Anita NAIR (Inde)

De : Chantal5500 (Message d'origine) Envoyé : 2005-03-16 16:17

Anita Nair est poétesse, romancière et journaliste (chroniqueuse au "Times of India"). Elle a également écrit "Un homme meilleur".

Compartiment pour dames
Traduit de l'anglais (Inde) par Marielle Morin.
Picquier Poche - 443 p.

Akhila, 45 ans, décide de prendre le train pour Kanyakumari, ville de l'extrême-sud de l'Inde où trois mers se rejoignent, pour fuir sa vie solitaire, solitaire à cause de son dévouement à sa famille qu'elle a prise en charge à la mort de son père. Dans ce compartiment réservé aux femmes, elle va rencontrer Janaki, Sheela, Margaret Shanti, Prabha Devi et Marikolanthu, dont les vies sont si différentes les unes des autres. Dans cette atmosphère confinée et intime, elles vont se confier l'une à l'autre et se raconter leurs vies...

Le lecteur est plongé dans la société indienne contemporaine, avec ses "codes" de conduite, ses traditions toujours si fortes et présentes autour des quatre pôles qui "encerclent" la femme : mari, enfants, maison, belle-mère. La question que se pose Akhila est : une femme peut-elle vivre seule et heureuse? et a-t-elle absolument besoin d'un homme pour s'épanouir?. Alors que la réflexion d'Akhila progresse au fil du cheminement du train, des arrêts, des descentes et montées de ses compagnes de voyage, la narration comprend de nombreux retours en arrière successifs pour nous faire connaître l'histoire individuelle et pleine d'intérêt de toutes.

C'est un roman plus féminin que féministe, qui nous plonge dans la vie quotidienne indienne d'aujourd'hui. Très belle écriture fluide qui nous emporte et nous fait entrer au coeur de l'intimité de ces femmes. J'ai beaucoup aimé.

Note : 4,25/5



De : van1709 Envoyé : 2005-12-12 12:43

Compartiment pour dames

4è de couverture : Un jour, Akhila décide de partir vers l’extrémité sud de l’Inde, là où se rencontrent l’océan Indien, la baie du Bengale et la mer d’Arabie, pour faire le point sur une vie qu’elle a l’impression de n’avoir pas vécue. Dans le train qui la conduit à destination, elle fait la connaissance de ses compagnes de voyage, avec lesquelles elle va partager toute une nuit l’intimité d’un compartiment pour dames. A travers leurs confidences, Akhila cherche la réponse aux questions qu’elle se pose : une femme a-t-elle vraiment besoin d’un homme pour être heureuse, pour se sentir épanouie ? Comment trouver la force de vivre la vie qu’on a choisie, de redevenir maîtresse de son destin ?

Mon avis : Le récit de ces femmes est touchant. Elles ont toutes des vies différentes, mais elles sont toutes plus ou moins confrontées au même problème : faut-il vivre sa vie comme on l’entend, et ainsi décevoir sa famille, qui elle, a d’autres attentes ? Ou alors satisfaire sa famille, sans tenir compte de ce que l’on veut réellement, se soumettre ? Ce choix peut paraître simple, et pourtant la famille en Inde à une très grande importance, il faut tout faire pour que l’honneur de la famille soit respecté. Parce que ce que pense les autres, les gens autour de nous, est plus qu’important, et il faut agir en conséquence. Et toujours, cette question sous-jacente « Que vont dire les gens ? », question qui régit les vies. J’ai été particulièrement touchée de lire ses récits et je me suis sentie bien proche de ses femmes, parce que j’ai à me battre contre certaines de ses traditions moi aussi. Un roman que je ne voulais plus lâcher, très beau.

Note : 4.75/5

Compartiment pour dames d'Anita Nair
Édition Philippe Picquier/ 321 pages



À près de 45 ans, Akhila décide de faire le point sur une vie qu'elle n'a pas l'impression d'avoir vécue. Un soir elle part, direction l'extrémité sud de l'Inde là où se rejoignent l'océan Indien, la baie du Bengale et la mer d'Arabie. Dans ce train elle fait la connaissance des cinq autres femmes en compagnie desquelles elle va voyagé. De confidence en interrogation, elle va essayer de répondre aux questions qui la taraudent depuis plusieurs années...



