Nathalie AUMONT (France)
3 participants
Page 1 sur 1
Nathalie AUMONT (France)
Consolation de Nathalie Aumont
Arléa Éditions, collection 1er mille
Rare sont les lectures qui me marquent à ce point, plus rare encore lorsqu'il s'agit d' un premier roman.
Consolation, c'est l' histoire d' une famille, le père, la mère et les trois enfants. Un soir tout bascule lorsque l' un des fils se tue dans un accident de voiture. Pour tous le temps s'arrête, et c'est la sœur qui raconte, elle nous raconte le jour du drame, les lendemains et la vie qui se poursuit. Elle raconte la peine immense de ses parents et à travers ses mots c'est son chagrin qui envahit le texte.
Elle est seule face à sa douleur, c'est un texte extrêmement touchant avec une écriture toute en pudeur d'autant plus bouleversante qu' elle occulte sa propre douleur face à celle de ses proches de ses parents en particulier. La vie est devant eux, il faut du temps pour l'accepter, pour avancer et reprendre la main. C'est au travers de ses études qu'elle tente de retrouver, de se rapprocher de son frère. Elle écrit puis soutient son mémoire et alors seulement elle enterre son frère.
« Il y a un an que mon frère est mort. Je n'ai pas commencé mon deuil. J' ai paré au plus pressé : écrire deux cents pages pour raconter le mort, raconter encore et encore sa vie, sa mort. L' empêcher de disparaître tout à fait. De toutes mes forces je me suis battue pour prolonger sa présence. Je me suis oublié dans ce travail, et maintenant je m' effondre comme une accouchée » p66
Les passages que l' on aurait envie de citer sont nombreux, c'est un texte court à l' écriture tout en justesse entre tristesse et douleur, espoir et bonheur. L' une des plus belles découvertes littéraires que j' ai eu l' occasion depuis le début de cette année 2013.
« Dès les premières heures de la tragédie, la compassion alla d' abord à mes parents. Je vécus très mal cette hiérarchie de la douleur couronnée par celle, indépassable de ma mère. Bien sûr on me serra fort dans les bras, on me réconforta comme on put. Mais tous les messages de condoléances étaient adressés à mes parents. Je reçus personnellement trois lettres. La première, envoyé par l' un de mes cousins, était celle d' un catholique croyant. La deuxième émanait d' une cousine, chrétienne elle aussi. La troisième de la main d' un ami qui m' aimait assez pour ressentir par ricochets ma douleur et qui eût voulu être celui qui me réconfortât.
Je suis mère aujourd'hui et je sais qu' ils avaient raison. Que le douleur viscérale des mères est indépassable. Ma douleur, je m'en occupais. Mais c'était la douleur de mon père qui était pour moi insupportable. Et le hurlement de ma mère que je n'avais pas entendu continuait de résonner comme un écho sans fin. » p88
Arléa Éditions, collection 1er mille
Rare sont les lectures qui me marquent à ce point, plus rare encore lorsqu'il s'agit d' un premier roman.
Consolation, c'est l' histoire d' une famille, le père, la mère et les trois enfants. Un soir tout bascule lorsque l' un des fils se tue dans un accident de voiture. Pour tous le temps s'arrête, et c'est la sœur qui raconte, elle nous raconte le jour du drame, les lendemains et la vie qui se poursuit. Elle raconte la peine immense de ses parents et à travers ses mots c'est son chagrin qui envahit le texte.
Elle est seule face à sa douleur, c'est un texte extrêmement touchant avec une écriture toute en pudeur d'autant plus bouleversante qu' elle occulte sa propre douleur face à celle de ses proches de ses parents en particulier. La vie est devant eux, il faut du temps pour l'accepter, pour avancer et reprendre la main. C'est au travers de ses études qu'elle tente de retrouver, de se rapprocher de son frère. Elle écrit puis soutient son mémoire et alors seulement elle enterre son frère.
« Il y a un an que mon frère est mort. Je n'ai pas commencé mon deuil. J' ai paré au plus pressé : écrire deux cents pages pour raconter le mort, raconter encore et encore sa vie, sa mort. L' empêcher de disparaître tout à fait. De toutes mes forces je me suis battue pour prolonger sa présence. Je me suis oublié dans ce travail, et maintenant je m' effondre comme une accouchée » p66
Les passages que l' on aurait envie de citer sont nombreux, c'est un texte court à l' écriture tout en justesse entre tristesse et douleur, espoir et bonheur. L' une des plus belles découvertes littéraires que j' ai eu l' occasion depuis le début de cette année 2013.
