JUNG [pseudonyme] (Corée du Sud/Belgique)

Jung traite dans cette BD de son histoire personnelle. En effet, marqué par son abandon en Corée du Sud et par sa "renaissance" en Belgique, il nous livre les souvenirs de sa vie de jeune enfant, trimballé comme un paquet avant de faire l'objet d'une adoption. Il raconte tout d'abord ses maigres souvenirs en compagnie de sa mère ou peut-être plutôt fantasme-t-il. Il s'emploie davantage à nous parler de la vie en orphelinat dans ce lointain pays qu'est la Corée. Il y a eu là-bas la guerre (1950-1953) qui a affaibli la population. Peut-être que tous ces orphelins (200.000) ont été quelque part des victimes collatérales de la misère.

Quoi qu'il en soit la vie en orphelinat semble gaie pour Jung qui se fait plein d'amis et se sent dans son élément entouré d'enfants. Mais la grande appréhension c'est le départ pour la Belgique, un petit pays dont il ne connaît rien mais qui constitue désormais pour lui une racine puisqu'il est adopté par un couple de Belges. Il n'a pas de mal à prendre sa place puisque la famille est nombreuse avec déjà cinq enfants dont une petite coréenne, adoptée elle aussi. On suit Jung dans ses jeux, dans ses interrogations mais aussi dans ses explorations de l'enfance puis de l'adolescence. Il nous est sympathique bien que turbulent. Il n'est pas avare de bêtises et pourtant sa place est toute faite, entouré des (nouveaux) siens. Quelques réminiscences parfois le replongent dans ses idées noires. Pour ça, je vous livre la quatrième de couverture :
"Je savais bien que je n'étais pas japonais. Mais quand je me regardais dans un miroir, je ne me sentais pas belge non plus ! Je voyais un Coréen. C'était inéluctable. Et ça ne me rappelait pas de bons souvenirs..."

Les dessins sont bien bons, le style est léger bien que le sujet soit intemporel et parfois douloureux. Il me tarde de retrouver le facétieux Jung dans son second tome.