Des extraits :

« C'est ainsi depuis toujours ; l'odeur d'un quai de gare, la nuit, fait naître en Akhila l'envie de s'évader. (…)
Akhila en a souvent rêvé. De faire partie de cette houle qui se déverse dans les compartiments et s'installe sur les sièges, qui range les bagages et tient se tickets bien sérrés dans sa main. De s'asseoir dos au monde qu'elle connaît, les yeux tournés vers celui qui l'attend. De partir, s'enfuir, s'en aller. D'un train qui entre dans une gare, sifflant, soufflant, crachottant. Akhila est assise à la fenêtre. Rien ne bouge sauf le train. La lune, accrochée à son épaule, l'accompagne. (…)
Akhila est de ces femmes-là. Celles qui font ce que l'on attend d'elles et qui rêvent du reste. C'est pourquoi elle collectionne toutes les déclinaisons de l'espérance comme les enfants collectionnent les talons de ticket. A ses yeux, l'espoir est tissé de désirs inassouvis. (…)
Voilà donc Akhila. Quarante-cinq ans. Sans lunettes à verres rosés. Sans mari, ni enfant, ni foyer, ni famille. Rêvant d'évasion et d'espace. Avide de vie et d'expérience. Brûlant d'aller à la rencontre des autres. (…) »




C'est un livre qui m'a véritablement touché, en l'absence de toutes contraintes et en toutes libertés ses femmes vont livrer leurs pensées dans le huis clos de ce wagon qui leur est réservé.
J'ai été séduite par sa beauté et sa simplicité. L'atmosphère est prenante, tendue et envoutante, elle est si bien servi par une écriture simple et efficace qu'à ma grande surprise je me suis retrouvé projeté dans ce train, écoutant au porte du wagon leurs confidences.
Et pourtant au début j'avais trouvé la ficelle dramatique animant le récit un peu grosse, la mise en scène trop visible et si peu dénué de naturel. Puis, peu à peu, je me suis laissé prendre au jeu, appréciant de plus en plus sa construction en puzzle. Les destins de ses femmes bien que différents se croisent et s'entrecroisent faisant écho autour de la place de la femme dans la société indienne et l'évolution des mœurs dans les dernières années. Mine de rien le poids des traditions et les coutumes ont beau être différents d'un pays à l'autre, il y a dans ses propos de femme une certaine universalité.

Malgré tout ne vous y trompez pas ce n'est pas un livre pro-féministe, c'est simplement un roman mettant en scène des destins de femme toutes différentes mais que les difficultés rapprochent.
De plus, je suis vraiment contente d'avoir abordé le nouveau thème par son biais ; en plus d'être vraiment agréable à lire ce livre est une bonne façon d'appréhender au travers de la littérature une partie du fonctionnement de la société indienne de ses codes, de ses contraintes, de ses apriori, les rapports entre religion et caste… etc

Je sais bien que ce livre ne sera pas un coup de cœur pour tous peut-être ne le mérite-il tout à fait mais ne dit-on pas que le cœur a ses raisons que la raison ignore, moi je vais le suivre... 5/5

Compartiment pour dames Anita Nair Picquier/poche
443 P.
Akhila qui fait partie d'une famille brahmane du sud de l'Inde,n'ayant plus aucune chance de se marier,en assez d'avoir la famille sur les épaules,elle décide un jour de changer de vie,de partir ,faire un long voyage.Lorsqu'elle annonce ce projet à ses proches,des cris d' indignation et de reproches se font entendre,ce qui la détermine à partir au plus vite.Ce voyage en train qui va la conduire vers la baie du Bengale et la mer d'Arabie,va lui faire partager le compartiment pour dames avec plusieurs femmes dont elle fait la connaissance et pendant ce long voyage elle va connaître leurs vies à travers leurs récits faits de frustrations,de sacrifices , de renoncements et de blessures.Akhila qui ne voulait pas de conseils en racontant son passé ,veut seulement savoir s'il est possible qu'une femme puisse arriver à se débrouiller seule,si vraiment il faut un homme pour être heureuse car Akhila veut être maître de son destin.....car elle pense n 'avoir encore rien vécu en écoutant ces femmes souvent révoltées par leur destin....Ces femmes que par leurs récits,Akhila croyait trouver une réponse à ses questions,arrivent une à une à leur destination,la laissant seule et c' est alors qu' elle comprend qu'elle seule devra trouver la force de vivre la vie qu'elle a choisie en trouvant une issue à ses interrogations.....

