meilleur.

Note : 4,75/5

Ta critique donne très très envie et comme il est à ma biblio ( je viens de vérifier) je vais très vite me laisser tenter

Oui, je rejoins Zozinette, bien belle critique Mousseline, alléchante en plus. La médiathèque est fermée pour inventaire, dès sa réouverture, j'irai voir s'ils ont ce livre, ça me changera de ce que je lis en général. C'est toujours enrichissant de telles lectures !

B

Merci, Mousseline, je me le note aussi ! J'ai beaucoup aimé le thème de l'Inde et j'y reviens de temps en temps...