Meyer LEVIN (Etats-Unis)

Meyer Levin (1905-1981)

Journaliste et écrivain, il est surtout connu pour avoir suivi l'affaire Leopold & Loeb (1924) alors qu'il féquentait l'université de Chicago en même temps que ces deux meurtriers. Il en tirera un livre, Crime (1954) et un film, Le génie du mal (Compulsion) (1959). Il est aussi un des permiers à avoir découvert le journal d'Anne Frank et à en reconnaître le potentiel littéraire. Il épousera l'écrivaine française Tereska Torres dont il traduira les ouvrages en anglais.
Source: Wikipedia/Meyer Levin

Crime
Ed. Phébus libretto, 1996, c1954, ISBN 2-85940-627-1
Titre original: Compulsion (traduit de l'américain par Madeleine Paz)

Ma note: 4/5

Telles sont la vérité et la réalité, à mes yeux. Car, dans le domaine de l'émotion, il n'y a pas de vérité absolue ni définie, la réalité passe toujours à travers un être, et ce qui va suivre est la réalité à travers moi.

C'est ainsi que trente ans après l'affaire Leopold & Loeb, Meyer Levin fera revivre ses souvenirs. Il se placera en tant que narrateur de l'histoire, lui un jeune étudiant de l'université de Chicago. À cet époque, il devait travailler comme apprenti-journaliste au Globe pour subvenir à ses besoins et c'est dans le cadre de son travail qu'il se trouvera impliqué dans cette affaire célèbre.

Un matin de 1924, un appel retenti dans la maison des Kessler pour annoncer que le jeune Paulie avait été kidnappé et que des instructions allaient suivre pour le versement de la rançon. Mais le cadavre d'un jeune de l'âge de Paulie sera trouvé et le jeune journaliste arrivera à l'identifier et ainsi empêcher le père du garçon de verser l'argent aux meurtriers. Artie et Judd, ayant respectivement 18 et 19 ans, devront alors mettre une croix sur leur idée du meurtre parfait. Ces deux jeunes surdoués, provenant de familles riches et très en vue de Chicago, voulait démontrer que les "surhommes" décrit par Nietzsche était réellement au-dessus des lois et que le châtiment ne pouvait leur être imposé. Mais le crime parfait n'existe pas, et preuve après preuve l'étau se resserre sur ces deux jeunes hommes perturbés.

Dans la première partie du livre, Levin nous fait suivre Artie et Judd dans leurs actions avant, pendant et après le crime. En fait, le crime en tant que tel nous est décrit avec parcimonie, ce sont surtout les émotions vécues par les jeunes hommes qui seront décrites et l'accent sera mis sur la relation entre Judd et Artie, relation inconcevable pour l'époque. Cette section est plutôt longue et répétitive, où les deux meurtriers passent par une gamme d'émotions très diverses mais sans jamais ressentir le moindre remord.

La deuxième partie du livre est particulièrement intéressante, soit celle du procès. Ils plaideront coupables pour ne pas passer devant un jury et ainsi tenter d'éviter la pendaison. Le procès se jouera donc sur la sentence à appliquer. Sans plaider la folie (ce qui les amèneraient directement devant un jury) l'avocat de la défense, Jonathan Wilk, plaidera les circonstances atténuantes en faisant intervenir quantité d'analyses psychologiques d'avant-guarde. Mais, dans ce cas particulier, ni cause, ni motif, ni prétexte. Judd Steiner et Artie Straus avaient tué pour tuer, pour se livrer à la fascinante expérience d'exécuter un crime parfait. Difficile alors de plaider, mais c'est sans compter sur les talents incroyable de leur avocat.

Ce procès captivant sera courroné par les plaidoyers des différents avocats mais sera sublimé par celui de Wilk qui durera pas moins de trois jours. J'ai particulièrement apprécié la façon dont l'auteur nous a présenté ces plaidoyers, soit en résumant les propos et en ajoutant des commentaires par-ci par-là. C'est dans cette partie du livre que tout le talent de journaliste de l'auteur se fait sentir et aucun temps mort ne pointe le bout du nez.

Contrairement à De sang-froid, où Tuman Capote arrivait sur les lieux du drame après les faits, Meyer Levin nous décrit une affaire qu'il a vécu personnellement, qu'il a suivi mais aussi qu'il a aidé à résoudre. Ce qui amène un récit un peu moins froid, où les détails morbides sont moins présents et où la psychologie des principaux acteurs du drame sont décortiqués.

Je ne dirais pas que j'ai été subjugué par cette histoire mais je suis bien contente d'en avoir fait la lecture.