Un très beau livre ou les récits de la vie de ces femmes nous tiennent en haleine par leurs confidences.Un roman à plusieurs voix qui se croisent et s' entrecroisent le temps d' un voyage partagé .Beaucoup de tendresse ,de dignité chez ces femmes émouvantes qui parlent avec dignité.Ce que j'ai aussi aimé c'est la toile de fond du roman qui au fil des pages nous fait entrevoir les traditions familiales de ce pays .Vraiment ce roman est un grand coup de coeur pour moi......5/5

Je suis vraiment contente que ce livre t'ai beaucoup plu à toi aussi Lalyre.

Vos critiques sont très tentantes! J'espère découvrir ce livre durant le thème!

Je suis aussi très tentée, j'ai ajouté ce livre à mon panier chez Amazon, je crois bien le commander lors d'une prochaine commande.

Merci pour vos critiques!

Compartiment pour dames

Rien à rajouter aux résumés précédents.

Avis:

Ma note: 5/5

Magnifique, j'ai adoré La poésie que l'on retrouve dans ses textes, l'émotion dans les récits de vie de chacune des femmes du compartiment, la reflexion sur cette réalité de la femme en Inde comparée à notre situation si facile. Tout m'a charmé et j'ai été emportée par le train qui conduisait Akhila vers la réalisation de ses rêves.
On peut se retrouver dans cette femme, non pas dans ses combats mais dans son itinéraire pour arriver à comprendre ce qu'elle désire et comment elle va pouvoir l'atteindre. On repense aussi à nos désillusions et à la manière de réagir, reprendre pied, continuer sa vie.
Vraiment très bien!

Merci à toutes les lectrices qui l'ont conseillé.

Ta critique me conforte Nathalire puisque je viens d'emprunter ce roman à la biblio aujourd'hui!

J'espère que tu auras tout autant de plaisir que moi!

Bonne lecture

Je suis tellement contente que ce livre vous ait plu à vous aussi

Dans le train qui l'emmène dans le sud de l'Inde, Akhila, pour la première fois de son existence, fait le point sur sa vie. Projetée responsable de sa famille à la mort de son père, Akhila s'est depuis dévouée corps et âme pour eux, sans rien en attendre en retour. Or, à quarante-cinq ans, voilà qu'Akhila se pose des questions et se demande si l'existence qu'elle a subi en a vraiment voulu la peine. Dans le compartiment pour dames dans lequel elle a pris place, Akhila se retrouve avec six autres femmes, qui, tour à tour, lui raconteront comment, d'une manière ou d'une autre, elles ont réussi à reprendre le contrôle de leur vie.

Premier roman de l'écrivain indienne Anita Nair, Compartiment pour dames brosse un portrait sans concession de la société indienne actuelle. Sans tabou aucun, l'auteur s'attaque à à peu près tous les thèmes - prostitution, avortement, contraception, mariages forcés... Avec chaque femme qu'Akhila rencontre au cours de son voyage, va se révéler une frange de la population : de la plus pauvre à la plus aisée, de la plus religieuse à la plus tolérante, en réalité, chaque femme a du se battre d'une manière ou d'une autre pour acquérir son indépendance. Dans une société où le célibat reste hors norme (surtout pour les femmes!), on se rend compte qu'aujourd'hui encore, les femmes restent encore largement tributaires du pouvoir des hommes qu'il s'agisse de leurs maris, père ou frères... Et que les tabous ou préjugés sont encore prépondérants.

Un roman qui se lit bien et avec beaucoup d'intérêt pour le lecteur, qui en apprend énormément sur les us et coutumes de ce pays à part qu'est l'Inde. Malgré les kilomètres de distance, on se surprend à se reconnaitre dans ces portraits de femme et à les comprendre. Tour à tour admirative, choquée ou bouleversée par les différentes histoires de ces femmes, je suis ressortie émue de cette lecture. Qui cependant, contient un magnifique message d'espoir à la fin du roman : chacun est maître de son destin.

