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Bruno MIGDAL (France)

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Bruno MIGDAL (France) Empty Bruno MIGDAL (France)

Message  Aurore Mer 8 Aoû 2012 - 17:16

Bruno Migdal travaille dans un établissement scientifique en région parisienne. Son attachement à la littérature le pousse à entamer des études de lettres à l'âge de quarante-deux ans. Petits bonheurs de l'édition est sa première publication.


Petits bonheurs de l'édition - Bruno Migdal
(Éditions de la Différence, 2011, 141 p.)


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Ce journal de stage est celui fait par l'auteur, Bruno Migdal, lors d'un passage très instructif chez un gros éditeur parisien. Ce qui m'a intéressé c'est cette incursion par un homme tout à fait néophyte, déjà installé dans sa vie et qui aurait donc bien peu de choses à faire parmi les jeunes recrues, les nombreux stagiaires et autres CDD longue durée. Car l'édition semble bien, à travers son regard, un milieu relativement instable où chacun doit défendre sa place, se montrer efficace et égrener les piles de manuscrits "plus vite que son ombre".

A ce propos, voici un aparté sur les manuscrits qui m'a fait sourire :

En peu d'années le terme "manuscrit" est devenu impropre : plus personne ne livre un texte écrit à la main. Non seulement impropre mais contradictoire : aucun manuscrit soumis à un éditeur ne doit être manuscrit, c'est expressément signalé ; exemple de mot dont le processus de fossilisation s'est opéré en une décennie sous nos yeux. Conservons-le le plus longtemps possible : "tapuscrit" arrive. (p. 33)

Je dois bien avouer être tout à fait intriguée par les rouages de l'édition et, même si ce carnet de notes est bref, il n'en dévoile pas moins certains travers : la surexploitation des stagiaires et autres contrats précaires, le très faible ratio entre quantité d’œuvres reçues et publication effective. C'est cet envers du décors qu'il me plaisait de voir de l'intérieur. Tout en me doutant des conditions de travail, de la rigueur demandée, j'ai tout de même été surprise par ce rythme incessant et qui s'infiltre même à l'extérieur (combien sont-ils ceux qui prennent pour leur chevet des copies à lire, pour le soir et le week-end?).

On en vient à s'interroger sur les critères de sélection des lecteurs formés sur le tas, sur le toujours très grand nombre de prétendants à la publication et sur le rythme des castes qui œuvrent en haut, celles qui ont les pleins pouvoirs de faire "quelqu'un". Il y a bien sûr une observation des copinages qui révèle certains laissez-passer et autres invitations peu chèrement gagnées. Il y a aussi les repas, formels et confinés, mais qui semblent être le moment pour s'intégrer aux autres. Bien entendu, il va sans dire que les écrivains sont eux aussi présents, dans ce rapport de stage, et le moins qu'on puisse c'est qu'ils sont froids et hautains lorsqu'ils n'ont pas affaire à quelqu'un de la maison (le stagiaire n'est bien évidemment pas l'interlocuteur attendu).

Le ton de Bruno Migdal est tantôt descriptif, tantôt aiguisé et fin, pointant avec intransigeance ceux qui l'entourent. Il n'est pas dénué d'humour et prend sa tâche au sérieux, tout à fait conscient de la chance d'être là. Je dois bien avouer que j'aurais aimé une telle initiation, quitte à être amère ou interloquée car la vie de ces grandes maisons nous garantissent bien souvent les plaisirs de lecture de demain. Alors pourquoi se priver d'une telle expérience? Bruno Migdal l'a bien compris et nous offre un portrait sans concession de la grande boîte dans laquelle il a œuvré quelques temps.

4/5

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