Alexandra LAPIERRE (France)

De : heilili Envoyé : 2008-05-22 07:28

Fanny Stevenson, Entre passion et liberté
1993, 592 pages

Généralités :
Très beau roman historique sur l'épouse de Robert Louis Stevenson, l'auteur si connu et méconnu, que d'aucuns prennent pour un écrivain pour enfants. Ce livre a nécessité 4 ans de recherches historiques fouillées, pour pouvoir démêler le vrai de la calomnie, et dresser un portrait sensible, mais sans concessions, sur cette femme hors du commun qui a permis à son mari de devenir cet écrivain magnifique. Malgré tout, l’écriture de ce roman est agréable, fluide, l’auteur utilise de nombreux extraits de correspondance, qui sont bien insérés dans le texte, rendus vivants, et à chaque fois la narration qui les encadre permet d’y lire entre les lignes, d’y deviner les non-dits, la pudeur des héros dans l’adversité…

L’histoire :
Fanny Stevenson, américiane, née dans l'Indiana, est mariée très jeune à Sam Osbourne, un jeune homme, chercheur d'or, aventurier et plein de charme, qui lui fait quitter sa famille qu’elle adore et traverser l'Amérique avec sa petite fille pour rejoindre ses rêves les plus fous. Ils s'aiment et tout va bien, mais d'étapes en étapes, de déboires en déboires dans des mines où les hommes s'épuisent sans rien trouver, l’amour du jeune couple se fait moins ferme. Jusqu’au jour où Sam la trompe, presque sans s’en rendre compte, et sans cesser toutefois de l’aimer. Fanny, petite femme secrète et silencieuse mais passionnée, supporte mal cette trahison, et devient tempétueuse. Un deuxième enfant naît, et de déménagements en séparations ponctuelles (géographiques, j’entends, nous ne sommes qu’au 19e siècle !), le caractère de Fanny se dessine : insaisissable, pleine de courage et d’audaces, de contradictions, femme libre mais passionnée, moderne mais attachée à sa famille, à sa réputation. Elle se met à la peinture et à l’art en général, fréquente les clubs d’intellectuels de San Francisco, met au monde un 3e enfant, et décide de partir en Europe avec ses enfants, pour y apprendre à mieux peindre, et s’échapper de l’emprise de son coquin de mari.

Quand on pense qu’on est en plein 19e siècle, tant de voyages surprennent…mais pas chez elle, en quête de son bonheur et de son art. Après la mort dramatique de son dernier enfant à Paris, elle arrive presque par hasard à Grez-sur-Loing, lieu de travail et de fêtes choisi en été par les jeunes artistes qui boudent Barbizon. Elle y fréquente de joyeux intellectuels, bohèmes, séduits par son charme mystérieux et celui de sa fille aînée, et finit par tomber amoureuse de Robert Louis Stevenson, grand jeune homme mince et élégant, plein de charme, de gaieté, passionnant.

Une contradiction de plus, Fanny retourne pourtant en Amérique auprès de son mari, ne sachant comment se sortir de cette situation qui la mine. Après une trop longue séparation, Robert Louis Stevenson la rejoint pour la demander en mariage. Le divorce de Fanny et Sam finit par être prononcé, Fanny rentre avec Louis en Europe ; il a 11 ans de moins qu’elle, mais une santé on ne peut plus précaire. Ils sont heureux, mais Louis est au bort de la mort en permanence, et les voyages reprennent, sur les conseils des médecins. Fanny se sacrifie pour aider son époux à écrire, se fait infirmière aimante et dévouée, traversant l’Europe pour lui, puis de nouveau les Etats-Unis, avant de s’embraquer sur un bateau. Idée folle, mais belle intuition : les tropiques et l’air de la mer revigorent enfin Louis qui revit. Belle période d’aventures sur les îles sauvages, auprès des indigènes, source d’inspiration pour l’écrivain, et qui dévoile l’esprit résolument ouvert de Fanny, son goût pour les découvertes de toutes sortes. L’aventure se termine sur l’île de Samoa où la famille s’installe malgré les difficultés dans cette nature sauvage, les conflits géopolitiques, les querelles à distance avec les amis écrivains restés en Europe….

