Joël RAGUÉNÈS (France)

Né au Conquet (Finistère), Joël Raguénès est issu d'une famille qui exploitait le goémon à Quéménès. Tout en menant une carrière d’homme d’affaires qui l’a introduit dans le sérail de patrons de grands groupes internationaux, il s’est fait connaître par des sagas à succès ayant pour cadre sa Bretagne natale comme Le Pain de la mer et L'Honneur des goémoniers parus chez J.-C. Lattès. Il réside à Landivisiau.


Source : Site Calmann-Levy

La princesse aux sabots - Joël Raguénès

Rosalie, une jeune bretonne, arrive à Paris, accompagnée de Frédéric, son amoureux. Celui compte bien faire d'elle son gagne-pain et vendre ses charmes à bon prix, voire qu'elle lui apporte la gloire. Elle est en effet très jolie, a un caractère bien trempée, et a,elle aussi, très vite compris que ses charmes peuvent l'amener loin. Sur place, ils se logent tous les deux chez le frère de Frédéric mariée à la belle Juliette, personnage très puissante, et très connue dans les maisons closes, avec des influences très hautes dans toutes les sphères de la société. Elle aussi perçoit très vite le potentiel de Rosalie. Elle évince donc Frédéric sur de faux prétextes, et modèle Rosalie comme elle le souhaite. Elle lui fait donner des cours de danse, de chaud, et celle-ci devient donc actrice, chanteuse, comique dans les music-hall et brille bientôt de tous ses feux ; elle devient la coqueluche du tout-paris (elle devient la maîtresse de Gustave Courbet). Et pourtant, l'amour ne vient pas ! Une voyante lui a prédit qu'elle rencontrerait l'amour auprès d'un prince étranger mais celui-ci tarde à venir.... De son côté, Frédéric, son ancien amant, prépare son retour à Paris pour se venger de sa belle-soeur et surtout récupérer Rosalie. Mais bien mal acquis ne profite jamais, et Frédéric l'apprendra durement à ses dépends.

Un roman "historique d'aventures" bien sympa, un peu dans la veine des romans d'Alexandre Dumas. Les multiples aventures de Rosalie, ses rencontres avec des personnages illustres, et son irrésistible ascension m'ont ma foi bien divertie. J'ai aussi aimé assister à la naissance du nouveau Paris, avec les nouveaux boulevards de Haussman, l'arrivée de l'électricité et de l'eau courante,mais aussi la manière dont les gens s'amusaient à cet époque (les mœurs dissolues de l'époque en choqueraient plus d'un aujourd'hui !). Une lecture donc fort distrayante.

Ma note : 3,5/5

"Le pain de la mer" éd. Livre de poche 2004 733 pages

1894, région du Léon (Nord-Finistère)

Yves Kerléo est gardien de phare. Mais à vingt-cinq ans, il souhaite acheter une ferme sur l'île de Béniguet, au large du Conquet, "pour y faire du blé" pense-t-il. Pour assurer son investissement, il se tourne vers Eugène Lemarchand, riche propriétaire d'usines de transformation de soude et d'iode dans la région. Cette industrie souffre de la concurrence mondiale (et notamment chilienne) et aurait besoin d'être restructurée. Les deux hommes concluent un marché: contre un soutien financier, Yves Kerléo approvisionnera en algues, matière première dont on tire la soude et surtout l'iode, les usines de Lemarchand. L'accord dépassera les espérances de l'industriel. C'est le début d'une saga familiale: des liens indissociables vont unir ces deux familles pour plusieurs générations. Les histoires d'amour ne vont pas manquer, avec des liaisons plus ou moins secrètes (Yves, marié avec Anne, succombe à la belle Estelle, fille d'Eugène Lemarchand...), des séparations, des histoires de famille, des règlements de compte, etc...

Le décor est planté sur cette belle côte bretonne, âpre et sauvage, mélange de flots salés, de rochers glissants et d'effluves iodées.

Le métier de goémonier est rude et dangereux; peu rémunérateur aussi. Les conditions de travail sont pénibles, les noyades fréquentes: la mer pardonne rarement un faux-pas. Les goémoniers qu'emploit Yves Kerléo travaillent d'arrache-pied: il faut couper les algues (laminaires) qui poussent sur les rochers à fleur d'eau, les charger sur des barques ou parfois des charrettes tirées par des chevaux, les faire sècher au soleil, puis les brûler dans des fours, à l'étouffée, en remuant sans cesse le tas. A ce stade ce sont des pains grisâtres (d'où l'appellation 'Pain de mer') que l'on achemine par bateau vers les usines du Conquet. En cette fin de siècle, ce travaille représente 80% de l'économie côtière. Une manne formidable pour la région.

Dans un livre dense, très bien renseigné, Joël Raguénès compose une fresque salée aux embruns de la côte Léonarde. L'hommage est rendu à ces goémoniers (présents aussi en Normandie) dont le travail ingrat a été oublié de nos jours. C'est une belle évocation d'une époque, où le modernisme balbutiant (les premières automobiles, les avancées sociales ou les prémices de l'émancipation féminine), les évènements politiques (affaire Dreyfus) ou sportifs (le premier Tour de France), ou la pire guerre que le monde n'avait connu jusqu'alors(14/18), qui nous fait revivre l'histoire de toute une région.

Note: 4.5/5



Anecdote: Il y a une suite à ce livre; il s'agit de "L'honneur des goémoniers" sorti en 2003, (qui prolonge la saga jusqu'aux premiers bruits de bottes de la seconde guerre mondiale) . Le hasard a voulu que je travaille en aout 2004 au domicile de Mr Raguénès. Sympathiquement, il m'a offert -et dédicacé- ce volume; je l'en remercie ici. A la rencontre des Rats en Janvier, ce fut le tour de Clochette de m'offrir le volume 1 (présenté au-dessus). Merci Clochette .

Oui, décidément Géromino, j'ai envie de lire ce titre ! (Je l'ai vu à la bouquinerie tout à l'heure). J'ai lu finalement peu de choses sur l'histoire "romancée" bretonne, et après ma lecture de "La princesse aux sabots" et ta critique, ça m'a confortée.

Je suis sûr qu'il t'intéressera Clochette. Il fait plus de sept cent pages, mais une fois que l'on rentre dedans, impossible de le lâcher. On apprend une foule de choses sur la région, sur les gens, sur le métier. Il faudrait que je me replonge un jour dans le volume 2 (pour suivre l'ordre logique); avec le recul, il m'avait semblé tout de même moins captivant que le 1... Moins de choses à découvrir sans doute.

Je n'ai pas souvent ce réflexe, mais si un Rat souhaite le lire, je veux bien le prêter, ce sera avec plaisir!

Bon alors, moi, moi, moi

Je suis profondément confus Clochette . Je ne t'ai même pas proposé! C'est bien sûr avec un IIIIIMMMMENSE plaisir que je te prête ton livre!!! Tu m'envoies ton adresse en MP?

Je suis tentée aussi mais pour plus tard car là j'ai quelques pavés à lire mais ta critique m'a donné envie

Pas de problème Kattylou, tu feras signe quand ça te dira