Ma note : 5/5

Vraiment un livre aimé de tous, c'est fantastique! Je suis bien contente qu'il t'ait fait passer un bon moment.

Il est tellement apprécier que ça me donne envie de le noter pour plus tard!

Compartiment pour dames d'Anita NAIR

Vous avez toutes déjà très bien parlé de ce roman; Je ne dirais donc que quelques mots !

Ce livre a été pour moi une très belle découverte.
Akhila, femme célibataire de 45 ans, qui a jusqu'à maintenant consacré sa vie à sa famille, a décidé de tout changer, de penser un peu plus à elle et elle décide donc de partir...pour un long voyage.J'ai été dès les premières pages emportée avec Akhila dans son long voyage...
Un roman de femmes,de 6 femmes- toutes différentes les unes des autres, de part leur situation sociale, leur religion, leur âge - qui vont se confier sans tabou dans l'atmosphère intime du compartiment.
Il y a donc en trame de fond l'histoire d'Akhila puis, un peu comme des nouvelles, les 5 vies - souvent difficiles et cruelles - de cinq femmes. La position de la femme dans la famille, en tant que soeur, que mère ,belle-mère ou épouse y sont traitées. Elles permettront à notre héroïne d'y voir plus clair dans sa propre vie et d'évoluer, de ne plus hésiter et de prendre les bonnes décisions.
J'ai particulièrement savouré l'histoire de la professeur de chimie ( peut-être parce que je suis moi aussi prof de chimie )qui compare chaque personnage à un réactif chimique ! Quelle originalité !
Tous les personnages sont attachants !

Une belle écriture très fluide, je n'ai pas trouvé le rythme lent, ça se lit tout seul et il est difficile de lâcher le livre au milieu d'une histoire !
Merci pour cette découverte !

Ma note : Je ne vois pas de défauts ou de points négatifs donc...5/5

Le chat karmique

Ed. Philippe Picquier, 2005, ISBN 2-87730-772-7
Titre original : Satyr of the subway and others stories (Traduit de l'anglais (Inde) par Marielle Morin)

Note: 3/5

4ème de couverture:
On croise dans ces récits des épouses ou des époux auxquels des rencontres, avec une vieille ensorceleuse ou une prostituée à l'entêtant parfum de jasmin, offrent la possiblitié d'échapper à une vie conjugale trop monotone; on y suit un homme cherchant dans les souterrains du métro le nombril de ses rêves, et un papillon provoquant de troubles émois chez les pensionnaires d'une antique demeure. L'omniprésence d'un univers magique, parallèle, suggère que ce qui se passe sur cette terre n'est souvent que le jeu ironique de forces qui nous dépassent... et que l'incarnation de notre destin, de notre karma, pourrait bien, comme dans la nouvelle qui donne son titre au recueil, n'être qu'un chat.

Mon avis:
Contrairement à vous tous qui avez été emballés par Compartiment pour dames, moi j'ai été plutôt refroidi par son recueil de nouvelles. Je m'attendais probablement à beaucoup plus. Les histoires sont plutôt simple, certaines intéressantes tout de même (Le chat karmique, Un conte de Thanksgiving, mais il n'y a pas vraiment de magie, d'étincelles. Par contre je dois dire que certaines nouvelles sont écrites de façon admirable et laisse deviner le talent de cette auteure.

Anita Nair - Compartiment pour dames
Piciquier poche - 4/5

Comme il y a eu dejà beaucoup de critiques pour ce roman, le résumer est inutile.