Crime
(Editeur Phebus Libretto - 400 pages)

J'ai préféré la première partie du roman, celle de la restitution des faits, et où l'auteur dresse le portrait moral des jeunes meurtriers. On les cotoit de très près, on se trouve dans la tête des assassins, on les voit assister en spectateurs insouciants au drame qu'ils ont provoqué. J'ai trouvé assez fascinant de pouvoir les observer dans leurs relations entre eux et avec les autres, les voir fonctionner dans leur environnement proche.

J'ai trouvé certaines scènes surréalistes, les relations très détendues entre les enquêteurs et les suspects comme celle où les enquêteurs emmènent les suspects au restaurant et qu'ils parlent de l'affaire et de choses et d'autres. En fait, c'est encore l'attitude complètement détendue des meurtriers qui intrigue et fait froid dans le dos.

En revanche, la 2ème partie sur le procès m'a un peu ennuyée.

Ma note : 3.5/5

Merci à Phil de m'avoir offert ce roman lors d'un swap !

C'est intéressant de voir que nous avons apprécié chacune une partie différente du livre. En tout cas, ça m'a fait bien plaisir de t'envoyer ce bouquin!

Crime
Levin Meyer
Phébus Libretto 1999
383 pages

4ème de couverture
Cette fiction (1956), qui fit comparer Meyer Levin à une sorte de Dostoïevski américain, se fonde sur un fait-divers authentique auquel l'auteur en sa jeunesse avait été mêlé malgré lui.
Dans le Chicago des années 20, deux garçons surdoués, promis à un brillant avenir, croient pouvoir exécuter un crime parfait... et y réussissent presque. Crime, qui suscita l'enthousiasme de Hemingway (et inspira un film fameux avec Orson Welles), avait disparu des tables de la librairie. Sa remise au jour en 1996 fut saluée par toute la presse

Mon avis
Cette histoire des deux garçons qui grisés par leur succès dans les études et adulés de leurs parents décident de commettre un crime tout à fait gratuit. On les côtoie de près ces deux criminels, on les voit vivre tout à fait normalement malgré leur personnalité troublante. Voir ces deux prodiges de l’intelligence, fils de familles richissimes, les observer dans la relation entre eux, fut pour moi une sensation bizarre en sachant que les deux assassins assistent en spectateurs impassibles et insouciants au drame qu’ils ont provoqué. Ce drame est décrit avec minutie par l’auteur journaliste qui fut un condisciple de ces deux monstres lors de leurs études. J’ai lu ce livre avec passion car il me fallait savoir le devenir de ces deux jeunes qui furent découverts et jugés, la suite je n’en dis rien, sinon qu’il faut savoir qu’à cette époque, la psychologie était à peine connue, la psychologie criminelle n’existait pas du tout. 4,5/5

Je le note, l'histoire m'intéresse.

Crime

Note : 4.5/5

Résumé : Meyer Levin revient, plus de 30 ans après les faits, sur des évènements qui ont marqué profondément l'opinion publique. Dans le Chicago des années 1920's, deux jeunes hommes, étudiants brillants, issus des plus grandes familles de la haute société, assassine froidement un jeune garçon de 13 ans. La raison du crime n'est ni l'argent, ni la vengeance, mais simplement le besoin et l'envie que les deux assassins avaient d'accomplir le crime parfait.

Critique : A la manière de Capote dans De sang-froid ou de Mailer dans Le chant du bourreau, Meyer Levin revient sur un crime ayant défrayé la chronique. A l'époque, il est encore un jeune étudiant de l'Université de Chicago et travaille comme apprenti-journaliste au Globe. C'est ainsi qu'il se retrouve malgré lui impliquée dans cette sombre affaire. C'est même lui qui va identifier la victime. L'auteur décrit méticuleusement chaque aspect de l'histoire, avant, pendant et après le meurtre. C'est extrêmement bien documenté. Les personnages et leurs émotions sont particulièrement bien décrites et retransmises. Le livre se divise en deux parties : l'une décrit le meurtre jusqu'à l'identification des meurtriers et la seconde décrit le procès des deux jeunes hommes. J'ai personnellement préféré la première même si j'ai beaucoup aimé les dernières pages où la défense puis l'accusation essaient tour à tour de plaider. Par contre, les passages sur la psychologie criminelle (on était aux balbutiements à l'époque) m'ont un peu ennuyée. Je trouve également bizarre que l'auteur est changé les noms des personnages, si c'est pour leur les rendre dans la postface. Malgré ça, j'ai adoré ce livre. J'aime beaucoup ce genre de livre.

Je note ce livre Lalyre et toi semblez vraiment l'avoir apprécié