« Dès les premières heures de la tragédie, la compassion alla d' abord à mes parents. Je vécus très mal cette hiérarchie de la douleur couronnée par celle, indépassable de ma mère. Bien sûr on me serra fort dans les bras, on me réconforta comme on put. Mais tous les messages de condoléances étaient adressés à mes parents. Je reçus personnellement trois lettres. La première, envoyé par l' un de mes cousins, était celle d' un catholique croyant. La deuxième émanait d' une cousine, chrétienne elle aussi. La troisième de la main d' un ami qui m' aimait assez pour ressentir par ricochets ma douleur et qui eût voulu être celui qui me réconfortât.
Je suis mère aujourd'hui et je sais qu' ils avaient raison. Que le douleur viscérale des mères est indépassable. Ma douleur, je m'en occupais. Mais c'était la douleur de mon père qui était pour moi insupportable. Et le hurlement de ma mère que je n'avais pas entendu continuait de résonner comme un écho sans fin. » p88
5/5
_________________
Lectures en cours : Indépendance de Richard Ford ([i]Frank Bascombe T2) $
Dernières lectures : L' Intérêt de l' enfant de Ian McEWAN (4/5), Un week-end dans le Michigan de Richard Ford (4,5/5)(Frank Bascombe T1), [/i]L' Homme du verger d' Amanda COPLIN (4/5), La Pyramide de glace J-F Parot (3,75/5)(T12)
Re: Nathalie AUMONT (France)
Consolation - Nathalie Aumont
(Arléa, 2013, 106 p., coll. 1er mille)
D'emblée je tiens à joindre mon avis à celui de Lacazavent car il sera, je pense, assez identique. Quel poignant texte court ! Il m'a gonflé le cœur, presque mis les larmes aux yeux, m'a retourné comme une crêpe. Je suis moi-même sœur de trois frères et trois sœurs, tous indispensables pour moi. Quelle douleur d'imaginer ne serait-ce qu'un être en moins dans cette grande fratrie ! Impensable... insupportable !
La narratrice a 23 ans et deux frères de 18 (Frédéric) et 20 ans (Jean-Christophe). Le plus jeune décède dans un accident de la route alors qu'il somnolait sur la siège du passager avant. Un tonneau et en quelques heures la vie s'arrête non seulement pour ce tout jeune homme mais aussi pour les autres membres de la famille, écrasés par la douleur.
Frédéric et son père avait pour passion commune l'aviation. Le père, trop grand, avait dû renoncer à être pilote mais le fils était en passe de réaliser le rêve par procuration. Une carrière brisée alors qu'il avait brillamment réussi tous les examens, avait fini major de promo et se voyait déjà piloter des Mirage tous les jours.
C'est au milieu du vrai ciel que mon père retrouvait son fils. Il avait passé son brevet de pilote privé quelque temps avant mon frère. [...] Mon frère devait à présent continuer de piloter à travers lui. Avec le temps, cet impérieux besoin de voler le quitta. Il vieillissait. [...] la véritable raison était qu'il n'en avait plus envie, qu'il ne croyait plus, que le ciel était vide. (p. 80)
C'est dur de voir à travers de courtes pages tout le ressenti des uns et des autres : la mère dévastée, le père sujet aux crises d'angoisse lorsqu'il s'agit d'affronter la mort, le frère restant qui avait partagé sa chambre durant l'enfance avec le disparu et la narratrice, perdue déjà dans une dépression mais qui veut se battre pour redonner de la force à tous. Elle change son sujet de mémoire pour s'approcher de l'aéronautique et ainsi garder le lien avec Frédéric.
J'ai quasiment rien d'autre à dire à part que ce récit m'a littéralement bouleversée. C'est tellement injuste et incompréhensible ! Les scénarios se multiplient : et si, et si... Frédéric était rentré autrement ou n'était pas rentré, et s'il n'était pas dans le cercueil... Terrible !
Un grand premier roman ! Merci Nathalie Aumont !
4,5/5
Sujets similaires
» Nathalie FERLUT
» Nathalie DES VALLIÈRES
» Nathalie HUG (FRANCE)
» Nathalie OURS (France)
» Nathalie SARRAUTE (France)
» Nathalie DES VALLIÈRES
» Nathalie HUG (FRANCE)
» Nathalie OURS (France)
» Nathalie SARRAUTE (France)
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|