L'histoire se passe en Inde, plusieurs éléments nous le rappellent, ne serait-ce que ce compartiment exclusivement réservé aux femmes. L'auteur fait maintes références à la société indienne, à la cuisine indienne, aux coutumes indiennes. Mais au-delà de cette apparence. L'histoire est universelle. Elle parle surtout des relations entre hommes et femmes, de la place des femmes dans la familles et dans la société. Si les femmes indiennes ont encore beaucoup de contraintes et de freins pour une vraie égalité, elles ont aussi comme leur soeurs d'occident les mêmes rêves et les mêmes aspirations à construire un couple heureux, une vie conjugale réussie. Ce n'est gagné nulle part, même avec une parité de façade.
Tant que des parents préfèreront avoir un garçon qu'une fille, tant que les mères n'éduqueront pas leurs enfants des deux sexes de la même façon, sans nier leurs distinctions, mais en les tenant pour capables d'accomplir les mêmes corvées et les mêmes exploits.
Malgré tout le point de vue est essentiellement féminin dans ce roman, les hommes sont des personnages secondaires, assez cléments, on n'a pas leur point de vue. Les histoires sont relativement optimistes. On y voit des femmes heureuses avec leur mari si elle se laissent aller à montrer leur vraie nature. Anita Nair a sans doute voulu faire comprendre à ses compatriotes qu'il fallait oser et que si elles voulaient, elles pouvaient. Je ne suis pas certaine que ce soit aussi simple dans ce pays.
Il ne faut pas oublier que en Inde comme en Chine, les petites filles font maintenant défaut dans la société et qu'une autre injustice a vu le jour. Voilà ce qu'il en est :
36 millions de femmes manquantes.
L’Inde ne compte que 93 femmes pour 100 hommes. En 2001, le recensement officiel a créé un choc en montrant que sur un milliard d’Indiens, il « manquait » 36 millions de femmes, qui ne sont pas nées, qui ont été tuées à la naissance ou qu’on a laissé mourir en bas âge. Une préférence ancestrale pour les garçons, avivée par le matérialisme. La tradition religieuse exige un fils pour assurer les rites funéraires du père, et seul le fils hérite du nom et du patrimoine. Mais surtout, les filles sont considérées comme un fardeau financier : la dot traditionnelle et les frais de mariage peuvent engloutir les économies de toute une vie, d’autant que l’Inde moderne et consumériste connaît une inflation dans ce domaine : bijoux, cash, électroménager, voitures….
Avoir une fille : un risque mortel pour les femmes.
Une femme en Inde n’est une femme digne de ce nom que si elle donne le jour à un fils. Si c’est une fille, elle peut être renvoyée par son mari et sa belle famille, être battue, voire tuée. Les médecins font donc des avortements de fœtus filles en pensant rendre service aux femmes. La pression sociale et familiale est si forte qu’elles-mêmes ont honte d’accoucher d’une fille => cas réguliers de vols de bébés garçons dans les maternités, par des femmes qui y laissent la petite fille qu’elles viennent de mettre au monde.
Une « tuerie silencieuse ».
La politique indienne de limitation des naissances a accentué la sélection : si on a moins d’enfants, il faut être sûr d’avoir au moins un garçon. Certains villages dans le Rajasthan se vantent de n’avoir pas vu naître une fille depuis … dix ans. Dans les villages de l’Haryana, on dit : « Ici, quand une fille naît, c’est par accident. Pas par choix ». La sélection se pratique autant dans les campagnes qu’au sein des classes urbaines et éduquées.
La banalisation de l’échographie.
Depuis 20 ans, des milliers de cliniques privées se sont ouvertes en Inde : 900 appareils d’échographie dans l’Haryana par exemple. Des centaines d’unités mobiles d’échographie ont même sillonné les villages avant d‘être interdites en 2001, mais elles circulent encore illégalement, selon les ONG.
Les cliniques privées proposent des « packages » échographie + avortement du fœtus fille, pour 5.000 à 10.000 roupies (85 à 170 euros). Même les pauvres préfèrent dépenser ces sommes plutôt que d’avoir une fille. Publicités (interdites) des cliniques : « mieux vaut dépenser 5.000 roupies maintenant que 50.000 roupies plus tard » (pour payer une dot).
Des avortements illégaux.
L’IVG est légale jusqu’à trois mois : or, à ce stade on ne peut pas discerner le sexe du bébé. Les avortements ont donc souvent lieu plus tard, dans l’illégalité. Les cliniques ne déclarent pas les actes, et les femmes brouillent les pistes en changeant de ville.
Une impunité quasi totale.
Une loi de 1994 interdit les échographies et les avortements à but sélectif. Mais elle n’a pas été appliquée. Après un recours d’ONG devant la Cour Suprême en 2001, un amendement est venu accroître, en 2002, les contrôles et les peines encourues. Mais beaucoup de médecins continuent de bafouer la loi : ils désignent le sexe du bébé avec un langage codé (« un doigt pour un garçon, deux si c’est une fille »). Réactions des autorités qui organisent des raids de flagrant délit dans les cliniques. Selon les ONG, s’ils sont pris, ils rachètent un autre équipement et exercent sous un autre nom. Inertie et corruption : aucun médecin n’a encore été condamné à de la prison.