Dur de résumer en quelques lignes cette histoire si dense, de plus de 600 pages, pleine de retournements, très détaillée et fouillée. Un roman qui montre l’humanité dans toute sa splendeur et ses mesquineries, brosse à grand traits le 19e siècle, et donne envie de lire Stevenson ! Je me suis laissé attraper par l’héroïne, son histoire, son charme, et j’ai dévoré le pavé en 4 soirs...

Note : 4.5/5

C'est une auteur qui me fait vraiment envie , je note pour mon prochain voyage à la bibliothèque...

C'est vrai ?!!! Je vérifie tout de suite s'il y est

ils en n' ont pas un seul, si ta proposition tiens toujours...

Très très inspirant ce livre. Ça me plaît l'idée de lire un roman qui se déroule aux îles Samoa. A Hawaii, on a visité "Le centre de la culture des îles polynésiennes" et on n'a pu faire le tour des différentes îles... architecture, musique, jeux, vêtements, histoire... Ça donne fortement le goût de les visiter en vrai de vrai. J'ai jasé avec un couple des îles Samoa... et ils n'avaient aucune idée de ce qu'est le Québec, où c'est... et même qu'il existe quelque part au monde un endroit qu'on appelle Québec.

Merci les razerates!

c'est en parcourant les post du jour que j'ai découvert cette biographie de Fanny Stevenson

ai dévoré et ADORE
quelle énergie, quel parcours!

incroyable, les lettres que l'on s'écrivait à l'époque....
et la patience qu'il fallait avoir: un mois pour l'envoi, un mois pour le retour....
je vais peut-être rouvrir un R.L.S

5/5

Fanny Stevenson

Je crois que c'est mon livre préféré. Je l'ai lu 3 fois, les 2 premières fois, je n'avais pas internet, alors quelle émotion d'avoir pu la découvrir plus tard en photo sur le net !

Il y a longtemps que je l'aurais proposé en livre du mois s'il était en livre de poche, mais malheureusement il n'est plus édité dans ce format, on ne le trouve que d'occasion.

L'excessive
(Editions Plon - 258 pages)

Présentation de l'éditeur

Issue de la petite noblesse, elle devint la protégée du roi d'Angleterre et l'amie de l'impératrice de Russie, Catherine II. Dans un siècle d'abus, de périls, et de voluptés, elle connut tous les fastes et toutes les humiliations. Libertine, adultère, bigame, elle aima la vie, elle aima le pouvoir et les hommes avec passion. File en fut aimée à la folie. Elizabeth Chudleigh dépassa les limites et ne mit aucune borne à ses désirs. D'instinct, elle savait ce qu'elle voulait et, d'instinct, elle sut combattre pour l'obtenir. Elle essuya des défaites auxquelles nulle autre femme n'aurait pu survivre. Indestructible, elle encaissa, rebondit, et transforma ses naufrages en triomphes. Cette splendide aventurière, qu'Alexandra Lapierre a retrouvée aux quatre coins de l'Europe, osa vivre et jouir de tous ses excès.

Voilà le portrait d'une femme d'un dynamisme étourdissant. Elle est toujours par mont et par vaux, on l'imagine riante, sautillante. Elle aime l'amour, l'amitié, c'est quelqu'un dont on recherche la présence, elle possède un magnétisme qui la fait bénéficier de l'appui et de l'affection indéfectible de gens puissants où qu'elle aille. Elle aime le luxe et les mondanités, la vie trépidante des villes mais aime également la campagne et passer de longues heures à pêcher, elle est à l'aise et trouve des plaisirs partout. Elle s'est trompée dans sa vie, provoque elle-même son malheur en prenant une décision lourde de conséquence puisqu'elle donnera lieu à un impressionnant procès pour bigamie. Mais audacieuse et combative, elle sait trouver la parade pour se défendre et s'en sortir... Et si on ressent à travers le portrait que dresse Alexandra Lapierre qu'elle a été sincèrement aimée de ses amours, appréciée de ses amis, elle a également alimenté des rancunes...

C'est une biographie intéressante mais je n'ai pas ressenti vraiment de passion. On survole les évènements, ses amours, ses amitiés, j'aurais voulu plus d'approfondissement. Le livre est court, 258 pages, j'aurais préféré une biographie romancée parce que j'aime l'écriture claire et précise d'Alexandra Lapierre.

