YIN Lichuan (Chine)

Yin Lichuan est née en 1973.



Artiste éclectique, Yin Lichuan jongle entre une carrière de femme de lettres et de cinéma. Formée à l'université de Pékin en littérature occidentale et à l'ESEC (école supérieure d'études cinématographiques) à Paris, elle se fait progressivement un nom dans son pays en tant que poète. En France, seul son recueil Comment m'est venue ma philosophie de la vie est d'ailleurs paru. Rentrée en Chine en 1999, elle diffuse ses poèmes sur Internet, devient membre du controversé groupe de poésie "Lower Body", puis se fait connaître pour ses romans, nouvelles, et essais critiques. Elle a écrit un film, "Chinese Father", dont le tournage a eu lieu l'été 2006 en Chine. Elle poursuit au cinéma avec par exemple "Le Jardin public" en 2007, produit en partie par le Yunnan New Film Project. Mais c'est avec "Portrait de femmes chinoises", son second long métrage présenté à la 40e édition de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, qu'elle s'affirme sur la scène internationale.



C'est le titre volontiers instigateur d'un sens profond qui m'a poussé à acheter ce livre. Car, une philosophie de vie, qui plus est d'une lointaine chinoise en devenir à de quoi interroger. C'est donc un recueil de nouvelles qui nous est proposé avec quatre histoires sur la Chine contemporaine, celle qui tente de rêver et s'immerge dans des préoccupations existentielles.
Première nouvelle : un jeune couple dont l'appartement est envahi par les cafards sombre vers la folie. Comme une métaphore des soucis quotidiens, la fuite est une échappatoire, la confrontation en est une autre.
Seconde nouvelle : sur la libération des mœurs et sur les valeurs entretenues du couple. Quand tout se désagrège et que chacun prend le bonheur là où il est, les personnages sont donc en quête d'un bout de vie où le risque de se faire piéger est le prix à payer de l'adrénaline quotidienne.
Troisième nouvelle : un journaliste part à la rencontre des autres afin de trouver l'inspiration. Mais l'image que lui renvoie le peuple et son propre instinct la conduisent vers une société en constante mutation. Jamais figée, le vie a son lot d'êtres soumis à l'arbitraire.
Quatrième nouvelle : qui fait plus office de conte d'apprentissage avec un jeune homme qui part à la recherche de son père pour se trouver une identité. Mais c'est surtout l'inconnu qui lui fait prendre conscience de la solidité de son caractère.

Une plume simple et efficace ! On sent en effet l'écriture quelque peu cinématographique à travers ces récits et il est bon d'explorer ces personnages en construction. Yin Lichuan marche dans les pas de Mian Mian ou de Weihui, sans doute avec plus de réussite car son style est recherché. L'aspect provoc' de tant de jeunes écrivain(e)s chinoises et qui me déplaisait quelque part, ne s'est pas retrouvé dans ce livre. On y glisse sans prétention mais on y prend tout de même beaucoup de plaisir.

Zhao Xiaojun équilibre ma vie de femme mariée - tel le dessicatif d'un paquet de biscuits, qui, sans ces granulés chimiques de composition inconnue, deviendraient collants et moisiraient rapidement. De ce principe simple, que je n'ai compris que très récemment, hélas, je déduis que j'ai gaspillé beaucoup de temps jusqu'à aujourd'hui. Avant mon mariage, je vivais en concubinage jusqu'à ce que Feng Cheng et moi ayons eu la bonne idée de mettre un terme à cette période troublée en nous mariant. Très peu de temps après, Zhao Xiajun est entré dans ma vie (pp. 29-30)