De nombreux abandons de filles.Persistance marginale des infanticides.
Les méthodes d’infanticide (bébé fille plongée dans l’eau froide, étouffée dans une jarre de terre cuite, ou un sac plastique jeté ensuite à la décharge, empoisonnée avec une plante toxique, ou étranglée. Rituel macabre : sucrerie dans la bouche du bébé et on lui dit « pars, et envoie-nous un frère »)[/size][size=9]
Les conséquences d’une société sur-masculinisée.
Depuis 20 ans, l’échographie sélective a créé une société sur-masculinisée, et ponctuellement, dans les régions où le déficit est le plus marqué, les hommes ne peuvent plus se marier. Témoignages sur la violence qui s’accroît envers les femmes (puisqu’elles sont plus rares) : enlèvements d’adolescentes, viols collectifs.
Trafic de femmes, le commerce des fiancées.
Conséquence du manque de femmes : ce sont souvent les pauvres qui restent célibataires, car les riches achètent des femmes à des intermédiaires.
La tentation de la polyandrie.
L’achat d’épouses fait courir le risque d’un retour de la polyandrie en Inde, surtout dans les cas où une famille n’a pas les moyens d’acheter plusieurs épouses pour tous les fils.


ou encore

VERS DES MILLIONS D’HOMMES CELIBATAIRES - En 2020, le nombre d’hommes sans épouse et sans enfants devrait atteindre 28 à 32 millions en Inde, et 30 à 40 millions en Chine.
LA MARCHANDISATION DES FEMMES - Dans les régions de l’Inde où les femmes manquent le plus, des jeunes femmes sont vendues par des familles pauvres et achetées par des célibataires. Les tarifs varient entre 5000 roupies (prix moyen d’un téléphone portable) et 105.000 roupies (prix d’un ordinateur). Un commerce identique se développe en Chine
DES CAS DE POLYANDRIE FORCEE - En Inde, certaines jeunes femmes sont vendues à des familles qui ont plusieurs fils célibataires, entre lesquels elles doivent se " partager ".
UNE HAUSSE DES VIOLENCES - La frustration sexuelle liée à la montée du célibat en Inde provoque une hausse des viols : rien que dans la capitale Delhi, la police estime qu’un viol a maintenant lieu chaque 24h. Beaucoup sont des viols collectifs.
UNE PROSTITUTION EN PLEIN ESSOR - L’Inde compterait désormais deux millions de femmes soumises à l’exploitation sexuelle, dont un quart de mineures. La plupart sont de basses castes et ont fait l’objet de trafics.

Ce livre est très agréable à lire, bien écrit .... mais est-il le reflet de la vie des femmes indiennes ?

Zeta très, très intéressant ce que tu relates, d'autant que je viens juste de commencer "Compartiment Pour Dames". Je vais le lire avec un autre oeil ! Merci.

Compartiment pour dames anita nair


j'ai pu decouvrir dans ce livre une culture Indienne contemporaine stricte et traditionnelle.
L'auteur semble aborder des sujet tabous dans son roman qui sont en plus abordés par des femmes.
Une fois de plus, il faut passer par la littérature, le roman pour accéder à une certaine réalité des societés.

Même si il ne s'agit pas d'un coup de coeur pour moi, ce livre me donne envie de continuer à approfondir le thème de l'Inde.

Ma note: 4/5

Compartiment pour dames - Anita Nair

Enfin lu ce livre dont on a déjà tant parlé. Je remarque que la vie des indiennes de notre époque, n'est pas sans rappeler celles qui étaient en vigueur en France il y a une centaine d'années, voire moins. La jeune-fille se mariait souvent avec des époux choisis par les parents et vierge en principe ! Donc le côté un peu vieillot des coutumes encore actuelles en Inde, va peut-être, je l'espère rapidement évoluer. L'Inde étant un pays qui se modernise très rapidement. Quoique après avoir lu ce que relate Zeta, j'ai un doute. Celà étant c'est un récit très passionnant, ces tranches de vies différentes selon le milieu social, et l'idée de les narrer dans un train est très original. Amusant ces compartiments pour dames ! Lorsque l'on voit les problèmes que rencontrent parfois les femmes en France dans les trains... J'ai boucoup aimé la fin qui délivre un message d'espoir, Akhila va-t-elle encore une fois déroger aux traditions ancestrales ? Si Anita Nair pouvait écrire une suite pour nous le dire ! Pour conclure, un récit original et passionnant, et qui mérite la note maximum.