Ma note : 3.5/5

Puisque le thème est aux biographies, je vous recommande ce roman (qui de plus va être livre du mois). L'histoire de Fanny Vandegrift mariée deux fois, épouse en seconde noce, très chérie, de Robert Louis Stevenson, est tout simplement passionnante.
Une femme hors du commun cette Fanny, pionnière dans tous les sens du terme. Puisque toute jeune elle rejoint son premier époux, Sam Osbourne, un charmant mais volage chercheur d'or (enfin lui c'est plutôt l'argent qu'il cherche) dans un coin perdu, sauvage, dangereux du Nevada. En tout, elle montre beaucoup de courage et de détermination. Artiste dans l'âme (même si son talent n'est pas aussi grand qu'elle le souhaiterait),  il lui faut prendre des cours de peinture et partir aux Pays Bas puis en France, avec ses enfants, mais sans argent. Femme ardente et exigeante elle quittera son époux quand elle ne l'aimera plus assez pour accepter qu'il la trompe. Et puis surtout, elle a rencontré Le jeune Stevenson, de 11 ans plus jeune qu'elle et celui-ci est fou d'elle. Elle l'épaulera dans la pauvreté et la maladie, elle se dévouera pour lui, ils partiront au bout du monde pour prolonger l'existence de l'écrivain poitrinaire .... Puis après sa mort, elle reviendra à San Francisco et continuera malgré un âge tout à fait respectable à déchaîner les passions puisque son dernier compagnon aura 23 ans quand elle-même sera sexagénaire.
Il y a de quoi être épatée et admirative d'un tel parcours à une époque où les femmes avaient si peu de droits et tant de d'obligations de respectabilité surtout.
Fanny n'est pas toujours complètement sympathique et l'on peut noter que des contemporains ne l'ont pas tellement aimé, Alexandra Lapièrre s'en explique. Entière et passionnée elle ne sera pas toujours diplomate. Mais, moi, si je devais lui reprocher quelque chose c'est de n'avoir pas adhéré à la cause des femmes quand celles-ci eurent, à l'époque du terme de sa vie, les mêmes aspirations à la liberté qu'elle avait eues en son temps.
Mais comment ne pas s'intéresser à une femme que les photographies nous montrent jolie mais pas non plus extraordinairement belle qui inspira le très beau poème de Stevenson "ma femme" (à lire en première page de cet ouvrage) et dont son dernier amant a dit : "Elle était la seule femme au monde pour laquelle je puisse imaginer qu'un homme fut prêt à mourir" !
A noter que cette biographie est particulièrement bien documentée grâce aux nombreuses lettres et documents qui ont été collectées par Alexandra Lapièrre.

Alexandra Lapierre nous invite à un grand et beau voyage dans sa biographie romancée de l'épouse de Robert Louis Stevenson. 

Elle dresse le portrait d'une femme passionnante et passionnée, mais également celui d'une épouse et d'une mère adorées. Fanny est une femme courageuse, intellectuellement curieuse, aventureuse, libre et indépendante, elle a vécu plusieurs vies, c'est impressionnant ! 

Une vie exaltante faite de voyages (Ouest américain, San Francisco, Paris, îles Samoa), d'aventures, de rencontres, de curiosité intellectuelle, c'est le genre de lecture qui fait du bien. Foisonnant et admirablement raconté, ce roman laisse des images fortes dans la tête et dans le cœur.



Ma note : 5/5   

Fanny Stevenson - Entre passion et liberté
Pocket - 685 pages

Résumé

Biographie romancée de l’épouse de Robert Louis Stevenson, une américaine que rien ne prédestinait à devenir la compagne du célèbre auteur de l’île au Trésor. Alexandra Lapierre nous raconte ici la vie d’une femme qui a tout sacrifié pour être avec l’homme qu’elle aimait et lui permettre de devenir le grand écrivain qu’on connait.

Mon avis

D’habitude je ne suis pas fan des biographies mais celle-ci se lit davantage comme un roman.

J’ai aimé découvrir la force de caractère de cette femme, qui n’hésite pas à affronter les dangers de l’Ouest pour rejoindre son premier mari en Californie (quel périple d’ailleurs, pour aller de la côte Est à la côte Ouest, il fallait passer par le canal de Panama!)

Toute sa vie, Fanny va braver ainsi les dangers et les conventions.

