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Michel ROSTAIN (France)

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Michel ROSTAIN (France) Empty Michel ROSTAIN (France)

Message  Aurore Jeu 9 Fév 2012 - 12:00

Michel Rostain vit à Arles. Né en 1942, metteur en scène d'opéras, il a dirigé la Scène nationale de Quimper - Théâtre de Cornouaille - de 1995 à 2008.

Le fils - Michel Rostain
(Oh éditions, 2011, 173 p.)


Michel ROSTAIN (France) LefILS

L'auteur dresse dans ce premier livre un épisode douloureux de sa vie qui l'a touché de près, en tant que père, puisqu'il a perdu son fils d'une méningite foudroyante. Là où les jours passaient dans un trio familial harmonieux où parents et enfant communiquaient bien, s'est installée une absence, un manque qui touche famille mais aussi amis et proches. En quelques heures, les symptômes ont laissé place à un jeune homme, nommé "Lion" dans le texte, inerte et avec de grandes tâches noirâtres sur tout le corps synonymes de maladie fatale. C'est qu'il était pourtant plein de projets et multipliait les activités, ce jeune homme de 18 ans. Qu'est-ce qui pouvait laisser présager qu'il serait emporté si rapidement? Rien à vrai dire et c'est ce qui est d'autant plus frustrant !
Je tiens avant toute chose à préciser qu'il n'y a pas de pathos dans ce récit. Ce serait pourtant bien facile de s'apitoyer sur la situation, de larmoyer sur cet événement tragique avec force détails sordides ou tout du moins intimes. Mais le père parle avec beaucoup d'amour de ce rejeton qui a occupé une place immense dans sa vie (c'était un fils unique, brillant et bien dans sa peau) avant de partir brusquement alors que la veille les discussions allaient bon train et qu'ils s'étaient même autorisés dernièrement une sortie au théâtre ensemble, joyeuseté appréciée par tous. Les mots de ce père m'ont touché au même titre que ses émotions retranscrites avec une sorte de pudeur, que toutes les étapes de son deuil : l'annonce, l'enterrement, le retour à un quotidien beaucoup trop morne avec cette prise de conscience de l'innommable. J'ai particulièrement apprécié la fin de l'histoire, presque légère et teintée d'espoir. Elle m'a donné du peps et j'ai trouvé qu'elle faisait un joli pied de nez au destin.
Bon, je ne vais pas le nier, les lignes suivantes et quelques autres m'ont quand même tiré des larmes. Mais c'était "pour la bonne cause" !

Quand on demandait à papa quel était son signe astral, il ricanait. Il disait qu'il se foutait éperdument de connaître son signe du zodiaque, et encore plus son ascendant. Il ajoutait qu'il ne savait qu'une chose, le nom de son descendant : "Lion", moi. Aujourd'hui où je viens de mourir, papa n'a plus rien, ni ascendant ni descendant. (p. 13)

Michel Rostain a obtenu le prix Goncourt du premier roman pour cet ouvrage. Et je confirme, c'est un livre poignant qui mérite d'être remarqué ! Il ne s'agit pas seulement d'une réalité (qu'on préfèrerait éloigner le plus possible), c'est aussi un hymne à la vie et à la famille !


4,5/5

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Message  Aurore Dim 7 Avr 2013 - 17:37

L'étoile et la vieille - Michel Rostain
(Kero, 2013, 224 p.)


Michel ROSTAIN (France) 9782366580044FS

J'avais déjà lu Michel Rostain avec son émouvant précédent roman, Le fils, récit autobiographique sur la perte prématurée de son fils. Ici l'accent, bien que mis sur la fiction, s'entremêle avec des éléments bien réels vécus par son auteur. Le personnage de Lion (son fils) est évoqué de manière fugace et la rencontre avec l'artiste a bel et bien eu lieu dans la vie courante.

Car l'histoire c'est avant tout celle d'une relation déséquilibrée (mais ô combien enrichissante) entre deux êtres fort différents : il y a le metteur (en scène) mais aussi l'artiste, qu'il choisit de mettre en scène, en vue d'un grand concert d'accordéon. Cette grande idole fantaisiste fait étrangement penser à une accordéoniste célèbre : Yvette Horner. Bien qu'inculte des standards de la "vieille" chanson française, une petite dame aux cheveux rouges toujours accroché à la musique, c'était son portrait tout craché.
Dans ce portrait émouvant des préparations du grand retour de l'artiste, tout s'élabore dans une certaine effervescence : tests de son, répétitions, moments d'intimité hors-champ qui laissent entrevoir une personnalité débordante et atypique, proche de son public mais aussi farfelue et obstinée. Le metteur (qui est toujours appelé tel quel) en vient à douter, à regretter la gestion du temps, la set-list retenue ou les caprices de diva. Mais c'est une formidable aventure humaine qu'il nous invite à partager. Une amitié se noue dans l'ombre, à l'écart des projecteurs.

J'avoue que j'ai passé une première partie du roman à me demander à qui me faisait penser cette curieuse accordéoniste. Yvette Horner, mais bien sûr ! Qu'elle soit inventée, fantasmée ou exagérée m'a quelque part moins intéressée que le simple fait de l'imaginer elle dans ce défi de grand retour à la scène.
C'est bien elle, "la vieille" qui retient toute l'attention et le metteur lui ne fait pas figure de particulière "étoile". Certes il est là, certes il accompagne, mais le talent ce n'est pas tout à fait lui.
En tout cas Rostain nous intéresse à nous parler dans un compte-à-rebours de la vie entre scène, musique et frivolités. Une petite play-list en fin de livre aurait été la bienvenue pour rester dans l'ambiance festive de l'accordéon star.
Un bon moment de lecture.



4/5

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