Note : 5/5

COMPARTIMENT POUR DAMES

A mon tour d'ajouter ma petite critique de ce roman star de notre thème sur l'Inde !
Pas de résumé, vu qu'il y en a déjà pas mal plus haut.
Donc, mon avis : j'ai apprécié cette lecture, que j'ai d'ailleurs en grande partie réalisée dans le train (mais pas dans un compartiment de train de nuit, par contre). Comme d'autres avant moi, je trouve le principe original : des femmes partageant une unique nuit de voyage ensemble, qui racontent leur histoire de vie aux autres, et surtout à Akhila finalement. La fin à moi-aussi m'a beaucoup plu car elle ouvre vers des tas de possibles et vers une liberté enfin autorisée pour Akhila. Finalement, je n'ai pas tellement de choses à dire après toutes les critiques déjà postées ... Je suis d'accord avec vous, c'est une très bonne lecture, qui nous permet d'en apprendre un peu plus sur la situation des femmes en Inde, sur la famille et ses principes rigides, sur la difficulté d'être indépendant de sa famille. Car c'est là une des grandes questions de ce roman : une femme seule peut-elle vivre de façon indépendante, sans mari et sans partager sa maison avec sa famille ?
Mon intérêt pour l'histoire s'est accru au fur et à mesure de ma lecture, et ce sont les derniers récits de vie qui m'ont le plus intéressée. Ainsi que celui d'Akhila, en continu tout le long du roman. Comme dans les deux romans indiens que j'ai lus jusqu'à présent, la nourriture est très présente, ainsi ici que les tenues vestimentaires qui sont décrites en détails (ça fait voyager !). Le style est très agréable. Un bémol : Il me semble qu'il y a une ou deux incohérences chronologiques. Mais ça reste un excellent livre !

Ma note : 4,5/5

COMPARTIMENT POUR DAMES

A mon tour de vous faire part de mon avis. J'ai été emballée par ce livre: ces vies de femmes si différentes mais finalement n'aspirant qu'à la même chose:vivre la vie qu'elles veulent mener. L'écriture est très belle, beaucoup de passages très poétiques. C'est le troisième livre "indien" que je lis et j'avoue que je suis vraiment enchantée. Une chose m'a frappée à chaque fois, hormis le sort réservé de façon générale aux femmes, c'est la sérénité qui se dégage des personnages.
Pour moi il s'agit d'un coup de coeur 5/5

Anita Nair - The better man (Un homme meilleur) (1999)
Lu en neérlandais: Een beter mens. trad. Caecile de Hoog, De Arbeiderspers 2004, 3360 pg.
Ma note 4/5.

Un fonctionnaire retraité, d'une grande droiture morale, retourne dans son village natal où habite toujours son père dominateur mais tombant en sénilité, devant lequel le fonctionnaire se trouve dans une même état d'infériorité que pendant sa jeunesse. Il est hanté par le souvenir de sa mère, morte par accident ou tué, il ne sait. Et par le désir de trouver femme à sa mesure.
Un professeur déçu, devenu peintre de bâtiment, y était venu habiter une décennie plus tôt, choississant de vivre comme il voulait. Grâce à cette attitude de sagesse, ce peintre a un talent de guérisseur. Le peinte va essayer de libérer le fonctionnaire de ses complexes. Très vite, les deux se trouvent engagés dans un sentiment d'amitié profonde.
Un richissime qui a gagné une loterie, est le personnage regnant, et pour une raison il haït le peintre. Il offre une belle position au fonctionnaire incorruptible contre le départ du peintre. Ce dilemme, va-t-il changer le fonctionnaire en homme meilleur?