A une époque où les femmes devaient se cantonner à l’entretien de la maison et à l’éducation des enfants, elle partira en Europe avec ses trois enfants pour étudier l’art, laissant au pays son mari volage. Puis, faisant fi du qu’en dira-t-on, elle obtiendra le divorce pour épouser Stevenson, un homme de dix ans plus jeune, quasi mourant qui plus est.

Enfin, elle consacrera toute son énergie à soigner Stevenson, malade des poumons, n’hésitant pas à s’embarquer en mer alors qu’elle déteste les bateaux. Cela la conduira au bout du monde, jusqu’aux îles Samoa.

Tout cela par amour et parce qu’elle est convaincue du grand talent de son mari et qu’elle sait qu’il peut devenir un grand écrivain. Et bien sur l’avenir va lui donner raison.

Vraiment, j’ai beaucoup aimé découvrir la vie de cette femme, une vie très mouvementée et pas banale pour l’époque.

Et bien sur, ça m’a donné envie de me plonger dans un roman de Robert Louis Stevenson. Surement l’île au trésor, que je n’ai pas encore lu.

4/5

Lapierre Alexandra
Belle Greene
Editions Flammarion 20 janvier 2021
535 pages

Quatrième de couverture
New York, dans les années 1900. Une jeune fille, que passionnent les livres rares, se joue du destin et gravit tous les échelons. Elle devient la directrice de la fabuleuse bibliothèque du magnat J.P. Morgan et la coqueluche de l’aristocratie internationale, sous le faux nom de Belle da Costa Greene. Belle Greene pour les intimes.
En vérité, elle triche sur tout.
Car la flamboyante collectionneuse qui fait tourner les têtes et règne sur le monde des bibliophiles cache un terrible secret, dans une Amérique violemment raciste. Bien qu’elle paraisse blanche, elle est en réalité afro-américaine. Et, de surcroît, fille d’un célèbre activiste noir qui voit sa volonté de cacher ses origines comme une trahison.
C’est ce drame d’un être écartelé entre son histoire et son choix d’appartenir à la société qui opprime son peuple que raconte Alexandra Lapierre. Fruit de trois années d’enquête, ce roman retrace les victoires et les déchirements d’une femme pleine de vie, aussi libre que déterminée, dont les stupéfiantes audaces font écho aux combats d’aujourd’hui.
Mon avis
Voici une passionnante biographie historique nourrie de documents photographiques et aux accents romanesques d’une femme extraordinaire et fascinante et pourtant méconnue, dont l’histoire commence au début de la moitié du XXème siècle jusqu’a la mort de Belle Greene le 5 mai 1950.
Tous les personnages sont fascinants et souvent méconnus et le très beau sujet qu’aborde l’auteure, est celui de la ségrégation raciale dans l’Amérique de cette époque ou Belle et les siens changent de nom pour éloigner la menace qui pèse sur eux, ils sont issus d’une bourgeoisie intellectuelle de l’époque. C’est le portrait d’une femme étonnante qui en 1910 est l’une des femmes les plus célèbres des Etats-Unis, commençant comme simple bibliothécaire, devient experte en manuscrits et livres anciens ainsi que des incunables. Lors de la vente de la collection du bibliophile Robert Hoe, contre ses collègues masculins, elle emporte la mise en achetant pour 50.000 dollars la première édition anglaise d’un roman arthurien imprimé en1485 et ce fait n’est qu’un exemple...Devenue riche, au mépris de tous les tabous et la mieux payée de l’Amérique, elle devient la coqueluche de l’aristocratie, mène la grande vie et en plus de son amour pour les livres anciens, elle a de nombreux amants et on ne compte plus ses succès, bref… Il faut aussi dire que les personnages secondaires sont aussi fascinants, ce qui m’a plu dans ce roman, c’est que nous côtoyons la vie mondaine ainsi que le monde artistique. En fin de livre se trouve une chronique ( que sont-ils devenus ) ainsi que ce que déclare Alexandra Lapierre… presque tous les personnages et les faits se sont avérés réels. C’est bien pour cela et les recherches bibliographiques que ce roman est pour moi un gros coup de coeur. 5/5

Ce livre a l'air top! Merci Lalyre!

Je suis en train de lire Belle Greene, livre qu'une amie vient de me prêter et dont je n'avais pas entendu parler. Je n'avais pas vu ta chronique, Lalyre. Je n'en suis qu'au début et suis complètement accrochée. Une belle découverte.