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Anne BOQUEL et Etienne KERN (France)

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Anne BOQUEL et Etienne KERN (France) Empty Anne BOQUEL et Etienne KERN (France)

Message  Aurore Ven 22 Juil 2011 - 20:51

Une histoire des haines d'écrivains - Anne Boquel et Etienne Kern
(Flammarion, 2009, 336 p.)

Anne BOQUEL et Etienne KERN (France) Book_cover_une_histoire_des_haines_d_ecrivains___de_chateaubriand_a_proust_25483_250_400

Quand une amie m'a prêté ce livre, je me suis tout d'abord dit "quel intérêt y a-t-il à parler des relations orageuses entre écrivains?". C'est donc dans cet état d'esprit que j'ai commencé cet essai, un peu circonspecte (car peu habituée aux essais) et peu convaincue de le lire jusqu'au bout.

Sauf que les deux auteurs, anciens élèves de l’École normale supérieure, ont un certain talent pour nous emporter dans les turpitudes d'écrivains qui, par leur nom, nous sont devenus familiers.
"Avez-vous bien des ennemis" demande Balzac à Eugène Sue et lui de répondre "Oh ! très bien, parfaits et en quantité". Car avoir des ennemis est une préoccupation de taille pour ces écrivains aux egos surdimensionnés (je ne parle pas de Balzac ou Sue en particulier) car qui dit ennemi dit peut-être jalousie et convoitise.
Depuis l'essor de la presse et le tirage de plus en plus élevé des ouvrages, il y a de quoi regarder chez son voisin et pinailler. Zola innove avec son naturalisme et s'octroie les foudres des Anciens. Pour Hugo, Le rouge est le noir est écrit en patois. Quant à Sainte-Beuve, il est traité sans ménagement de "Sainte-Bave" par ce même Hugo". Les grands noms alternent et se succèdent dans toutes ces anecdotes issues d'un autre temps qui mettent en lumière des écrivains qui se savent importants et en jouent pour se tirer la couverture à soir.
Rien de tel que d'égratigner, les rivaux de la scène littéraire pour faire jaser dans les salons et s'attirer de la renommée. Certains comme Edmond de Goncourt accusera Zola de puiser dans son œuvre à chaque nouvelle parution (pour exemple : Germinie Lacerteux serait selon lui à l'origine de L'assommoir) : un plagiat savamment orchestré, en somme, qui aura tôt fait d'énerver l'illustre Zola passant derrière tout ça.
Ce qui est assez drôle dans cet essai c'est qu'on se rend compte que tout est motif à discorde : les amours des uns et des autres, les adultères, les romans trop avant-gardistes, les attitudes en société...

Pour finir, je ne peux que dire que cet ouvrage est excellent. Il fait sourire et donne un nouvel éclairage à ces sommités littéraires qui ont su s'imposer à travers les siècles. C'est de bonne guerre que de chercher querelle auprès de condisciples car ces gens-là de cessent d'innover et de briller de par leurs trouvailles langagières.
Ce livre s'engloutit comme un récit et c'est bien une histoire que les deux auteurs nous content ici. Une histoire construite à partir de solides références mais qui se laisse suivre sans effort aucun.
Merci à l'amie qui m'a prêté ce livre et qui, décidément, me connait peut-être mieux que moi-même Wink

4,75/5

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Anne BOQUEL et Etienne KERN (France) Empty Une histoire des parents d'écrivains

Message  Aurore Lun 14 Mai 2012 - 6:59



Une histoire des parents d'écrivains - Anne Boquel & Etienne Kern
(Flammarion, 2010, 316 p.)



Anne BOQUEL et Etienne KERN (France) 9782081228337

Après avoir lu et adoré Une histoire des haines d'écrivains, je ne pouvais que me précipiter pour lire ce livre qui est, on peut le dire d'emblée, tout aussi génial. Car, on s'en doute un peu, les parents ont une influence énorme sur leur rejeton, qu'il soit écrivain ou autre. Dans le cas présent, il est curieux voire délectable de constater que les réactions quant à la vocation de leur fils, fille sont on ne peut plus contrastées. Entre les parents de Robbe-Grillet qui jubilent des publications de leur fils et les parents de Lamartine ou Baudelaire qui, au contraire sont déçus du choix de carrière de leur fils, il y a un monde. En effet, choisir d'être écrivain n'est pas anodin surtout pour des parents espérant un salaire assuré dans des métiers plus convenables, plus établis aux yeux de la société.

Outre les réactions épidermiques de ces parents tourmentées, il y a ceux qui collent à la trace à la réputation faite dans les livres comme la mère de Jules Renard avec qui les relations sont tendues comme il l'exprime dans Poil de carotte. Et encore plus poussé, il y a Hervé Bazin dont la mère semble bien être une Folcoche des plus détestables. Par ailleurs, il y a aussi des parents qui lisent avec attention toutes les œuvres parues et qui s'offusquent lorsque la fiction ne rejoint pas la réalité. Ainsi, la mère de Sartre nie l'enfance telle qu'elle est racontée dans Les mots.
D'un autre point de vue, j'ai adoré la réaction de Madame de Lamartine (encore elle) à la lecture de ses vers :

Déjà l'herbe qui croît sur les dalles antiques
Efface autour des murs les sentiers domestiques
Et le lierre flottant comme un manteau de deuil,
Couvre à demi la porte et rampe sur le seuil.




Où celui-ci est-il allé pêcher l'idée du lierre? Pour ne pas laisser courir les commérages sur l'infidélité à la réalité, Madame de Lamartine décide donc de planter du lierre. C'est assez touchant de prêter tant de crédit aux mots !

Tout au long de cet essai, on constate que les écrivains ne sont pas égaux devant la littérature ni surtout devant leurs géniteurs. Tandis que certains sont soutenus (ainsi de Pierre Verne qui peu à peu laisse sa chance à Jules et le corrige même dans ses innombrables fautes d'orthographe), d'autres suscitent l'indifférence (comme la mère d'Apollinaire qui disait que "rien [ne la poussait] à s'intéresser à la littérature, surtout à la[si]ienne") voire l'hostilité pure et dure.

J'ai appris beaucoup de choses avec ce livre et ai trouvé particulièrement instructives les notices biographiques, en fin de livre, qui donnent un autre éclairage sur l'écrivain engendré ainsi que sur ses œuvres. En effet, ces repères concrets m'ont permis de mieux cerner le contexte dans lequel évoluent ces écrivains de tout temps mais tous influencés par une famille omniprésente.


4,5/5

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