L'histoire se passe dans un village indien, où les relations sociales sont assez fixes et déterminés par les hommes. L'auteur essaye pas mal de donner au récit une couleur indienne locale, sans que cela m'a impressionné. Mieux représenté est le cadre d'une société assez close qu'est un village, de façon que le lecteur se sent un témoin observant. La déscription des personnages est assez retenu, sobre, mais convaincant. L'auteur, une femme, parle des femmes à travers les hommes, sauf une exception et alors, c'est une des scènes les plus fortes.
Un livre qui est agréable à lire et avec suffisamment de suspense pour être prenant. Un peu moralisateur et une dernière page pas convaincante.
Ma note 4/5.

Les Neuf Visages du coeur
Editions Philippe Picquier, 590 p, 2006.

Résumé sur fond de 4e de couverture : " Quand un jeune écrivain anglais débarque dans le sud du Kerala pour rencontrer Koman, un célèbre danseur de kathakali, il pénètre dans un monde de masques et de sentiments réprimés. Koman et sa nièce Radha sont vite séduits par le charme de l'écrivain voyageur avec son violoncelle et ses incessantes questions sur le passé. Un triangle qui exclut rapidement Shyam, le mari de Radha, qui n'a su gagner ni l'amour ni l'estime de sa femme. L'arrivée de Chris va révéler la vérité des êtres sous les masques et entraîner les personnages dans un maelström d'émotions. Ces émotions qui sont au fondement du kathakali et qu'on appelle les "neuf visages du coeur" ".

Kathakali = forme de théâtre dansé originaire de l'état du Kerala dans le sud de l'Inde. (pour en savoir plus c'est par ici)

Mon avis : A mes yeux, c'est un livre qui s'apprivoise et se déguste bien plus qu'il ne se dévore. La structure du livre est singulière. A chaque "visage du coeur" correspond un chapitre. Ces visages sont au nombre de neuf : amour, mépris, chagrin, fureur, courage, peur, dégöût, émerveillement et paix. Une à une, les émotions sont décrites au travers de l'expression qu'elles suscitent sur le visage mais aussi au travers de leur transposition dans la nature. Ces émotions sont celles du danseur de kathakali et celles de tout un chacun. Puis le lecteur pénètre dans les pensées de trois personnages : Radha, Shyam et Koman (appelé Oncle). Enfin on suit le récit que fait Oncle à l'écrivain voyageur Chris à propos de sa vie et de son art.
Ce livre est d'une infinie richesse. On découvre l'Inde à différents points de vue : ses moeurs, la nourriture, le tourisme, l'Inde d'autrefois et l'Inde actuelle, les religions, les arts et notamment le kathakali. Les réflexions sur l'art font écho aux réflexions sur la vie. L'art est-il la vie ? Comment vivre son art ? Que signifie "être un artiste"?
La 4e de couv fait ressentir toute cette atmosphère : "Anita Nair a écrit un roman où les harmoniques de l'art tissent et irriguent le drame de la vie en des liens complexes et inextricables, et son oeuvre a l'intensité et la richesse d'un de ces spectacles de kathakali qui durent toute une nuit et dont on émerge dans la pâle lumière du petit matin, la dernière page du roman refermée, avec au coeur le neuvième rasa - la paix."

Cette lecture a ainsi trouvé une résonnance particulière en moi, une résonnance profonde. Elle dépasse le cadre de la simple évasion. Le dernier visage du coeur, la paix Shantam, m'a beaucoup touché. "Shantam est le calme qui précède l'aube un matin d'été, quand à l'horizon apparaît un rai de lumière. Le ciel et la terre sont plongés dans l'immobilité. Les oiseaux dorment encore et la chaleur à venir jugule le moindre souffle d'air. Inspirez-vous de la tranquilité de cet instant. Jugulez le tourbillon de vos pensées, calmez votre esprit et sentez cette paix qui vous envahit (...) Tel est shantam : détachement, liberté, absence de désir, réconciliation avec la vie. Au bout du compte, c'est à cela que nous aspirons tous. Shantam."
Je n'ai donc aucun reproche à formuler, aucune fioriture de l'écriture à déplorer. Je suis encore sous le coup de la lecture et je pense que le charme ne s'éteindra pas même avec une prise de recul. Ce roman a toutes les facettes d'un bijou qui libère peu à peu sa magie.

Un immense coup de coeur qu'un 5/5 ne parvient pas à résumer.